John Spence, inventeur génial et méconnu d’un patin à roulettes en Grande-Bretagne

La biographie de John Spence ressemble à une histoire pour enfant. Cet inventeur du début du XIXe siècle est un vrai touche-à-tout qui a cherché sa voie toute sa vie, nourrissant son quotidien et son imagination de rêves mécaniques...

Par Vernon SULLIVAN

John Spence, inventeur génial et méconnu d’un patin à roulettes en Grande-Bretagne
John Spence

Courte biographie de John Spence, inventeur de patins à roulettes

John Christening Spence était le fils d’un tanneur de Linlithgow. Il serait né le 29 septembre 1801 à Linlithgow et serait le cinquième d’une fratrie de 13 enfants ! Ses parents étaient probablement Robert Spence et Euphen Marshell. Dès l’âge de 4 ou 5 ans, il montra un goût prononcé pour la mécanique. Il ne put pas étudier la mécanique dans les livres, faute d’une connaissance suffisante des termes techniques. Cela ne l’empêcha cependant pas de développer ses connaissances en grandissant. Ainsi, il se forma à travers l’observation de nombreuses machines et sur les principes de leur construction. Les roues et les leviers monopolisèrent son esprit d’enfant et il n’était heureux que lorsqu’il inventait ou construisait un objet de ses mains.

Cordonnier par la force des choses

A l’âge de 12 ans, il fut envoyé chez un cordonnier pour apprendre le métier mais il ne fut jamais sous contrat. Ses prédispositions étaient telles qu’après avoir regardé pendant une semaine ou deux l’artisan cordonnier travailler dans son atelier, il commença le métier par lui-même, sans avoir besoin de supervision.

De la chaussure à la vapeur

Après quelques années, il se dégoûta du travail de cordonnier et décida de partir pour Glasgow. Il y fit une tentative infructueuse pour trouver du travail dans les usines locales. Il rentra donc dans sa ville natale de Linlithgow où on lui confia le gardiennage d’une machine à vapeur. Son travail consistait alors à huiler la machine et à alimenter la chaudière. Ses amis ne comprirent jamais quel plaisir il trouvait à une telle occupation, mais lui semblait parfaitement heureux de cette opportunité qui lui permettait de voir les roues en action.

De la chaussure au tissu

Après deux ans à admirer le ballet toujours identique des rouages, John Spence revint à la confection de chaussures… mais les forces mécaniques hantaient son esprit. Il continua donc d’inventer des machines pour le plus grand bonheur de sa bourse, de ses amis et de sa femme.

En 1814, il était tellement écœuré de la fabrication de chaussures qu’il se résolut à faire commerce de tissu. Il construisit un métier à tisser dans sa quasi intégralité, s’enquit des services d’un tisserand professionnel et commença à confectionner des vêtements.

L’ancêtre de voiture de John Spence

Son désir inassouvi d’accomplir quelque chose de grand dans les arts mécaniques l’écarta bientôt de son métier à tisser. Il se concentra, entre autres, sur des machines pour se déplacer où la force de propulsion est fournie par les mains ou les pieds du voyageur. Il se rendit notamment de Linlithgow à Edinbourg dans un véhicule de sa conception, où il exposa son invention. Cette voiture reposait sur 4 roues et pouvait embarquer jusqu’à 3 personnes dont deux la propulsait grâce à des manivelles qui agissaient sur les roues.

John Spence : en quête du mouvement perpétuel

Comme de nombreux inventeurs de l’époque, il s’évertua à créer une machine au mouvement perpétuel. Il annonça à ses amis avoir atteint son but entre 1814 et 1818. La nouvelle se répandit dans le pays et nombre de scientifiques, de curieux et d’étrangers visitèrent sa maison pour voir sa machine reposant sur la force magnétique. A l’époque cette force est considérée comme la source du mouvement perpétuel. Un article paraît même dans le Edinburgh Magazine de mai 1818. Il lui fut demandé d’amener sa machine à Edinbourg afin que le monde entier puisse venir l’admirer. Les phrénologistes mesurèrent son crâne et en conclurent que c’était un génie de la mécanique. Après un mois d’activité, sa machine s’arrêta. L’inventeur ne permit à personne d’en examiner les rouages. Il perdit ainsi toute sa crédibilité.

Du mouvement perpétuel au vélocipède

John Spence poursuivit son travail d’invention de nouvelles machines. Il se tourna alors vers la construction de vélocipèdes ou de machines imitant le cheval et son cavalier. Avec une roues à l’avant et une roue à l’arrière reliées par une barre en forme de selle sur sa partie centrale, Spence voyagea d’Edimbourg à Glasgow. Il se propulsait en poussant occasionnellement sur le sol avec ses pieds. Bien que peu entraîné, il finit par gagner en endurance et en dextérité. Il parvenait même à tenir debout dans les descentes sur un pied sur sa selle avec l’autre pied en l’air pour équilibrer la machine. Il gagna ainsi un peu d’argent en montrant sa machine et en apprenant aux gens à l’utiliser dans une cour qu’il avait loué à cette fin.Notons que son invention arrive dans la même temporalité que celle du Baron Von Drais et de sa fameuse draisienne en 1817.

La maison portable de John Spence

John Spence construisit également une maison en bois à Fountainbridge, une banlieue dans le Sud-Ouest de la métropole Ecossaise. Elle comportait trois étages et pouvait être bougée au gré des volontés de son propriétaire. Ce dernier la déplaça de 10 km en une journée. Il y vécut avec sa famille pendant deux ans et l’un de ses fils y naquit. Sa femme en fit un magasin de fruits. Les gens venaient de loin pour admirer la « maison portable ». Elle lui avait coûté environ 30 Pounds. Il la vendit à un habitant de Fife. Aujourd’hui encore, elle reste l’une des habitations les plus respectables du Royaume-Uni.

Le cordonnier garde son esprit inventif malgré les difficultés

Suite à de nombreuses vicissitudes, John Spence reprit son vieux travail de cordonnier à Edimbourg et ne le quitta plus. Il garda sa passion pour la mécanique. Son énergie se concentra sur deux inventions : une moissonneuse, très ingénieuse en théorie. Elle devait être capable de moissonner un champ d’un seul coup, juchée sur roues et tractée par deux chevaux.

Les patins à roulettes de John Spence

La dernière invention à laquelle ils se dévoua fut l’invention de patins à roulettes pour la terre ferme (par opposition à la glace). Il les conçut pour être supérieurs aux vélocipèdes de l’époque. L’un de ses fils se montra extrêmement habile avec ces petites machines et il était capable de parcourir 8 miles à l’heure (environ 13 km/h). Il devint évident qu’avec une route en macadam et un peu de pratique, tout un chacun pouvait voyager vite et avec aisance sur des distances considérables.

Bien qu’une colline très escarpée soit très difficile à gravir, et pourtant sur l’ordre commun des routes d’aujourd’hui, il n’y a pas de déclivité qui ne puissent être surmontée avec la plus grande facilité. Ils ont aussi cet avantage, que si l’on se lassait d’eux, ils pourraient être facilement enlevés et portés à la main.

Chambers’s Edinburgh Journal – volume 7 – 1839

Epilogue de John Spence

Contrairement à d’autres de ses contemporains comme Tyers, John Spence ne rencontra jamais la fortune. Il fait pourtant partie de ces hommes qui n’ont jamais cessé de croire en leurs inventions et qui ont poursuivi leurs rêves envers et contre tout. Une vraie force de la nature à laquelle nous nous devions de rendre hommage 200 ans après !

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Ouvrage parlant de John Spence (en anglais)

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Auteur
Vernon SULLIVAN 'SULLIVAN'

Passionné de roulettes devant l'éternel, le jour j'écume le bitume. Si je me crashe, si je tombe, ma peau s'arrache mais pas mon coeur de roller !

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