L’évolution des patins à roulettes détachables à travers le temps
Les premiers patins à roulettes de l'histoire étaient-ils des modèles détachables ? Très probablement ! Le roller a traversé les âges mais ce n'est que tardivement que les platines et les chaussures sont devenues dépendantes. Histoire...
Par alfathor

Le patin à roulettes : détachables dès les origines !
Les patins à roulettes furent détachables par essence. Bien avant les patins traditionnels, les premiers roller en ligne se fixaient déjà aux pieds à l’aide de sangles de cuir.
De quand datent les premiers patins à roulettes à chaussure fixe ?
Nous aurions donc pu inverser la question de notre introduction : à partir de quel moment les patins à roulettes ont-ils été fixés aux chaussures ? En effet, l’histoire raconte que l’américain Jackson Haines a été l’un des premiers patineurs sur glace à fixer ses lames à ses chaussures, durant la seconde moitié du 19ème siècle. Il est donc fort probable que les premières paires de patins à roulettes avec des chaussures solidaires sont apparues à la fin du 19e siècle dans les skating rinks où les patineurs les plus aguerris ont cherché un maximum de précision pour réaliser des figures.

Il faut attendre le début du 20e siècle pour voir arriver les premières modèles de patins de série dont la chaussure est entièrement solidaire. En outre, auparavant, les inventeurs s’étaient surtout focalisés sur l’idée de rouler de façon efficace sur des terrains variés, sans vraiment envisager leur roulettes comme un prolongement direct de leur chaussure et de leur corps.
Le mot de Sam Nieswizski, historien du roller, sur les patins avec une chaussure dédiée
» Les premiers patins fixés aux chaussures dateraient de 1909/1910. Il s’agissait de patins quads de vitesse, avec roues en Duralumin. Par exemple la marques Brampton avec le modèle « King o’ the rink » en Grande Bretagne ou encore Diamond Edge. La platine était percée de trous pour une fixation par vis ou rivets à des chaussures montantes au choix du patineur, le plus souvent des chaussures de marche ou de football.
Puis vers 1950/1970, lorsqu’on a fabriqué des patins pour l’artistique, ceux-ci étaient vissés ou rivés à des chaussures destinées à l’artistique sur glace. La Hollande fabriquait des patins de vitesse à 3 roues en ligne en 1968. Ils étaient alors rivés à des chaussures analogues à celles de vitesse sur glace. Ce sont à ma connaissance les premiers patins livrés avec les chaussures.
Vers 1980, des patins artistiques à 3 roues en ligne étaient livrés avec leurs chaussures auxquelles ils étaient rivés (Triskate, Grande Bretagne). »
Sam Nieswizski

Les rollers montés modernes
Mais c’est à partir de 1980 aux USA et 1993 en Europe que les patins en ligne étaient le plus souvent livrés avec les chaussures (Rollerblade, USA).
Quand est-ce que l’on peut vraiment parler de patin détachable ?
Il semble alors logique de dire qu’un modèle rentre dans la famille des patins détachables quand le fabricant a spécifiquement conçu, adapté et produit une chaussure dans le but d’y fixer un châssis amovible.
Vidéo de 1909-1910 : les premiers véritables patins à roulettes détachables ?
Présentation vidéo d’un modèle du début des années 1900 : un modèle détachable déjà très évolué !
Une visite du musée personnel de Christophe Audoire nous a permis de découvrir l’ancêtre des Flaneurz :-). Ce patin particulièrement ingénieur possède une cavité dans le talon d’une chaussure montante dans laquelle un pivot cranté vient se caler grâce à un levier. Très ingénieux !
Passée cette période, nous n’avons pas trouvé beaucoup de modèles répondant à notre définition du patin détachable. Il faut attendre le début des années 1990 pour les voir revenir sur le devant de la scène.
1997-1998 : Mojo ou les prémices des coques enveloppantes
Le Mojo Street Lord préfigure les modèles de marques à venir. Mojo n’a gardé que la structure de coque pour que les riders puissent enfiler leurs propres chaussures.

1998 : Hypno réinvente le roller en ligne à châssis amovible
La firme italienne Hypno est sans doute l’une des plus connues par les aficionados du roller à platine détachable. Créer un roller à platine amovible est bien plus compliqué que pour un quad car la chaussure doit être bien plus rigide. Hypno a créé des boots très raides qui ont longtemps fait office de références.

La chaussure avait une semelle creusée qui venait s’intégrer dans un rail. Le système se verrouillait au talon à l’aide d’un bras équipé d’une mollette. On ne pouvait pas marcher des heures avec ces chaussures, ni les garder une journée tant elles étaient raides. Il arrivait aussi que la boot et la platine se désolidarisent. Pas toujours très rassurant même si le système était globalement assez bien conçu.
2002 : Rossignol Step In System
Rossignol avait racheté la licence Hypno en 1997 avant de lancer son propre concept de roller détachable. Le produit de la firme française a rencontré un succès mitigé.

Rossignol avait simplifié le système créé par Hypno en supprimant la mollette sur le bras. Elle était remplacée par un système de ressort qui venait plaquer le bras contre le talon de la chaussure.
Pour en savoir plus, vous pouvez lire nos questions à David Lenoir sur le SIS Rossignol (2002)
2004 : K2 rénove le patin détachable
Les quads K2 avaient vraiment du style ! Et en plus leur train roulant se détachait grâce à un système ingénieux mais plutôt lourd. On pense notamment au modèle K2 – Phenomen. Le design de ces patins était vraiment moderne pour l’époque. Il préfigurait les Flaneurz d’aujourd’hui. Vous pouvez les découvrir dans notre article consacré à l’histoire de K2 Skates.

2005 : Xsjado – la marque roller street détachable de Salomon
La marque Xsjado a été créée par la firme annecéenne Salomon à une époque où le roller était encore en plein boom. Elle se destinait alors uniquement au roller street. Xsjado proposait des patins de street dans lesquels on pouvait glisser sa propre chaussure de sport à tige basse. Il existait aussi des modèles de chaussures prévus pour ce patin.

Ces modèles ont rencontré un franc succès chez leurs utilisateurs pour leur légèreté, leur confort, la qualité de leurs matériaux. Ils ont laisse une empreinte durable dans le monde de l’agressif. Les modèles Doop de Powerslide s’en sont largement inspirés.
Voir le test du Xsjado Dustin Latimer
2006 : Salomon SmartSkate
Fort de son expérience avec les Xsjado, Salomon a voulu décliner son concept sur un autre segment du marché, celui du patin de randonnée et de déplacement urbain. Ainsi est né le « SmartSkate ».

2009 : Michelin s’aventure sur le marché du roller détachable
U-Kan était une marque de roller créée par Michelin. Parmi les gammes du fabricant Français de pneus, le modèle Cockpit, assez similaire des Smartskates dans sa conception.

2012 : Les modèles Doop
Powerslide a lancé la marque Doop dans la même logique que Salomon avec ses Smartskates. L’idée étant de proposer des patins urbains dédiés aux déplacements et que l’on peut utiliser avec ses propres chaussures. Le concept perdure depuis maintenant 8 ans, preuve de l’intérêt pour le produits. Vous pouvez découvrir notre essai des Roller des Doop Freestyle et Swift.

2014 : Flaneurz réinvente les trains roulants déclipsables
La révolution la plus récente en matière de patin à platine déclipsable reste la marque française Flaneurz. A la grande différence de K2, Flaneurz permet aux patineurs en quad de choisir le modèle de chaussure de leur choix pour l’utiliser avec le châssis qui leur plait. La « clique » Flaneurz propose :
- soit des modèles de série
- soit la possibilité d’envoyer sa propre chaussure qui sera équipée du système de fixation
Découvrez notre test du modèle Flaneurz Top Ten Premium

Pour aller plus loin
Rencontre avec Walid Nouh, Flaneurz
Merci à Sam Nieswizski pour sa contribution
Article du 17 juin 2018 mis à jour le 11 mars 2022
RACHIDA KADRY
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