Marjorie Phlippoteau ou le roller au pluriel
S'il est une patineuse polyvalente dans le monde du roller, c'est bien Marjorie Phlippoteau ! Descente, slalom, street, saut, roller dance, skatecross, dans quelle pratique oserez-vous la défier ? Rencontre...
Par alfathor

Interview de Marjorie Phlippoteau
Marjorie Phlippoteau est une patineuse aux multiples facettes. Elle a touché à de nombreuses disciplines du roller avec brio. Elle fut notamment championne du monde de skatecross en 2011 et 2012, ainsi que championne du monde de descente en 2012 et 2013.
Bonjour Marjorie Phlippoteau, nous commençons par notre question traditionnelle : peux-tu te présenter ?
Bonjour, je suis Marjorie Phlippoteau. J’ai 38 ans maintenant (2023). Je suis née en 1984. Et je vis en banlieue parisienne à Montreuil. Je patine depuis fort longtemps en roller en ligne et en roller quad.
Comment es-tu arrivée dans le monde du roller Marjorie Phlippoteau ?
J’ai débuté le roller un peu par hasard. Dans mon quartier parisien (17e), j’ai vu des gens faire du roller dans la rue, ils se déplaçaient en patin. Et là je me suis dis :
Je veux faire ça !
Marjorie Phlippoteau
C’était au début des années 1990. J’ai commencé par les roller Fisher Price, comme de nombreux anciens riders. ça ne roulait pas du tout, c’était l’enfer ! D’ailleurs j’en ai encore vu récemment aux pieds d’une gamine, c’est incroyable que ça existe encore.
J’avais le parc Monceau à côté de chez moi. Il y avait une petite piste de roller complètement dégradée qu’ils ont refaite entre temps et qui est maintenant vachement plus cool. J’ai commencé comme ça, avec les jeunes du quartier. Ensuite, j’ai un peu lâché parce que mes patins se sont cassés. Et j’ai arrêté un peu.
Un jour, j’ai vu une publicité avec un rider qui sautait dans une galerie marchande. Alors j’ai tanné ma mère pour qu’elle m’achète une paire de roller en ligne. Je me souviens qu’ils étaient noirs avec des roues jaunes fluo dures. Dès que j’allais un peu trop vite, mes roues glissaient sur le sol. J’étais frustrée parce que j’étais limitée par mon matos. J’ai donc tanné ma mère à nouveau pour qu’elle m’emmène chez Décathlon. J’y ai monté une paire de quads et elle m’a emmené au Trocadéro, c’était alors le début de ma vie !
Excellent ! Ta mère t’emmenait au Trocadéro ! Racontes-nous comment c’était ?
Cela devait être au début des années 1990. Il faisait super beau et quand nous sommes arrivés, il y avait des gens qui faisaient du slalom dans la descente de droite. Je trouvais cela tellement impressionnant ! J’ai passé la moitié de l’après-midi à les regarder faire des pieds avants et des pieds arrières. A la fin de la journée, je me suis motivée en fin de journée à faire des pieds avants dans la descente. Je devais prendre l’élan de très loin parce que j’avais des rollers pourris qui n’avançaient pas trop. Après, j’y suis retourné tous les weekends.

J’ai utilisé ces patins pendant toute mon enfance, avant que mon sponsor attitré, Agnès Sylvestre, me donne une meilleure paire de patins.
Marjorie Phlippoteau, tu es au Trocadéro, assez jeune. A l’époque, il y a beaucoup de gens plus âgés que toi, et peu de femmes qui font du roller ?
Je me souviens que j’étais avec deux ou trois potes. Il y avait Théodora, Agnès, Gaby (Gabrielle Denis), Laurence, Adeline Le Men, Géraldine qui avait des protège-poignets léopards. Il y avait des daronnes surtout ! Mais aussi beaucoup de mecs et pas beaucoup de jeunes. C’était beaucoup de partage de connaissances des grands vers les petits. C’était aussi l’époque Rollermania. Je n’avais pas conscience que c’était un club. Ma mère me déposait le matin et je rentrais le soir. Je passais les weekends entiers au Trocadéro. C’était de l’amusement, du slalom, plus ou moins vite, dans la descente, sur le plat. Je me souviens que ça partait en chasse à l’homme l’après-midi. Il y avait aussi du hockey. D’autres mettaient le tremplin. C’était l’attraction !

Qui t’a pris sous ton aile quand tu es arrivé ?
Serge Rodriguez en premier. Le papa d’un peu tout le monde ! Comme j’étais jeune, je ne parlais pas trop aux gens. J’ai beaucoup trainé avec des sauteurs du 340 comme Stéphane Zuber, Freddy Lavaury, Gustavo Angel, Roy Collet, Pierre Jouvion (GlouGlou)… et d’autres. On se retrouvait ensemble sur les compétitions, notamment aux championnats de France.
Par quelle discipline as-tu commencé en compétition Marjorie Phlippoteau ?
Par le slalom acro’, tout bêtement. Je crois que j’ai fait ma première compétition en 1996 à Reims. Ils y avait beaucoup de rémois. Ils faisaient tous du saut. J’y ai croisé Luc Bourdin, Walid Nouh et plein de riders de la Défense. Il faut savoir que je suis passé par Rollermania, mais je suis aussi passé par le team La Défense. A un moment, il ne se passait plus grand chose au Trocadéro. Des gens commençaient à rouler à Jussieu et à Notre-Dame. Quand il y a eu ce trou, j’ai commencé à rouler à la Défense. Ce n’était pas du tout le même univers et c’était plus loin de chez moi. J’ai beaucoup roulé avec Bastien, Maxime, Anne-Sophie. Tout le monde roulait en Fusion 10K. C’était en 1996.
Une époque très particulière avec des marques comme Rollerblade ou Roces qui sortaient des coques de patins en ligne adaptables sur des quads. Sauf ceux qui n’avaient pas les moyens. C’est à ce moment que le roller en ligne a explosé. Agnès m’a filé ses Fila avec ses Lazer dessus. J’ai toujours cette platine !
Cela a été une révolution ! C’était ça un vrai patin ?! On ne connaissait pas vraiment Roll’Line à l’époque parce que nous n’avions pas encore la culture de l’artistique. Je partais d’un truc tout mou, genre je passais d’un camembert qui coulait sous ma platine à un truc performant, c’était ouf !
Tu t’intéressais déjà au matériel à l’époque ?
Oui, j’ai été bricoleuse assez vite. J’avais déjà piqué la visseuse de ma mère pour faire des trous dans les pompes. Beaucoup de gars ridaient à la Défense et bossaient chez Roller Station. Donc c’était assez facile d’avoir des entrées.
Je me souviens que c’était facile de rouler à la Défense, il y avait de l’espace. Personne ne nous dérangeait et on ne se faisait même pas virer quand on roulait dans les galeries marchandes. On avait trois espaces couverts pour rouler, même quand il pleuvait. Alors on se faisait des après-midi « chats ». Et on passait notre temps à en faire, à Palais-Royal, au Trocadéro, à la Défense. Nous roulions vraiment beaucoup sur Paris.
J’ai arrêté assez vite les compétitions de slalom, parce que ça coûtait de l’argent de se déplacer.

Globalement tu fais de bonnes performances, ça marche bien. ça ta piqué tout de suite le virus de la compétition ?
Je n’avais pas trop conscience que c’était un championnat ou de la compétition. Tu ne te rends pas vraiment compte quand tu es petite. J’ai souvent été seconde. Il y a souvent eu des pestes devant moi ! (rires). Elles me faisaient des coups en douce : des protège-poignets qui disparaissaient, ou qui reprenaient mes figures
Tu parlais de Notre-Dame et Jussieu, quels autres spots tu roulais Marjorie Phlippoteau ?
J’ai aussi beaucoup squatté à côté de chez moi, puis au Trocadéro, à Jussieu un peu, avec Agnès et Glou-Glou. Après, il y a eu Notre-Dame, mais pas beaucoup. Puis la Défense. Je me souviens qu’il y avait beaucoup d’espace et nous roulions dans les galeries marchandes. Aujourd’hui, cela n’existerait plus. Il y avait aussi des espaces couverts. Nous nous faisions des après-midi de chats. Nous passion notre temps à cela ! J’ai aussi passé des nuits entières à Palais Royal. C’était une belle époque où nous roulions beaucoup sur Paris. J’avais arrêté la compétition, les déplacements coûtaient trop cher et ma mère n’avait pas trop les moyens.
Quel âge avais-tu quand tu roulais à Palais Royal ?
Je devais avoir 18 ans je pense, j’avais déjà passé mon CAP de pâtissière.
Les années d’avant j’avais commencé le street avec le France Roller Tour. Je le faisais en slalom et je faisais des initiations et des démos. Je donnais déjà des cours de roller sans vraiment le savoir. C’est là que j’ai commencé à descendre des rampes.
Les grands de Troca’ allaient souvent à Balard et ils ne voulaient pas m’emmener. J’ai forcé pour y aller et j’ai grave aimé. Par la suite, j’ai passé des après-midi entiers à faire de la mini. Je me souviens d’avoir aussi pas mal roulé à Roller Parc Avenue. C’est là que j’ai appris le street. Il fallait juste ne pas tomber à cause des échardes. Je n’ai pas souvenir qu’il y ai eu un tel skatepark ailleurs en France à l’époque.

Je mettais une grosse heure à y aller en RER. Je me souviens qu’on se faisait souvent courser par des mecs qui voulaient nous piquer nos rollers. Ce n’est pas évident quand tu es une femme et ma mère n’était pas hyper sereine que j’y aille toute seule.
J’imagine que par la suite tu as pu découvrir d’autres skateparks comme le Hangar de nantes ?
Oui, j’y suis passé il y a deux ans ! Mais j’ai surtout fait un peu de fitness, un peu de curb. Après, étant adulte et avec un moyen de déplacement, j’ai pu aller au Hangar. J’ai arrêté de rider vraiment fort.
En street ou en rampe, as-tu fait des compétitions Marjorie Phlippoteau ?
J’ai fait une compétition à Roller Parc Avenue en Street, c’est la seule que j’ai faite, sans doute au mondial du roller. Je me souviens que la compétition de slalom se déroulait à l’extérieur.
Le street m’a permis de rencontrer Wilfried Rossignol, Aktarus… J’étais jeune et ces mecs-là étaient vraiment impressionnants. J’ai surtout rencontré les streeteurs du Tour de France. Ensuite, il y a eu le 911 Crew avec Victor Francisco et Jean-Marc Gravier. J’ai aussi eu l’occasion de rouler avec Néou Men, c’était assez cool. Il faisait plutôt du freeskate et nous étions sponsorisés par Salomon. A Roller Parc Avenue, quand tu n’avais pas le niveau, personne ne te parlais.
Peux-tu nous dire quelques mots sur Roy Collet ?
C’est un peu le gars qui peut taper toutes les figures de slalom, même les plus impossibles. Il a toujours été un extra-terrestre. Il pouvait placer n’importe quelle figure sur une roue, en tranche, en vague. Ce gars-là était incroyable, il avait vraiment un style de dingue.
Comment as-tu vu arriver le freeskate ?
En fait, à l’époque de Palais Royal, il y avait Ben, BBLove, Jéroim, Sébastien Gasnier, Jones qui revenait de nulle part. Il bossait à Citadium et il y avait un magasin de roller. Il vendait des roller Mission. Nous sommes tous ressortis avec une paire aux pieds et nous les avons essayés en ville. Puis, peu de temps après, Salomon a sorti une paire de freeride : les FSK. Ils montent alors un team non officiel à l’arrache. Puis arrive le circuit de skatecross en partenariat avec Monoprix. Salomon nous y emmène tous frais payés. Je n’avais pas réellement conscience de ce que c’était. Le skatecross ajoutaient de la descente dans ce que je savais déjà faire. C’était ma discipline préférée.
Contrairement à Laurence, je n’étais pas dans le team officiel. Elle avait l’apparence de la pin-up que je n’avais absolument pas et que je ne voulais pas avoir. Ils m’ont payé les déplacements sans que je sois pro-rideuse. Je faisais les shootings, mais je n’étais pas payée. j’ai fait tous les U2R et je les ai tous gagnés. J’ai aussi fait Lausanne et c’était trop bien ! Nous étions même montées sur un bus.

Tu es alors une jeune adulte et tu es sponsorisée par Salomon… Jusqu’à ce qu’ils partent du roller ?
Je n’avais pas de contrat chez eux, mais quand j’avais besoin d’une paire, ils m’en envoyaient une. Je n’étais pas très gourmande sur le matos. J’en prends soin. A la fin, je devais avoir trois ou quatre paires à la maison. Chez Seba, je demande une paire tous les quatre ans ! En plus, j’avais une paire de quad qui me permttait de rouler si besoin.
Le quad était un peu devenu ringard à l’époque…
J’avais toujours ma paire de quad, mais je faisais beaucoup de roller en ligne. J’ai toujours la paire d’Agnès. Je n’ai jamais aimé le slalom en line, donc je continuais en slalom, j’alternais. Mais pour le skatecross, j’en ai toujours fait en line. C’était cool d’allier les modules et la descente. C’est d’ailleurs à partir de là que j’ai fait de la descente.
Je me souviens qu’à Lausanne, nous avons fait la Vallée de la Jeunesse. Nous n’étions pas prêtes pour en faire et à prendre autant de vitesse. Nous sommes revenus quelques années plus tard et nous étions équipés et préparés. Il suffisait pourtant d’avoir les codes. Nous étions un peu sans gêne à nous accrocher aux voitures.
Tu fais du skatecross, de la descente, discipline à laquelle tu te mets assez sérieusement…
Oui, Je dirais que c’était en 2006. Avec Fabien Caron, Séverine Thomas, Soraya Ghaderi. C’est l’année où je me suis inscrite au PUC Roller. Il a fallu « m’entraîner ». Nous tournions en rond à Davout, c’était bien chiant ! En revanche, ce qui me plaisait dans les compétitions de descente, c’était les lieux et l’ambiance. Nous roulions de nuit pour arriver sur les spots. J’adorais arriver dans ces paysages de fou, avec de grosses pentes. Nous retrouvions tout le temps les mêmes personnes. C’est d’ailleurs là que j’ai rencontre Marie Marchand, ma meilleure amie, avec laquelle nous avons monté Gossip. Je me rends compte que nous avons créé beaucoup de liens avec les Lyonnais ou les Nancéens. Je me souviens de ma première descente à Chabanon où je m’étais bien équipée. J’avais beau avoir un crashpad, j’avais trouvé et frotté la peau. J’ai compris ce qu’étais la descente. Nous étions avec lugeurs, les skateboarders. C’était une bonne ambiance.
Ton passé dans la rue t’a beaucoup aidé…
Oui, il y avait la compétition de descente où tu descends toute seule. Mais il y avait aussi les blader-cross où tu descends à quatre patineurs, mais sans modules, contrairement au skatecross. Cela oblige à pousser fort, à ne pas avoir peur de la vitesse non plus. Je n’étais pas hyper forte là-dedans, je n’étais pas une skieuse. Il faut avoir de la cuisse pour maintenir les schuss pendant plusieurs kilomètres. Malgré tout, j’ai été championne du monde en 2012-2013. Merci aux skateurs d’avoir organisé les circuits, parce que si on avait dû attendre les rollers à l’époque, il ne se serait rien passé.

Il y avait pas mal de patineuses assez fortes en France à cette période, dont Séverine Christ Thomas…
Oui, il y avait aussi Marie Marchand, puis des Lyonnaises comme Albane ou Solen. Emilie Sadoux qui continue toujours. Elle est hyper sportive et toute l’année sur les skis. Il y avait aussi les italiennes, les autrichiennes les allemandes…
J’ai dû faire la dernière édition de Lausanne en descente. Puis les autres compétitions par la suite furent en Allemagne, Autriche et France. Je me souviens qu’en termes de temps, nous étions assez proches avec Séverine, mais que toutes les autres étaient plusieurs secondes derrière.
Comment expliques-tu cette différence ?
J’ai passé beaucoup de temps sur les patins, sans doute 4 ou 5 heures par jour. Peut-être que les gens faisaient d’autres choses à côté.
Quittons un peu le monde de la descente, qu’as-tu fait comme autres disciplines du roller ? Qu’est-ce qui t’a amené à la roller dance par exemple ?
En fait, je rencontre une nana qui s’appelle Cécile, qui est danseuse. Elle est un peu nulle en roller à l’époque. On traine un peu ensemble à Palais. Et à ce moment-là, la télévision cherche des gens pour faire des plateaux télés avec du roller. Elle évolue en roller, elle progresse et elle a envie d’allier la danse avec le roller. On commence à danser ensemble. Il y avait aussi la team de Mouss, Hakim, Laurence, Jean-Marc. Nous nous retrouvons à Saint-Honoré. Puis, nous montons une équipe pour les 24 heures du Mans Roller. Nous montons une compagnie de roller dance avec laquelle nous faisons plein de dates. Et puis nous arrivons même à nous produire dans la comédie musicale Oui-Oui.
Je suis arrivé un peu à la roller-dance pour dépanner en fait. Cécile avait besoin que j’entraîne les filles à apprendre la roller-dance et que je pratique la roller dance. ça m’a fait rire, j’ai trouvé ça fun, mais ce n’est pas la discipline que je kiffe. Je ne fais d’ailleurs plus du tout de roller-dance à l’heure actuelle. A la fin, j’ai arrêté de danser avec Cécile, j’avais plutôt rejoint Jean-Marc. Il cherchait aussi des danseurs pour monter des compagnies de roller dance. Chloé Seyres était venue danser avec nous en roller en ligne. Puis, elle a mis mes quads et ça a été un peu la révolution pour elle. A l’heure d’aujourd’hui, elle donne des cours de roller dance.

Marjorie Phlippoteau, parles-nous de tes études…
J’ai toujours voulu bosser dans la pâtisserie. Je ne suis pas très « sucré ». J’ai bossé pas mal en pâtisserie, en France et à l’étranger. Mais en France, c’est beaucoup d’heure et je ne voulais pas arrêter de faire du roller. J’avais envie de vivre du roller, je me suis donné les moyens de le faire. C’est pourquoi j’ai passé les premiers CQP et DEJEPS qui ont été mis en place. Aujourd’hui, je suis monitrice à plein temps. J’ai monté un club sur Paris qui s’appelle Gossip Skate. Nous débutons à la pointure 26. Il n’y a pas d’âge pour commencer.
Parles-nous de ton association, GossipSkate…
Je suis à l’initiative de GossipSkate suite à la rupture avec les Miss’iles. Avec Marie M. et Valérie L. nous avons décidé de repartir à zéro et de faire un truc sympa dans le sens des publics recherchant à apprendre dans de bonnes conditions avec des moniteurs diplômés. Mais aussi à encadrer des envies de participer à des competitions sans prise de tête. Vous pouvez lire la présentation complète de GossipSkate sur ReL. Nous donnes des cours de roller dance, des cours de freeskate. Je fais sauter mes élèves sur les murs. Ils sautent des marches et jouent à l’épervier. C’est un plaisir. Je ne donne pas de cours de slalom, je ne trouve pas ça très fun. De plus, il y a déjà l’association de la WISA sur ce créneau.
Nous donnons quelques cours de street, mais c’est plutôt du déplacement sur module. D’autre part, nous avons beaucoup de demande des femmes en quad. En effet, nous avons beaucoup de demande pour la roller dance et le skatepark. Nous faisons beaucoup de déplacements dans l’association.
Ainsi, nous arrivons à avoir des groupes assez homogènes que nous faisons évoluer. Enfin, nous essayons de les rendre le plus autonome possible, de gérer leur matos.
Quelles sont tes relations avec Seba et FR Skates ?
La marque m’avait passé le premier exemplaire de ses patins. Grâce à ce modèle, j’ai beaucoup amélioré les choses en descente. C’était bien mieux que les FSK, cela tenait bien la cheville et on pouvait équiper le patin avec diverses platines. Sébastien et et Greg avait réussi à permettre de poser des platines avec plein de réglages. Cela a révolutionné le monde de la descente à une période où tout le monde ne jurait que par le Rossignol Descender. J’ai bien accroché avec les patins Seba et Universkate à l’époque. Je suis plutôt passé aux Seba SX aujourd’hui, qui sont plutôt des patins de street.

Puis, j’ai utilisé les rollers de Kim Sung Jin. J’ai eu cette paire pour la descente aux World Roller Games de Barcelone. Cela a été ma meilleure paire. j’ai une super relation avec Sébastien et Greg. J’ai beaucoup roulé avec eux. Ce sont un peu des grands frères pour moi. Avec Greg, nous faisions des éperviers ensemble. Sébastien me donnait beaucoup de conseils sur les épreuves U2R. Je leur demande du matos de temps en temps. C’est vraiment cordial avec eux.
De ce que je comprends, tu roules essentiellement pour tes cours et moins pour toi. Est-ce que tu pratiques beaucoup chaque semaine ?
Je roule essentiellement en quad pour mes cours, sauf un seul cours que je donne le dimanche en freeskate. J’aime bien mettre des taquets à mes élèves et leur mettre des gros parallèles dans la tronche. Pour les cours, les quads c’est vraiment bien, parce que je suis à plat. C’est meilleur pour les genoux.
Descente, roller dance, freeride, skatecross, on t’a vu pratiquer de nombreuses disciplines. Comment expliques-tu une telle polyvalence ?
Jai commencé avec le roller dans la rue, vite j’ai atterri au Trocadéro et j’ai participé au championnat de France de roller acrobatique [NDLR : à l’époque, ça ne s’appelait pas encore roller freestyke en slalom.
Puis j’ai découvert toutes les autres disciplines. J’ai trouvé ça cool alors j’en ai fait !
Marjorie Phlippoteau, que t’apporte chacune de ces pratiques ?
De la diversité, de la confiance dans mon patinage, des nouvelles choses à apprendre constamment.
As-tu pratiqué d’autres sports auparavant ou en parallèle du roller ?
Oui, le basketball, le tennis de table, le football, le volleyball… mais le roller, c’est la liberté, de mouvement de déplacement, de création et de partage. Faire un sport co, c’est contraignant et ça se pratique souvent sur terrain fermé. On a aussi souvent besoin de matos. Le roller se pratique dans la rue, dans une cour, dans un salon. Une paire de patins suffit.
Sinon, en parallèle du roller, je fais aussi de la buttboard. J’en avais un peu marre de faire de la descente en roller. Avec mes problèmes de dos, je ne pouvais plus rider comme les autres et je ne prenais plus autant de plaisir. J’ai donc fait beaucoup de freeride. Des descentes libres sans chrono où tu descends plusieurs fois dans la journée à ton rythme. Quand tu as fait la descente 15 fois en roller, tu finis par t’embêter. Je me suis laissé entraîner par les descendeurs en buttboard et il a fallu tout réapprendre, se gameller, c’était assez drôle. Je trouve ça assez cool ! C’est incroyable comme discipline.
Dans les années 1990, nous étions adolescents. Qu’est-ce que c’était que d’être une fille dans ce monde assez masculin ?
A vrai dire, je n’ai pas ressenti de discrimination. J’étais jeune, donc je n’ai jamais eu de moqueries. En plus, j’avais le même niveau que les mecs, donc j’avais une espèce de respects. J’en mettais pas mal à l’amende donc je pense qu’ils avaient peur de me chambrer et que les autres se foutent de leur gueule. Après, j’avoue que j’avais vraiment un état d’esprit assez sportif. Je n’étais pas la meuf qui trainait pour qu’on la regarde, j’étais là pour faire du sport.
Quelle est ton activité professionnelle Marjorie Phlippoteau ?
Actuellement je suis monitrice de roller, multidisciplinaires bien-sûr ! J’ai passé mon DEJEPS.

Le roller, pour toi, c’est un mode de vie ?
Oui on peux dire ça ! Cela a d’abord été un plaisir puis une passion, un moyen de déplacement, un moyen de m’évader, d’exister et maintenant c’est mon moyen de payer mes factures !

Comment vois-tu évoluer le roller ?
Cela évolue d’une façon incroyable. Déjà cette année chez Gossip, nous avons près de 300 adhérent(e)s qui viennent prendre des cours de roller. Et 75% de nanas. C’est l’inverse de ce que j’ai pu vivre. Le roller quad est revenu sur le devant de la scène de ouf’. Mais pas avec les bonnes marques et c’est un peu problématique. J’espère qu’un jour on verra le roller aux Jeux Olympiques. Nous le méritons, d’autant plus que le niveau a beaucoup augmenté. Je vois le roller en version féministe. Il y a désormais beaucoup plus de nanas qui roulent que de mecs. Nous nous réapproprions l’espace, que ce soit dans la rue ou les organisations. Il y a énormément de groupes de nanas qui se forment et c’est cool !
Je trouve aussi fascinant ce développement. Place à la tribune libre Marjorie Phlippoteau…
Je trouve ça cool que les gens viennent prendre des cours de roller dans mon club. Prenez-vos rollers, mettez-les aux pieds, sortez dehors. Le roller c’est la vie, la liberté, un moyen d’évoluer, de voyager partout dans le monde. C’est un style de vie !
Merci Marjorie Phlippoteau, c’est un beau mot de la fin !

Fiche technique de Marjorie Phlippoteau
- Nom: Phlippoteau
- Prénom : Marjorie
- Surnom : phlipatate
- Né le : 24/99/1984
- Taille : 165 cm
- Poids : 57 kg
- Pays : France
- Née à : Reims
- Vit à : Charenton-le-Pont (94)
- A débuté le roller en : 1991 à l’âge de 5 ans
- Catégorie : multi disciplinaire
- Etudes : CAP pâtisserie, C.Q.P. roller, DEJEPS
- Emploi : monitrice roller
- Points forts : heu…..
- Points à améliorer : caracteèe !
- Autres sports : volley, basket
- Le dernier film qu’elle a vu : La Belle Saison
- Musique favorite : Heu… pas sur de en avoir ! Mais jaime bien tout !
- Jeux vidéos : jeux de voiture mais jai pas le temps pour jouer !
- Lectures : en ce moment
- Aime : manger, bricolé, me rendre utile.
- N’aime pas : les racistes et les égoïstes.
- Qualités : trop gentille
- Défauts : trop gentille
- Club : Gossipskate
- Team : Seba
- Meilleur souvenir : freeride de descente en espagne
- Pire souvenir : Skate cross en Chine !
- Langues parlées : anglais vite fait
- Alcool ou jus de fruit ? Alcool
- Plage ou montagne ? montagne, s’il y a la plage derrière c’est cool.
- Matin ou soir ? Soir
- Fromage ou dessert ? Fromage
- Rap, métal ou techno ? électro, pop, variétés françaises m.
- Football ou rugby ? Ni l’un ni l’autre
Palmarès
- Championne du monde de roller descente 2012 et 2013
- Championne du monde de skatecross en 2011 et 2012
Pour aller plus loin
Le portrait de Marjorie sur rollerquad.net
Interview : Walid Nouh et Alfathor – Photos : droits réservés