Christophe Audoire : entraîneur de la Chine
Les compétences des entraîneurs français sont appréciées à l'étranger. Deux nations ascendantes, l'Allemagne et la Chine, font respectivement confiance à Arnaud Gicquel et Christophe Audoire. Lors des championnats du monde à Gijon, ReL a demandé à Christophe de nous parler de son travail...
Par alfathor

Escale chinoise
Christophe Audoire fait donc régulièrement des allers et retours avec ce si grand et si lointain pays : la Chine. Nous lui avons demandé de nous donner son appréciation sur les évolutions qui se sont confirmées lors de ce mondial.
Bonjour Christophe, peux-tu pour commencer nous préciser ton rôle dans l’organisation du roller en Chine ?
Bonjour aux lecteurs de ReL. Aujourd’hui je suis entraineur national avec deux assistants. La collaboration avec les chinois a commencé par une mission limitée aux championnats du monde de Cali (2007), où j’étais conseiller technique auprès d’un entraineur chinois.
L’expérience a été positive pour les deux parties, et les chinois m’ont ensuite demandé de superviser le démarrage de deux centres d’entrainement nationaux, l’un à Suzhou que je pourrais comparer à un pôle en France et l’autre à Hang Zhou qui est sous autorité militaire, un peu comme le bataillon de Joinville.
Pour l’ensemble des deux centres d’entrainement permanents on compte une trentaine d’athlètes. Ils vivent ensemble dans un complexe d’hébergement à coté de la piste et nous avons amené au mondial seize sélectionnés (quatre par catégories).
la distance ne doit pas faciliter ton travail…
En tout j’ai fait cinq voyages de deux semaines, plus tout le mois de juillet où je suis resté aussi pour la WIC (World Inline Cup). La chaleur et l’humidité rendent les conditions d’entraînement difficiles.
qu’as-tu fait évoluer dans les méthodes d’entraînement ?
Ils avaient un entrainement très dur, avec beaucoup d’heures, mais qui manquait d’efficacité. J’ai fait baisser l’intensité physique pour insister davantage sur la technique et la tactique, mais on reste quand même à 30-35 h par semaine.
Ils sont très résistants au mal, j’ai la réputation d’être un entraineur qui fait travailler dur, et bien là j’ai découvert de nouvelles limites.
Sinon concernant la gestion des athlètes, j’ai transposé sans problème la culture du pôle France et équipe nationale juniors à l’époque où je m’en occupais (culture qui, je le crains, s’est perdue) : c’est une obligation de « viser la gagne ».
On ne peut pas dire c’est bien de gagner mais ce n’est pas une obligation, ça doit l’être, il faut viser la première place.
Il vaut mieux prendre un risque pour gagner que se contenter de participer. C’est vrai que faire second derrière un vraiment meilleur que soi c’est bien, mais seulement dans ce cas.
Quels sont les plus gros espoirs parmi les athlètes de la sélection chinoise ?
Tout d’abord c’est Guo Dan qui est toute jeune, 17 ans et demi, senior cette année à quelques jours près. Elle a obtenu une médaille d’argent dans le 10 km à points sur route. Collectivement, ce sont ensuite plutôt les juniors filles (5ème et 6ème).
Pour toutes les nations qui arrivent dans le roller et obtiennent des résultats c’est d’abord par les filles, parce que le niveau est plus facile d’accès. Le niveau mondial senior hommes est bien trop élevé. Les coréens, par exemple, ont mis 3-4 ans entre leur premier titre mondial et un titre senior homme.
Le mondial est terminé, quel est le bilan de l’équipe chinoise ?
Ils ont beaucoup appris. Ils manquent énormément d’expérience, ce n’est que leur troisième course de l’année. Les seniors hommes sont excellents à l’entraînement mais en course ils ne savent pas comment s’y prendre.
La médaille d’argent de Guo Dan a été la première médaille de la Chine, ils en sont évidemment ravis. Et à l’issue du décompte des points attribués selon les résultats de ce mondial nous sommes certains d’avoir deux athlètes qualifiés pour les jeux mondiaux, et un troisième devrait passer aussi.
Pour terminer peux-tu nous tirer un bilan global de ce mondial ?
l’écart se creuse entre ceux qui s’entraînent fort et les autres. Les nations qui donnent la priorité au sport vont faire la différence. 5 à 6 heures d’entraînement par jour sont nécessaires pour réussir. C’est le cas des coréens, des chinois, des colombiens, et aussi bien sûr des patineurs professionnels. Sinon ça dépend des études et des facilités de chacun, c’est plus compliqué. On en revient toujours aux conditions et à l’efficacité de l’entrainement.
Un autre point fort de la préparation de la Corée ou la Colombie c’est qu’ils ont un encadrement professionnel à plein temps. C’est d’ailleurs aussi le cas des américains, mais avec un système totalement différent, à financement privé et qui se concentre sur très peu d’athlètes, seuls à travailler vraiment.
Merci Christophe pour cet éclairage sur des contextes et des systèmes si différents des nôtres, et encore félicitations à Guo Dan pour sa médaille !
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Toox
19 septembre 2008 at 6 h 52 min