Charles-Louis Petibled : le premier brevet de l’histoire du patin à roulettes
Le 12 novembre 1819 : une date à retenir dans l'histoire de notre passion. C'est celle où le français Charles-Louis Petibled, mécanicien de métier, déposa le premier brevet de l'histoire pour une paire de patins à roulettes...
Par alfathor

Des archives historiques pour le patin à roulettes
Charles Louis Marie Petibled serait né de l’union de Louis Anselme Petibled et de Françoise Victoire Roussel (à confirmer). En outre, il vit le jour le 19 août 1770 à Paris. Il se maria à Geneviève Françoise Martin le 23 octobre 1811. Il résidait alors rue Saint-Dominique, dans le 7e arrondissement de Paris. Plus tard, ll semblerait qu’il déménagea vers le Faubourg Saint-Martin. Etant proche du bassin de la Villette, il pouvait donc s’y adonner au patinage sur glace, quand il gelait suffisamment. Il y croisa sans doute l’un de ses concurrents, le célèbre patineur sur glace Jean Garcin.
Le premier brevet de l’histoire du patinage à roulettes
Mécanicien de métier, il déposa donc le premier brevet de l’histoire du patinage à roulettes le 12 novembre 1819. Son modèle de patin est déjà très abouti pour l’époque. En effet, il possédait un châssis en bois, les 3 roues viennent s’intégrer dans la structure. De plus, une roue est positionnée sous le talon et deux autres sur l’avant du pied. D’autre part, le talon vient se caler contre une butée en métal. Enfin, la lanière de cuir avant est solidement fixée par une plaque en métal.

Voici l’extrait que l’on trouve à la page 60 du « Bulletin des lois de la République française » de 1820 :
16.° Le Sr Petibled (Charles-Louis), mécanicien, demeurant à Paris, rue du Faubourg Saint-Martin, n.° 80, auquel il a été délivré, le 12 novembre dernier, le certificat de sa demande d’un brevet d’invention de cinq ans, pour de nouveaux patins destinés à exécuter dans les appartements tout ce que les patineurs peuvent faire sur la glace avec des patins ordinaires.
En outre, Petibled sembla ne pas se limiter pas à la pratique en intérieur. En effet, dans son célèbre livre initutlé La « Rinkomanie », Henry Mouhot indique :
En 1819, on a vu patiner pour la première fois sur les boulevards et dans les jardins publics de Paris. Cette mode inusitée de locomotion excita, on peut facilement le supposer, une vive curiosité. Tous les gamins étaient sur pied ; il en vint de Pontoise. Mais elle n’eut qu’une durée éphémère, probablement pour deux raisons, les inégalités du terrain, le poids et la façon grossière des appareils. On avançait avec si peu de rapidité, avec tant de fatigue, que le jeu, comme on disait autrefois, et comme on dit toujours, n’en valait pas la chandelle. Bientôt, après, on n’en entendit plus parler.
Henry Mouhot, « La Rinkomanie », 1876, p. 68-69
L’auteur précise également que les roues étaient en cuivre. Il indique malheureusement que les qualités technologiques du patin de Petibled n’étaient pas suffisantes pour satisfaire la demande. Chose intéressante également, il précise que les enfants utilisèrent ces patins. Mouhot fait donc la première férence à un usage par des enfants dans l’histoire du patinage à roulettes.
Le journal Mémorial de la Loire et lde la Haute-Loire1 indique que les premiers patins auraient été observés au Jardin du Luxembourg.
Les concurrents de Charles Louis Petibled
Il fut sage et avisé de déposer ce brevet. En effet, le 26 juillet 1828, un autre français, Jean Garcin, déposa son propre brevet. Il se lança alors dans la production de ses propres modèles. En outre, ses caractéristiques techniques s’approchaient fortement de celles décrites dans le brevet déposé par Petibled.
En 1832, Petibled dénonça le brevet de Garcin qui fut rendu caduque. Garcin continua pourtant de produire ses patins jusqu’en 1839.

Derniers jours
Charles-Louis Petibled mourut le 3 mars 1843, à l’âge de 72 ans. Son fils qui vivait alors au 6 rue Amélie dans le 10e arrondissement de Paris, remplit l’acte de décès.
Un exemplaire des patins de Petibled existe encore !
Si vous souhaitez un jour voir ce première modèle de vos propres yeux, sachez qu’il en existe un exemplaire au Musée du Roller de Lincoln, Nebraska, USA.

Pour aller plus loin
Liens
La passionnante histoire du roller par Christophe Audoire
Sources
- Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, 10 avril 1877, p. 2 ↩︎
Un grand merci à :
- Maryse Bence pour les recherches généalogiques
- Sam Nieswizski pour le brevet
- Au Musée du Roller de Lincoln, Nebraska pour les photos du patin original