Les filières énergétiques et leur application dans l’entrainement roller

La maîtrise et la structuration de l'entraînement passe par une connaissance des principes des filières énergétiques qui interviennent lors des différents types d'effort. Que l'on soit spécialiste du sprint ou de l'endurance, voici quelques grands principes pour mieux comprendre comment nous produisons l'énergie nécessaire à l'effort...

Par alfathor

Les filières énergétiques et leur application dans l’entrainement roller

Des principes communs à tous les sports

Tête de course ave deux patineuses italiennes

Le corps humain s’appuie sur trois grandes filières énergétiques pour rendre l’énergie des aliments utilisables par les muscles : l’aérobie, l’anaérobie alactique, l’anaérobie lactique.

Ces voies se déclenchent en fonction de l’intensité et de la durée de l’exercice, que ce soit en compétition ou à l’entraînement. Elles sont toujours liées et fonctionne en synergie. Attention, elles convertissent l’énergie apportée par les nutriments et ne la produisent pas.

La molécule produite par ces voies et provoquant la contraction musculaire s’appelle l’ATP (Adénosine TriPhosphate).

Molécule Adénosine Tri Phosphate (ATP)
Molécule Adénosine TriPhosphate (ATP) – source : Wikipedia

L’aérobie – la filière énergétique la plus connue

On parle de filière aérobie quand l’oxygène de l’air est utilisé pour aider à produire de l’énergie. Les efforts en aérobie peuvent durer plusieurs heures. C’est la voie par excellence de l’endurance.

L’anaérobie alactique

Cette filière n’utilise pas d’oxygène. Elle ne produit pas d’acidité mais elle ne peut être utilisée que quelques secondes (environ 7 secondes). Ce processus se contente de piocher dans les réserves d’ATP et de créatine phosphate immédiatement disponibles.

L’anaérobie lactique

Cette filière est sollicitée quand la filière aérobie n’est pas encore en marche ou ne suffit plus à produire de l’énergie. La production d’énergie se fait sans oxygène et produit de l’acidité dans l’organisme. L’acide lactique est un facteur limitant de la durée de l’exercice (environ 4 à 8 minutes).

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Tentative de record du monde longue distance en 2010 – photo : Fred Davi

Les interactions entre les filières énergétiques

Lorsque l’on débute un effort physique, la filière alactique se met immédiatement en marche. Elle s’appuie sur les réserves d’ATP contenues dans les muscles et sur la créatine phosphate. Ces réserves ne permettent que quelques secondes d’effort.

Les autres filières vont alors devoir produire à nouveau de l’ATP pour reconstituer les réserves.

Si la consommation d’oxygène au repos est faible, elle augmente progressivement à l’effort. Pour répondre à ce besoin, l’organisme va tenter d’apporter de plus en plus d’oxygène aux muscles. L’activité du système cardio-vasculaire augmente donc pour transporter de plus en plus d’oxygène : le rythme cardiaque et la ventilation accélèrent.

Au bout d’un moment, le corps ne peut plus augmenter la vitesse du coeur et de la ventilation. Par conséquent, la production d’énergie va alors plafonner. On arrive au fameux seuil du VO2 Max (Volume d’oxygène maximum). Ce seuil correspond aussi à la VMA (Vitesse Maximale Aérobie).
A ce moment-là, si l’athlète veut durcir son effort à cette intensité, il va se trouver en dette d’oxygène. Le besoin d’énergie nécessaire va alors solliciter la filière anaérobie lactique produisant.

La production d’énergie a alors un coût. Elle ne peut se faire sans produire un déchet limitant l’effort : l’acide lactique. Plus l’effort va être intense et prolongé et plus la production d’acide sera importante.

L’acidose va agir sur les muscles qui vont fonctionner de moins en moins bien. L’effort doit inéluctablement être diminué ou arrêté pour revenir à l’équilibre.

Les interactions entre les filières énergétiques
Les interactions entre les filières énergétiques

Qu’apporte l’entraînement et quel est son impact sur les filières énergétiques ?

L’entraînement agit sur les filières énergétiques de plusieurs façons :

  • Tout d’abord enn augmentant les capacité cardio-ventilatoires : plus on transporte d’oxygène vers les muscles moins la filière lactique est rapidement sollicitée,
  • Puis, en augmentant le taux de globules rouges dans le sang : plus le sang contient de globules rouges, plus il peut transporter de l’oxygène vers les muscles,
  • Egalement en augmentant le seuil de tolérance à l’acidose : avec le temps et l’entraînement, si l’on sollicite régulièrement l’organisme dans la filière lactique, la tolérance à l’acide lactique augmente. On peut donc rester en acidose plus longtemps et rester à un niveau d’intensité d’effort plus important sur une durée supérieure.
  • Une augmentation du volume musculaire : en sprint, l’augmentation du volume musculaire permet de stocker davantage d’ATP et d’avoir donc plus d’énergie disponible rapidement.
  • Une meilleure évacuation de l’acide lactique : l’acidose s’évacue grâce à la ventilation. L’amélioration des capacités cardio-ventilatoire favorise l’évacuation de l’acide.
L’équipe de France de roller course avec Thomas Boucher en tête

Il est probable que le facteur psychologique revêt également une performance importante dans l’effort. Plus un athlète est habitué à se faire mal et plus il pourra supporter les charges d’entraînement et l’effort. La culture de l’effort varie selon les générations et les civilisations. Elle revêt une importance qui est probablement sous-estimée.

Pourquoi l’échauffement est-il si important ?

On est toujours plus performant en course si l’on s’est bien échauffé. Oui, mais pourquoi ?

Le principe de l’échauffement consiste à activer la filière aérobie et à se débarrasser des déchets produits en début d’effort par la filière anaérobie lactique.

En démarrant une course à froid, on part sans avec le handicap de l’acide lactique. Le niveau d’intensité étant trop important par la suite, on ne parvient pas à évacuer suffisamment cet acide durant l’effort. Du coup, notre performance finale est moindre.

Pour résumer

Au début d’un effort, il est fréquent que l’on ressente l’acidose. La mise en marche de la filière aérobie prenant quelques minutes, l’énergie produite l’est d’abord en filière lactique. Du coup, quand on commence un échauffement par exemple, l’organisme va :

  1. Puiser dans les réserves d’ATP disponibles (anaérobie alactique),
  2. Produire de l’énergie en anaérobie lactique,
  3. Lancer la filière aérobie au bout d’environ 3 minutes,
  4. Evacuer l’acide lactique produit grâce à la ventilation.

Les spécificités du roller

Certaines courses telles que les épreuves à points ou à éliminations sollicitent énormément la filière lactique par la répétition des sprints à intervalles réguliers. La part aérobie d’un 10.000 m à points est donc inférieure à celle d’un 10.000 m classique. Le patineur qui s’alignera sur ces épreuves ne pourra donc pas se contenter d’avoir une bonne endurance.

Pourcentage de dépense énergétique par filière
Pourcentage de dépense énergétique par filière

Le roller comme le cyclisme sont des sports où la stratégie revêt une importance capitale. Les athlètes alternent les phases de récupération et d’attaques. Il ne faut donc jamais négliger le travail dans la filière lactique.

Quizz sur les filières énergétiques : vrai ou faux ?

Pour voir si vous avez bien compris comment fonctionne les filières, voici un quizz ! Une fois que vous aurez répondu aux questions, sélectionnez le bloc de texte pour voir apparaître les réponses blanches sur fond blanc.

  1. Un 10.000 m à points sollicite peu la filière lactique. faux !
  2. Quand je fais un départ arrêté, je sollicite la filière alactique. vrai !
  3. En roller, un marathonien peu se passer d’entraînement lactique. faux !
  4. L’échauffement permet de mettre en marche la filière aérobie. vrai !
  5. L’acide lactique améliore les performances des muscles. faux !
  6. L’acidose peut être diminuée en réduisant l’intensité de l’effort. vrai !
  7. Les 3 filières énergétiques interagissent. vrai !
  8. La filière aérobie est celle qui développe le plus de puissance immédiatement. faux !
  9. La VMA est atteinte au même moment que le VO2Max. vrai !
  10. Une fois le seuil dépassé, le corps est en dette d’oxygène. vrai !
Entraînement roller filières énergétiques
Auteur
Alexandre Chartier 'alfathor'

Bonjour à tous, je suis Alexandre Chartier, fondateur et webmaster de rollerenligne.com. Le site a vu le jour officiellement le 11 décembre 2003 mais l'idée germait déjà depuis 2001 avec infosroller.free.fr. Le modeste projet d'étude est devenu un site associatif qui mobilise une belle équipe de bénévoles. Passionné de roller en général, tant en patin traditionnel qu'en roller en ligne, j'étudie le patinage à roulettes sous toutes ses formes et tous ses aspects : histoire, économie, sociologie, évolution technologique... Aspirine et/ou café recommandés si vous abordez l'un de ces sujets !

5 responses to “Les filières énergétiques et leur application dans l’entrainement roller”

  1. loic
    12 janvier 2022 at 15 h 32 min
    Interessant! ( LE VO2max...)
  2. ARISTIDE NOTE
    9 décembre 2021 at 5 h 36 min
    Merci pour le temps que vous consacrez pour notre instruction, ces enseignements sont utiles et vont me servir dans mes différentes séances d'entraînement. Merci encore.
  3. Olivier
    31 octobre 2010 at 8 h 21 min
    super synthèse, cela permet de se recycler! merci à vous;pourriez-vous faire la même sur capacité, puissance aéro./
  4. nono
    10 août 2009 at 16 h 13 min
    Merci pour cette page enrichissante qui nous permet de nous instruire.
  5. Felix kouadjo
    16 février 2009 at 14 h 11 min
    Bonjour, je tiens avant tout a vous féliciter pour cette page que j'ai trouvé très agréable et très instructive. Il me demeure une petite question concernant le quizz, point 10.
    Le fameux "seuil" est-il le seuil aérobie? Anaérobie? de repos?
    Si il s'agit d'un seuil d'effort, cela signifierait que trottiner légèrement sur 5mn ne provoquerait pas d'essoufflement juste après interruption de l'effort.
    Pouvez-vous préciser ce point s'il vous plait?

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