Histoire du roller et du patin à roulettes de 1670 à nos jours
ReL vous invite à un survol de l'histoire du patinage à roulettes, de la naissance des premiers rollers en ligne au milieu du 18e siècle, en passant par les patins traditionnels au milieu du 19e siècle ou encore les "patins-cycles" un peu plus tard. Rendons hommage ici à l'un des rares historiens du roller, Sam Nieswizski, auteur de « Rollermania » (1991) qui reste la référence incontournable de l'histoire du roller à travers les époques...
Par alfathor

Les premiers patins à roulettes de l’histoire étaient-ils en ligne ou à essieux ?
L’invention du roller en ligne précéda-t-elle vraiment celle des patins à roulettes traditionnels ? Difficile à dire ! Il est fort probable que les premiers patins possédaient des roues alignées, car ils s’inspirèrent directement des patins à glace. Cependant, nous trouve des traces de patins à roulettes à essieux il y a près de 350 ans ! Peut-être avez-vous connu cette page parce que vous aviez un exposé à faire sur le roller. Nous recevons fréquemment des emails et des questions pour savoir qui a inventé les oatins à roulettes. L’origine du roller est bien plus ancienne qu’on pourrait le croire. L’essor du patinage à roulettes dans les années 1980 ne fut qu’un épisode dans la longue histoire du patinage. Nous vous proposons un voyage dans le temps à la la manière d’une frise chronologique…
1670 – des esquisses de souliers à roulettes aux pieds d’Arlequin
La véritable date de création des premiers patins à roulettes est difficile à déterminer du fait du manque de documentation. Cependant, quelques traces subsistent dans les archives historiques.
En effet, aux environs de 1670, le français Jean Berain collaborait avec des comédiens italiens venus en France. Ainsi, il croqua dans son carnet de note (Zilbadone) une invention destinée à Arlequin. Ce dernier portait alors des souliers à roulettes. Si Berain a immortalisé ce ces patins à essieux traditionnels, il est fort probable qu’ils aient été fabriqués et qu’ils y ait eu des représentations. D’autre part, les comédiens allaient encore plus loin puisqu’ils dotaient Arlequin d’une sorte voile dans le dos, en faisant ainsi, l’un des premiers patineurs à expérimenter la traction terrestre !

Musée du Louvre, Paris, 2021 (©Guy Boyer)
1743 : Le patin à roulettes – des origines néerlandaises encore floues
L’historien Morris Traub, dans son ouvrage « Roller Skating Through the Years » (1944), fait référence à un Néerlandais adepte du patinage sur glace du début du XVIIIe siècle qui n’en pouvait plus d’attendre la période hivernale pour patiner. Il aurait donc créé la première paire de patins à roulettes. On aurait aperçu les premiers exemplaires à Londres à l’occasion d’une représentation au Drury Lane Theatre en 1743, dans une pièce de Tom Hood, mais leur inventeur est inconnu. Le néerlandais Hans Brickner aurait lui aussi créé des patins en fixant des roulettes en bois sous ses chaussures, au début du 18e siècle, selon James Turner, dans le livre « The History of Roller Skating« .
Sam Nieswizski, spécialiste de l’histoire du roller et du patin à roulettes, nous a expliqué lors d’une interview que l’on ne savait pas précisément si ces patins possédaient des roues alignées ou non. Les documents anglophones parlent d’une paire de rollers en ligne à roues en métal. Les premiers patins en ligne se sont largement inspirés des patins à glace. C’est donc à 1760 que l’on fixe la date officielle de la création des premiers patins à roulettes de l’histoire.

1760 : le premier patin reconnu de John Joseph Merlin
On pourrait croire l’invention des patins à roulettes assez récente, mais en réalité, les tout premiers modèles, bien différents des « rollers » que nous connaissons, sont apparus il y a plus de deux siècles.
Sam Nieswizski, historien du roller
On attribue l’invention des patins à roulettes à John Joseph Merlin (1735-1803) originaire de Huy, ville de la Belgique actuelle qui était à l’époque en Pays-Bas Autrichiens. Il eut l’idée, vers 1760, d’adapter le patinage sur glace à la terre ferme en fixant des rouleaux en métal en ligne sous une plaque de bois. Pour l’anecdote, les engins étaient peu maniables, l’inventeur s’écrasa dans un miroir de valeur au cours d’une soirée mondaine à Londres et faillit y laisser la vie. Cela fut peut-être la première chute répertoriée dans l’histoire du patin à roulettes.

1789 : Van Lede (Pays-Bas) sur les traces de Merlin
L’idée du patin à roulettes a fait son chemin en France, avec Maximiliaan Lodewijk Van Lede et ses « patins à terre » qu’il inventa à Paris en 1789 avant de partir pour l’Angleterre. Originaire des Pays-Bas, ce sculpteur a suivi le même chemin que Merlin avant de finir ses jours sur sa terre natale. Il fut l’un des pionniers de l’histoire du patin à roulettes.

1790 : un patineur relie Scheveningen à La Haye
Le jeudi 19 août 1790, un journal met en lumière un Suisse qui a patiné de Scheveningen à La Haye en tenue nationale (avec chapeau de plumes et ceinture orange). Nous évaluons la distance à 4,5 km. Ce fut sans doute l’une des premières excursions publiques de l’histoire du roller et du patin à roulettes.
Le texte racontant son exploit précise :
Il exécutait son exercice entre La Haye et Scheveningen en présence de milliers de spectateurs […] Quelle sorcellerie ! Je n’ai jamais vécu cela, qu’ici l’homme oscille comme s’il était au dessus des mers […] Il a débuté quelque chose de merveilleux aux Pays-Bas.
1818 : un ballet sur roulettes
Morris Traub indique que des rollers furent aussi utilisés sur scène à Berlin (Allemagne), à l’occasion d’un ballet intitulé « Der Maler oder die Wintervergnügungen » / » l’artiste ou les plaisirs de l’hiver » ) du maître de ballet Joseph Augustin Gürrlich. Les patins y étaient utilisés pour reproduire l’illusion du patinage sur glace. Nous ne savons pas quels types de patins étaient utilisé ni qui les avaient fabriqués.
12 novembre 1819 : le français Petibled dépose le premier brevet de l’histoire du patin à roulettes
C’est bien un français, Charles-Louis Petibled qui a déposé le premier brevet de patins ! Ils sont équipés de deux, trois ou quatre roues en ligne et munis d’un butoir en guise de frein aussi nommé « arrêtoir » , sous forme d’une vis fixée au talon. Ces patins pouvaient être en bois ou en métal. . Le châssis était fixé à la chaussure à l’aide de courroies, tout comme les patins traditionnels de notre jeunesse. Leur inventeur clamait qu’ils pouvaient reproduire toutes les figures du patinage à glace en intérieur, mais en réalité il était difficile de faire autre chose que d’aller tout droit.

1819 : John Spence, inventeur de génie méconnu de l’histoire du roller
John Spence est un inventeur méconnu mais très prolifique de l’histoire du patinage à roulettes et au delà. Cet écossais, cordonnier de métier, a toujours été passionné par la mécanique. Il passait des heures à observer les machines à vapeur. Il créa une machine à mouvement perpétuel, un vélocipède, une maison portable et enfin une paire de patins à roulettes sur laquelle son fils atteignait les 13 km/h.
1823 : Robert John Tyers (Grande-Bretagne) préfigure les rollers en ligne modernes
Robert John Tyers, marchand de fruits de Grande-Bretagne), a créé un patin à roulettes alignées nommé « Rolito » ou « Volito » (« je voltige » en latin) le 22 avril 1823.

Le châssis présente des ressemblances troublantes avec les modèles actuels : 5 roues alignées comme sur les rollers de vitesse actuels utilisés en compétition, un arrêtoir avant, une butée arrière. Tout y est !
Il est également intéressant de noter, dès à présent, que les roues ont différents diamètres (Principe actuel du « Rockering« ).
Comme nous le voyons dans le chapitre relatif aux innovations actuelles, ce concept a été réutilisé pour chaque modalité de pratique mais avec des enjeux différents. A cette époque déjà, on a compris que la disposition des roues en arc de cercle rend les patins plus maniables et facilite la prise de courbes. Nous remarquons enfin, le système de freinage déjà présent à l’époque sur l’arrière du châssis et qui n’est pas sans rappeler les tampons de frein des modèles actuels.
1825 : August Löhner (Autriche) ou le patin « tricycle »
August Lohner est un horloger viennois (Autriche) qui déposé un brevet pour une paire de patins à trois roues disposées à la façon d’un tricycle. Il y a même ajouté un système anti-recul pour ne pas revenir en arrière et pour se propulser plus facilement.
D’autres inventeurs autrichiens tels que Ernst Wessely et Josef Högn réalisèrent des patins à la même période.

1828 : Jean Garcin (France) ou l’art de patiner avec grâce
Jean Garcin (France) est un patineur à glace soucieux de l’apparence des patineurs. A ce titre, il publia un traité : Le vrai patineur ou principe sur l’art de patiner avec grâce. L’ouvrage est disponible sur google en téléchargement, n’hésitez pas à en lire quelques passages pour retomber dans l’ambiance de l’époque !
En juillet 1828, il dépose un brevet pour son « patin à éclisses » (des barres qui remontent le long des mollets pour améliorer le maintien).et nommé « Cingar ». Il est débouté quelques années plus tard suite à une réclamation de Petibled qui fait valoir ses droits.
Il ouvrit une école de patinage et un skating rink qu’il dût fermer suite à de nombreux accidents. Garcin suggèra d’utiliser l’ivoire pour fabriquer les roues.

1829 : Perrine aux Tuileries
La pratique du patinage va rester confidentielle pendant deux décennies. L’histoire du patinage à roulettes fait seulement référence au français M. Perrine qui aurait traversé le Jardin des Tuileries en patins pour remporter un pari.
Morris Traub évoque du patinage à Covent Garden (Londres, Grande-Bretagne) au début des années 1830. Puis, en 1843, M. et Mme Dumas, danseurs professionnels, utilisaient des patins à roulettes dans un pantomime au Théâtre de la Porte-Saint-Martin à Paris.
L’histoire du roller dans les années 1840-1850 : des serveuses en patins à roulettes dans la taverne « Corso Halle » de Berlin
A la fin des années 1840, une taverne berlinoise a trouvé une solution pour attirer davantage de clients : trois ou quatre jolies serveuses en patins travaillaient à la Corso Halle, près de Fischer Bruche, à Berlin.
A l’instant où un client s’assoit, l’une des demoiselles arrive comme une flèche du fond de la salle, effleure le sol, décrit des courbes habiles au bout d’une table ou d’un groupe de chaises, se redresse au moment où le client pense inévitable qu’elle glisse sur ses orteils, et s’adresse à lui pour connaître ses souhaits.

1849 : Le patin à roulettes dans les spectacles : Louis Legrand (France) dans « le prophète » de Meyerbeer
Le parisien Louis Legrand (alias Constant) est charcutier de métier. Il inventa une paire de patins à roulettes à doubles roues. Le patin, ainsi rendu plus stable, était idéal pour les débutants et les femmes (Traub, 1944). Ce modèle fut utilisé dès la première, le 16 avril 1849, dans le 3ème acte de l’opéra « Le Prophète » de Giacomo Meyerbeer où l’on peut assister à un ballet de patineurs, dans une scène de patinage sur glace. Cette scène rencontra un franc succès chez les spectateurs.
Legrand fut sollicité par le compositeur allemand Meyerbeer peu avant la première pour fournir les patins, les entretenir et former les danseurs. Le ballet eu tant de succès qu’il fut exporté à Londres et à la Nouvelle-Orléans.

1849 : Paul Taglioni connait le succès avec « Les Plaisirs de l’Hiver ou Les Patineurs »
La même année, le chorégraphe et compositeur de ballets Paul Taglioni, friand de nouvelles inventions à adapter sur scène, connut un succès équivalent avec son ballet « Les Plaisirs de l’Hiver ou Les Patineurs ». Il représentait des scènes de patinage sur glace sur le Danube en masquant les roues des patins pour donner l’illusion de la glace. Il alla même jusqu’à reproduire le son des lames sur l’eau gelée.
Le ballet fut joué à l’Académie de Musique de Paris, au Grand Théâtre d’Allemagne, ainsi qu’au Théâtre de sa Majesté, à Londres, le jeudi 5 juillet 1849 au soir. Les patineurs s’améliorant à chaque représentation, le ballet souleva l’enthousiasme des foules et créa une mode du patinage à Londres, quelques années plus tard.

1852 : Gidman ou le tournant des roulements à billes
En 1852, l’anglais Joseph Gidman déposa un brevet pour des patins à roulettes équipés de roulements à billes. Il fallut attendre 30 ans de plus pour trouver les premiers patins à roulettes équipés de roulements à billes. Comme le souligna Sam Nieswizski, L’invention ne datait pourtant pas réellement de cette période. En effet, il montra qu’au XVe siècle, Léonard de Vinci avait déjà élaboré ce système mécanique. Il en resta au stade de l’invention dans la mesure où les moyens techniques de l’époque ne lui permirent pas de produire ces roulements. Avant lui, des concepts proches auraient été tentés durant la Préhistoire.
Le site Internet de l’entreprise SKF(4) nous indique qu’une forme basique de roulements existait déjà au temps de l’Empire Romain. Une forme de roulements à billes avait été découverte dans l’épave d’un bateau datant du règne de l’empereur Caligula en 40 avant Jésus-Christ. Il est intéressant de noter que pour SKF tout comme pour Sam Nieswizski, la véritable percée des roulements ne se fit que dans le courant du XIXe siècle, à l’époque de la Révolution Industrielle.
En outre, les patins de Gidman étaient équipés d’une roue double centrale complétée par deux roues simples à chaque extrémité. Ce modèle aurait été l’un des premiers à arriver aux Etats-Unis selon Morris Traub, juste avant la Guerre Civile. Nous n’avons pas retrouvé trace de ce brevet pour l’instant.
1859 : Woodward opte pour le caoutchouc
Les matériaux de la seconde moitié du XIXe siècle ne permettaient pas de fabriquer des roues performantes. En effet, le laiton, le bois ou la corne utilisés offraient une adhérence précaire et un très mauvais roulage d’autant plus que les sols d’alors étaient bien moins lisses qu’aujourd’hui. Les patins à roulettes, par la suite, ne cessèrent de se transformer, de se renouveler, d’évoluer au fil des modes.
Le confort et l’adhérence des patins étaient toujours été précaires. Woodward créa donc le première modèle de patin à roulettes de l’histoire doté de quatre roues en caoutchouc d’Inde vulcanisé. Ainsi, il adhérait mieux que le métal sur les parquets. Les roues centrales étaient un peu plus grandes que les roues aux extrémités pour gagner en maniabilité, dans l’esprit des modèles de Tyers et Garcin. Ce patin fut notamment utilisé par Jackson Haines, le père du patinage artistique moderne.

Le Musée du Roller de Lincoln, Nebraska, le décrit ainsi :
Patin à roulettes avec une semelle en fer incurvée et une pointe dépassant du talon. Il y a douze trous pour les raccords en cuir situés au talon. Le support arrière du talon incurvé est pointé au centre. Sous la semelle se trouve une pièce de métal festonnée qui maintient en place six roues en caoutchouc en ligne, 1859. Il s’agit d’un patin Plimpton avec un brevet Woodward.
1860 : les patins de Shaler
L’américain Reuben Shaler, originaire de Madison (Connecticut, USA), fabriqua également un patin à roues alignées avec bande de roulement en caoutchouc. Son modèle phare fut nommé le « Parlor Skate ». C’est le premier brevet déposé aux Etats-Unis pour un patin à roulettes. En homme d’affaire averti, Shaler misa beaucoup sur la publicité pour vendre ses produits. Il réalisa même des séries de publicités dont une intitulée « Jack Frost Floored » (Traub, 1944).






1860 : les patins-cycles de Bresson
En parallèle de l’émergence des premiers vélocipèdes, naquirent les patins-cycles ou patins bicyclettes, des patins à roulettes équipés de roues à rayons qui vont connaître un franc succès jusque dans les années 20. Ils vont permettre aux patineurs de sortir des salles pour conquérir les extérieurs.
C’est aussi au débit des années 1860 que les premiers patins à roulettes arrivèrent sur le sol australien. Une certaine Miss Nellie « Baby » Jackson se produisait en spectacle sur des patins seulement équipés de roues à l’avant. Elle rencontra une audience limitée.

1863 – une date clé dans l’histoire du roller avec la naissance des patins traditionnels et le déclin du patin en ligne
1863 : Plimpton popularise les patins traditionnels
Les patins à essieux mobiles (quad ou patins classiques) firent leur apparition sous l’impulsion de l’Américain James Leonard Plimpton en 1863. Il nomma son invention : « Rocking Skate ». Plimpton apporta de nombreuses améliorations à ses patins au fil des années, jusqu’en 1908, trois ans avant sa mort.

En homme d’affaire averti, il développa les lieux de pratique, d’abord à travers les Etats-Unis, puis en Europe.

1876 : les roulements à billes évoluent
En 1876, William Brown (Birmingham, Grande-Bretagne), améliore les roulements avec l’aide de Joseph Henry Hughes. Ils conçoivent un roulement dont les deux faces peuvent bouger indépendamment. Ce concept sera réutilisé par la suite pour le vélo et le skateboard.
Toujours en 1876, la première butée avant est utilisée sur les patins traditionnels.
En 1877, une salle de roller est construite rue Veydt, à Bruxelles (Belgique), le Royal Skating.
1884 : Levant Marvin Richardson améliore les patins de Plimpton
Plimpton fait fortune et ne rencontrera de véritable concurrence qu’à partir de 1884 avec l’arrivée des patins de Levant Marvin Richardson. Ce dernier utilise des roulements à billes d’acier qui apportent une glisse incomparable. Les patineurs gagnent de la vitesse en faisant moins d’efforts. Cette période est marquée par le début de la production en série.
L.M. Richardson perfectionne le modèle de Plimpton en ajoutant des coussinets en caoutchouc pour rétablir la position d’équilibre des essieux. Ainsi, les patins traditionnels atteignent quasiment leur « design dominant », proche de la conception actuelle.
On comptait alors jusqu’à 60 patinoires à Londres et dans sa banlieue en 1876 selon l’ouvrage RollerMania de Sam Nieswizski. Le « quad » va dominer le marché du roller pendant plus d’un siècle.
C’est à partir de cette période que le patin en ligne va décliner. Plus maniables, et tenant mieux la route que les rollers en ligne, les patins traditionnels permettent de tenter les figures les plus osées. Cependant, les patins en ligne ne sont pas totalement oubliés. En effet, ceux-ci restent plus légers, coûtent moins cher, tout en nécessitant moins d’entretien et de réglages.
Les années 1880 : l’histoire du roller à l’ère de la production industrielle
A partir des années 1880, les patins à roulettes sont produits en masse. A cette époque, Micajah C. Henley (Richmond, Indiana) sort des milliers de paires chaque semaine ! Les Henley sont les premiers patins à roulettes dont la tension se règle à l’aide d’une vis, l’ancêtre du mécanisme Kingbolt des quads modernes.
En 1900, L’entreprise Peck & Snyder dépose un brevet pour une paire de rollers en ligne à deux roues (selon le Musée du Roller de Lincoln, Nebraska).

En 1907, le Chicago Coliseum ouvrit une patinoire public qui a accueilli 7000 personnes le jour de son ouverture.
Egalement en 1907, Sven Wingqvist, un brillant ingénieur suédois, montra au monde les premiers roulements à bille s’alignant par eux-mêmes. Ils devinrent une réalité commerciale la même année.
Années 1860 à 1920 : les patins-cycles ou patins bicyclettes
La fin du XIXe et le début du XXe siècle sont marqués par l’apparition de cycles-patins qui ont des structures proches des patins à essieux ou des patins en ligne. Leur invention répond à un besoin de patiner sur tous les types de surfaces et laissait déjà préfigurer les patins tout terrain contemporains avec, en particulier, l’emploi de roues en caoutchouc ou équipées de pneumatiques.
Une révolution récente : les roues en polyuréthane
La période qui suit est relativement calme. D’autre part, les producteurs proposent à bas prix des modèles fabriqués en série équipés de roues métalliques, de roulements de qualité médiocre.

Seuls les compétiteurs disposent de modèles performants équipés de roues en bois (buis) plus roulantes mais aussi plus fragiles. Une roue en buis s’use d’ailleurs tellement vite que les coureurs les changent pendant les courses d’endurance!
Le caoutchouc est parfois utilisé (notamment en France en 1912). Des modèles équipés de pneus et de chambres à air apparaissent en 1987.
Du bois au plastique, vers l’uréthane
Il y aurait eu utilisation de roues en « plastique » en 1980 en URSS. C’est en 1979 que naissent les roues en polyuréthane. Les roues en polyuréthane présentent de nombreux avantages pour les pratiquants et les fabricants. On peut considérer que cette innovation a réellement relancé la pratique du roller en ligne; tout d’abord aux Etats Unis dans les années 80, puis vers l’Europe à partir du début des années 90.
Les différentes appellations des patins
C’est également à partir de 1979 que des distinctions lexicales vont s’opérer :
- « roller » désigne les patins en ligne
- « patin à roulettes » fait référence aux rollers basiques à courroies dans lequel on vient glisser sa propre chaussure
- « roller skate » fait référence aux « quads », les plus évolués avec la chaussure intégrée. Bref, une belle confusion des termes !
Nous pouvons notamment constater que la ligne de ce modèle (photo ci-dessous) est très proche des patins de vitesse actuels (chaussure basse, dure ,à composante cuir posée sur un long châssis métallique équipé de roues en polyuréthane). Depuis, le nombre de roues a varié, entre 2 et 6 voire 8 roues (non alignées). Le patin à roues alignées le plus long possédait 7 roulettes.
Les fabricants se mirent alors à fabriquer des patins en ligne également appelés Rollerblade, du nom de leur principal fabricant (qui d’ailleurs regrette amèrement cette vulgarisation dangereuse pour la marque). Plus rapides, ils séduisirent la jeunesse des années 1980-1990.
1992 : le rink hockey comme sport de démonstration aux Jeux Olympiques de Barcelone

Le patin à roulettes fut proposé pour la première fois en sport de démonstration aux Jeux Olympiques de Barcelone en 1992. Le patin traditionnel y a été mis à l’honneur par l’intermédiaire du Rink-Hockey. Juan Antonio Samaranch, alors président du Comité International Olympique était également dirigeant du rink hockey en Espagne. La compétition fut remportée par l’équipe d’Argentine. Ce fut la seule médaille olympique jamais décernée au patinage à roulettes.

La naissance de Rollerblade et l’envol du roller en ligne
La première marque à avoir déposé un brevet de roller en ligne « moderne » en 1960 serait « Chicago« , une firme originaire des Etats-Unis, comme son nom le laisse deviner. Cependant, le premier brevet de patin à roues alignées aux Etats-Unis date de 1860 avec le modèle de Schaler. Le modèle de Chicago aurait d’ailleurs inspiré les deux créateurs de la marque Rollerblade, Scott et Brenan Olson. Les deux hockeyeurs américains ont notamment vite compris l’intérêt du roller en ligne pour pratiquer le patin à glace hors saison.
Ils auraient alors redessiné et monté leur première paire dans le garage de leurs parents après avoir découvert ce vieux roller en ligne dans une boutique en 1979. En outre, ils auraient utilisé des matériaux plus modernes et une chaussure de hockey sur glace.

Rollerblade communique pour faire connaître ses produits
Quelques années plus tard, après une campagne promotionnelle, le produit a envahi les rues du Minnesota. Les skieurs ont rejoint le mouvement pour s’entraîner l’été. Rollerblade Inc. voit le jour officiellement en 1983.
Les frères Olson ont été repérés lors d’un show à Las Vegas par le propriétaire italien de Roces qui a alors racheté la marque Rollerblade. Il s’en séparera plus tard pour lancer ses propres gammes de rollers en ligne sous la marque Roces.
Rollerblade a réellement pris son envol en 1985 lorsque Robert Naegele a racheté l’entreprise. La firme Rollerblade a été successivement une filiale du groupe Benetton Sports System et de Tecnica depuis 2003.
Rollerblade, un nom commun comme frigidaire
La marque s’est tellement développée qu’elle en est devenue un terme générique. On parle maintenant d’acheter des « Rollerblade » comme si l’on parlait d’un «Frigidaire » au lieu de réfrigérateur. Cette situation inquiète le fabricant qui craint une perte de reconnaissance et d’identité au profit des concurrents.
Durant les années 80 et 90, la plupart des modèles vendus possèdaient alors une coque en plastique dur, comme les chaussures de ski. Il fallut ensuite attendre 1995 pour voir K2 lancer sa première softboot. Il s’agissaitd’ un modèle avec une structure qui combine plastique et textile. Les autres marques vont rapidement suivre le mouvement. Au fil des années, les coques rigides vont être uniquement utilisées pour les patins de roller street/agressif.
Le groupe Benetton Sport System, propriétaire de Rollerblade, estimait sa part du marché mondial à près de 50% en 1998. Cette part aurait décru les années suivantes dans la mesure où de nombreuses marques et de grands fabricants d’articles de sports s’intéressent au roller en ligne (5) a augmenté. Quelques marques montantes comme Salomon ont réussi sur le marché européen mais ont disparu par la suite. Au niveau mondial, Rollerblade semble encore être leader à l’heure actuelle.
Un pionnier dans l’industrie du roller en ligne
Rollerblade fut d’abord basé à Minneapolis. On lui attribue la création d’un sport dont la croissance fut une des plus rapide du monde : le roller en ligne.
La marque, leader du marché mondial dit avoir contribué à changer la vision de ce sport. Il semblait autrefois être un moyen d’entraînement pour les athlètes hommes.
Les patins, Rollerblade sont maintenant largement reconnus comme des produits synonymes de style de vie et qui peuvent être utilisés par tout un chacun.(6)
Aujourd’hui ce sport est pratiqué par une grande diversité de personnes, allant des athlètes professionnels aux enfants.
Le marché a grandi au début des années 80, mais il n’était pas assez développé et encore limité géographiquement. Ce n’est qu’après la vente de l’entreprise Rollerblade en 1984 que des efforts marketing stratégiques présentèrent le roller en ligne comme un nouveau sport. Un magasin a par exemple ouvert à Venice Beach en Californie, la « Mecque » du roller.
Les zones de production des patins Rollerblade
Dans les années 1990 et début 2000, près des trois quarts des patins Rollerblade étaient produits dans l’usine Nordica. Elle se situait alors près de Trevigano en Italie. Cette région fut d’ailleurs un des lieux de production majeur du roller en ligne. En effet, la plupart des grandes marques y implantaient une usine. Au début des années 2000, les marques de roller délocalisèrent leur production en Asie et particulièrement en Chine.

En 1994, Rollerblade est en tête du marché français avec 60.000 paires vendues. La marque représente une part de 36% du chiffre d’affaire du groupe B.S.S en 1995. En 1998, la marque aurait fermé quelques unes de ses filiales (dont l’Allemagne). Elle avait alors pour objectif de concentrer son activité sur l’Italie et revoir ses stratégies(7). A l’heure actuelle, Rollerblade appartient au groupe Nordica et représente environ 3 % du chiffre d’affaires du groupe.
Evolution des ventes de roller en ligne de Rollerblade entre 1993 et 1997
ANNEE | VENTES EN UNITES | EVOLUTION EN UNITES | EVOLUTION EN % |
1993 | 11 000 | 0 | 0 |
1994 | 54 000 | 43 000 | 490% |
1995 | 87 000 | 33 000 | 161% |
1996 | 235 000 | 148 000 | 270% |
1997 | 402 000 | 167 000 | 171% |
Sources des données : Roller Saga n°10 page 10 – mai 1998
Rollerblade a ouvert la voie dans l’histoire du roller moderne grâce à ses innovations
Au fil des années, Rollerblade a utilisé les ressources de diverses industries pour améliorer ses produits.
- Du polyuréthane pour les coques et les roues
- Du métal pour les platines ou châssis
- Des roulements à billes doublés
- Du polyuréthane pour les freins au talon.
Plus tard, l’entreprise conçut les premières roues avec un noyau qui permettent une vitesse accrue. Une autre innovation majeure fut notamment l’introduction de châssis composites qui rendirent les patins plus légers et plus confortables.
La marque lança également sur le marché des concepts tels que la fermeture par boucle, les chaussons amovibles. La collaboration avec Kryptonics apporta également les roues en Uréthane.
Le tampon de frein de Rollerblade
Puis, en 1994, Rollerblade introduisit sur ses produits un nouveau système de freinage : le système « Active Brake Technology® » (ABT®). Ainsi, le redressement instinctif de la personne appuyait sur un bras qui déclenchait le freinage. Ce concept existe encore aujourd’hui et il est particulièrement adapté aux débutants. En effet, permet un bon contrôle de la vitesse.

Les nombreux brevets de Rollerblade à travers l’histoire du roller
En outre, la marque a déposé plus de 200 brevets relatifs au roller en ligne.
La gamme Rollerblade 1999 proposait une variété de plus de 30 modèles pour hommes, femmes, enfants. Elle se destinait alors à pratiquer le fitness, à s’amuser ou à prendre part à des compétitions.
Un modèle avec cheville rigide a été spécialement conçu pour les 6-12 ans. Rollerblade affirme avoir pour soucis de tester les produits existants. Le but de la marque serait de proposer ensuite de nouvelles gammes répondant aux exigences des patineurs débutants et confirmés.
En 2015, ce ne sont pas moins de 49 modèles de roller différents qui composent le catalogue Rollerblade !
La concurrence est rude pour la marque noire et blanche
Les différentes marques qui entrèrent en concurrence avec Rollerblade ont apporté une multitude d’innovations. En outre, elles favorisèrent une segmentation forte du marché. Désormais, Le roller se décline en une pluralité de modèles répondant à des pratiques bien spécifiques.
On peut se demander légitimement si l’ensemble des produits existants sont issus d’un modèle répondant à un usage ou bien si le marché s’est segmenté dès le début de la production en série.

Sources et notes de bas de page
[1] Encyclopédie Universalis multimédia 1997
[2] Supplément de « l’Express » n°2438, avril 1998
[3] « rockering » : Positionnement particulier des roues sur un châssis
[4] Site Internet : skf.com. SKF est une entreprise qui fabrique des roulements pour différents secteurs de l’industrie et notamment pour le roller en ligne
[5] Extrait d’une étude de l’évolution du marché mondial depuis le début des années 90 lors d’un précédent devoir de marketing
[6] Traduit de l’anglais. Cf. Site Internet « Rollerblade : Our story »
[7] sources : Roller Saga n°10 mai 1998
Pour aller plus loin
Quelques images du début du siècle sur le site de la BNF
Relecture : Iggnorance – Photos : Alfathor et droits réservés – Nos remerciements à Xavier Penou pour diverses contributions.
SouhaibIxN
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11 août 2009 at 18 h 00 minCamomille
15 avril 2009 at 16 h 31 minboulougoudou
29 mars 2009 at 21 h 14 minblabjks
9 mars 2009 at 14 h 42 minArno74
4 février 2009 at 17 h 10 minANONYME
4 février 2009 at 8 h 35 minAh...
29 août 2008 at 22 h 29 minAh
5 mai 2008 at 9 h 46 minc très différent de notre génération
adam
28 avril 2008 at 20 h 06 min