Slalom vitesse : avantages et inconvénients du 4×80 mm et du 3×110 mm
Depuis quelques mois, les compétitions de speed slalom voient débarquer des patineurs équipés de platines 3x110 mm courtes. Alexandre Claris, Yohan et Jimmy Fort ont déjà adopté ce diamètre avec succès. ReL décortique ce matériel pour découvrir ses avantages et ses inconvénients...
Par alfathor

Speed-slalom : l’avènement des platines 3×100 à 110 mm
Les records du monde de slalom vitesse
La discipline du speed-slalom ou slalom vitesse voit ses chronos exploser au fil des années. Désormais, de nombreux patineurs franchissent les 20 plots en moins de 5 secondes et les meilleurs mondiaux s’approchent des 4 secondes en « free start ». En effet, le niveau technique des patineurs s’est considérablement amélioré, tout comme les techniques d’entraînement, même chez les plus jeunes.
Les deux records du monde ci-dessous ont été établis à Barcelone, à l’occasion des World Roller Games 2019.
- Record du Monde « Free Start » en 4,118 secondes – Lesani Reza (IRI)
- Record du monde « KO » : 4,699 secondes – Yu Jun Yan (CHN)
Le slalom vitesse bénéficie des innovations technologiques de la course
Désormais, en roller slalom comme dans les autres pratiques, les innovations technologiques deviennent des facteurs clés pour améliorer les performances, à l’image des nouveaux maillots en natation. Ainsi, nous avons assisté au fil des années à un glissement d’une configuration de platine en 4×80 mm à un passage au 3×100 voire 3×110 mm. De plus, nombre de compétiteurs utilisent désormais des chaussures basses ou semi-montante de roller course pour gagner en légèreté et en réactivité.

Le commentaire d’Oscar Briex

» Les boots typées « course » se généralisent à haut niveau. En effet, les patineurs délaissent les classiques patins de slalom freestyle pour des patins de courses avec un maintien plus bas (haut pour des patins de course, mais bas pour des patins de vitesse. A haut niveau, je dirais que la répartition entre utilisateurs et non utilisateurs de coques de vitesse doit être 50/50. Les patineurs Asiatiques, notamment avec la marque Takino qui marche fort, s’y sont mis avant nous. Nous voyons également des Iraniens également avec des patins bas d’une marque de chez eux. A titre personnel, j’utilise les Powerslide Arise. En France, Yohan Fort et Jimmy Fort ont été des précurseurs avec les patins vraiment bas de powerslide. FR Skates a également sorti un patin bas mais il me semble que la marque prépare un autre patin typé course ! Affaire à suivre…
Oscar Briex
A ce titre, les patins de slalom les plus récents s’inspirent de dernières améliorations du roller course. C’est notamment le cas des FR Skates SL Carbon 310. Ces rollers combinent une platine en carbone 3×110 mm et une chaussure tout carbone haut de gamme.

Les roues de grand diamètre : une plus grande inertie au démarrage
Un grand diamètre, c’est d’abord plus d’inertie. Au coup de feu du starter, le patin est un peu plus long à mettre en action. En effet, les roues sont plus lourdes à lancer. En revanche, avec 3 roues au lieu de 4, le rider bénéficie d’un léger gain de masse, de l’ordre d’une cinquantaine de grammes.
Une fois les grandes roues lancées, elles conservent mieux la vitesse grâce à l’énergie cinétique emmagasinée entre les plots. Du coup, le patineur ralentit moins entre les plots où la propulsion est moindre.
« Il est à noter que les 3×110 mm restent assez rares. La plupart du temps, les patineurs utilisent une combinaison 110 / 110 / 105 mm ou 105 / 110 / 110 mm). Quelques compétiteurs utilisent également du 3×100 mm. Un autre avantage : les meilleures roues de grand diamètre du marché sont des modèles de roller course dont peuvent ainsi bénéficier les slalomeurs de vitesse. »
Oscar Briex
Une trajectoire plus tendue
Autre avantage du 3x1xx mm… les roues sont plus hautes que les plots ( qui font 9 cm maximum) ! On peut passer beaucoup plus près du cône, voire carrément passer au dessus sans le déplacer… alors qu’on le percuterait en 80 mm. La trajectoire est donc plus rasante, plus tendue, plus directe. On gagne quelques précieux dixièmes sur le temps final et on favorise un meilleur équilibre.

Une plus grande maniabilité
Même si les roues sont plus grandes, le patineur gagne un peu en maniabilité. Cette dernière est influencée par l’écartement entre les points de contact au sol. Sur une platine avec 4 roues de 80 mm, l’écart entre les points de contact au sol est plus important que sur une platine 3×110 mm à longueur de platine équivalente. Du coup, le patin tourne plus facilement en 3×110 mm car il faut fournir moins d’effort pour diriger le patin entre les plots.
« En fin de compte, en mettant la plus petite roue à l’arrière du montage, le patin devient plus nerveux dans les plots. Il est aussi plus rapide aussi pour changer de direction, avec un appui au sol sur les départs qui est très bon pour peu que vous ayez une bonne technique. »
Oscar Briex
Quelles sont les contreparties d’une platine 3×110 mm ?
Un centre de gravité plus haut
A chaque médaille son revers ! Si les grandes roues offre un avantage indéniable en gain d’inertie, elles sont aussi plus haute. Du coup, on perd un peu en stabilité, d’autant que l’écart entre les points de contact est plus court qu’en 4×80 mm. On est donc plus haut et un peu moins stable à basse vitesse. Il faut donc compenser par une bonne technique de patinage et un meilleur équilibre.

Une cheville moins tenue
Un centre de gravité plus haut veut également dire une cheville plus sollicitée. Les tendons et les muscles doivent être plus toniques pour compenser le gain de hauteur. Une astuce pour compenser : choisir un patin plus rigide et plus montant. En parallèle, il ne faut pas négliger de renforcer ses chevilles.
Plus de puissance et de technique nécessaire
Le léger gain de masse lié au surplus de diamètre demande d’être plus puissant, en particulier au démarrage. Il faudra donc adapter l’entrainement en conséquence avec davantage de musculation et de travail sur les départs. Ce travail de puissance doit s’accompagner d’un travail technique pour s’habituer à ce diamètre. Il est important de garder une technique de départ propre.
La concurrence
Au delà de la marque Seba que nous présentons essentiellement dans cet article, d’autres marques comme Powerslide se risquent sur le segment de la platine 3×110 mm courte. C’est notamment le cas avec la platine « Pleasure Tool » qui mesure 243 mm. En Asie, la marque « Takino » connaît un grand succès avec son modèle « Dragon » de 9,2 pouces en 3×105.
Du coup : quel type de platine choisir ?
C’est à vous de juger en fonction de votre niveau technique, de votre gabarit et de votre âge. Le grand diamètre (3×100, 3×105 ou 3×110 mm) convient mieux à des patineurs puissants et véloces, plutôt de grande taille. Il faut absolument l’utiliser avec une chaussure rigide qui offrira le meilleur maintien et accroitra la précision.
On choisira plutôt une configuration classique (4×80 mm) dans les jeunes catégories où les chevilles ne sont pas encore suffisamment toniques pour supporter l’augmentation de hauteur du centre de gravité.
Phase de course | Configuration 4×80 mm | Configuration 3×110 mm |
Départ | Mise en action plus rapide | Plus long à lancer |
Pendant toute la course | Plus bas et plus stable | Centre de gravité plus haut |
Pendant toute la course | Une cheville moins sollicitée | Une cheville plus sollicitée |
Dans les plots | Plus bas donc davantage de risque de « strike » | Plus haut, passe mieux au dessus des plots |
Dans les plots | Pardonne davantage les fautes techniques | Demande une plus grande précision technique |
Dans les plots | Parcours plus sinueux | Trajectoire plus tendue |
Dans les plots | Perd davantage de vitesse | Conserve mieux la vitesse |
Finish |
Peut-on pousser plus loin la technologie ?
Oui ! A l’heure actuelle, les points de fixation des platines suivent 2 standards : 165 mm et 195 mm. Aucun d’entre eux ne permet de rapprocher les 3 roues de 110 mm sans risquer de voir la vis de fixation bloquer la roue. Un fabricant pourrait tout à fait rapprocher les 3 roues et réduire l’entraxe pour atteindre une platine de 222 mm de longueur ! Il faudrait pour cela modifier l’espacement entre les points de fixation de la chaussure. Nous aurions alors un patin ultra-compact. Ce patin pourrait être réalisé en sur mesure avec une structure retravaillée et rabaissée. Alors, qui tentera ?

L’avis de spécialistes du slalom vitesse roulant en platine 3x1xx mm
Les sensations de Jimmy Fort (2015)
« Je roule en 3×100 mm avec une platine Seba Elles sont plus maniables au démarrage et procurent plus d’appuis. Je gagne plus de vitesse, même au départ. C’est une question d’habitude. J’ai mis un peu de temps à m’y faire. Pour l’instant ce diamètre n’est pas encore très répandu en Europe mais il est devenu la norme en Chine. C’est le futur du speed slalom. »
Jimmy Fort
L’avis de Yohan Fort (2015)
« Cela fait quelques semaines que je roule avec la platine 3×110 mm de Seba. Elle est vraiment top, c’est agréable. Je n’ai pas encore tous mes repères, je continue de me régler. Elle envoie bien. Elle peut même être utilisée en randonnée. De plus en plus de patineurs, notamment les chinois roulent déjà avec ces diamètres. Le 100 mm et le 110 mm devraient se généraliser. »
Yohan Fort
L’avsi d’Alexandre Claris (2015)
» Cela fait maintenant plusieurs années que je vois des platines 3 roues en speed slalom et que je constate que quasiment la majorité des riders les a adoptées sur le circuit international… Après avoir passé beaucoup de temps à essayer différents montages, je suis persuadé que les 3 roues sont l’avenir du speed slalom. J’ai simplement gagné 0.2s en passant avec ce système.

La question que je me pose encore est : 3×100, 3×105 ou 3×110 mm ? J’ai roulé pendant un an et demi en 3×105 mm, le résultat est net : je suis plus rapide. Je pensais qu’en 3×110 mm je serais encore plus rapide mais j’ai du mal à m’y adapter et je n’y gagne pas plus. Je pense que je vais me tourner vers du 3×100 mm prochainement. »
Alexandre Claris
Le gros atout de ce système c’est que l’on gagne constamment de la vitesse. La différence se voit à partir du 10e plot lorsque que l’on est bien en place dans le slalom. Evidemment il n’a pas été facile de s’y adapter au début car cette platine demande plus de puissance au début de la course d’élan mais une fois la bonne technique trouvée c’est juste un pur plaisir. »
Points fort et points faibles des platines de slalom vitesse 3×110 mm

- Meilleure inertie (conserve mieux la vitesse)
- Passe mieux au dessus des plots
- Trajectoire plus tendue
- Un peu plus maniable

- Centre de gravité plus haut
- Mise en action plus longue en 3×110 mm
- Demande plus de technique pour rester propre
Liens utiles
Rencontre avec Alexandre Claris, champion de roller slalom
Photos : Colin Morin et Alexandre Claris
Merci à Oscar Briex pour sa contribution
SEBA
24 juillet 2015 at 10 h 11 minmichel
23 juillet 2015 at 17 h 00 minKéno40
22 juillet 2015 at 23 h 02 min