Pocast : Chloé Seyrès, les débuts en street et slalom (1/3)

Première partie de notre série de podcasts consacrée à Chloé Seyrès. patineuse roller street, slalomeuse, joueuse de roller derby et spécialiste de la roller dance, la française conjugue quad et inline avec talent. Découvrons ses débuts en freestyle..

Par alfathor

Pocast : Chloé Seyrès, les débuts en street et slalom (1/3)
Chloé Seyres par Greg Mirzoyan

Les débuts de Chloé Seyrès en roller

Chloé Seyrès est une patineuse polyvalente par excellence. Au fil des années, elle a su diversifier l’éventail de ses techniques dans diverses disciplines telles que le roller agressif, le slalom freestyle, le roller derby ou encore la roller dance. Quad ou inline, peu importe ! Nous étions en visioconférence avec le Canada donc veuillez excuser la qualité variable de l’enregistrement.

Première partie de l’interview de Chloé Seyrès consacrée à ses débuts en slalom freestyle et en roller street. – télécharger le mp3
battle moscou roller chloe seyres 2009
Chloé Seyres – Battle Moscou 2009

Bonjour Chloé, tout d’abord, peux-tu te présenter ?

Oui, bonjour, je suis Chloé Seyrès, j’ai 36 ans à l’heure actuelle. Cela fait plus de 20 ans que je fais du patin de manière vraiment intense. Je ne suis pas seulement patineuse, j’ai un deuxième métier puisque je suis également traductrice littéraire. Je traduis surtout des romans graphiques. Surtout avec des licornes, des maisons hantées et des loups-garous en ce moment !

Quelles sont les disciplines que tu as pratiquées ?

J’ai commencé par le roller agressif quand j’étais pré-ado. Puis j’ai enchaîné avec le slalom freestyle, le speed slalom aussi. Puis je suis passé au roller freeride / freestyle. Ensuite, je suis passé au patin quad avec le roller derby. Et quand j’ai arrêté le derby, je me suis mise à la roller dance. Un retour à mes premières amours. J’en suis là aujourd’hui.

Durant 15 ans, j’étais athlète en compétition. J’ai arrêté la compétition il y a environ sept ans. J’ai immigré au Canada et cela m’a bloqué dans mes activités de patin. Cela fait maintenant un peu plus d’un an et demi que j’y suis en résidence permanente. Désormais, je reprends mes activités de coach et d’artiste de mouvement en patins, en parallèle de la traduction littéraire.

Chloé Seyrès, comment as-tu découvert le roller ?

Bonne question ! J’en ai toujours un petit peu fait. Il y avait toujours une paire de patins qui trainait dans le placard. Mais j’étais plutôt en mode « danse classique » quand j’avais dix ans. Puis j’ai eu une péritonite (la version aggravée de l’appendicite). Cela m’a obligé à arrêter de danser, le temps de récupérer. Cela m’a sorti de la danse classique et cela m’a ouvert à d’autres horizons.

« Un jour où j’étais en vacances avec mes parents, j’ai assisté à une démo de patin. Je pense que c’était l’équipe de France de roller acrobatique de l’époque. Elle regroupait les gens qui faisaient rampe, park, slalom, saut et ce genre de disciplines. J’ai scotché devant le slalom. C’était exactement ce que j’avais envie de faire ! Une fusion de la danse et du patin. »

Chloé Seyres, à propos de ses débuts en roller

Je suis allé sur un parking, j’ai choppé des pommes de pin et j’ai fait du slalom. Cela devait être à Carcans. J’avais douze ou treize ans.

Tu disais aussi avoir commencé par le roller agressif ?

Oui, j’ai fait deux ou trois ans d’agressif. Je devais avoir onze ou douze ans.

Je me souviens de t’avoir rencontrée au Rid2Z Contest de Montpellier, tu devais avoir 16 ans…

Oui ! Le Rid2z Event ! Je roulais alors en Salomon. J’avais aussi une paire de Twister, les noirs, après que Rollerblade ait repris Tecnica. J’ai souvenir de quelques photos de moi en train de faire des slides sur les modules du skatepark de Grammont.

Chloé Seyres en top soul au Rid2z Event 2005
Chloé Seyres en top soul au Rid2z Event 2005

A ce moment-là, tu vis à Bordeaux. La scène locale est active en slalom. Comment c’était à l’époque où tu as débuté ?

Instinctivement, je suis allé au skatepark des quais à Bordeaux. Il ne ressemblait pas du tout à ce qu’il est devenu aujourd’hui. Je me suis dit que s’il y avait des patineurs, ils seraient là bas. J’ai cherché quelques personnes qui faisaient du slalom, je regardais leurs figures, pour les décortiquer et les faire à droite, à gauche, en avant, en arrière. Puis j’essayais de les lier avec les figures apprises les fois d’avant.

Dans les personnes sur place, il y avait notamment Skali (Guillaume Barbaz). Nous avons bien travaillé d’un point de vue technique ensemble. Il m’a appris toutes les nouvelles figures du moment et mis le pied à l’étrier, comme la volte ou d’autres.

« C’était les débuts d’une nouvelle vague dans le slalom. J’ai fait partie de cette nouvelle vague, sans m’en rendre compte »

Chloé Seyres, à propos de ses débuts en slalom freestyle

A ce moment-là, tu débutes assez rapidement les compétitions…

Je ne me rappelle pas si je faisais les compétitions locales. Il y avait le Roller Aquitaine Tour avec des démos et des compétitions. Ma toute première vraie compétition est le Championnat de France. J’ai commencé le slalom en 2001. En 2002, le Championnat de France slalom débarque à Bordeaux (33). Je me suis inscrite. Il n’y avait pas de fille dans ma catégorie. J’ai donc concouru avec les garçons… et j’ai gagné (rires). J’ai fait mes trucs et ça a bien marché.

interview chloe seyres 2009 07
Chloé Seyrès en compétition à la Paris Slalom World Cup PSWC

Quelle a été la suite pour toi Chloé Seyrès ?

A partir de là, tout s’est accéléré. J’ai été repéré par mon premier sponsor, le shop Sport Aventure. Ils m’ont équipée en patins. Je n’avais plus rien à payer, c’était cool ! J’ai aussi été repérée par l’équipe de France Espoir qui était gérée par Luc Bourdin. Nous allions faire des démonstrations. Cela a débloqué tout ce qui a suivi. Je n’avais plus besoin de budget pour m’entraîner ou me déplacer. J’ai pu voyager, rencontrer d’autres gens, partager d’autres styles.

A propos du style, chaque pays semble avoir sa propre culture et son propre style en slalom…

Oui, clairement, en fonction de notre personnalité et de là où on a appris à rouler, les bases diffèrent. On peut faire un mix des différentes visions du slalom. C’est ainsi que nous apprenions à faire des figures, avant l’ère des réseaux sociaux.

« La seule d’apprendre était d’aller au devant des gens et de leur demander comment ça se passe. Puis ensuite de faire beaucoup de visualisation et de répéter avant d’oublier. Il n’y avait pas de vidéo ! « 

Chloé Seyres

Comment faisais-tu pour concilier le roller et les études ?

Nous n’allions pas trop loin : en France, en Suisse, au Maroc. Cela marchait pour le weekend. Ce n’était pas aussi intense à l’époque, je restais plus au « local ». Sauf pendant les vacances d’été où j’allais plus loin.

Ensuite, j’ai fait des études d’anglais à l’université. Je m’arrangeais avec les cours, pour les rattraper si besoin.

Je me souviens d’un concours vidéo que nous avions organisé sur rollerfr et qui avait permis de montrer ta polyvalence. Tu l’avais remporté !

Oh oui ! Je fais aussi du freeride. C’était un bon souvenir cette vidéo, sans doute en 2004. Rollerfr avait lancé ce concours vidéo en ligne de freeskate. Il y avait Mathias Wecxsteen qui était à Bordeaux à ce moment-là. Il faisait aussi du ski freestyle.

S’organisent ensuite les échanges avec les Russes et les Coréens. Tu fais partie de cette première génération a avoir eu l’occasion de voyager…

Oui, cela a mis un peu de temps à s’installer quand même. Il a fallu que j’attendre d’être sponsorisée par Seba en 2007 avant de véritablement voyager loin en Asie ou à travers toute l’Europe. Avant cela, j’étais sur des déplacements locaux qui m’arrangeaient avec mes études.

Chloé Seyrès, comment est arrivé le sponsoring par Seba ?

Après Sport Aventure, j’ai été soutenue par Kami avec son shop Escape Outside. Il faisait des montages plutôt funky. Seba avait déjà commencé à développer sa marque et ses patins. La marque était à la recherche de riders pour composer sa première Seba Team. Son idée était de pouvoir mettre du budget sur les déplacements des riders pour que cela profite à tout le monde. Seba voulait aussi montrer ce que les patins étaient capables de faire. Les riders étaient des passionnés, avec une soif d’apprendre. Ils découvraient d’autres visions du slalom qu’ils réimportaient en Europe. Ce brassage a permis de développer le sport.

Quels autres riders composaient la team Seba ?

Il y avait Igor Cheremetieff, Soraya Gadheri, Fanny Violeau, Xuan Le aussi. J’espère que je n’oublie personne. Il n’y avait pas encore de patineurs asiatiques. Sébastien Laffargue s’est d’abord entouré de patineurs proches. Les autres comme Kim Sung Jin sont arrivés plus tard. Ceux d’avant composaient le noyau dur historique.

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Igor Cheremetieff

Chloé Seyrès, que t’on apportés les voyages en Corée et ailleurs ?

C’était super excitant ! Tu voyages dans des pays où tu n’aurais pas pensé voyager aussi facilement. Se dire qu’on pouvait partir presque du jour au lendemain aussi loin, dans des endroits comme Shanghaï, c’est une expérience incroyable. Tu n’as malheureusement pas trop le temps de visiter parce que tu vois surtout le spot de la compétition et ton hôtel. Mais ce n’est pas grave parce que tu es juste contente d’aller « sessionner » avec d’autres patineurs de tous les pays. Et puis tu découvres plein de combinaisons auxquelles tu n’aurais jamais pensé. Tu regardes les patineurs et c’est une claque d’ouverture sur les vues possibles de ta discipline. Tu as envie d’en prendre plein les yeux, de retenir, de rentrer chez toi et de découvrir les nouvelles sensations.

Nous n’avions pas les réseaux sociaux à l’époque. Nous ne faisions pas des vidéos tous les quatre matins. Les vidéos qui arrivaient sur Internet étaient un peu pensées. Les stars de la discipline faisaient une à deux vidéos par an. les vidéos ne parvenaient pas dans les quantités actuelles. Notre source de s’avoir était l’échange, d’aller voir les gens d’une région et de découvrir leur façon de pratiquer. De nouveaux amis !

Oui, cette époque sans réseaux sociaux permettait un effet  » Wouahou !  » quand tu rencontrais les gens…

Tout à fait. Des fois, tu n’avais jamais entendu parler d’une personne et tu la découvrais sur place. Tu n’avais aucune idée du style de telle ou telle personne. Puis, tu arrivais quelque part, tu connaissais juste des noms, pas forcément des visages. Alors, tu devais montrer patte blanche sur le spot. Aujourd’hui, avec les réseaux sociaux, tu vois des vidéos tourner.

Test du roller de slalom freestyle KSJ par Chloé Seyres (photo : Keanush)
Test du roller de slalom freestyle KSJ par Chloé Seyres (photo : Keanush)

Les gens qui ne sont pas des slalomeurs ne savent pas toujours quelle rigueur il faut pour cette discipline. Chloé Seyrès, peux-tu expliquer aux gens ce qu’est être slalomeur ?

C’est une grosse question. Je pense que cela a évolué entre ma génération et celle qui a suivi. Je pense avoir fait partie de la génération qui a ajouté de nouvelles figures sur les bases. Il n’y avait personne pour nous guider, nous avons beaucoup travaillé avec beaucoup d’essais / erreurs. Si la figure était super dure mais toute moche, elle pouvait avoir une faible espérance de vie.

Aujourd’hui, les réseaux sociaux font la différence. Les générations précédentes ont mis au point la plupart des figures. Cela va beaucoup plus vite de suivre un tutoriel, plutôt que d’avoir à passer par notre cheminement. Il nous fallait plusieurs mois pour mettre au point une figure que d’autres allaient mettre quelques jours à apprivoiser. Sinon, en slalom, à l’époque, il n’y avait pas d’entraîneur, pas de structure. On s’entraînait dans la rue. Nous étions nos propres coachs. Nous devions nous auto-analyser, nous automotiver pour avancer et évoluer. En général, nous roulions avec des gens qui étaient présents sur le spot à toute heure de la journée. Le slalom reste cependant une discipline un peu solo. Nous étions chacun sur nos lignes de plots mais nous échangions quand même.

Chloé Seyrès, combien d’heures par jour d’entraînement ?

Je n’appelais pas cela de l’entraînement. Je « sessionnais ». C’était vraiment un plaisir d’aller rouler, j’avais hâte. Je dirais entre trois heures et huit heures par jour. Cela dépendais des périodes. J’ai souvenir d’une grève qui a duré trois mois à l’université. J’ai roulé huit heures par jour ! C’était l’époque où Igor était en stage à la fédération, à cinq minutes de là où je vivais. Nous nous retrouvions pour aller rouler. C’était du grand n’importe quoi !

Jusqu’où t’a amenée cette passion ?

J’ai gagné plusieurs titres de championne de France, de championne d’Europe, puis de championne du Monde. J’ai aussi été numéro une mondiale pendant plusieurs années sur le classement WSSA. En speed slalom, je suis restée trois ans en tête. C’était assez drôle, d’autant plus que je ne travaillais pas spécialement cette discipline. J’y allais au culot, j’étais moins stressée, ça marchait mieux dans les moments clés. En slalom freestyle, j’ai été aussi numéro une pendant trois ans avec quelques courtes interruptions. J’en suis pas mal fière même si cela fait très longtemps ! Cela a été un moment de ma vie.

Chloé Seyrès, à quel moment tu décides de faire autre chose que du slalom ?

Cela a été une combinaison de pas mal de facteurs. J’ai fait du slalom pendant 10 ans. Je commençais à trainer la patte. Mes sessions devenaient un calvaire. Je m’entraînais moins pour moi et mon plaisir. Je préparais les compétitions, les enchaînements, les runs… Les entraînements devenaient aussi plus difficiles.

Quand on passe son temps à voyager, on prend des décalages horaires dans la tronche. Les compétitions me semblaient toutes pareilles, avec les mêmes personnes, des gymnases qui se ressemblaient. Comme si je refaisais la même compétition « over and over again ». Je pense avoir fait un burnout quelque part. J’ai décidé d’arrêter. J’avais gagné quatre fois les championnats du monde, je me suis bien amusée. J’ai vu ce que j’avais à voir. J’ai donc voulu découvrir d’autres horizons, en découvrant d’autres disciplines et d’autres sensations…

Prochain épisode : après la carrière roller derby de Chloé Seyrès !

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Photo de couverture : Greg Mirzoyan

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Auteur
Alexandre Chartier 'alfathor'

Bonjour à tous, je suis Alexandre Chartier, fondateur et webmaster de rollerenligne.com. Le site a vu le jour officiellement le 11 décembre 2003 mais l'idée germait déjà depuis 2001 avec infosroller.free.fr. Le modeste projet d'étude est devenu un site associatif qui mobilise une belle équipe de bénévoles. Passionné de roller en général, tant en patin traditionnel qu'en roller en ligne, j'étudie le patinage à roulettes sous toutes ses formes et tous ses aspects : histoire, économie, sociologie, évolution technologique... Aspirine et/ou café recommandés si vous abordez l'un de ces sujets !

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