Pascal Briand – entraîneur de l’Allemagne aux World Games 2022

Pascal Briand a pris part aux World Games 2022 en tant qu’entraîneur de l’équipe de roller course d’Allemagne. Il nous fait revivre cette expérience unique à travers ce podcast…

Bonjour Pascal Briand, peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaîtraient pas encore ?

Bonjour, je m’appelle Pascal Briand. Je sui un ancien champion de roller. J’ai travaillé pour la Fédération Française de Roller et Skateboard pendant un peu plus de 10 ans, comme cadre technique et entraîneur. Depuis deux ans et demi, je travaille pour Powerslide. Il s’agit d’une marque de roller allemande.

En étant un peu plus souvent en Allemagne, la fédération allemande m’a sollicité pour être le coach de leur équipe. C’était au mois de mars 2022.

Comment s’est fait le contact avec la DRIV ?

Cela faisait déjà quatre fois qu’ils me demandaient d’être entraîneur ces dix dernières années. Mais auparavant, ce n’était pas possible, du fait que j’étais déjà cadre à la FFRS. Ils m’ont donc redemandé cette année parce qu’ils avaient quelques soucis pour accompagner leurs athlètes. En effet, ils avaient des soucis de coach l’année dernière et des résultats assez moyens.

Il faut savoir que pour les Allemands, les Jeux Mondiaux constituent une échéance très importante car leurs résultats conditionnent les financements pour les quatre années suivantes. S’ils parviennent à faire des médailles à l’occasion des World Games, alors ils récupèrent des financements pour l’ensemble des catégories et des échéances qui suivent comme les Championnats d’Europe ou les Championnats du Monde.

 » Les Jeux Mondiaux sont vraiment une échéance très importante pour les allemands cette année. S’ils remportent une médaille, ils sont financés, s’ils ne ramène aucune médaille, c’est zéro financement pour l’olympiade à venir. »

Pascal Briand, World Games 2022

Mon objectif était donc de ramener au moins une médaille avec les patineurs Allemand. C’est aussi simple que cela.

Pascal Briand, quels étaient les patineurs allemands engagés dans ces World Games 2022 ?

L’Allemagne avait qualifié quatre patineurs pour ces Jeux Mondiaux à Birmingham (Alabama, Etats-Unis). Le processus de qualification s’appuie sur le championnat du monde 2021 à Ibagué (Colombie). Un sprinteur et un fondeur pouvaient être qualifiés chez les hommes et les femmes : Niels Buehnemann et Larissa Gaiser sur les épreuves de fond, ainsi que Simon Albrecht et Laethisia Schimek pour les sprints. Il y a un bon potentiel, c’est une belle équipe. Il fallait être dans les 16 meilleurs du mondial pour se qualifier, sachant qu’il n’y a qu’un qualifié par pays. Un patineur qui fait toutes les épreuves a de bonnes possibilités de se qualifier.

Sur les quatre patineurs engagés pour l’Allemagne dans ces World Games 2022, trois sont repartis avec des médailles, c’est donc un bon résultat !

Oui, l’objectif était vraiment d’une médaille. Mais l’enjeu a mis la pression sur la fédération, ainsi que sur les épaules des patineurs. En effet, si aucun d’eux ne ramenait une médaille, cela mettait la fédération ainsi que les autres patineurs en difficulté. Il fallait donc absolument ramener une médaille. Ces situations ne sont pas forcément faciles à vivre, que ce soit en tant que patineur ou en tant que coach. J’ai la chance d’avoir l’expérience acquise avec la France ces dernières années. Il fallait donc dédramatiser cet enjeu pour que chacun puisse donner le meilleur.

Nous sommes la nation qui est arrivée le plus tôt sur la compétition, une semaine avant. Il n’y avait que la Chine Taipei avec nous. En revanche, nous n’avions pas accès à la piste la semaine précédente. Nous avons donc surtout travaillé sur le circuit routier.

En quoi le fait d’avoir un seul patineur en lice par nation et par course change la stratégie ?

Il faut savoir s’adapter, être capable de modifier les tactiques. Par exemple, sur les fonds, nous avions Niels Buehnemann qui était un outsider. Il n’a pas vraiment de palmarès. C’est lui qui avait le plus de pression parce que les gens n’ont pas compris pourquoi nous n’avions pas pris Felix Rijhnen.

« Niels Buehnemann est un peu le futur Felix Rijhnen de l’Allemagne mais il fallait la jouer fine sur la course à points. Il a eu la médaille le premier, cela a libéré l’équipe pour la suite. »

Pascal Briand aux World Games 2022

Niels a été très sérieux. Nous nous sommes beaucoup entraînés en amont de la compétition. Nous avons beaucoup répété la stratégie. Il a parfaitement suivi les consignes tactiques depuis plus de trois mois. Il avait son programme d’entraînement classique avec son entraîneur et un programme spécifique pour cette course. Niels s’est endurci physiquement pour cette course et le jour J cela s’est passé exactement comme prévu. Il faisait plutôt des 20e place aux Championnats du Monde et fait un podium aux Jeux Mondiaux. En parallèle, il y avait aussi Laethisia Schimek sur 500 m qui gagne la course.

Oui, d’ailleurs ce fut une finale assez peu commune avec pas moins de trois disqualifications !

Cela a été un premier jour parfait pour l’équipe d’Allemagne. Il y avait déjà le challenge d’arriver en finale du 500 m. Mais Laethisia arrive régulièrement à cette dernière phase. Elle était à son niveau de performance. Elle termine seconde de la course mais la Colombienne devant elle se fait disqualifier après avoir fait une faute sur la patineuse de Chine Taipei. Dans le même temps, la Chine Taipei fait une faute sur Laethisia dans le dernier virage. Les deux patineuses sont donc disqualifiées. Ajoutez à cela la patineuse Italienne qui se fait disqualifier sur le départ de la course pour une faute dans le premier virage. C’était un scénario complètement inédit. je n’ai jamais vu ça dans le passé. Laethisia fait quand même une sacrée performance. C’est le jeu, il ne faut pas faire de fautes.

Les Jeux mondiaux sont considérés comme une antichambre des Jeux Olympiques. Ils semblent considérés comme tels par la fédération Allemande…

Oui, ils sont utilisés comme des qualifications. Le CIO regarde comment se comportent les sports. cela permet de tester les organisations, de repérer des sports, de voir s’ils sont télégéniques. A chaque fois le roller s’en sort plutôt bien. Si l’on regarde les chiffres des vues sur Youtube, les finales des 500 m et des 1000 m font des millions de vues. Cela montre le potentiel médiatique de notre sport. Nous restons cependant une discipline très classique à l’image de l’athlétisme ou du cyclisme, mais avec un aspect original. Les Jeux Mondiaux commencent à prendre de l’importance.

Quand je vois l’organisation des World Games 2022, cela passait sur ESPN, cela passait sur l’Equipe21. Je pense que cela va devenir un événement à part entière.

J’imagine que tu as croisé la délégation française sur place ?

Oui, bien sûr. J’ai croisé Thomas Boucher, Alain Nègre, les kinés. Nous avons fêté mon anniversaire ensemble, avec les Français. La délégation tricolore devait compter 150 athlètes tous sports confondus. La délégation allemande était l’une des plus importantes avec près de 250 athlètes. Nous étions dans un esprit de village olympique, un peu dans l’esprit des Jeux Olympiques de Vancouver. Nous mangions ensemble au restaurant universitaire. L’esprit multidisciplinaire rajoute cette dimension olympique. Cela fait aussi penser aux World Skate Games, qui devraient avoir lieu en Argentine fin 2022. Cela permet de s’ouvrir à d’autres cultures et de ne pas se limiter à nos disciplines. C’est vraiment intéressant.

Vas-tu continuer à travailler avec l’équipe d’Allemagne après cette échéance ?

Oui, c’est un contrat à durée non déterminée. Tant qu’ils ont besoin de moi, je serai là. C’est plutôt bien parti. Je m’occupe surtout des seniors, mais j’essaie de mettre ma patte sur les catégories « Youth » et cadets. J’essaie d’apporter mon expérience avec les jeunes pour les préparer à l’avenir.

Pascal Briand, après cette expérience réussie avec l’équipe d’Allemagne aux World Games 2022, quelles sont vos prochaines échéances ensembles ?

Le grand Prix de Flandres à la mi-août 2022 où nous allons travailler avec les plus jeunes. Ensuite, il y aura les Championnats d’Europe à l’Aquila (Italie) mi-septembre.

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