Pierre Surun, auteur de Roulettes Russes
Durant l'été 1989, Pierre Surun et une bande de copains décident de partir à l'aventure. Originaires de Rennes, c'est naturellement vers l'Est qu'ils décident de tracer leur route en direction de Moscou, à 3.000 km de là. A l'époque, la Russie s'appelle U.R.S.S. et n'est pas réputée pour son ouverture. Débute alors une aventure humaine profonde aux travers de différents pays alors méconnus. L'auteur de « Roulettes Russes » nous raconte son parcours...
Par Pierre LABAUNE

Les Roulettes Russes : un raid parti d’un délire entre potes
Les Roulettes Russes : voici une aventure de plus pour Pierre Surun qui totalise près de 15.000 km de raids en Asie, en Europe ou en Amérique. Quand ce breton baroudeur, militant actif de la roulette pose ses valises, c’est pour fonder un événement reconnu mondialement : Rennes sur roulettes. A l’occasion de la publication de son récit nous avons eu l’honneur de rencontrer Pierre Surun, personnage hors pair.
Bonjour Pierre Surun, peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
J’ai commencé à patiner en club dès l’âge de 10 ans, voilà donc 36 ans… En compétition. Je faisais du rink-hockey l’hiver et de la vitesse l’été. Après 8 années à Saint-Brieuc (où nous avons fondé le R.A.C. en 1975) je me suis retrouvé à Rennes comme étudiant. Comme Rennes ne comptait pas de club, j’en ai fondé un, qui vit encore et organise le fameux Rennes sur Roulettes… manifestation que j’avais lancée, sans oser espérer qu’un jour elle deviendrait un rendez-vous majeur dans le monde du roller ! Après mes différents raids, j’ai quitté la Bretagne à trente ans pour la Gironde, puis Seattle, aux USA. Mais j’ai eu trop envie de revenir « au pays », me voilà donc Nantais depuis 2 ans. J’ai repris le rink-hockey, et avec mes compagnons de voyage de 1989 : nous avons rechaussé nos vieux quads pour les 24 heures du Mans en juillet dernier. Un bonheur total !
Enfin, dans la vie réelle, j’ai deux gamins très mignons : Marie et Pac. Et je bosse pour les Verts.

En parlant des Verts, sais-tu que notre forum a un chapitre « Roller Militant » ?
Oui, on passe facilement du roller aux transports « doux », donc aux moyens d’éviter la bagnole. Chacun est conscient que si nous ne bousculons pas nos habitudes nous nous autodétruirons très vite. Mes quelques balades dans le vaste monde m’ont ouvert les yeux sur l’urgence de la situation.
Concernant le roller, tu as un parcours très fourni…
Oui, j’en ai fait des choses, sur mes patins. Et j’en ai appris ! Très sérieusement, je me demande si le roller, en tant que patineur, entraîneur, dirigeant, globe-trotter, ne m’a pas plus apporté que l’école. Ne le dites pas à mes gamins.
Comment t’es venu ce goût du raid ?

En fait, ce sont des copains de mon club de Saint-Brieuc qui, au début des années 80, ont lancé – comme on raconte une blague :
« Cet été, on va tenter de traverser les USA en patins »
… Ben voyons ! Et autant voir les choses en grand : de la côte Est à la côte Ouest, soit près de 5 000 bornes ! Franchement, on était tous persuadés de voir nos têtes brûlées rentrer moins d’une semaine plus tard sur des brancards ! Eh bien non, ils ont tenu bon… Antoine, Jean-Pascal et Philippe sont donc les vrais inventeurs du voyage sur roulettes.
Après ce raid outre-Atlantique, ils ont réussi bien d’autres exploits comme les U.S.A. du sud au nord, le Brésil, l’Alaska… jusqu’à ce qu’en 1988 ils se fixent le Japon. Un des trois compères ne pouvant être de la partie, ils m’ont proposé de le remplacer. J’en rêvais ! Je me suis donc préparé comme un fou, avec un copain d’entraînement, à Rennes. Tous les soirs, après le boulot, on s’avalait quelques kilomètres de bitume avec des sacs à dos remplis de bottins. Or, un mois avant le grand départ, ils m’annoncent qu’ils ont décidé de laisser tomber. Ni une ni deux, je demande à Didou, mon copain d’entraînement, si des fois il serait libre cet été là. Le temps de trouver quelques sous et nous prenons nos billets pour le Japon sans connaissance du pays, de la langue, de la géographie, et avec chacun une quinzaine de kilos dans le sac à dos.
Pierre Surun, que sont devenus Antoine, Jean-Pascal et Philippe qui avaient fait les 5 000 km aux Etats-Unis ?
Je n’ai plus de nouvelles de Jean-Pascal, mais j’ai revu Antoine et Philippe… à l’occasion de la sortie de « Roulettes Russes ». Ils m’ont retrouvé à mon stand, lors de Rennes sur Roulettes, pour une projection de leur film sur la traversée du Brésil. Les mêmes, mais avec des cheveux poivre et sel, tous deux sont restés fidèles à Saint-Brieuc.
Tu as donc réalisé un premier raid au japon, un deuxième en U.R.S.S., comment choisis-tu tes destinations ?

Chaque voyage a une histoire propre. Je viens de te raconter le Japon. Pour l’U.R.S.S., nous voulions pour la première fois partir de chez nous, alors que toutes les autres randonnées s’étaient faites, jusque là, intégralement hors de nos frontières. Nous voulions que chacun puisse constater que voyager en rollers, c’est possible. Or, depuis Rennes, partir au Nord nous faisait échouer dans la Manche, à l’Ouest c’était le mur de l’Atlantique, au Sud la Méditerranée. Restait l’Est… et l’inaccessible Moscou tout au bout de la carte d’Europe. On s’est dit « chiche ! »…
Pour la Roumanie, l’année suivante, c’est en assistant à une rencontre publique de Médecins Sans Frontières qui revenaient des massacres de la révolution roumaine que l’idée nous est venue de faire la route jusque là-bas pour eux, en récoltant des fonds tout au long du périple. Pour ce qui est de la rando sur la côte Ouest des U.S.A. en 1993, c’était vraiment 100% pour le fun !
Pourquoi être partis si nombreux ?
Tu peux le dire, nous étions fort nombreux à faire équipe pour ce Rennes-Moscou : 18 en tout… c’est ridicule ! Mais cette idée de barjots d’aller en patins et vélos jusqu’à Moscou, ça fait vraiment rêver tout le monde. Alors quand un pote t’en parle, c’est l’occasion, tu fais tout pour intégrer l’équipe. Comment accepter l’un et pas l’autre ? Sur quel critère ? Et ce serait à qui de dire non dans une équipe qui n’a pas de chef ? Et c’est vrai que chaque individu valait son pesant de cacahuètes… Avec le recul et l’expérience, je ne dirai certes pas qu’un gros groupe ne peut pas être efficace : nous étions huit à aller en Roumanie l’année suivante, et il s’agit sans aucun doute de notre raid le plus abouti. Mais 18, franchement, c’est vachement lourd. Nous en avons beaucoup souffert, moi plus que d’autres d’ailleurs. Là aussi, j’ai beaucoup appris sur la vie en groupe, en petite société.
Connaissiez-vous les pays vers lesquels vous alliez ? Vous parliez les langues ?
Il se trouve que j’avais pas mal bourlingué avant ces raids en patins. Je connaissais pas mal la Belgique, les Pays-Bas et surtout l’Allemagne et la Suède. A l’école, j’avais appris l’anglais, l’allemand et l’italien, et même un peu de suédois en fac. Mais ni moi ni personne du groupe n’était allé de l’autre côté du rideau de fer, dans un pays communiste. Et personne ne parlait russe ni ne déchiffrait l’alphabet cyrillique, à l’exception de mon frère qui ânonnait trois mots de la langue de Dostoïevski. Notre voyage a vraiment été composé de deux parties bien distinctes : la traversée de l’Europe occidentale, puis l’immersion dans un pays slave et communiste, comme une autre planète pour nous.
Vous n’aviez pas peur ?

Même pas peur ! Bien entendu, pour mille raisons, nous avons connu de bonnes montées d’adrénaline de temps à autre, mais guère plus. Nous avions vraiment bien préparé tous les aspects du défi, et de par mon expérience, je savais pertinemment que nous avions toutes les armes pour parvenir à nos fins. En fait, la grande question c’était de savoir si les fonctionnaires des Pays de l’Est n’allaient pas encore une fois abuser de leurs pouvoirs et refuser de nous ouvrir les portes de ce fameux rideau de fer. Ça ne dépendait pas de nous, donc nous nous battions avec nos armes et concluions par un fataliste « Inch Allah ! », ils peuvent chanter sur tous les tons, on s’en fout, on ira quand même.
Quel âge aviez-vous ?
J’avais 29 ans et seuls 3 d’entre nous avaient franchi la trentaine.
Chacun avait-il un rôle bien défini au sein de l’équipe ?
Bien défini oui, mais pas par décision unilatérale ou par ordre : à mesure de la préparation du voyage puis pendant le voyage lui-même, chacun trouvait sa place, son rôle, son utilité. Ça pouvait être quelque chose de précis et de clair comme donner l’itinéraire ou gérer la caisse commune, ça pouvait aussi consister à faire le clown pour garder le moral des troupes !
Comment se passait l’intendance, les bagages, l’hébergement ?
Toutes les décisions se prenaient en commun. Côté logistique, le peu de matériel à partager entre tous était regroupé dans une carriole. Pour le reste, nous fonctionnions par binômes : en général un patineur et un(e) cycliste. La personne à vélo portait la tente commune, les duvets, les fringues des deux, etc.
« Vraiment, on parle de l’exploit des patineurs, mais les potes à vélo ont aussi porté leur croix ! »
Pierre Surun
Quel budget aviez-vous ?
Aucun. Je veux dire : c’étaient nos vacances, chacun gérait son propre petit budget perso. Nous avions une caisse commune pour la bouffe mais nous n’avions aucune dépense particulière puisque nous faisions nos courses comme si nous avions été à la maison. Le prix du camping est insignifiant. Le matos vélos et patins était notre propre matos. Pour le reste, quasiment aucune dépense spéciale, si ce n’est le retour en train depuis Moscou (ben oui, on n’est pas rentrés en rollers…). Alors quand j’entends dire que pour voyager, il faut de l’argent, je me marre.
Pierre Surun, quel niveau de patinage aviez-vous avant de partir ?
Disons… très disparate. Pour 4 des 7 patineurs de l’équipe, pas de problème puisque nous avions goûté au patinage de vitesse à assez haut niveau. Pour le reste de la troupe par contre, ce fut une gageure : ils débutaient le patin et se sont entraînés comme des cinglés pour atteindre le niveau à vitesse grand V, en quelques mois ; On peut dire qu’ils ont réussi une sacrée performance.
Quels patins avais-tu pour ce raid ?
Des patins de compétition… de l’époque, donc des quads : c’étaient les tout débuts des patins en ligne, et nous pensions que ça ne vaudrait jamais le coup ! Pour les amateurs, c’étaient des patins Boiani et des roues Kryptonics Roadrunners.
Comment prépariez-vous l’itinéraire, les arrêts ?

Nous avions planifié les étapes en fonction du kilométrage quotidien, sachant que nous visions les petites routes de campagne pour éviter le trafic et les grands bleds.
Puis nous avons écrit à toutes les municipalités – en général de petits villages – pour savoir s’ils voulaient nous recevoir, idéalement nous payer un coup et nous ouvrir un gymnase pour l’hébergement. Pour ceux qui n’ont pas répondu, nous avons simplement réservé des places au camping : pas question de débarquer crevés, un soir, dans un camping complet. Comme nous étions un gros groupe, à ce niveau l’improvisation n’était pas de mise… ce qui n’a pas empêché quelques gags et emmerdements, bien entendu. Sinon, un truc que nous recommandons à tous les patino-randonneurs en herbe : nous gardions une étape de repos à peu près tous les 5 jours. C’est bon pour le moral, le physique, et ça permet de résoudre nombre de petits embêtements.
Tout de même, planifier ainsi les étapes ne vous imposait pas un objectif délicat ?
L’objectif était l’arrivée à la frontière soviétique, puisque nous y avions rendez-vous, ainsi que les quelques rancards avec les mairies qui avaient décidé d’organiser notre accueil. Pour le reste, nous tentions juste de garder les étapes prévues, sachant qu’inéluctablement un gros pépin arriverait qui déjouerait nos plans et mettrait le bazar. Or, ce gros pépin n’est jamais arrivé.
Combien faisiez-vous de kilomètres par jour ?
Nous voulions faire du pépère, dans les 60 km par jour. Mais si le revêtement, la pluie, le vent, les petits bobos s’y mettent, 50 km peuvent faire plus de dégâts que 100. Il nous est d’ailleurs arrivés de passer les cent bornes dans la journée, en Belgique et aux Pays-Bas, où les voies cyclables sont innombrables… et plates.
La météo a-t-elle contrarié vos plans ?
Bon, nous sommes Bretons et donc, disons, plutôt gênés par la canicule que par le crachin, et ça tombait bien car jusqu’en Scandinavie, on ne peut pas dire qu’on a souffert de la chaleur ! Le dernier jour avant la frontière soviétique, nous avions rendez-vous et ne pouvions prendre le temps : pas de bol, c’est là que la flotte s’est mise à tomber à seaux, avec un méchant vent de face. Sans oublier le gros orage qui nous est arrivés en plein dans le mille à Hambourg. Mais là, ce fut un moment très euphorique car nous étions attendus par des amis – nous savions que nous dormirions au sec et que nos fringues et patins pourraient sécher – et nous nous sommes vraiment éclatés à foncer dans les flaques comme des gosses.
Pierre Surun, aucun de vous n’a été tenté par l’abandon ?

Tenté, certes non ! Beaucoup (tous ?) ont eu à un moment ou à un autre l’angoisse d’une blessure qui les mettrait hors service, mais la chance était avec nous. Physiquement, certains ont eu des moments de galère, mais nous nous y étions tellement préparés.
En revanche, nous en avons tous eu marre, chacun à notre tour, de cette vie en gros groupe, souvent pesante. Mais de là à arrêter et à rentrer en cours de route, quand on avait une telle conscience d’être en train de réaliser un truc qui nous suivrait toute notre vie… Beaucoup d’entre nous – moi compris – ont appris à avaler quelques couleuvres, quelques pilules amères pour garder le cap. Certains disent qu’on a mûri.
En Russie, vous avez fait plus de bornes en autobus qu’en roller ?
En arrivant à la frontière finno-soviétique, nous avions parcouru plus de 2 500 km, en 4 semaines, intégralement en rollers (ou vélos). Cela représentait déjà une belle rando, je trouve… de l’autre côté du mur, à notre grande surprise, nous étions accueillis par toute une équipe de jeunes dirigeants qui avait mis les petits plats dans les grands. Ils avaient mis à notre disposition un car, une ambulance, un camion pour mettre le matos, un side-car de flics, enfin, le grand jeu ! Or, ça tombait plutôt bien puisque, honnêtement, l’état des routes là-bas était pitoyable, et nous en avions assez soupé du graton. Alors pour relier Moscou, nous avons quand même ajouté 500 km de patinage au compteur sur les 1 300 qui nous séparaient encore de Moscou, franchement, même aujourd’hui nous ne culpabilisons pas !
Le retour à une réalité quotidienne n’a pas du être évident après un tel périple ?
Tu peux le dire ! Dans sa tête, on reste en flottaison longtemps après le retour sur terre. Et on ne rêve que de repartir. Même 17 ans après.
Que sont devenus tes patins ? Tes compagnons de galère ?

Mes patins sont morts de leur belle mort, paix à leur âme ! Ne me reste qu’une roue (avec le même jeu de roues, j’ai fait le Japon, Rennes-Moscou et la Roumanie, en plus de l’entraînement qui précède, soit plus de 10 000 bornes) et les godasses, complètement trouées et explosées.
Les potes ont connu des fortunes diverses, mais à ce jour je crois que chacun vit une belle vie. Exception de taille : l’amie Martine, qui est décédée brusquement, le jour de ses 30 ans. Ça nous a aussi rappelés qu’il faut profiter de chaque jour et que la vie est belle.
Pierre Surun, as-tu gardé le contact avec Dima, Lucie ou d’autres rencontres ?
La sortie de ce livre a été l’occasion de renouer le contact – toujours en Italien et par courriel – avec l’ami Dima. Lucie est montée en grade et travaille à l’ambassade de France à Moscou, du coup on a même pu la recevoir avec plein de potes de ce Rennes-Moscou, au printemps dernier en Bretagne. C’était vachement émouvant !
Pierre Surun, quel a été ton meilleur souvenir lié à ce raid ? Et le pire ?
Ça, c’est la question la plus difficile. Le pire, en fait, c’est sans doute un ensemble de petits ou grands problèmes, diffus et épars. Je crois que les difficultés à faire aboutir le projet, tant techniquement qu’administrativement ou physiquement ou humainement, m’ont rendu un peu cynique. Mais j’ai grandi, après tout. Le meilleur c’est sans doute quand après 6 semaines, 43 jours de patinage quotidien, 3 000 bornes de bitume et 8 frontières, malgré les emmerdes, les galères, les souffrances, les doutes, tu vois soudain devant toi le panneau « Moscou ». En vrai ! Putain, ça y est, tu n’en rêves plus, tu l’as fait, tu y es, c’est juste trop fort pour être expliqué.
Suivent la Roumanie, les U.S.A… le virus ne t’as plus quitté ?
Oui, mais pour la Roumanie nous sommes repartis en plus petit comité (quatre patineurs et quatre cyclistes. Trois ans plus tard, à cinq personnes, nous avons descendu la côte ouest des Etats-Unis, de Seattle à San Francisco. C’était il y a treize années, déjà ! Mais c’est vrai que depuis, je ne suis pas reparti pour un tel périple, ni moi ni aucun de la bande. Par contre, la sortie de ce livre a été l’occasion de retrouver tous les potes, de reparler de tout ça. J’ai vu les yeux briller, les copains s’enflammer… je me dis qu’en 2009, soit vingt ans plus tard, refaire un Rennes-Moscou entre quinquagénaires mais en direct (sans détour par la Scandinavie) et avec les patins actuels, c’est-à-dire les rollers en ligne, ça aurait de la gueule. Des amateurs ?

Des amateurs il y en a ! Suis-tu encore les raids qui se font ?
Pas du tout, et je le regrette ! Il a dû se passer mille choses formidables sur roulettes depuis une quinzaine d’années, et j’avoue humblement de pas en savoir grand-chose. Honte à moi, mais je ne demande qu’à me rattraper !
Et le matériel Pierre Surun ? En 15 ans, c’est peu dire qu’il a évolué et la discipline avec. Qu’en penses-tu ?
Effectivement, avec des patins en ligne j’estime qu’on va 30% plus vite qu’en quads, avec un effort similaire. Je doutais de cela, mais j’ai participé en juillet dernier à mes premières 24 heures du Mans. Quand j’ai vu des gars plutôt débutants, avec un style de chiotte, me passer sans difficultés apparentes, malgré mon entraînement sérieux et 36 ans de patinage dans les baskets, j’ai achevé de me convaincre. La sale impression de participer à une course de Formule 1 en 2 CV. Voilà, tu connais ma prochaine commande au Père Noël.
Pourquoi avoir tant attendu pour écrire ce récit ?
Ben tu sais, après ce voyage à Moscou je ne suis pas resté le deux pieds dans le même sabot roulant : la Roumanie, les USA, mais aussi un raid à ski de fond au-delà du cercle polaire en Laponie suédoise, un autre en Norvège… et puis le temps passe et tu commences à en avoir marre de radoter tes vieilles histoires à chaque fois que tu discutes avec quelqu’un, alors j’ai décidé de me poser un peu et d’écrire. J’ai un petit Paco de 6 ans et une Marie de 8 ans, à qui je devais bien ça. Je me suis fixé pour objectif de finir le récit le jour du quinzième anniversaire de ce périple, mission accomplie, après une année pour remettre le grappin sur les copains de l’époque, éparpillés au 4 vents : Toni est à New-York, Harold en Guadeloupe, Jean-Jacques à la Réunion, etc. Puis, il a fallu écrire, remettre bout à bout les pièces du puzzle, plus ou moins dissimulées au fond des mémoires des uns et des autres. C’est du boulot, je t’assure ! Mais je me suis vraiment pris un pied terrible.
Et ton premier bouquin Pierre Surun, Japatin, est-il encore disponible?

Malheureusement non, je ne suis même pas sûr qu’il m’en reste un exemplaire à la maison. C’était un simple livre de bord, un peu repris pour le rendre compréhensible pour tout un chacun. Du « franco de port », quand même, pas exactement de la littérature de haute volée, par contre il fleurait bon le vécu !
Pierre Surun, qu’est-ce que cette aventure russe a changé dans ta vie ?
Franchement, je range ce raid comme la plus grande expérience de ma vie. Enfin, pour l’instant : je ne suis pas mort ! Je pourrais dresser une longue, une très longue liste de ce que ça m’a apporté, et de ce qu’il m’en reste encore aujourd’hui, quotidiennement. Mais pour n’en garder qu’une, je dirais : croire en ses rêves, savoir qu’on peut les réaliser. Tu sais, on est partis de Rennes affronter toute l’Europe d’ouest en est avec une équipe de branquignols dont 3 patineurs débutants, sans une aide, sans assistance, sans un sou et même sans avoir les autorisations. Nous n’avons reçu nos visas soviétiques qu’en arrivant au Danemark ! Si nous avions attendu que tout soit prêt pour nous lancer, nous serions encore en ce moment à Rennes… Alors je sais maintenant que quand tu rêves de quelque chose, faut y aller, faut se lancer et y croire, et surtout dans la vie, ne pas attendre que tout soit sous contrôle pour se bouger le cul. Comme le chante Brel :
« rêver un impossible rêve, porter le chagrin des départs, brûler d’une possible fièvre, partir ou personne ne part : telle est ma quête, suivre l’étoile »…
Jacques Brel
Le livre « Roulettes Russes » de Pierre Surun

Note de 8wd : Le livre « Roulettes Russes » est le récit du raid de Pierre Surun et de ses compagnons. Réalisé en 1989, on est surpris par l’enthousiasme et le volontarisme de toute cette équipée. Certes, les adeptes du raid retrouveront avec émoi ces sensations uniques de libération de l’esprit, qui semblent intemporelles. Mais surtout, les étapes de 100 km en quad, dans le vent ou sous la pluie, en terres inconnues, font de ce raid une aventure hors normes. A travers des mots bien à lui, Pierre Surun, nous intègre à la joyeuse bande pour faire défiler les kilomètres, les rencontres et les réflexions. A lire de toute urgence…
Informations complémentaires sur l’ouvrage de Pierre Surun
- Récit de Pierre Surun
- Editions « du soleil dans la tête »
- Préface de Julos Beaucarne
- Dessin de couverture : Christian Gasset
- Prix : 15 Euros + 2,85 Euros de frais de port
- 214 pages
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3 octobre 2009 at 16 h 35 minMONICa
26 juillet 2009 at 17 h 08 min