Podcast : Christian Debackère, ancien président de la CNRA
Dans ce podcast, L'équipe de rollerenligne.com part à la rencontre de Christian Debackère, ancien président de la CNRA, commission Nationale de Roller Acrobatique.
Par alfathor

Christian Debackère fut l’un des membres fondateurs de la Commission Nationale de Roller Acrobatique. Il connut les débuts de la structuration du roller freestyle en France. Il réalisa également de nombreuses vidéos pour valoriser l’image du roller. L’équipe de rollerenligne.com est partie à sa rencontre pour en savoir plus sur son parcours. Un acteur du roller incontournable…
Bonjour Christian Debackère, tu fus en effet un personnage incontournable du roller acrobatique. Du moment où je suis arrivé sur le circuit, je t’ai toujours croisé. Tu as toujours été là, très enthousiaste et très moteur. Pour les gens qui ne te connaissent pas, est-ce que tu pourrais s’il te plaît te présenter ?
Oui, très simplement. J’ai 55 ans, j’ai découvert le roller en 1994. Je vous laisse faire le calcul, on est en 2023. Je ne suis pas bon en maths. Et j’ai la chance de diriger une école de cinéma à Vanves qui s’appelle IFTIS (Institut de formation aux Techniques l’Image et du Son). Elle existe depuis 7 ans maintenant et on arrive sur sa 8e année. On y forme des jeunes gens au BTS audiovisuel.
Donc tu dis que tu as découvert le roller en 1994. Et alors toi qui à la base n’es pas un patineur, comment est-ce que tu as découvert le roller ?
A cette époque-là, je suis en freelance dans le cinéma et l’audiovisuel. Je travaille alors pour une société allemande qui me demande de faire des repérages à Paris. En effet, ils cherchent des jeunes gens qui font du roller, pour faire de la publicité pour une marque de boissons sans alcool allemande. Or, à cette époque-là le Trocadéro et la Défense sont connus internationalement pour avoir des clubs de roller qui sont extrêmement actifs.
Donc je vais me présenter à la Défense et au Trocadéro. Au Trocadéro je ne suis pas superbement bien reçu. On ne va pas se mentir. Par contre, je suis très très bien reçu à la Défense par un monsieur qui s’appelle Michel Fize, qui dirige un club qui s’appelle le Roller Team La Défense. A travers ça, on va nouer des liens. Et à ce moment-là, j’ai envie, dans ma carrière de mec qui travaille dans le cinéma et l’audiovisuel, de m’échapper un peu de la fiction. J’ai envie d’aller vers le documentaire qui est toujours quelque chose qui m’a beaucoup intéressé. Du coup, j’ai une idée, un truc qui s’allume dans ma tête. Après avoir rencontré Michel Fize et les gens qui faisaient du roller à la Défense, je me dis :
« Mais pourquoi je ne ferais pas un documentaire sur le Roller Team La Défense ? Et voilà comment je suis arrivé dans le milieu du roller… »
Christian Debackère

D’un autre côté, le Trocadéro, si t’arrives et que t’es pas patineur, à cette époque là, il y a des chances que tu sois pas très bien reçu. Alors que Michel Fize, lui, n’était pas un patineur non plus…
Non, on était entre non patineurs. Ceci étant, les patineurs du Roller Team de La Défense m’avaient très bien accueilli. Pour ceux du Trocadéro, je me rappelle de Guillaume, particulièrement, qui était un slalomeur.

Guillaume Flett ?
Guillaume Flett. Il y avait aussi Hakim Naït Chalal, Désiré Diboundou, le frère de Désiré, Alex Diboundou, Robocop, Sylvain Taro, si ma mémoire est bonne. Alban Trapani. Il y en avait un troisième, j’oublie le nom du troisième.
Sylvain, Alban et Damien…
Merci. Damien qui nous a quittés il y a longtemps. Donc je pense à lui et j’embrasse tous les gens qui l’aimaient et qui l’aiment bien. C’était un garçon formidable. Et il y avait Charles Bonpas, qui aujourd’hui fait de la télé aux Etats-Unis en Californie avec des voitures. Voilà, pour l’essentiel. J’en oublie sûrement, il y en avait d’autres…

Au Trocadéro, il avait Gabrielle. Mais c’est un autre Trocadéro, c’est autre chose. Il y avait plein d’autres acteurs à Paris que je connaissais et que j’ai rencontrés après.
Mais au début c’est ça. C’est vraiment, ceux que j’avais interviewé au départ sur le roller. Ce sont tous les gens qu’on vient de citer. Avec une mention particulière à Guillaume Flett parce que j’ai le souvenir ému des interviews de Guillaume.
Tu as connu l’univers du roller par l’intermédiaire de la vidéo. Est-ce que tu as pratiqué ?
Oui une fois, avec Alex Diboundou, ça a duré 10 minutes. Ils ont compris que je risquais de perdre la vie sur ces engins de mort. On m’a redescendu tout de suite et on m’a remis sur des baskets. Donc non, je n’ai jamais pratiqué. J’ai toujours été admiratif des exploits de tous les gens qui faisaient du roller mais je n’ai jamais réussi à faire plus de 5 mètres et encore de façon assez terrifiante.
Et puis après tu es rapidement revenu du côté fédéral…
C’est la rencontre avec Michel Fize qui était un des principaux d’acteurs, mais qui était très vite arrivé dans la commission nationale de roller acrobatique en fait, dès le début de sa structuration.
J’avais à peine fini mon documentaire qu’arrivent les premiers championnats de France de roller acrobatique. J’ai la cassette encore, j’ai aussi le compte-rendu. Je me souviens que j’avais réussi à envoyer des images à Stade 2. Ils avaient passé une brève sur les premiers championnats de France de roller acrobatique à la Défense. Je me souviens. Sponsorisé par Brut de Pomme, c’est quand même ce qui n’existe plus aujourd’hui.
J’avais beaucoup participé à la médiatisation. Moi, je m’occupais uniquement de la partie média. Je m’occupais un peu de l’organisation mais beaucoup de la partie média et relations de presse. Donc j’étais content avec mon Envoyé Spécial, avec mon Stade 2 parce que je trouvais que c’était vraiment pas mal.
Donc ça s’était bien passé, à cette occasion. J’avais rencontré Daniel Boivin qui s’était déplacé et qui était venu assister à ces premiers championnats de France. Daniel Boivin qui était le président du Comité National Course… Parce qu’au moment où les gens qui faisaient du roller acrobatique avaient frappé à la porte de la Fédération Française de Roller Skating. Elle s’appelait comme ça à l’époque. Et c’est le comité national course qui avait dit : » Bon, après tout, pourquoi pas. On va les prendre. »
Parce qu’ils ne savaient pas où nous caser. Donc c’est comme ça qu’on avait atterri chez les gens qui faisaient de la course.
Si on continue sur la Défense, c’est intéressant parce que l’un des derniers podcasts que l’on a enregistré était avec Lamine Fathi. Au départ tu dis que tu es axé sur la médiatisation. Quand est-ce que tu commences vraiment à travailler sur toute cette structuration ?
À l’occasion de ces premiers championnats de France, je vais rencontrer tout le monde. Évidemment, alors j’ai dit Daniel Boivin pour le CNC, mais il y a plein de gens qui ont déjà commencé à structurer l’activité roller acrobatique. Alors, je vais essayer de me souvenir de tout le monde. Il y avait Adeline Le Men, évidemment, Jean-François Licar, Gérald Mathieu, Serge Rodriguez…
Tous ces gens-là vont contribuer à la création de la Commission Nationale de Roller Acrobatique. En tout cas, ils sont déjà plus ou moins présents dedans. Le souvenir que j’ai, c’est que j’avais un peu secoué ce brave M. Boivin en lui disant : » Dites donc, c’est sympa ! Regardez, on s’est battu pour organiser un truc qui marche plutôt pas mal. » Il y avait des caméras et on en parlait. il y avait du monde, les images et les photos de l’événement…

Avais-tu d’autres fonctions au sein de l’événement ?
J’étais speaker aussi, j’adorais faire ça. Je réécoutais la musique d’introduction, juste avant de vous rejoindre sur le podcast, ça me rappelait des souvenirs. Voilà donc, il y a tous ces gens-là qui participent à l’organisation et à la structuration. Enfin, en tout cas, à un rapprochement entre cette jeune discipline, qui s’appelle le roller acrobatique qui comporte à cette époque-là du saut, du slalom, de la rampe. On en parle un peu, il y a Taïg Khris qui en fait. Mais il n’y a pas grand chose en termes de compétition à part le skateboard. Mais en roller il n’y a pas grand chose.
Et donc, ce sont eux qui vont aller vers la fédération. Et moi je vais monter dans cette barque-là avec eux. C’est ce groupe-là qui va commencer à discuter avec la Fédération Française de Roller Skating. On se réunissait. Luc Bourdin était là dès le départ.
J’ai le souvenir dans le roller acrobatique, la première fois que je fais une compétition de Luc qui est là avec le club de Laon. Et donc c’est un vrai bonheur, parce qu’il ne faut pas oublier qu’à l’époque, je vous ai dit tout à l’heure que je n’avais pas été bien reçu par le 3-4-0. Par contre, les clubs de province étaient formidables. Je pense à Reims et à Laons particulièrement. Et ensuite à d’autres clubs qui sont venus se rajouter, qui se sont développés un peu partout, mais c’était vraiment génial.
Et comment cela se passait-il en province ?
L’ambiance de province a toujours été une bénédiction. Petite anecdote comme ça, on en reviendra tout à l’heure, mais quand j’en avais marre de la Fédération Française de Roller Skating à la fin de mon mandat, plutôt vers les années 2000, quand j’en avais ras-le-bol, je prenais ma voiture, j’allais à Dunkerque particulièrement. Je retrouvais Stéphane Luchie, la bande de Dunkerque.
Si vous écoutez ce podcast, vous saurez que quand j’en avais marre de la Fédé, j’allais à Dunkerque pour me souvenir de ce que c’était que des gens qui faisaient du roller. Ça me remettait d’aplomb avec la discipline que je dirigeais parce que ça n’a pas toujours été simple.

Photo : Christian Debackère
Du coup, nous avons plein de souvenirs de ces débuts. Tu arrives après, il y a d’abord Michel Fize qui commence. Ensuite, il y a Gérald Mathieu et enfin toi qui prends la succession. Ça a été un truc absolument extraordinaire…
On était dans une réunion dans le salon de chez Gérald Mathieu. Et d’un coup d’un seul, il dit : » Bon bein, moi j’arrête. Mais je pense qu’il y a quelqu’un qui pourrait reprendre ma place. »
Moi je regardais ça de loin en me disant : » Tiens qui va nous sortir de son chapeau ? «
Et à ce moment-là, il a dit : » Je pensais à Christian Debackère. » Ah bein c’est une surprise ! Voilà donc j’ai dit « oui ». Ça a été aussi simple que ça, mais ça a été une vraie surprise. Et la grande aventure avec Luc Bourdin a commencé.
En quoi consistaient vos missions ?
Alors au départ on savait même pas où on allait parce qu’on était confronté à des gens qui nous connaissaient. Ils étaient tous en costard-cravate, ce qui n’était pas nécessairement un signe de désamour… Mais c’était quand même un peu surprenant, parce que les gens qui faisaient du roller c’était plus baggy de rigueur. Donc on sentait bien qu’il y avait un petit décalage et qu’il fallait que nous fassions le lien. Ça a été l’essentiel de notre démarche, mais c’était très difficile.
Pour revenir sur la structuration et l’organisation, nous avions un groupe de gens qui constituait la CNRA, la Commission Nationale de Roller Acrobatique. Des gens extraordinairement intelligents et passionnés qui faisaient un travail formidable.

Et il fallait essayer de convaincre une fédération de nous accepter et d’essayer de comprendre comment fonctionnait une fédération. Moi, je n’avais jamais bossé dans une fédération. J’ai découvert ce que c’était que la délégation de l’État, ce que veut dire que la Fédération Française de Roller Skating. Elle agit par délégation du Ministère de la Jeunesse et des Sports, ce qui est pas rien ! Cela donne un pouvoir important. Mais ce pouvoir important malheureusement ne se traduit pas toujours dans un budget conséquent. Donc la première guerre c’était l’argent. Il fallait expliquer à ces gens qu’on était des gens respectables et qu’on pouvait travailler avec eux. Qu’on pouvait avoir un budget et comment nous pouvions le construire.
Quelles ont été vos sources de financement pour la CNRA, Christian Debackère ?
On a très vite compris que les fameuses démonstrations étaient une activité qui fonctionnait très bien dans le roller. Elles étaient lucratives. C’est pourquoi nous avons rapidement monté une équipe qui ressemblait à une équipe de France, même s’il n’y avait pas de compétition à l’étranger.
Mais on avait quand même un groupe France qui était un regroupement des meilleurs patineurs issus des championnats. Et avec eux, nous avons réussi à financer beaucoup d’opérations, ce qui nous a donné une grande crédibilité vis-à-vis de la fédération. Cela montrait qu’on était capable de rapporter de l’argent, ça s’est vérifié après. C’est pour ça que nous nous sommes retrouvés à Agadir (Maroc) et dans les opérations de communication de la fédération. Nous savions faire du spectacle et des animations. Donc c’était quelque chose qu’on maîtrisait bien.
Y avait-il d’autres éléments fondamentaux à construire avec la CNRA pour régir le roller acrobatique ?
Oui, il y avait l’aspect réglementaire de compétition. On peut dire que cela nous a beaucoup occupés avec Luc Bourdin ! Il a fait un travail absolument formidable. D’ailleurs, j’ai un souvenir mémorable du moment où on s’est retrouvé chez la secrétaire de l’artistique, parce qu’on a dupliqué leur règlement.
» Et c’est probablement l’erreur qu’on a commis. On était trop proche de l’artistique et de son système réglementaire pour établir le nôtre. Parce qu’effectivement c’était ce qui était le plus proche du roller acrobatique. Des juges derrière une table qui donnaient des notes à des gens qui faisaient du patin. On est allé trop vite et trop fort vers des règlements qui n’étaient pas du tout adaptés à l’acrobatique. C’est-à-dire au street, à la rampe, aux sauts et au slalom. »
Christian Debackère
Nous avons trop vite figé des choses, même si on les a fait évoluer au fil du temps. Nous avons contribué à figer des choses à des moments où les disciplines avaient besoin d’air pour poursuivre l’évolution d’un sport qui était jeune.

Absolument. C’est d’ailleurs un point qui était déjà ressorti dans l’interview de Luc Bourdin lors d’un précédent podcast…
Luc Bourdin : Pour compléter un petit peu les propos de Christian relatif au financement des activités au sein des fédérations sportives, il faut savoir quand même que l’ensemble des fédés la plupart sont gérés sous forme de commission quand il y a du multisports. On a vu que le roller acrobatique était associé à la course à ce moment-là. Ça veut dire que financièrement, en fait, le roller acrobatique dépendait de la course. Et forcément l’argent qui était dépensé pour le roller acrobatique était de l’argent qui n’allait pas à la course. Au départ ils se sont un peu dépouillés.
Christian Debackère : C’est vrai, ils ont généreusement dépensé un peu de leurs sous pour nous. Après quand même, assez rapidement, la fédération a commencé à donner un peu d’argent. Mais c’était quand même très restreint.
S’il faut que je rajoute un souvenir, je voudrais remercier aussi Vincent Vu Van Kha qui était trésorier de la commission nationale de roller acrobatique. Je me souviens les années où « Vinz » était là. C’était absolument génial parce qu’il était tellement fort en comptabilité que je ne m’occupais plus de rien. On avait une excellente façon de travailler ensemble. C’était super. Il est un peu contrôleur de gestion, c’est un peu son métier quand même. Il donnait des leçons à tout le monde à chaque fois qu’il y avait un problème à la fédération ! Au bout de 20 secondes, le pauvre mec en face était rétamé par Vince lui avait mis trois taquets, deux uppercuts en termes de comptabilité. Ce qui fait qu’en général on avait une paix royale. Eeffectivement, en termes de crédibilité, on était allé très vite et très loin.

Vincent Vu Van Kha, qui sera bientôt présent sur le podcast aussi… Donc là on a parlé de pas mal de sujets : de structuration, des compétitions, des réglementations. Et j’ai l’impression qu’on a fait plusieurs sauts dans le temps. A quand remonte la première équipe de France ? En 1996 ? On avait l’espèce de jogging tout moche de Roller Station… C’était les premiers temps non ?
Oui c’est ça. On essayait de se bagarrer pour un peu de matos. Donc on trouvait ce qu’on pouvait. Hawaii Surf nous filait un coup de main.
Walid : Eric Gros, le patron de Hawaii Surf nous écoute…
Il a quand même beaucoup contribué à nous aider. Il n’y a pas eu que lui, c’était un peu la guerre entre les différents shops de roller parisiens pour savoir qui nous filerait le plus de matos. C’est un moment où le roller était très médiatisé et où on sentait qu’il pouvait percer. Malheureusement, la vague va se briser un peu sur 2-3 récifs qu’on pourra identifier après.
Quel fut le premier gros événement fondateur ?
Christian Debackère : Là Luc j’ai peut-être besoin de toi. Pour moi, c’est Bercy. Mais Bercy c’est un gros traumatisme.
Oui, on en a parlé beaucoup déjà…
» Pour moi, Bercy restera mon plus grand trauma. Et je pense que c’est vraiment le symptôme de l’incompréhension totale de la Fédération Française de Roller Skating et du milieu du roller acrobatique. »
Christian Debackère
C’est-à-dire que nous arrivons en disant à la fédération : » Hé, les gars, un événement est en train de se monter à Bercy sur le roller. Il fait déjà beaucoup de bruit. Comment se fait-il qu’on ne soit pas associé à cela ? Qu’est-ce qui se passe ? «
Et là, au lieu d’avoir une réponse intelligente qui était de dire : » Ecoutez, on va aller regarder ce qui se passe et on va essayer de faire ami-ami avec ces gens qui organisent un truc autour du roller pour voir ce qu’on peut faire ensemble. »
… Mais les mecs ont envoyé un huissier de justice pour essayer de faire interdire la manifestation ! Et là ça a été compliqué.

Comment ça s’est passé sur place ?
Je me souviens quand même d’avoir été envoyé là-bas par la fédération. Parce que comme ils n’étaient pas courageux du tout, c’est moi qu’ils ont envoyé. C’était moi l’élu. Et je me suis retrouvé dans cette situation. Alors je sais pas si vous imaginez la situation, au sein du palais Omnisport de Paris-Bercy, main dans la main, bras-dessus bras-dessous avec un huissier de justice mandaté par la Fédération Française de Roller Skating pour faire constater que monsieur Philippe Babi organisait un événement contre l’avis de la Fédération Française de Roller Skating.
Je ne savais plus ni comment je m’appelais, ni où me mettre. Et j’étais en face de toute la communauté roller qui était là pour s’éclater en plein cœur de Bercy avec un homme de loi pour essayer de faire interdire la manifestation.
Je n’ai jamais compris comment on avait basculé de : « Il faudrait peut-être qu’on essaye de travailler avec ces gens » à ça… On en arrive au référé avec un huissier. Je dois reconnaître que ce n’est pas le souvenir le plus glorieux de mon existence. Cela ne m’a pas fâché avec Philippe Babie, on a pu se parler après. Il s’est passé d’autres choses avec lui. On a pu discuter, mais ça a quand même été quelque chose de difficile. Voilà, pour les gens qui ne savent pas, c’était un peu compliqué.
C’est un épisode dont nous avons parlé avec Gabrielle Denis ou encore Wilfried Rossignol. C’était clairement un tournant majeur, on l’a tous vécu à notre manière.
Pour moi, il y avait vraiment l’idée que c’était lié à la manière dont la communication était gérée à la fédération. C’était une agence de communication à ce moment là qui prenait ses sous sur ce qu’elle ramenait. Et c’est pour ça qu’ils ont voulu se faire des sous et que Bercy a refusé.
Et si on prend des souvenirs plus chouettes ? On va dire moins traumatiques ?
J’ai un très beau souvenir dont j’ai un peu oublié les tenants et les aboutissants : on s’est retrouvé au championnat du monde de roller course 1998 à Pampelune (Espagne). J’avais emmené tout le monde pour faire une démonstration de l’équipe de France. On faisait du saut et du slalom. Une super démo. Pour le coup, nous avions de chouettes tenues bleu / blanc / rouge parce que la fédération avait trouvé du stock d’équipements de course pour nous mettre sur le dos. C’était la première fois qu’on avait du Adidas bleu / blanc / rouge avec marqué FFRS dessus, c’était plutôt pas mal !
Et cet événement-là nous a permis de rencontrer toutes les nations du monde qui faisaient de la course. Chez eux, effectivement il y avaient aussi des gens qui faisaient du saut, du slalom, du street ou de la rampe. On a bien senti que ça les intéressait et qu’il y avait quelque chose à faire. J’avais notamment beaucoup discuté avec les Belges. J’ai gardé un très beau souvenir parce qu’on était à table et qu’on a été reçus de façon tout à fait agréable et sympathique avec les gens du ministère de la jeunesse et des sports.
En plus, on venait de gagner la coupe du monde de football 1998. On sortait de là avec une équipe de France de roller acrobatique qui était vraiment à l’image de celle de l’équipe de France de football. Donc c’était très agréable et on avait l’impression. D’autant que nous avions rencontré Marie-George Buffet, la ministre de la jeunesse et des sports et que ça avait été un très beau moment. Il y avait les deux Pierre…
Pierre Jouvion et Pierre Bensi…
Oui, ils étaient avec nous et faisaient partie de la délégation. Cette démonstration à Pamplune reste pour moi un très beau moment. Comme tout ce qu’on a fait avec Royal Air Maroc.
Toi qui avais discuté avec les autres fédérations nationales présentes à Pampelune, j’imagine que vous avez parlé du développement de l’acrobatique dans les différents pays ?
Absolument et c’est là qu’on s’est aperçu que alors le développement de l’acrobatique intéressait tout le monde. Mais par contre à l’international, on s’est très vite aperçu qu’il y avait déjà une lutte de pouvoir entre les différentes disciplines du roller. Et le roller acrobatique n’était pas nécessairement le bienvenu à l’international. C’est resté, et c’est toujours le cas. Dans mon analyse, si je prends la distance et que je regarde ça loin je me dis qu’on avait commencé à bosser sur l’idée du roller olympique. C’est pour ça qu’on avait été au Théâtre Chapy avec Vince et avec Nicolas Mougin. On s’était réunis avec les américains dans l’idée de se mettre d’accord sur comment faire en sorte que le roller devienne olympique. C’était la grande époque du circuit ASA et d’une volonté d’aller vers l’international.

Quelle était la stratégie envisagée pour permettre au roller acrobatique d’entrer aux Jeux Olympiques ?
Avec Luc, on avait bien compris que si on voulait faire quelque chose, il fallait qu’on accompagne le mouvement et qu’on arrête de lutter contre tout le monde. C’est à partir de ce moment-là qu’on a pu développer les choses.
» C’est-à-dire que dès qu’on a eu l’intelligence non plus de taper sur tout le monde mais d’essayer de comprendre comment on pouvait rentrer dans l’ASA et dans les différents circuits. Il fallait discuter avec tout le monde, c’est comme ça qu’on construit quelque chose. Ce n’est pas en luttant contre. »
Christian Debackère
Donc c’était ça l’idée. On avait participé à ça et on avait bien compris qu’on était à l’étage du dessus au niveau de la Fédération Internationale de Roller Sports. Il y avait déjà des luttes internes qui étaient absolument sanglantes entre les différentes disciplines pour savoir qui pouvait devenir olympique. Et je pense que, honnêtement, le roller acrobatique aurait pu. Il avait sa carte à jouer à ce moment-là. Mais comme ils n’étaient pas d’accord entre eux sur qui devait devenir olympique, il est évident que nous n’étions pas assez puissants. En effet, la structuration de l’acrobatique n’était certainement pas assez puissante, pas assez identifiée, pour pouvoir faire du lobbying et arriver à s’imposer contre des disciplines beaucoup plus anciennes.
C’est mon analyse, je la partage avec moi-même et ça me va bien comme ça. Mais je pense que c’est une des raisons pour lesquelles ça n’a pas eu lieu. J’en ai reparlé avec Nicolas Mougin il y a 4 mois, cela ressemble fortement à quelque chose de cet ordre-là.
Le roller a essayé à de multiples reprises de trouver sa place aux Jeux…
Ça a été compliqué la question de l’olympisme au niveau international, parce qu’effectivement il y avait Juan Antonio Samaranch en 1992 qui a essayé de faire rentrer le rink aux Jeux du fait qu’il en était le président en Espagne. Derrière il y a le roller hockey qui est arrivé, qui a remis ça en question. La course est arrivée et elle a dit : « Non, c’est nous » et l’artistique est arrivée en plus en disant la même chose. Et en plus, la course comme l’artistique sont des disciplines fortement italiennes, à l’image de la direction de la FIRS. Donc finalement le roller acrobatique; qui était à cette époque-là peu structuré au niveau de l’Italie, c’était compliqué.
… Et du coup c’est le skateboard qui a gagné
Oui, à la fin c’est le skateboard qui gagne. Et c’est très drôle. On a envie de leur aux disciplines de la FIRS :
» Voilà vous avez raté une occasion en or. »
Cela aurait pu être une très belle porte d’entrée pour les autres disciplines du roller. C’est là où, à mon sens, le calcul est mauvais. Si le roller était arrivé par là, effectivement il aurait pu s’installer, la course à mon sens, en termes de visibilité, de sportivité, d’image, un 70 km en roller à des Jeux Olympiques en course, ça peut valoir le coup aussi visuellement parlant.
D’autant qu’en plus à l’époque il y avait un soutien visuel mais il y avait aussi l’audience des X Games aux Etats-Unis, avec la descente. Et c’était une demande du diffuseur. Je n’oublierai jamais, je ne sais plus quel président du comité international olympique avait dit lors d’une ouverture de jeux olympiques ou d’une clôture que le roller, le skate et le BMX étaient des sports de demain. On voyait bien que c’était le trio roller, skate, BMX, qui avaient quelque chose à faire là. C’était très intéressant comme aujourd’hui il y a du surf. On a vu des nouvelles disciplines de glisse arriver aux Jeux Olympiques d’hiver avec le snowboard, la rampe, toutes les disciplines de bosse qui n’existaient pas à l’origine. Et donc ça reste pour moi assez mystérieux et incompréhensible.
Enfin si, je l’ai expliqué tout à l’heure. Mais je reste très affecté, je ne dirais pas triste, mais en tout cas ça me semble assez bizarre que le roller n’ait pas réussi. J’espère qu’un jour, le roller deviendra une discipline olympique.

Il y a eu en plus une prise de conscience du CIO que son audience était quand même une audience qui était en train de vieillir, qu’elle s’érodait et qu’il fallait donc taper un peu sur les terres des X Games et de ESPN pour retrouver de l’audience…
Absolument. Parce qu’avec les X-Games, ESPN avait compris très tôt que c’était sur ces sports-là que reposait l’audience. Donc, là encore, à cette époque, il y avait une concurrence parce que le roller était toujours aux X-Games et qu’il en est finalement sorti.
Donc à partir du moment où il n’y a plus les annonceurs, peut-être que ça a un petit peu changé la donne au niveau du CIO également. Les gens qui vendent du matériel te diront que les gens qui font du roller n’ont pas de chaussures. Ils ont des chaussures mais quand ils ne font pas de roller. C’est là que c’est moins intéressant. Ils achètent les chaussures des skateboarders.

X-Games 2006
Je voudrais revenir un peu en arrière. Il y a deux choses. La première c’est qu’on est passé très vite sur la partie « rampe ». Tu as dit tout à l’heure qu’il y avait Taïg qui faisait un peu de rampe. Mais j’aimerais aussi qu’on reparle des équipes de France. Il y avait toute une génération. Je pense à des gens comme moi, des gens comme Roy, comme Agnès, les deux Pierre, etc. Il y avait beaucoup d’émulation. Il y avait beaucoup de choses à faire. J’aurais aimé que tu dises un mot sur toute cette génération que tu as vu grandir. Puisque tu nous as vu, on était potentiellement ados. Et puis après, qu’on parle de la rampe et le street, comment tout ça s’est arrivé ?
Alors, en roller, en saut et en slalom, il s’est passé plein de choses. On est allé en Italie. Milan, on était trois voitures. Moi j’en conduisais une, il y avait deux autres conducteurs. Il y a toutes ces villes, toutes ces destinations-là, c’est les premiers camps d’entraînement. À Saint-Jean-de-Liversay aussi. Il s’est passé plein de choses, on a organisé plein de trucs, on a financé un certain nombre d’opérations.
Ah, parlons de Rachid Menchar et de Pierre Jouvion. On pourra pas tout raconter. Mais nous étions quelque part du côté de Montpellier et donc là, ça a été… Il m’avait piqué les clés de la voiture pour aller écouter de la musique soi-disant avec Pierre Jouvion. Et j’ai été les chercher à 10 km parce que ni l’un ni l’autre n’étaient majeurs, ni l’un ni l’autre n’avaient permis de conduire ! Et donc j’ai été les récupérer avec un autre véhicule, on les a retrouvés en plein milieu de la Cambrousse. On a récupéré la voiture, on est revenu. C’était très drôle, à ce moment là. Moi je ne l’ai pas merveilleusement bien vécu sur le moment. Mais à quelques années de recul ça peut être assez rigolo.
J’imagine que tu as de nombreuses anecdotes de ce genre…
Oui, il y a eu beaucoup d’aventures de ce type-là. Il y a aussi eu des blessures. Il y avait de la vie. C’était une espèce de petite famille avec quelques fois des chicaneries et des grognements. Mais grosso modo, moi je garde un très beau souvenir de tout ça, de tous les moments d’entraînement.
On essayait de structurer le sport. C’est ce que je disais à Nicolas Mougin. Je n’ai jamais vraiment réussi à vous faire courir, mais quand même un peu. Donc voilà, on essayait de faire du cardio et de la préparation physique. On a essayé de développer tout ce qu’on pouvait développer sans kiné, sans médecin, sans budget. Voilà, donc l’idée c’était de se débrouiller. Je dirais pas qu’on faisait du camping, mais c’était pas loin. Et on arrivait quand même à faire des choses.
Malgré tout l’équipe de France a pas mal bougé à l’international…
Oui, on s’est déplacé. Aller vers l’international était la chose la plus intéressante. Toujours se déplacer à l’étranger, donc l’Italie, la Suisse. Et puis après, on est allé jusqu’à Moscou. J’ai souvenir de compétitions de roller mémorables. De M. Bourdin à Moscou. Il avait plein de copains !

Avec Vince aussi. C’est lui qui avait développé ça. Nous sommes allés en Chine et aux Etats-Unis avec ceux du street et de la rampe. Mais pour le saut et le slalom effectivement c’est toute une époque. Et voilà, donc ma maison servait de camp d’entraînement aussi.
Ils se sont retrouvés un certain nombre de fois à la campagne, parce qu’ils pouvaient courir, ils n’étaient pas pollués. Mais c’était vraiment empirique, on apprenait, on réinventait l’entraînement. Je ne sais pas combien de portes ouvertes on a essayé d’enfoncer, mais c’était vraiment ça.
Et effectivement, je me souviens de toute l’équipe. Il y en a beaucoup que j’ai récupérées dans les équipes de France quand ils étaient grands ados et qui sont devenus de jeunes adultes en faisant du roller. Parfois, j’ai des nouvelles aujourd’hui. Beaucoup ont de superbes vies et je suis très très heureux d’avoir pu peut-être j’espère en tout cas grâce au travail d’engagement , de mettre un peu de joie et de bonheur dans tout ça.
Parlons de la partie rampe. Au départ, il y avait peu de monde. Quand est-ce que vous voyez arriver ça en fait ?
Alors il y a un nom qui va m’échapper mais… Olivier Trion, Châteauroux 98. Et après, je me retrouve très très vite aux Etats-Unis à faire des compétitions de rampes. Parce qu’il y a de la rampe aux Etats-Unis. Et donc j’emmène Nicolas Mougin là-bas. Il y en a encore un avant qui était hit, Fred Volpi. Et Fred Volpi, je me souviens de ma première visite aux urgences dans un hôpital américain, c’était avec Fred Volpi et une arcade sourcilière littéralement éclatée, parce que monsieur avait fait une chute sur une big qui était absolument terrifiante. Et son arcade a éclaté. Raphaël Gorgeu aussi, les deux arcades que j’ai vu péter en roller, c’était Raphaël Gorgeu à la Grande Arche de la Défense et Fred Volpi sur une rampe. Ce sont mes souvenirs d’arcade.
Et les arcades sourcillières, je peux vous assurer que en termes de volume de sang qui s’écoule, c’est terrifiant ! Donc il faut avoir le cœur bien accroché, j’en ai d’autres si vous voulez. Les gamelles avec les os qui sortent et les trucs, j’en ai quelques-unes qui sont pas mal. Bref, ils me l’ont recousu, ils me l’ont rendu et on est rentré à la maison. J’ai pas payé 2 millions de dollars et j’ai pu le ramener tranquillement en France. En fait, il a pris une belle gamelle.
Donc voilà, ça pour moi c’est ça le développement et le principal. Là où ça décolle vraiment, c’est en 2000 quand on découvre l’ASA, puis Woodward et qu’on commence à faire des allers-retours aux Etats-Unis pour s’y entraîner.
Là ça a été un gros développement, on trouve les financements auprès de la Fédération Française de Roller Skating et de la DTN pour avoir notre propre réseau, notre propre circuit d’entraînement et on va pouvoir s’appuyer sur les infrastructures américaines.
C’est dur d’avoir les financements là, Christian Debackère ?
C’est pas simple mais on les trouve. Et là c’est là qu’on bosse comme des fous avec Vincent Vu Van Kha. Parce qu’à cette époque, avec lui, nous sommes arrivés à une certaine autonomie financière. Ainsi, on avait un budget et on peut faire des choses. On peut notamment acheter des billets d’avion. Alors, on arrivait à se débrouiller et on les emmenait à la fois en entraînement et en qualification. D’ailleurs, on arrivait à des stratégies assez malines où on avait l’entraînement à Woodward puis ensuite la compétition ASA, qualificative. On qualifiait un maximum de petits français et ensuite on revenait pour la grande finale. Et c’est ce qu’on va réussir à faire pendant deux années de suite. Et après on va me signifier que : » La sortie c’est par là « et donc je vais arrêter, je vais quitter la scène.

Le décollage c’est vraiment les années 2000. Luc a dit 1998. En effet, ça commence à faire un peu de bruit à Châteauroux.
» Luc est la passerelle entre le saut, le slalom, le street et la rampe. Enfin à mon sens, le seul individu que je connaissais qui était capable de vraiment joindre l’ensemble. Il avait sa technique à la fois en tant qu’athlète et en tant que responsable et que sélectionneur et ensuite en travaillant à la fédération. »
Christian Debackère à propos de Luc Bourdin
Comment a évolué la structuration du roller acrobatique au sein de la FFRS ?
L’autre énorme chantier avait été d’avoir le premier salarié clairement identifié « roller acrobatique ». Et là aussi, ça a quand même énormément changé la donne en termes de de relations avec la Fédération. Nous avions désormais quelqu’un qui était dans la maison Fédération Française de Roller Skating. Il nous expliquait quels étaient les rouages et par où il fallait passer pour arriver à tel ou tel résultat. Et ça aussi, ça a été quelque chose d’extraordinaire, un travail de titan.
[Luc Bourdin] C’était un binôme. Il y avait des techniciens et des élus. On a fait un binôme pendant plus de dix ans…
Exactement, c’était la tête et les jambes. Je vous laisse vous débrouiller, je vous laisse dire qui était la tête, qui étaient les jambes. Mais c’est vraiment ça, c’est cette idée là. On a, je pense, fait énormément avancer les choses grâce à ça.
[Luc Bourdin] Pour moi, la fin de ton mandat, c’est le moment où la CNRA gagne son indépendance, gagne le chéquier. C’est quelle année ça la fin de ton mandat ?
En 2004. Et c’est exactement ce que vient de dire Luc, il y a un mec de la course qui nous connaissait bien. On se séparait d’eux, c’était le moment où on allait avoir notre propre…
Le mec m’a dit : » C’est extraordinaire ! ça fait 15 ans que je te vois bosser là-dedans et au moment où tu arrives à tout, ils te foutent dehors, c’est merveilleux ! «
Christian Debackère
Il m’a serré la main, il m’a dit au revoir, je suis rentré chez moi et j’ai dit plus jamais.
Début des années 2000, on a commencé à monter des sites Internet. Je pense à Kami et Luke avec Freeridebx, à Skali et KCF avec CSK Roller. Nous avons fait Roller FR etc. Comment ces sites vous ont influencé votre travail au niveau fédéral ou au niveau de la CNRA ? A faire connaître nos disciplines ? Est-ce que ça a eu un impact quelconque ? Comment vois-tu l’arrivée de ces sites ?
De façon extrêmement positive. Moi j’y participais assez peu. Ce que j’avais fait en termes de roller, c’est au moment de RollerMag, des journées papier, ça je maîtrisais à peu près. A chaque fois qu’on était quelque part, je faisais des photos. Et donc j’ai un certain nombre d’articles que j’ai signés avec des pseudonymes parce que ça faisait un peu beaucoup d’être à la fois le président de la CNRA et le journaliste qui faisait le reportage sur la compétition internationale.
Tout le monde savait que c’était moi en même temps, c’était juste pour avoir l’air de ne pas être trop le même. Mais je faisais texte et photos. Et je me souviens d’articles assez sympas que j’ai fait sur Nicolas Mougin qui était champion du monde amateur de rampe. Vincent Vu Van Kha qui gagnait à Amsterdam une compétition. Enfin d’autres articles un peu dans cette veine-là. J’étais assez content avec Gabrielle Denis qui relisait mes textes et qui corrigeait mes fautes d’orthographe.
On a fait pas mal de trucs dans ce genre-là. Quand les sites internet arrivent, il va me falloir un peu de temps. Parce que comme je suis vieux, je vois ça arriver de loin. Et donc la jeunesse que vous représentez, ou la génération que vous représentez, a sauté sur le truc. Moi, j’ai vu ça arriver avec beaucoup de bienveillance, j’étais pas énervé. Les forums étaient relativement calmes. Quand ça bastonnait, ça bastonnait plutôt dans les assemblées générales de la fédération.

L’idée c’est que moi j’ai vu tout ça arriver et se développer avec beaucoup d’intérêt et sans y participer plus que ça puisqu’on m’a pas demandé grand chose par rapport à ça et qu’il m’a fallu du temps. Enfin, aujourd’hui je suis assez branché. J’ai mon école, un site internet et je vois bien quoi ça sert. Les réseaux sociaux et les différents médias sociaux. Mais à l’époque il m’a fallu un peu de temps pour m’y mettre parce que je suis d’une génération qui était plus télévision, photo, magazine, papier.
[ Luc Bourdin ] Tu as réussi à faire venir Kami de Freeridebx sur la tournée de Marrakech. Effectivement, tu étais moins sur ces réseaux-là mais tu les as fait participer. Par contre, tu as beaucoup plus connu tous les plateaux télé. Toi-même, tu as fait de la vidéo et tu as continué jusqu’à très récemment à couvrir le roller…
C’était un truc qui marchait très bien, on savait faire. J’ai traversé la France avec Luc Bourdin dans la voiture. Il n’était pas dans une forme olympique, pour faire une émission spéciale de France Télévisions. On a fait Gujan-Mestras – Paris assez rapidement de mémoire. Il y avait un événement au Trocadéro avec Stade 2. Un animateur de Stade 2 était en direct on avait fait plein de choses. On été à Reims, on a filmé. Je me souviens d’avoir emmené Stade 2, le journaliste de France Télé à Reims avec les jumeaux. J’ai oublié leur prénom mais ils étaient fabuleux les deux gamins.
Voilà, c’était super. On a monté et on a vraiment essayé de mobiliser un maximum de gens autour de la médiatisation de ce sport.
[ Walid ] Je me rappelle la fierté familiale le jour où mes parents ont vu sur Canal+, la démo pour la journée du sport. On avait fait à la place des guignols à 20h00, le trocadéro et tout. On était là avec Pierre, Zuber, Agnès, etc. C’était un grand moment pour nous.
Ah oui. Après ça, il y a eu tous les épisodes où on sautait dans l’eau à Arcachon, dans un certain nombre de trucs, comme dirait notre ami Stéphane Zuber, tu parlaiss de lui. Arcachon, j’ai re-regardé les rushs d’Arcachon il y a pas longtemps où Pierre Bensi s’était pris une taule monumentale. Il saignait un peu et donc du coup ils sont revenus après. Ils ont fait un retour antenne où ils montraient que Pierre allait bien, qu’il n’était pas à l’hôpital. Il a même fait un petit coucou, des choses comme ça. C’était vraiment assez extraordinaire.
Il y a eu quelques beaux moments. On va traverser la France avec le gros tremplin sur le toit de la voiture. Il fallait faire attention sous les ponts.
[ Luc Bourdin ] Ou il y avait ce côté médias, les émissions, les plateaux télé, les directs, etc. Après, ce qui a fait ton intérêt, c’est que tu es venu par l’image. Et pour moi, l’autre truc que t’adorais, c’était les voyages et quand tu parlais en anglais (rires…).
C’est ce que raconte Stéphane Luchie quand je l’interviewe sur son souvenir de l’ASA. Donc il arrive et il est une ou deux place derrière la barre des qualifications sur la finale à Los Angeles. Je prends mon courage à deux mains, je descends et avec mon anglais je vais négocier avec les organisateurs en leur disant :
» Vous avez sélectionné 15 gamins et ce serait bien que, en fait ils sont très nombreux, il y a du super niveau, pourquoi vous en prenez pas 20 ? »
Cela tombait bien parce que dans les 20, j’en avais deux à moi. Donc c’était pas orienté du tout ! (rires) C’était pas intéressé comme remarque. Ils m’ont regardé, ils ont réfléchi, ils ont fait : « ok ». Donc Stéphane est passé de : » Je ne suis pas qualifié » à » je suis qualifié », en l’espace d’une fraction de seconde. Ce qui était un super souvenir. Et c’est pareil avec Nicolas Mougin, j’ai des grands souvenirs de mes capacités à organiser et à les gérer sur place. Je parlais suffisamment bien l’anglais. Aussi, je connaissais suffisamment les Etats-Unis pour réussir à lever un peu les obstacles et les barrières et faire en sorte que ça soit fluide et que ça se passe bien. Donc ça a été un super souvenir.
Tu as beaucoup d’archives Christian Debackère ?
Les photos que j’ai pu faire, j’en ai une collection énorme. Pour les vidéos, il y en a quelques unes dans celles qu’on a vues. Mais j’ai digitalisé, il n’y a pas très longtemps plusieurs heures de cassettes roller. Particulièrement tout le stage d’entraînement qui avait été fait à Woodward avec Nicolas Mougin et Luc Lemaire. Avec des moments qui sont à hurler de rire, vraiment. Il y avait un super niveau et des images qui sont encore regardables aujourd’hui.
Comme j’ai plein d’élèves qui font du montage, je pense que je n’ai pas fini de les faire travailler avec ces images-là. C’est ce qu’on appelle des « rushs exotiques » dans une école d’audiovisuel. C’est parce que c’est vieux et dans des définitions bizarres, donc forcément ça les oblige à faire quelques opérations techniques qui ne sont pas inintéressantes.
[Alexandre] Il y a tout un sujet autour de la mémoire du roller…
[Walid] En fait, la situation dans laquelle on se trouve, c’est qu’il y a des choses qui n’étaient pas sur internet qui se trouvaient principalement des photos, des vidéos, des magazines. Donc les magazines, c’est plus ou moins facile de les avoir, mais tu peux retrouver des infos. Les photos, les vidéos, c’est plus compliqué parce qu’il y a beaucoup de gens qui ne les ont plus, ou dont les cassettes ne marchent plus etc. Après tu as toute la partie internet des années 2000 où il y a beaucoup de choses qui ont disparu parce que soit les gens ils se sont fait leurs disque durs qui sont cassés, je pense à des gens comme Kami qui avait plein de trucs, soit c’était sur des sites, les sites n’existent plus, soit c’était sur les réseaux sociaux mais c’est introuvable etc. Et donc ça c’est compliqué.
Alors moi j’ai toujours fait de l’argentique donc ça existe encore.
Voilà mais justement en fait ça c’est de la mine d’or pour nous. Pourquoi ? Parce que l’idée qui est sous-tendue aussi derrière tous ces podcasts, c’est de faire perturber un peu cette mémoire et d’arriver à mettre tout ça au même endroit quoi. Donc si t’as plein de cassettes on espère fortement voir plein de montages qui vont étayer un peu tout ce qu’on dit avec ces internautes.
C’est ça. C’est exactement ce que j’ai commencé à faire. Alors, 30 secondes d’explication : quand on fait passer des BTS audiovisuels à nos élèves il faut fabriquer des projets à caractère professionnel. Et donc le film dans lequel j’ai réinterviewé Luc et dans lequel j’ai fait ressurgir ces vieilles images, c’est dans le cadre d’un de ces projets-là. Donc c’est assez rigolo. Et l’idée c’était ça, c’était l’équipe de France de roller acrobatique de 2000 à aujourd’hui. Donc une espèce de passerelle. Je suis donc allé interviewer Nicolas Mougin et Stéphane Luchie, le sélectionneur de l’équipe de France de roller acrobatique de maintenant. C’était le petit gars du Nord de 17 ans que j’emmenais partout en Californie en 2000. Donc forcément c’est intéressant et émouvant de les regarder se regarder. C’est un travail de mémoire qui veut dire :
» Petit jeune qui fait du roller aujourd’hui, n’oublie pas qu’il y a 20 ans, il y avait des gens qui ont commencé à ouvrir la voie. Vous êtes les héritiers de ceux qui se sont défoncés avant vous pour vous amener là. »
Christian Debackère

Dans quel but fais-tu ce documentaire Christian Debackère ?
C’est quelque chose d’important et donc je suis très content de ce petit documentaire qu’on a fait. Il débouchera probablement sur d’autres choses. Et effectivement sur un vrai travail de la digitalisation. Je me souviens d’un jour où avec Luc m’avait refilé des cassettes. J’avais tout dupliqué sur du numérique. J’avais déjà réussi à passer de l’analogique au numérique sur toutes les émissions qu’on avait faites comme l’émission des records.
Tout ce que j’avais comme cassettes avec du roller a été numérisé, avec plus ou moins de bonheur, avec quelques fois des timecodes. Il y a eu des trucs un peu bizarres, mais en tout cas j’en ai une grosse partie et je les ai retrouvés et j’ai pu les numériser. C’est à dire qu’aujourd’hui ils existent sous forme de fichiers numériques qui peuvent être exploités, reséparés, rescindés.
C’est un gros travail pour la mémoire collective du roller…
Tout ça, c’est un travail qui est hyper intéressant. Les photos en argentique il faut les scanner. Celles qui avaient été digitalisées et qui existaient en numérique elles ont disparu dans des disques durs. Par contre, les photos originales en argentique existent toujours. Elles sont en très bon état et on peut les rescanner. On en a plein d’un stage d’entraînement à Montpellier. J’en ai 200 rouleaux de slalomeurs, de sauteurs dans tous les sens avec un ciel bleu magnifique derrière. C’était joli !
Et j’ai tous mes articles, tous les articles auxquels j’ai pu participer, je les ai effectivement sous forme de papier sur un pressbook. Donc voilà, tout ça, ça existe encore. ça ne demande qu’à être republié.
[Alexandre] Avec Walid, nous serons ravis de récupérer quelques archives effectivement. On a cette volonté de mettre à disposition de tout le monde la mémoire du roller. Et surtout comme tu disais tout à l’heure de montrer aux gens qui sont là aujourd’hui que le roller vient pas de nulle part. Qu’il n’est pas sorti ex nihilo. Comment arrivais-tu à concilier ton engagement associatif avec ta vie professionnelle? Qu’est-ce que tu faisais à ce moment-là ?
Ben écoute, j’avais la chance de travailler dans une école, donc d’avoir énormément de temps libre. C’est-à-dire que le principe d’être dans une école, c’est qu’il y a des vacances scolaires; Tu as je ne sais pas combien de semaines où il n’y a pas d’activité. Et donc j’avais cette liberté tout l’été, en tout cas de pouvoir faire un paquet de choses. Et ça tombait bien, les compétitions étaient en général calées sur ces périodes-là. Ça a permis beaucoup de choses. Je serais incapable aujourd’hui de faire ce que j’ai fait à cette époque-là. Mais c’était un autre moment, j’étais aussi en bien meilleure forme en termes de santé que maintenant. Donc je pense que je pourrais plus le faire aujourd’hui.
Et j’avais le soutien financier de ma famille ce qui n’était pas rien. En effet, il y avait des avances de frais qui étaient assez considérables. Je pense particulièrement aux déplacements aux Etats-Unis où il fallait avoir les reins solides. Il y avait une partie des frais qui étaient pris en charge directement par la fédération comme les billets d’avion notamment. J’arrivais à les faire financer par la fédération sans avoir à faire d’avance. C’est à dire que j’allais dans une agence de voyage, qui envoyait la facture à la fédération. La fédération payait et on récupérait les billets. Donc c’était confortable.
» Mais c’est vrai que ça a été beaucoup de temps, beaucoup d’engagement. Ma maison servait d’hôtel en arrivant et en sortant de démonstration. Les riders étaient couchés partout ! Les gamelles de pâtes géantes à 3h du mat’ en arrivant de je ne sais pas où… Enfin il y a eu beaucoup d’épisodes dans tous les sens pour essayer de faire en sorte que ça fonctionne. »
Christian Debackère
C’est ce que je dis, le côté un peu empirique camping où on réinventait l’eau chaude, mais qui était très sympathique et très vivant.
Comment est-ce que tu vois avec le recul tous ces accomplissements ? Parce qu’en fait finalement, tu as vu vraiment l’embryon de la pratique. Tu étais là au tout départ, jusqu’à ce que tu partes et où le roller acro devient une vraie discipline avec son autonomie à la fédération. Quel regard tu portes sur tout ça ?
Je suis très content que ça fonctionne comme ça aujourd’hui. C’est ce qu’on aurait voulu il y a 20 ans. On aurait adoré avoir un staff technique avec kiné, médecin. Le premier véhicule médical de l’équipe de France de roller acrobatique c’est moi, avec le médecin de la fédération. Je m’en souviendrai toujours, c’était à Bordeaux. Le premier stage avait lieu au CREPS de Talence. Et on n’avait même pas eu le droit de loger au CREPS. Il fallait qu’on soit à l’hôtel. Donc je faisais des allers-retours dans tous les sens pour les accompagner. Il fallait qu’on fasse le trajet à chaque fois.
Si on veut revenir sur la structuration, le CREPS est la première grosse étape. On a droit au médecin de la fédération et à des électrocardiogrammes. Ils regardent comment vont nos athlètes et c’est une première étape. Maintenant ils ont des kinés et médecins. Enfin ils ont tout ce qu’il faut et ils ont le statut d’athlète de haut niveau. Ce que jamais Luc n’a eu, ce qu’on a jamais réussi à obtenir !
Comment étiez-vous perçus auparavant ?
Les mecs nous prenaient vraiment pour des truffes. Je dois reconnaître que quand j’ai appris qu’ils avaient le statut d’athlète de haut niveau ça m’a fait un super plaisir. Parce que c’était vraiment quelque chose de très important pour la vie d’un athlète. En effet, ça ouvre les portes à beaucoup de choses. Et après on est d’accord qu’aujourd’hui on se retrouve devant les mêmes problématiques. C’est-à-dire qu’on est à la fois sur un sport jeune, sur un sport avec des individus qui sont extrêmement indépendants. Et on aurait besoinde pouvoir les regrouper pour les entraîner au même endroit. Sauf que dès qu’on va dans cette direction là, vers quelque chose d’extrêmement cadré, on va vers une normalisation. Et cette normalisation, ce cadrage, ne sont pas du tout fait pour aller avec l’esprit du roller acrobatique.
Donc c’est un peu le serpent qui se mord la queue ou la quadrature du cercle. C’est très difficile à faire. Mais en tout cas, je suis absolument ravi que les choses aient pu évoluer dans ce sens-là. Malgré tout, je pense qu’il y a encore du travail, ils ne sont pas arrivés au bout de la structuration de l’ensemble. Mais il y a vraiment quelque chose à faire.
Quand tu dis que ça ne va pas avec la mentalité ou la vision de l’acrobatique, je regarde ça de très loin mais j’ai aussi potentiellement l’impression que ça a aussi évolué en se professionnalisant beaucoup plus. Quand tu vois les entraînements, les records qu’ils sont capables de faire, le matos qui a évolué etc. J’ai l’impression qu’on n’est pas du tout dans la même chose que ce qu’on a vécu nous à l’époque…
Ah non ça c’est sûr, mais on n’est pas encore arrivé au bout, c’est à dire que tu vois bien, pour avoir été sur une compète à Lyon et les avoir regardés patiner. Tu vois bien que physiquement ils peuvent encore progresser. Moi j’ai un souvenir juste avant de faire le roller, j’avais suivi Philippe Candeloro pendant 9 mois. Et j’avais beaucoup discuté avec son préparateur physique qui s’appelait Jacques Dechoux et qui disait : » Un physique fort est également un mental fort. »
Et une des forces de Candeloro c’était son physique. C’est à dire qu’il avait avec lui un staff qui était capable de lui expliquer esthétiquement comment il fallait qu’il fasse quelque chose de sympa. Et il arrivait à créer des programmes qui étaient en lien avec sa personnalité. Mais le type était extrêmement fort techniquement. Et surtout c’était un monstre en termes de cardio et de capacité à ne pas se laisser essouffler et à pouvoir tenir un programme long.
Et c’est ce qu’on constate aujourd’hui. Tu vois bien que sur un skatepark, sur des runs de 30, 40, 50 secondes, ils arrivent un peu flingués au bout. Et tu te dis que la marge de progression passe par là.

Techniquement parlant ils font des trucs hallucinants, mais simplement ils n’ont pas toujours le jus parce qu’ils n’ont pas encore intégré le fait qu’il faut de l’endurance… Et je ne sais pas si c’est compatible avec la discipline en elle-même.
Je suis d’accord avec toi qu’il y a une grosse progression, je l’ai vu techniquement sur un paquet de choses. Mais en même temps tu sens bien qu’ils sont quand même toujours bien essoufflés à la fin d’un run et qu’ils pourraient l’être moins…
Je te ressortirai les cassettes de 2002 où tu les vois absolument flingués au bout d’un run en rampe. Et c’est très physique. Ils sont presque en apnée pendant un run. Tenir 30 ou 40 secondes sans respirer ou quasiment, parce qu’il y a tellement de tension dans les exercices, que ce soit en slide ou que ce soit parce que tu fais des figures… Là ils en sont au double backflip. Tu fais » Waouh ! C’est super ! « Mais bon en même temps tu sens bien qu’à la fin ils ont besoin d’oxygène et qu’ils tirent la langue.
Je ne suis pas un spécialiste de la chose mais je pense que si on veut les faire progresser un peu, il faut les faire courir. Non pas pour en faire des terminators, mais pour leur donner un peu de condition physique. Il y a une marge de progression en tout cas visiblement de ce côté là. Parce que moi j’ai vu des très belles choses quand j’accompagnais tout le monde. On a vu des sauts, du slalom, des trucs absolument merveilleux. Merveilleux dans la fluidité, dans les enchaînements des figures. Que ce soit en l’air ou en slalom au sol. Enfin bref, des gens qui savaient tout faire, dont au moins deux d’entre vous font partie. Parce qu’on vous a vu patiner en tous les sens et sur tous les terrains.
Mais voilà, moi je pense que la progression elle est toujours là et que la prochaine étape de progression des athlètes, pas qu’en France, je pense à l’international aussi, c’est ça. Je sais qu’aujourd’hui ils ne vont plus manger au McDo, ce qui est quand même un grand point. Peut-être pas pour McDo mais en tout cas pour leur santé, ça c’est pas mal. Moi c’était quand même très McDo, parce qu’on n’avait pas de sous, donc on n’avait pas mangé bio. C’était pas l’époque, donc ça mangeait carnivore et McDo.
Ouais, t’avais quand même quelques gars d’ailleurs qui ont une durée de vie exceptionnelle dans la discipline avec une approche sportive. Tu avais les frères Takeshi et Eito Yasutoko et aussi Taïg. Et je pourrais même en rajouter Nicolas Mougin. Eux, effectivement, assez tôt, ont vu ça comme un sport et comme une hygiène de vie. Et d’ailleurs, ils roulent encore aujourd’hui, globalement…
Ah ouais, oui. Après, effectivement, les autres n’étaient pas du tout dans la même approche.
Et il semblerait, d’après ce que j’ai compris, que ce soit ça qui nous a coûté notre place aux X Games ?
On va pas refaire l’histoire mais absolument je ne peux qu’aller dans ton sens. Et j’ai vécu vécu la partie extrêmement rebelle et compliquée de certains athlètes qui étaient absolument ingérables sur des compétitions, où il n’avait même pas le minimum du respect. Il y a eu des gestes. Les Américains ne supportent pas certains comportements. Et voilà, malheureusement, ça n’a pas fait du bien et ça n’a pas aidé.
Tout le travail que pouvait faire un Nicolas Mougin, un Taïg ou un Luc Lemaire était absolument irréprochable en termes de comportement. Et ça se voit aujourd’hui. Tu vois bien que même à d’autres niveaux et dans d’autres, l’époque supporte assez mal certains comportements agressifs ou irrespectueux, à tous les niveaux et dans beaucoup de domaines.
Et donc, c’était pas une bonne idée. Non.

[Walid] Je voulais savoir : avec qui as-tu gardé le contact de toute cette époque ? A part Luc qui est ici présent ce soir ?
Avec toute la bande de Dunkerque. J’ai fait un truc très émouvant. L’année dernière j’ai eu un gros coup de mou en termes de santé et j’ai pas pu aller à l’anniversaire d’Arnaud Sengier. Mais ils s’étaient tous regroupés, grâce à vos technologies modernes. On s’est envoyé pas mal de vidéos. Moi je les suis sur les réseaux sociaux, évidemment avec Luc. On se voit au moins 4 à 5 fois par mois au minimum, on va dire ça comme ça. Toujours en mode hôtel.
J’ai développé une amitié avec Luc Bourdin qui va au delà de juste du roller. On a fait quelques dizaines de milliers de kilomètres ensemble quand même, et tellement de trucs… Puis c’est un moment merveilleux. Je n’ai plus de contact avec Vince. Mais voilà, j’ai fait un voyage extraordinaire. J’ai retrouvé Gabi qui ne m’a pas reconnu. Donc elle se demandait quel était cet abruti qui essayait de lui parler et c’était merveilleux. Elle m’a regardé pendant une demi-heure. Et puis je lui ai dit : » Mais tu sais, je suis Christian Debackère, quand même. » Là elle a fait : » Mon dieu ! » Et donc Gabrielle Denis s’est souvenue de qui j’étais. Puis, elle m’a dit ! » Mais je te reconnais pas, ça a beaucoup changé ! «
Je dis : » Bein, écoute je sais pas. Moi je n’ai pas l’impression ! «
Mais voilà donc c’est super. Il y avait Olivier Dereux évidemment. Il y avait Stéphane Luchie, il y avait… Manu Locus.
Oui, Manu Locus !
Je l’ai retrouvé avec beaucoup de bonheur. Et il m’a regardé avec beaucoup d’émotion, parce qu’effectivement je rappelle quelques souvenirs quand les gens me recroisent au bout de 20 ans. Ils se disent : » Oh, ça remonte à il y a un moment et ça a été super ! «
Mais voilà moi j’ai essentiellement gardé le contact avec Luc Bourdin et avec Pierre Jouvion que j’ai vu il y a 5 ans, à l’occasion de mon anniversaire. Donc Pierre Jouvion, j’ai plus du tout de nouvelles de Pierre Bensi et Karim. Je les suis sur les réseaux sociaux via Facebook, comme je suis vieux j’ai Facebook et donc je suis un certain nombre d’anciens sur les réseaux sociaux. Donc je suis au courant de leurs aventures.

Il y a quelques temps, nous avons interviewé Manu et il nous disait qu’il s’était fait engueuler parce qu’il faisait des backflips ou des misty…
Ça c’est Manu ça. Ah oui ? On avait pas envie de les retrouver morts par terre, c’est pas pareil. Tu te reçois pas pareil en roller street ou saut, c’est pas la même réception. C’était un peu à l’opposé du concept Imyta, où on poussait les gamins à se jeter. Et ça correspondait à l’esprit street. Mais cela ne collait pas avec l’étiquette fédérale. Comment protéger et permettre des rotations tête en bas ? C’était dire à des gamins : » C’est ça qui va rapporter des points, mais vous n’avez pas de quoi vous entraîner à ça dans les clubs… Donc ce ‘est pas le moment. » Donc ça a été un débat au début.
Et on avait conscience qu’on pouvait rapidement arriver à des catastrophes d’envergure internationale en termes de communication. En effet, on pouvait avoir un tétraplégique ou un gamin qui en ressortait sans plus pouvoir marcher ou ne plus pouvoir rien faire. Juste parce qu’il avait fait un backflip et que la réception n’était pas bonne. On voit bien aujourd’hui à quel point il y a des précautions.
Tout le modne se souviendra de Grands Corps Malade qui se retrouvent à l’hôpital parce qu’il a fait un plongeon dans une piscine vide. On avait déjà conscience de ça.
Moi j’ai toujours été très communication, presse et images. Et je savais que, pour en revenir à ce qu’on a dit tout à l’heure, une mauvaise image peut fortement nuire et détruire un sport. Donc il fallait trouver quelque chose. Je ne sais pas si on y est arrivé mais en tout cas notre idée était d’essayer de trouver le point d’équilibre ou le point de balance entre un maximum de liberté et l’image qu’on renvoyait.
Et en sachant que vous avez tout à fait raison de souligner que si le roller n’est pas olympique c’est aussi parce que le comportement de certains riders sur des compétitions particulièrement médiatisées a été désastreux. Et que les gens qui organisaient disaient, et ils s’en souviennent encore, il y a des épisodes qui sont compliqués. Donc le backflip sur un tremplin de 55 cm, c’était un peu compliqué. Je vous le redis, j’ai vu Fred Volpei s’éclater l’arcade sorcière sur une rampe, mais c’était juste l’arcade. Il avait un casque et il mettait des protections. La guerre des protections aussi…
[Luc Bourdin] Tu m’as ramassé sur un misty à Marseille…
Oui, je n’étais pas là quand tu t’es vraiment éclaté et que t’as fait un mois d’hosto mais… Oui, il y a eu d’autres quelques fois.Mais voilà, on sait que ça peut prendre des proportions qui peuvent être un peu compliquées. Donc mon travail, ma responsabilité en tant que président de la CNRA, était de faire en sorte qu’on ne reparte pas avec des gamins tétraplégiques.
Est-ce que c’est aussi le début ?
Ouais et puis j’ai le souvenir, il y a eu un accident en course où il y a un gamin qui s’est mangé une rambarde à l’entraînement, qui s’est retrouvé paralysé.
En tout cas, j’ai le souvenir du DTN très ému expliquant que le gamin avait promis qu’il serait champion handisport. Donc voilà. Mais effectivement il a eu la colonne vertébrale brisée et il n’y avait pas de rémission possible. Donc il faut faire attention, ce sont quand même des sports avec de la prise de risque. Cela fait partie du roller acrobatique. Je pense que c’est son essence, aussi bien sur un rail qu’en l’air.
Je sais que dans le milieu il y a souvent des petites rivalités sur air VS slide. Moi j’ai toujours été admiratif des deux choses. Maintenant, il y a une prise de risque qui encore une fois fait partie de l’exercice et qui le caractérise. Mais il faut savoir se contrôler ou limiter au minimum la prise de risque pour que ça ne devienne pas la course à n’importe quoi.
Quels sont les moments forts qui te reviennent à l’esprit et qui te tiennent à cœur ?
Le moment le plus incroyable c’est Nicolas Mougin, champion du monde, Luc Lemaire dernier au classement. Ça a été l’exercice le plus schizophrène de mon existence. J’étais à la fois fou de joie parce que Nicolas avait tout gagné. Et en même temps, j’étais sous terre parce que Luc avait été au bout. J’étais avec les deux et je savais plus, je savais pas gérer ce truc là. Donc ça c’est un très grand souvenir.
Des souvenirs d’Assemblée Générale avec Luc Bourdin, j’en ai des dizaines et des dizaines. Et je pense qu’encore une fois, en termes d’amitié, si vous voulez que je me souvienne, Luc a toujours été à mes côtés, toujours me soutenant. Ce qui n’était pas rien parce qu’il y avait des attaques qui étaient d’une violence mais qu’on n’imagine pas. Je me souviendrai toujours du… On ne dira pas son nom mais il avait l’accent du sud, je vais essayer un truc :
[Christian imitant un accent du sud] : » Le gros Debackère a bouffé tout l’argent de la CNRA au restaurant ! «
Ça je m’en souviens et je m’en souviendrai longtemps de celle-là, parce que je trouvais que c’était pas très aimable. Et derrière, il y avait mon Luc qui arrivait, qui me redonnait de l’oxygène. On repartait pour un tour et on refaisait les choses. Et après ça, c’est les 2000 souvenirs : Reims, Laon, Dunkerque. Voilà, mes plus grands souvenirs de roller. Ce sont des histoires humaines qui sont absolument extraordinaires avec tous ces athlètes qui se défonçaient.
Alors oui, on peut rajouter le Maroc aussi…
Oui, je dois reconnaître que le Maroc restera. Les deux expéditions qu’on a fait à Agadir et à Marrakech. Marrakech, on est quand même sortis sous la protection de la police. On n’arrivait plus à quitter l’aire tellement il y avait de monde autour. Le fan club était tellement énorme que c’était délirant.
Et Agadir, qui a été un souvenir absolument dingue. On faisait du water jump, il y avait le saut, le slalom. On était tous dans l’avion.
Et les turpitudes de relation avec la fédération qui allaient avec. Mais voilà, et ça a été des moments extraordinaires. Tout le Roller Tour. Je me souviens avoir pété les plombs sérieusement sur certaines étapes du roller tour, eu égard à un certain responsable de la fédération dont nous tairons toujours le nom. Mais il me mettait dans des états de rage absolument énorme. Qu’est-ce qu’on a pu s’éclater !
Et on n’a pas cité Mathias Wechsteen non plus, avec qui j’ai fait 45 000 fois le tour du monde et le tour de France. Son père a construit des modules démontables. Je sais pas où ils sont passés, je crois qu’ils ont fini par être revendus quelque part.
Cela avait l’air assez coquace…
On avait quand même été jusqu’à monter un skatepark mobile qui était derrière des remorques. Ma Twingo qui tirait un truc qui était plus lourd qu’elle sur l’autoroute. Crevaison de roue, c’est à Dunkerque, c’est Martial Chevalier et Olivier Dereux qui avaient fabriqué les modules.
Martial Chevalier s’en servait je crois comme projet de fin d’études. Il avait été jugé pour ça et il avait été noté là-dessus. Pardon, c’était un espèce de projet à caractère professionnel. Et Nicolas Mougin qui avait fait un stage d’un an à la Fédération Française de Roller Skating. Et sa soutenance de stage dans son école à Strasbourg. Voilà, si vous voulez du souvenir de l’humain, j’en ai plein.
Et donc on partait avec Mathias Wechsteen sur la route, on allait rejoindre Olivier Dereux à Dunkerque, et on crève, une des remorques crève sur l’autoroute, on s’est retrouvé en plein milieu de la nuit, enfin voilà, c’était… J’ai traversé l’autoroute en courant à pied dans les deux voies pour passer une carte bleue à Olivier Dereux pour qu’il puisse sortir de l’autoroute, payer le péage, faire demi-tour, revenir, changer la roue et repartir à main-carte.
Voilà. Truc à ne pas faire.
Est-ce qu’il y a un truc particulier qui t’a laissé un sentiment d’inachevé?
Qu’on ne soit pas olympique. Je n’oublierai jamais le week-end qu’on a passé en Californie avec Nicolas Mougin et Vincent Vu Van Kha à négocier l’arrivée du roller dans l’Olympisme. Je pense qu’on était en adéquation avec les américains en face de nous à ce moment-là. Et on est passé tout près de faire quelque chose. On avait rencontré des gens très importants, des connexions de Nicolas Mougin. Au niveau de l’Olympisme en France, on n’était pas loin. Mais je n’avais pas la force politique et la surface politique pour pouvoir imposer ce truc là.
» Si j’étais monté plus vite dans les instances fédérales… J’avais raté une marche aussi à un moment donné. Donc il y a eu du ralentissement à ce niveau là. Mon plus gros regret c’est ça. Si j’avais réussi ce truc là, je pense que je serais aujourd’hui plus heureux. Je suis très content du parcours que j’ai fait à la tête de la CNRA et j’ai plein de beaux souvenirs et plein de belles choses. Mais ça c’est vraiment le truc que j’ai pas fini. »
Christian Debackère à propos de l’olympisme
Et je pense que par contre en termes d’équipe de France, effectivement on a lancé quelque chose qui aujourd’hui voit ce qui se réalise.
S’il y avait disons deux ou trois personnes dont t’aimerais bien entendre l’interview, ça serait qui? Ça peut pas être Luc parce qu’on l’a déjà fait, ça peut pas être Gabriel, on l’a déjà fait, on en a fait déjà pas mal…
Pierre Bensi, Pierre Jouvion et Karim Mallis. Et Rachid Menchar. Ces quatre là, tu les mets dans la même pièce, tu mets 100 balles dans la machine, tu mets quatre micros. On peut faire ça chez moi si tu veux, on met quatre micros autour d’une table et on enregistre et vous en tirez quelque chose. Ce serait assez merveilleux de les entendre tous les quatre raconter leur histoire…
C’est vraiment les prémices de toute équipe de France. Ces quatre-là, avec d’autres autour, qui gravitent évidemment, je n’oublie pas les autres. Mais je dirais que le coeur de la machine, dans ma mémoire, c’était ça.
Nicolas Mougin, tu peux y aller aussi. Mathias Wechsteen, je pense que ce serait intéressant. Et évidemment Stéphane Luchie…
Et chez les femmes ?
Il n’y en avait pas beaucoup à l’époque. Vous avez déjà interview Gabrielle Denis, Agnès et Marjorie quand même.
On a fait Chloé, bientôt Séverine…
Il y a Anna Seal, Précilia Verdier qui aujourd’hui fait un travail formidable à la tête de la commission roller freestyle. Anna Seal a plein de trucs à raconter. C’est elle qui ouvre la voie, C’est elle qui va s’installer à Woodward. Voilà donc il y a beaucoup de gens à interviewer encore.

[Alexandre] Dans les questions qu’on t’a pas encore posées avant la tribune libre, moi j’aimerais bien avoir ton regard un petit peu sur la manière dont tu vois le roller aujourd’hui et à ton avis la manière dont ça peut évoluer dans les années à venir ?
Alors moi ce que j’ai vu, c’était une espèce de bain de jouvence. La compétition à Lyon, le Lyon Roller Open, superbement organisée, avec tous les défauts des organisations de compétition que j’ai retrouvés en une fraction de seconde, c’était rigolo. Voilà, les erreurs d’arbitrage, les trucs précis qui commencent à annoncer un résultat mais qui s’aperçoivent que c’est pas le bon. Du coup, on revient en arrière, on repart en arrière, donc c’est compliqué. Et je pense que, encore une fois, ça passe par de la communication et la médiatisation, du sponsoring.
Pour l’instant il y en a un peu, on voit c’est une super compétition. Ils ont du prize-money et donc il faut des équipements. Il n’y a pas de big ramp, donc on a un manque d’équipement. Mais ça, on a le monsieur qui s’occupe de l’équipement qui est avec nous, donc il ne va pas dire le contraire. Je pense que ça passe par des équipements.

Comme tu disais, cela repose aussi sur l’humain…
Et évidemment, si vous voulez qu’on revienne sur une vision un peu plus large, il faut des humains pour gérer ces équipement et pour gérer ces gamins. Et il faut des humains qui soient dans les clubs et qui ouvrent les portes des skateparks, qui s’en occupent, qui fassent en sorte que les gamins puissent rentrer, puissent s’entraîner. Il faut aussi qu’on foute la paix à ceux qui ont envie de juste faire du loisir. Qu’ils prennent leur pied à faire du roller, quelle que soit la discipline qu’ils pratiquent. Et que ceux qui ont envie de passer à l’étape du dessus et de devenir compétiteur puissent le devenir dans de bonnes conditions.
Je pense que le cœur de la machine est là. Je suis un peu triste de voir les équipements parisiens. On voulait faire faire de la rampe avec Nicolas Mougin à Paris. On ne peut pas, il n’y en a pas, il faut descendre à Marseille si on veut en trouver. Je crois que c’est ça le principe. Ou alors c’est à Strasbourg chez lui, c’est en plein air. Donc du coup, quand on est arrivé, il pleuvait, c’était pas bon.
Comment articuler tout cela ?
Le trépied sur lequel il faudrait que ça s’appuie, c’est : médiatisation, équipement et de l’humain derrière pour gérer tout ça.
Sans des bénévoles qui se défoncent en permanence pour gérer les clubs, il ne se passera rien.
Luc, est-ce que tu as une dernière remarque ou quelque chose à ajouter ?
[Luc Bourdin] Merci pour tout ce qu’on a partagé et qu’on continue à partager.
[Christian Debackère] C’est extraordinaire et je suis ravi aujourd’hui de revenir. Après l’épisode qu’on a fait, on s’est mis d’accord et je vais réaliser le portrait de Lenny Jourda. Et ça me met en joie parce que je pense que c’est un super athlète et un super gamin. Je suis très très content de faire ça.
J’ai informé le sélectionneur de l’équipe de France que j’allais faire ça et Lenny m’a répondu qu’il était tout à fait d’accord pour que je fasse son portrait. Donc avec mon école, on repart sur les routes et on va essayer de faire un super truc avec de très belles images qu’on sera ravis de partager avec vous.
Si vous voulez le documentaire qu’on a fait avec Luc, en termes de droits musicaux, on n’est pas bon mais vous pouvez le diffuser.
C’est l’heure de la traditionnelle tribune libre. On te donne la parole, Christian Debackère, pour passer un message avant de conclure…
Le seul truc que je souhaiterais dire c’est merci à tous les gens qui m’ont fait confiance et qui m’ont laissé les emmener partout en France et dans le monde faire du roller ça a été des moments extraordinaires il y a eu des moments plus difficiles que d’autres mais on va oublier les mauvais moments et on va se souvenir des bons.
Merci à tous de ces magnifiques moments que j’ai passé avec vous. Merci à Luc Bourdin, Nicolas Wegrich, Jérôme Coutant, si vous nous entendez, bonjour ! Et tous ces merveilleux moments que j’ai passé avec tous ces athlètes, des occasions diverses et variées, quelles que soit la vision de la compétition, de la démonstration à Agadir ou en France ou à l’étranger, ça a été des moments extraordinaires de mon existence et qui avec lesquels je partirais et qui ont fait mon bonheur.
[Walid] Moi aussi je voudrais, comme souvent dans les podcasts, te remercier, parce que toutes ces bonnes années on t’a côtoyé, tu nous as emmenés un peu partout avec Jeff Licard, avec Serge Rodriguez, avec tous les autres, moi j’étais ado c’était génial quoi. Christian Debackère, c’est un vrai plaisir d’avoir pu parler avec toi.
Merci à vous. Et puis à bientôt.
[Walid] N’hésitez pas à parler du podcast autour de vous, à nous laisser des commentaires sur les plateformes de streaming. A partager sur les réseaux sociaux, Et on vous donne rendez-vous bientôt pour d’autres épisodes passionnants. On a encore toute une liste longue comme le bras. Et bien, merci beaucoup !
Rappel de la rédaction
La CNRA (Commission Nationale de Roller Acrobatique) a été fondée par Michel FIZE en 1991. Il en est le premier président élu. Les démarches avaient débuté dès février 1991 pour faire proposer l’entrée du roller acrobatique à la FFRS.
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