La Transjurassienne de Nicolas Froidevaux en roller nordique
Passionné de roller, Nicolas Froidevaux a chaussé les patins pour traverser une région et une montagne qui lui est chère : le Jura ! Accompagnons-le dans le récit de sa Transjurassienne en roller nordique...
Par alfathor

Bonjour Nicolas Froidevaux, peux-tu te présenter ?

Bonjour, Je m’appelle Nicolas Froidevaux-Grand, 42 ans. Mes premiers tours de roues remontent aux années 1980. Mais c’est en 1992 que le roller en ligne engendra la passion. Tout d’abord du roller street et du slalom puis très vite de la descente. Le downhill fut alors ma condition, mon obsession, pendant plus de 26 ans : du roller au buttboard en passant par le longboard pour finir par le freebord.
Pourquoi avais-tu arrêté de faire du roller ?
L’arrivée de ma deuxième fille sonna le glas de mes prises de risque et je me suis retrouvé soudain sans roulettes sous les pieds. Une reconversion dans le trail me posa des problèmes physiques et qui revint me faire des clins d’œil ? Le roller ! Avec lui, un bonheur infantile retrouvé. Je m’équipai donc de bâtons de ski de fond et commençais alors à découvrir les plaines vallonnées de Côte-d’Or « à 20 à l’heure ».
Comment t’es venue l’idée de ce raid en roller nordique ?
Deux années plus tard, je me lance donc dans ce long périple qui me fait rallier Les Rousses (39) depuis Belleneuve, à côté de Dijon (21). Devenu musculairement opérationnel dans ce sport très exigeant, je me lance donc ce défi personnel. Gravir et traverser ma montagne de cœur, le Jura !
Récit du raid roller nordique de Nicolas Froidevaux

Voici que l’heure du départ arrive, je m’attends à deux jours de pluie et trois de soleil. Mon sac à dos pèse dans les 14 kilos. Je suis équipé de roller E2 110 de chez Rollerblade montés sur des roues Matter G13 de 125 mm.
Jour 1 : De Belleneuve à Eclans-Nenon
7 juin 2022 : je pars entre deux averses. Une étape avec un profil connu. Plaines et vallons se succèdent et les clochers se dévoilent au fil des champs de blé.
La route mouillée sèche au fur et à mesure pour devenir correcte au pied de la première difficulté du parcours : le Massif de la Serre.
Je franchis aisément cette merveille géologique et je retrouve des sensations oubliées durant la descente.
Arrivée à Eclans-Nenon pour un dodo en tente. Pas de souci.
Jour 2 : D’Eclans-Nenon à Port-Lesney
La pluie prévue est bien là. Je pars sous une légère bruine et finalement, j’effectue 30 km sous une pluie battante avec un fort vent de face.
La traversée de la Forêt de Chaux devient compliquée à tel point que je fais une pause repas, dans le bois, sous une couverture de survie montée en tente de fortune pour l’occasion.
Sortie de forêt, j’arrive à Arc-et-Senans. Puis après une montée/descente glissante, je prends mon campement à Port-Lesney. Cette bourgade représente pour moi, la porte de la montagne. Les pieds dans la Loue, je pense un peu soucieux à l’étape du lendemain. Cette étape où il faudra franchir le Mont Poupet et le Col de Montmahoux ; deux gros morceaux de mon périple.
Jour 3 : De Port-Lesney à Levier

Ça y est, aujourd’hui c’est grimpette. Il pleut jusqu’à 9 heures du matin et je sèche comme je peux mon matériel sous un barnum du camping.
Je décolle sans trop réfléchir à ce qui m’attend et finalement, après quelques kilomètres, le soleil se montre et sèche partiellement la route. Il n’y aura plus que du grand beau pour le reste de mon aventure !
Le réel grand test commence avec la montée partant de la Chapelle Furieuse jusqu’au sommet septentrional du Mont Poupet : 6 km / 310D+ / PENTE MAX DE 17% !
Les falaises calcaires jurassiennes jalonnent ce col en reculée, c’est très beau et intimidant. Je me concentre sur ma technique pour être le plus efficace possible et tout se passe bien, content de voir que mes bras se régénèrent à chaque pause.
Puis, c’est une longue ascension de 14 km pour 450D+ qui m’éprouve et le sentiment de fierté commence à apparaitre. Je gère mon cardio en marquant des pauses car pour du long, on se préserve : c’est la clef !
Arrivée à Levier, un peu en transe, conscient qu’il faut maintenant gérer la récupération et je commence à pratiquer mes petits protocoles d’auto-osthéo en préventif…
Jour 4 : De Levier à Mouthe

Ce sont maintenant les épicéas, les gentianes et les vaches comtoises qui jalonnent mon parcours dans le Haut-Doubs. 3°C au lever, c’est parti pour une magnifique journée ensoleillée. J’ai la forme. J’avale 50 km avec un peu de dénivelé en m’émerveillant assez souvent.
J’arrive à Mouthe et sa source du Doubs en début d’après-midi ; kiffant le site jusqu’au coucher de soleil.
Demain c’est le dernier jour et je sais que j’irai au bout. Les gestes logistiques sont rodés, je prends le temps de vivre le moment.
Jour 5 : De Mouthe à Les Rousses
Une grande journée dans un haut lieu du ski nordique.
Je décolle tôt pour honorer le rendez-vous avec ma petite meute familiale, chargée de me rejoindre au finish. Les noms de villages sont mythiques pour les fondeurs, sauteurs à ski et biathloniens : Mouthe et ses températures, Chaux-Neuve et son tremplin, Chapelle-des-Bois et son domaine…
Je croise un sportif en entrainement de ski-roue, nous conversons : il prend vite conscience du défi physique de mon périple et montre un certain respect conscient. En effet, je ne suis plus en Côte-d’Or ! Dans le temple du skating, je ne suis plus un extra-terrestre !
J’enchaine donc montées et descentes jusqu’au Col des Ministres. Ce gros « pétard » monte-monte-monte jusqu’au paradis : un dédale de petites routes étroites dans un décors mêlant inflorescences et épicéa dans le pays du loup et du lynx… C’est le Domaine du Risoux. Logé à 1300 m d’altitude, c’est une succession de petites (pas toujours) montées/descentes qui m’emmène à une dernière, belle grosse descente tombant aux Rousses.
J’arrive au lac, j’ai finalement une heure devant moi pour contempler ce dénouement et me repaitre de ces souvenirs intenses et somptueux.

Lorsque je me présenterai face à l’éternel, j’aurai ces quelques lignes supplémentaires dans le recueil de mes souvenirs ; le menton haut, je dirai : voilà ce que j’ai fait. (Adaptation de Rousseau les confessions, hihi)
Nicolas Froidevaux
Les stats de Nicolas Froidevaux : 221 kilomètres – 3600D+