Rencontre avec Yann Guyader, chef de produit chez Rollerblade

Par | Publié le 28 juillet 2015 | Mis à jour le 18 janvier 2023 | Catégories : Toutes | Sous-catégories : Interviews roller | 1675
| Tags : Yann Guyader Yann guyader rollerblade Rollerblade

Après avoir baroudé à travers le monde en tant que patineur professionnel pendant de nombreuses années, Yann Guyader a terminé ses études de commerce international et décroché un poste au sein d’une marque historique : Rollerblade. Questions et réponses…

yann guyader interview rollerblade small

Interview de Yann Guyader

Après une carrière sportive chargée, le champion du monde de roller course français Yann Guyader continue sa route dans l’industrie du roller avec Rollerblade. Entretien…

Bonjour Yann Guyader, tout d’abord félicitations pour ton poste de Product manager chez Rollerblade. Comment as-tu obtenu ce travail ?

Tout a commencé l’année dernière au Linthmarathon à Tuggen (Suisse). Je suis tombé sur Sami Raimann, l’ancien manager de l’équipe Rollerblade il y a quelques années. Il m’a demandé ce que je faisais vu qu’on ne me voyait plus sur les courses. Je lui ai expliqué que je terminais mon master de commerce international. Il m’a dit que Rollerblade cherchait un directeur des ventes pour l’Italie et l’Espagne. Dans le cadre des mes études, je souhaitais plutôt faire un stage à ce moment-là. Il y a eu des restructurations au sein du groupe. Ippollito Sanfratello, l’ancien brand manager Rollerblade, est parti. J’ai été contacté par les ressources humaines de Tecnica mais entre temps, j’avais contacté Powerslide pour faire mon mémoire sur la marque.

Portrait de Yann Guyader - mediaskates.com
Portrait de Yann Guyader – mediaskates.com

Je suis donc retourné voir Rollerblade plus tard, lors de l’ISPO au mois de mai 2015, pour la présentation des nouvelles collections aux distributeurs. Finalement, ce n’est pas un stage que j’ai débuté mais un vrai travail. Je suis en période d’essai pour 3 mois de juillet à octobre 2015 (la boite ferme en août). J’y suis en tant que product manager (chef de produit). La personne qui s’en occupait jusqu’ici est partie à la Fédération Italienne de Patinage sur glace dont Ippolito Sanfratello a désormais pris la tête. 
C’est donc une équipe compètement nouvelle qui gère la marque Rollerblade.

Ce sont des gens d’horizons différents ?

Oui, Enrico Sofiatti (le Brand Manager qui a remplacé Ippolito sanfratello, le plus haut placé chez RB) est un ancien de Rossignol et de Head. Il a une grosse expérience dans le milieu du sport. Il ne connaissait pas le roller par contre. C’est une personne très curieuse qui s’est vite adaptée. Ma connaissance du monde du roller et des produits nous permet de progresser mutuellement.

Au sein du groupe, nous sommes libres de faire ce que nous voulons en terme de produits excepté sur les grandes décisions stratégiques où il faut l’accord de Tecnica. C’est un grand groupe avec des crédits à l’investissement globaux en fonction du C.A. réalisé.

Rollerblade, c’est finalement une petite partie du groupe, peux-tu nous remettre dans le contexte ?

Tecnica, c’est 550 millions d’Euros de chiffre d’affaires avec des marques de ski et d’outdoor, Nordica, Tecnica (qui avait aussi une équipe de roller au début des années 2000), Blizzard, Moonboots (les originales), Dolomite, Lowa…

Le roller représente 45 millions d’Euros de C.A. sachant que dans la marque RB, il y a deux marques : RB et BladeRunner. C’est la gamme premier prix diffusée en majorité aux USA (25% du C.A.). Le roller, c’est donc environ 9% du chiffre d’affaire total du groupe.

Le Twister Pro de Rollerblade
Le Twister Pro de Rollerblade

En gros ça représente 3 fois le chiffre d’affaire de Powerslide

Oui, mais pas du tout de la même façon. Rollerblade est spécialisé sur d’autres segments comme le fitness dans la mesure où il représente les deux tiers de l’activité de RB.

Alors que la vitesse a été abandonnée par Rollerblade, tu confirmes Yann Guyader ?

En partie oui, même si un modèle demeure toujours au catalogue, la marque n’avait pas le produit adapté. Le marché de la course est très spécial. Une marque doit beaucoup investir dans la promotion de son patin pour perdurer sur ce marché. Les champions doivent utiliser ces produits, les faire gagner. L’arrêt de l’équipe Rollerblade a marqué le déclin de la course chez RB. Cependant, il y a une grosse demande sur les patins de course dans les pays d’Asie, nous allons faire ce qu’il faut pour y revenir ; sachant que RB est aussi numéro 1 sur l’Urban.

Les cycles de création de produits sont longs avec le design, les spécificités, les protos, les tests, etc… J’en ai mieux pris conscience en arrivant chez Rollerblade. Par exemple, si on veut lancer un nouveau patin Urban, ça ne sera pas avant 2018 dans le meilleur des cas. 

Quelles sont tes missions au sein de Rollerblade ?

Je coordonne tous les départements. Je reçois les directives du Brand Manager sur les directions stratégiques prises par l’entreprise et donc les segments de notre porte feuille produits à développer, suite à l’analyse des ventes lors des exercices précédents. Notre mission est avant tout d’améliorer le chiffre d’affaire.

Je suis en relation avec le sourcing qui détermine où on l’on va fabriquer. Je suis en relation avec la Recherche/Développement. On définit les spécificités des produits, leur faisabilité… Je défriche pour le brand manager qui me propose des directions. D’autre part, je suis chargé de la bonne coordination des équipes qui développent le produit de la source au consommateur final. Je n’ai par contre aucune relation avec les acheteurs (distributeurs et pro shops: Travail effectué par les Area Manager pour les différentes parties du globe et Enrico pour les Key Accounts). En fonction de la recherche & développement, du sourcing et des contraintes budgétaires, on détermine la faisabilité d’un projet.

Powerblade GTR 110
Powerblade GTR 110

Rollerblade, c’est une marque historique du roller, fondée au début des années 80. Que reste-t-il de l’esprit des débuts selon toi Yann Guyader ?

Pendant longtemps, RB a joué sur son héritage. Le terme Rollerblade est devenu générique pour parler du roller, comme on parle de Frigidaire. Il y a beaucoup de compétences en interne qui sont restées depuis les débuts. Plusieurs personnes étaient déjà là à l’époque de Benetton dans les années 90 et au début des années 2000. C’était la belle époque où la marque de roller s’affichaient en gros sur les pontons de F1 : Rollerblade chez Benetton en 1993 (Schumacher). L’image de la marque est encore très forte auprès du public. Il y a aussi un énorme pouvoir de frappe grâce à un réseau de distribution énorme. RB appartient à un groupe. RB est une marque généraliste, contrairement à PS qui a plein de petites marques. Rollerblade, c’est Rollerblade, point. Cela donne une plus grande visibilité dans le monde du roller.

Quels sont les marchés de Rollerblade selon toi Yann Guyader ?

Aux Etats-Unis, Rollerblade est de loin devant ses concurrents. Le marché Suisse marche bien également, contrairement à ce que l’on pourrait croire… plus gros que le marché Français pour les produits internationaux au catalogue. On a des volumes importants en France avec Décathlon mais sur des produits d’entrée de gamme spéciaux pour la grande distribution. Des chaines de distribution comme Intersport, Kaufhauf, Sportissimo ou Décathlon ont des produits spécifiques GSS.

Catherine Penan (Team Rollerblade)
Catherine Penan
(Team Rollerblade)

Yann Guyader, comment évolue le marché du roller ces dernières années ?

Le marché repart bien aux USA depuis 3 ans. Nous constatons une évolution nette du marché américain sur 2016 (sur les précommandes). 

Du coup, vous allez refaire de la R & D pour proposer de nouveaux produits ?

Oui, on aimerait refaire des patins de course pour enfant pour toucher la Colombie, l’Indonésie, l’Inde. Les produits dédiés au marathon représentent finalement assez peu de vente, c’est un marché très français que celui de grande roue et de la longue distance, ça ne marche pas vraiment ailleurs.

L’arrivée de la nouvelle équipe semble créer une dynamique

Oui, et en plus on sent au niveau des distributeurs qu’il y a de nouveau de l’enthousiasme. On a un bon équilibre de compétences.

Yann Guyader, parlons de la communication de la marque…

RB est très orienté sur les médias sociaux. Cela permet d’avoir des budgets modérés. Le bugdet communication reste quand même de 300.000 Euros. On travaille beaucoup sur la vidéo avec Sven Boekhorst, Greg MirzoyanVincent Vu Van Kha et les patineurs urbains chinois comme pour la vidéo faite à Shanghaï.

On va s’orienter vers de la vidéo tutorielle, l’utilisation des rollers en fitness, avec un contenu plus adapté au consommateur classique, moins orienté sur la performance.

Du coup, tu vis en Italie ?

Oui, j’habite là bas au moins jusqu’au mois d’octobre et peut être plus si RB prolonge mon contrat !

On va te revoir sur des courses ?

J’irai en spectateur à Berlin.

Merci Yann, bonne continuation !

Les locaux de Tecnica en Italie
Les locaux de Tecnica en Italie

Pour aller plus loin

Site de la marque

Photos : mediaskates.com et droits réservés

Auteur

Vernon SULLIVAN

''SULLIVAN''

Passionné de roulettes devant l'éternel, le jour j'écume le bitume. Si je me crashe, si je tombe, ma peau s'arrache mais pas mon coeur de roller !

2 réponses pour “Rencontre avec Yann Guyader, chef de produit chez Rollerblade

  1. olivier

    RB a du travail s’ils veulent refaire des patins pour la vitesse ou les grandes distances !!!! Mais si Yann arrive à utiliser ses expériences pour faire des rollers a son image cela peut-être plutôt sympa !!!! A voir…/

  2. Cliomike

    Ce que j’en retiens, pas de nouveauté en urban, avant 2018 et rollerblade et les autres marques(?) continueront-t-ils à développer les rollers destinés à la pratique longue distance, étant donné que c’est un marché uniquement français? J’attends toujours de chez rollerblade, la mise en vente au détail de chausson pour les tempest… (je crois que je peux vraiment attendre).

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