Interview de Daniel Mihalcea, patineur au long cours

Par | Publié le 19 avril 2016 | Mis à jour le 3 novembre 2020 | Catégories : Toutes Raid & longue distance | Sous-catégories : Interviews roller | 2747
| Tags : Daniel Mihalcea roller Daniel Mihalcea interview Daniel Mihalcea

Voilà quelques jours, Daniel Mihalcea s’est lancé dans un périple de 2000 km en roller entre Berlin et Nice. Equipé d’un chariot et d’une paire de patins à grandes roues, il patine pour la bonne cause. Rencontre au fil des kilomètres…

interview daniel mihalcea small

Rencontre

L'aventure de Daniel à commencé le samedi 16 avril à la gare de Nice à 6h30 du matin

Bonjour Daniel, peux-tu te présenter ?

Bonjour, je suis informaticien, j’ai 35 ans. Je pratique le roller par passion. J’ai fait du roller pour la première fois à 21 ans. Cela faisait un moment que ça m’attirait. J’ai essayé et je n’ai jamais pu décrocher.
J’aime cette sensation de liberté. Par rapport au vélo, on a juste les roues sous les pieds, on est en contact direct avec la route. Cela permet d’aller vite.

Tu as déjà essayé d’autres disciplines ?

J’ai commencé doucement par les randos. J’ai vu que la vitesse existait. Je m’y suis intéressé, j’ai acheté des rollers adéquats. Les clubs sont soit à Cannes, soit à Fréjus. Je fais des entraînements avec eux, mais surtout de mon côté.

Comment t’entraînes-tu pour la longue distance ?

Je me débrouille pour aller à Cannes ou à Fréjus pour m’entraîner avec les amis, sinon je suis tout seul. Il m’arrive de regarder des vidéos sur Internet ou de lire de la documentation.
La première vidéo que j’ai vu c’est « Destination Speed » avec Christophe Audoire et Salomon. J’y ai découvert la double poussée. J’ai essayé de faire comme dans la vidéo, au début ce n’était pas efficace, mais finalement ça marche, ça vient progressivement.

Je roule beaucoup sur route ouverte. Pour le défi que je me suis lancé, ce n’est pas une mauvaise chose. J’ai l’habitude de partager l’espace avec les véhicules. ça m’a appris à ne pas me faire écraser ! Sur la côte d’Azur, on a des endroits magnifiques pour patiner et une météo plutôt favorable mais pas grand monde qui roule finalement. Dans le nord ils roulent beaucoup en comparaison.
Sinon, Traverser l’Esterel à roller, c’est magnifique !

Présentes-nous ton projet pour cette année…

Je suis parti de Berlin pour arriver chez moi à Nice. Je me suis donné 28 jours pour le faire et au cours de ce périple, je soutien l’association Handicap International. Je parle de cette association, je récolte des fonds via une page Internet. J’ai choisi Handicap International car j’y ai donné des coups de main en tant que bénévole, j’ai sympathisé avec l’équipe. Je me suis dit que ce projet était une bonne idée pour les soutenir.

Devant la porte de Brandenbourg avant le départ

Comment as-tu déterminé ton parcours ?

J’ai tracé un parcours sur Google Maps mais je le modifierai si besoin. Il me sert de base mais il peut évoluer en fonction du contexte, je n’ai pas pu tout repérer. C’est compliqué sur de si longues distances. Certains endroits semblent bon. Parfois, des routes disparaissent subitement et on se retrouve sur de la terre. ça fait partie de l’aventure.

Je pars pour 2000 km en 28 jours, ça fait des étapes de 85 km par jour en moyenne. Sur le parcours total, j’ai 10.000 m de dénivelé positif d’après Google Maps. J’ai privilégié les grandes villes pour avoir plus de chance de croiser des gens. J’ai évité les Alpes qui sont assez dures à monter. J’ai un frein sur mon chariot au cas où pour la descente. Sur mon précédent défi. Je me suis retrouvé à descendre une colline sous la pluie. Le frein est un plus !

Je privilégie les villes pour trouver plus facilement où dormir. Sur mon site, j’ai mis les étapes que je pense faire.

J’ai prévu des jours de pause en cas de besoin, pour faire tampon si j’ai du retard. Dans certaines villes, des personnes souhaitent m’héberger.

Devant la porte de Brandenbourg avant le départ

Parles-nous de ton engin de portage…

Je pars avec un chariot fait maison : une fourche de BMX avec un guidon de trottinette. Un ami me l’a fabriqué. Il travaillait à l’ancienne boutique de roller de Nice. On a adapté un porte bagage de vélo classique dessus et par rapport à la précédente édition, j’ai bricolé un peu pour mieux l’équilibrer et répartir le poids.

Je n’ai pas encore pesé, je dois être aux environs de 25 kg. J’y ai mis une tente, un duvet très chaud car il va faire froid, un tapis de sol, des réserves de nourriture quand je ne trouverai pas à manger où je suis, de l’eau, un dispositif de filtrage d’eau pour faire de l’eau potable, des panneaux solaires pour charger le téléphone. Si ça fonctionne bien, je transmettrai ma position et mon trajet en temps réel. Ah oui, j’ai également une couverture de survie et une trousse de secours, ainsi que des pièces de rechange pour les rollers. Pour mon chariot, j’ai trouvé une astuce pour ne pas avoir besoin de chambre à air grâce à un pneu plein à structure alvéolaire. Pas besoin de pompe ! J’ai des vêtements plus ou moins chauds selon la météo, mon casque évidemment. Une seule paire de roller.

A mon premier défi, j’avais pris beaucoup de roues de rechange, je me suis rendu compte que ça ne s’use pas si vite que ça. Sur un raid, ça n’a pas la même importance que sur une course. Je pars en 125 mm.

Devant la porte de Brandenbourg avant le départ

Quel modèle de roller as-tu choisi ?

Daniel à l'entraînement près de chez luiC’est un patin Powerslide Grand Prix en carbone 3×125 mm. Je pars avec des roues One20Five en H2 pour avoir une bonne accroche sur le mouillé. C’est une roue polyvalente. La perte de performance de la gomme tendre n’a pas une grande importance, je ne suis pas en course. L’intérêt du patin que j’ai choisi : avoir la cheville maintenue. Pour avoir eu des patins bas, je me rends compte que les chevilles fatiguent, là je serai plus à l’aise.

Rencontres-tu le soutien des patineurs ?

Oui, les gens qui ne connaissent pas comme ceux qui connaissent m’ont encouragé.

Qu’as-tu mis en place pour ta communication ? Les médias semblent s’intéresser à ton aventure…

J’ai communiqué dans un premier temps sur Facebook puis j’ai commencé à rentrer en contact avec quelques médias locaux. Sur Lyon, au siège, Handicap International m’a aidé. Ils ont contacté des journalistes. Idem à Bruxelles où Handicap International a prévu la presse. Même chose à Berlin avec une équipe qui était présente à mon départ, pour m’encourager, me dire au revoir.
J’ai beaucoup communiqué avec le club de Gap, notamment avec Thierry Feutrier qui va m’héberger.
Handicap International est aussi en contact avec des clubs à Dijon qui vont me soutenir.

Pourquoi cette date ?

Je suis parti à cette date là parce qu’une semaine avant, il y a eu le marathon de Vannes et une semaine après mon raid, il y a le marathon de Rennes, c’est mon seul créneau jouable sans rater une course ! Je le fais pour le plaisir, pas grave si je baisse dans le classement des courses. Je me suis davantage préparé au raid qu’aux marathons.

On sait que les patineurs ne sont pas toujours bien vus sur la chaussée. Comment vois-tu tes relations avec les forces de l’ordre ?

Je n’appréhende pas trop les relations avec les forces de l’ordre. Je n’ai pas eu à faire à elles lors de mon prédécent défi. J’y vais en considérant que je suis un piéton. Si le trottoir n’est pas praticable, je prends la route !
Le fait que je pousse un chariot m’aide à avoir ma place sur la chaussée. En Allemagne, les gens apprécient le roller, la mentalité est favorable. J’essaie de ne pas trop gêner les autres usagers. J’ai un rétroviseur sur mon chariot. Lorsque j’ai fait mon premier essai, je voyais derrière, je serrais pour ne pas gêner les camions, ça aide à ma sécurité.

Tu souhaites ajouter quelque chose ?

Quand les gens me voient équipés comme ça, ils se doutent de ce que je fais. Ils s’arrête à mon niveau, m’encouragent. Je me suis fait un T-Shirt et une veste avec une présentation de mon raid Nice-Berlin en roller pour soutenir Handicap International, ça aide à savoir ce que je fais.

Bonne chance pour ton aventure !

Les étapes

Les étapes de Berlin Nice

Vidéo bande annonce

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Photos : Daniel Mihalcea
et Handicap International

Auteur

Alexandre Chartier

''alfathor''

Alexandre est le fondateur et webmaster de rollerenligne.com depuis 2003. C'est un passionné de roller en général, tant en patin traditionnel qu'en roller en ligne. Il aime le patinage à roulettes sous tous ses aspects : histoire, économie, sociologie, évolution technologique... Aspirine et/ou café recommandés si vous abordez un de ces sujets !

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