Patrice Elias : de Toulouse à Bordeaux en roller

Prenons la route avec Patrice Elias, ce patineur licencié au club de Roulez Rose à Toulouse est adepte de longue distance. En octobre 2022, il a relié Toulouse à Bordeaux sur deux jours. Voici le récit de son périple à la première personne...

Par alfathor

Patrice Elias : de Toulouse à Bordeaux en roller
Patrice Elias

Le récit du raid de Patrice Elias

Bonjour à tous, connaissez vous cet article qui parlait d’un grand raid roller de Bordeaux jusqu’à Toulouse ? J’ai trop aimé cet article. Je l’ai lu plusieurs fois. Et au final il m’a tellement inspiré que j’ai étudié la question pendant des mois. J’ai commencé par regarder les différentes routes possibles. Puis l’état du bitume en zoomant un max sur les « street views », ainsi que les hébergements disponibles, etc.

Et finalement, un weekend où toutes les conditions étaient réunies avec une bonne météo et deux journées de disponibles, j’ai décidé de me lancer à l’aventure ! En solo, pour cette fois, car comme ce trajet était une totale découverte pour moi, je me suis dit :

« Si c’est une galère, on ne sait jamais, autant ne pas prendre de risque en y amenant du monde ! « 

La veille du départ

Le vendredi soir 21 octobre 2022, je suis assez fébrile. Je révise plusieurs fois tout mon matériel, je huile les roulements et je finis mes préparatifs à 1h30 du matin ! Pas top, mais bon.

Le jour J

La nuit est vite passée et me voilà sur le départ à 9 heures du matin. Initialement, j’avais prévu plutôt de partir à 8h00. Me voilà roller aux pieds et sacs à dos de 8 kg sur le dos ! Je rejoins le canal latéral à la Garonne dans la fraicheur matinale. Tout se passe bien jusqu’à Agen, sauf après Moissac où je trouve un peu de gratton, de Moissac jusqu’à Malause !

Mais j’ai droit à des paysages magnifiques, l’air pur, des gens qui bouquinent sur leur péniche…. Ambiance hyper paisible le long de ce canal !

L'ambiance du canal à proximité d'Agen
L’ambiance du canal à proximité d’Agen

Où s’arrêter ?

A Agen, j’ai quelques doutes sur la poursuite du voyage car je n’ai rien réservé pour la nuit, ne sachant pas trop ou j’allais m’arrêter. J’avais juste noté quelques chambres d’hôtes disponibles sur le trajet. Du coup, est ce que je dors à Agen ? Ce sera peut être plus facile de trouver une chambre que dans les petits villages suivants ? Pour ne pas trop avoir de kilomètres à faire le lendemain, je décide de m’en tenir à l’objectif prévu pour ce samedi : arriver au village de Damazan en dessous de Marmande ).

J’avais déjà 111 km au compteur en ce milieu d’après-midi. Et il m’en restait donc 33 à faire jusqu’à Damazan ! Allez, je relance ma vieille carcasse un peu fatiguée sur les six roues Matter 125 mm, celles à noyau bleu. Et j’avoue que j’étais bien content de les avoir. Déjà pour moins sentir le gratton qu’avec des petites roues mais aussi et SURTOUT parce qu’elles dégagent une vitesse incroyable qui joue en ma faveur !

Le long de la piste cyclable
Le long de la piste cyclable

De la théorie à la confrontation au réel

Malheureusement, même si c’était le dernier samedi avant le changement d’heure, je m’aperçois que la nuit tombe quand même bien vite. Ainsi, je me retrouve carrément dans la nuit noire ! J’avais pourtant prévu dans mes calculs que j’arriverai avant la nuit ! Mais c’est là que l’on voit toute la différence entre ce que l’on prévoit sur le papier et la réalité sur le terrain !

Je m’étais fixé l’objectif de 6 heures de roller par jour avec une moyenne de 22 km/h. Et au final, j’ai plutôt fait 7 heures de roller à 19.5 km/h de moyenne (d’après mon Strava). Du coup, sans lampe frontale, je suis obligé de déchausser et de monter vers le plus proche village du canal : Buzet sur baïse en espérant y trouver une chambre d’hôte disponible !

Patrice Elias
Patrice Elias

En quête d’un couchage

Je vois un bar restaurant encore ouvert au centre du village. Ouf, je suis sauvé ! Enfin j’espère. Et en effet, les gens qui sont là m’indiquent une excellente chambre d’hôtes à Damazan justement. Le village que je voulais absolument atteindre ce soir-là ! Mais comme c’est vraiment la nuit noire et que les routes ne sont pas éclairées autour du village, une dame très sympa me dépose à la chambre ! Trop cool.

Je me prélasse alors sur le lit en terminant des boissons énergétiques et des barres de protéines. Je révise un peu le matériel : mes chaussons de fitness Rollerblade 110 et des platines EOskates 3×125. C’est bon ! Tout tient, rien ne s’est dévissé pendant la route !

Je sors alors mes poudres magiques et je prépare les bouteilles de boissons énergétiques pour le lendemain. Enfin, moment tant attendu, je me détends longuement les muscles sous une douche bien chaude ! Là aussi, petit questionnement existentiel. Alors, la machine tient bon ou je rentre à Toulouse en Blablacar ? Non, non, tout va bien. Je préfère aller jusqu’au bout du rêve même s’il est un peu fou : atteindre Bordeaux dimanche après-midi !

Les patins de Patrice Elias
Les patins de Patrice Elias avec chaussures Rollerblade, platine carbone EOSkates et roues Matter 125

Seconde journée de raid roller avec Patrice Elias en direction de Bordeaux

Et en effet, dimanche matin, me voilà debout vers 7 heures pour le petit déjeuner. Après un bon café, j’enfile les rollos vers 8h00. La matinée est très douce ; le temps couvert. Je traverse le petit village endormi et je suis les panneaux de la suite de la véloroute qui me font partir dans la campagne. Je profite d’un excellent bitume à travers des champs de pommiers et de kiwis. Mais je vois la piste du bord de canal au loin et j’ai hâte de la rejoindre !

Gratton, quand tu nous tiens…

Cependant, une fois dessus, GGRRRRRRRR… Je m’aperçois de ce que veut VRAIMENT dire le mot gratton : l’horreur ! Le pire gratton de toute ma vie. Comment dire ? un tapis de graviers pointus plantés dans le sol, un bitume à l’abandon depuis des dizaines d’années. Ce n’est pas possible autrement ! Ma vitesse moyenne chute. Je fais quelques minutes sur ce tapis de pointes et je pète les plombs. Je décide alors d’abandonner les bords du canal pour continuer sur les départementales du coin. Qu’il y ait de la circulation ou pas, je m’en fous !

Passage sur la route

J’arrive donc à Tonneins. Pour un dimanche matin, j’ai la chance qu’il n’y ait pas trop de voitures. Je regarde la route ; je suis gâté, un vrai billard sur ces départementales. Cela va d’ailleurs durer comme ça jusqu’à Marmande et la Réole. A la Réole, je croise une boulangerie pâtisserie ouverte. J’y prends deux canettes de Redbull (ça aide, rires) Et après avoir pris un gros sandwich jambon fromage tout chaud, je reprends la route. Au final, elle restera un vrai billard un peu vallonné jusqu’à Bordeaux : le top !

La roadmap de Patrice Elias
La roadmap de Patrice Elias

La voie verte Roger Lapébie pour finir en beauté

A environ 18 km de la Réole, je fais un arrêt dans le magnifique petit village de Sauveterre de Guyenne. C’est de là que part la voie verte Lapébie (55km), la dernière partie du voyage ! Petit arrêt photo et tout content, je m’élance sur cette voie qui est pour moi l’une des plus belles de France ! On y roule sur un bitume tout neuf. Je vous la recommande, elle est vraiment excellente. C’est un coin de nature magnifique à travers champs, vignes et forêts. Bref, le moment de remplir à fond ses poumons de l’air pur et des odeurs de la forêt. Il y avait d’ailleurs des champignons et des châtaignes… Mais bon, à l’allure où je roulais, pas le temps de m’arrêter pour la cueillette !

Fin du voyage : l’arrivée à Bordeaux

J’arrive à Bordeaux fatigué mais tellement content d’avoir atteint mon objectif ! Je termine mon périple au pont Saint Jean, en face la gare. Je suis replongé d’un coup dans l’ambiance d’un centre ville avec les odeurs qui vont avec ! Beurk. Comme si j’avais un peu perdu l’habitude de tout cela après deux jours passés en pleine campagne. Je m’assois dans un coin. Il est 17 heures passées. Je cherche sur mon téléphone un moyen de rentrer rapidement à Toulouse car je bosse le lendemain et je n’ai ni le temps ni la force de faire les 280 km de roller en sens inverse pour rentrer à Toulouse !

Retour sur Toulouse, en car.

Une heure après, je monte dans un Flixbus et je repense à ce périple un peu fou : deux jours de 140 km chacun avec 19.2 km/h de moyenne le samedi et 19.7 km/h de moyenne le dimanche grâce à la qualité du bitume. Je suis trop satisfait que tout se soit bien passé dans ce grand raid roller : le matériel a bien tenu la route, pas de casse, et physiquement, avec de la préparation, de l’entrainement et surtout des compléments adaptés en boissons et nutrition, ça passe malgré une grosse fatigue quand même !

Je souhaiterai maintenant revenir sur les lieux du périple pour affiner un peu le tracé GPS, supprimer les zones de gratton et les remplacer par de meilleures routes si possible. Car qui sait, peut-être qu’un jour on remettra ça si des patineurs sont motivés pour venir ?

Allez, roulez bien !

Vous avez envie de tenter l’aventure ? Contactez Patrice Elias par email pour l’accompagner lors d’un prochain raid roller.

Pour aller plus loin

Lire l’article de La Dépêche sur ce périple

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Auteur
Alexandre Chartier 'alfathor'

Bonjour à tous, je suis Alexandre Chartier, fondateur et webmaster de rollerenligne.com. Le site a vu le jour officiellement le 11 décembre 2003 mais l'idée germait déjà depuis 2001 avec infosroller.free.fr. Le modeste projet d'étude est devenu un site associatif qui mobilise une belle équipe de bénévoles. Passionné de roller en général, tant en patin traditionnel qu'en roller en ligne, j'étudie le patinage à roulettes sous toutes ses formes et tous ses aspects : histoire, économie, sociologie, évolution technologique... Aspirine et/ou café recommandés si vous abordez l'un de ces sujets !

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