Pourquoi le patin à essieux évince les roues alignées au 19e siècle
Vous êtes vous déjà demandés pourquoi les patins traditionnels avaient à ce point supplantés les patins à roues alignées à la fin du 19e siècle ? C'est le genre de questions auxquelles l'équipe de REL adore chercher des réponses...
Par alfathor

Le patin traditionnel à essieux éclipse le patin à roues alignées en quelques années
Quad ou inline ? Il est parfois difficile de choisir, même encore aujourd’hui ! La question se pose sans doute depuis l’invention du patin traditionnel à essieux directionnels par l’américain James Leonard Plimpton en 1863. En effet, en diffusant ses modèles à travers le monde, Plimpton fut sans doute à l’origine d’une des plus grandes modes du patinage à roulettes de l’histoire. A tel point que le patin à roues alignées, né plus d’un siècle auparavant dans l’esprit de Jean Joseph Merlin, s’effaça durablement du devant de la scène. Il ne disparut pas pour autant mais force est de constater qu’il n’avait plus les faveurs du grand public.

Comment expliquer le recul du patinage en ligne et l’essor des patins traditionnel à essieux ?
Selon nous, la raison du déclin du patinage en ligne à la fin du 19e siècle est multifactorielle. Précisons ici que nous ne ferons qu’émettre des hypothèses qu’il vous reviendra de discuter et de contre-argumenter. Diverses raisons techniques et technologiques se conjuguent.
Le manque de maintien latéral des patins à roues alignées
Tout d’abord, un patin en ligne est conçu dans l’esprit d’un patin à glace, à savoir avec des roues assez fines positionnées en une rangée. Mais contrairement à une lame de glace qui peut être relativement basse sous la chaussure, un patin en ligne nécessite un diamètre de roue suffisant pour passer les obstacles. Il faut donc augmenter la taille des roues et rehausser la plateforme. Et par conséquent, augmenter la hauteur du centre de gravité. Lorsque le patin est plus haut, la cheville travaille davantage latéralement. Il faut donc accroître le maintien latéral. Or, à l’époque, hormis avec les systèmes d’éclisses tels qu’inventés par Garcin (ci-dessous), les patins manquaient terriblement de soutien à la cheville.

Des matériaux inadaptés à la glisse
D’autre part, même si vous résolviez le problème de la tenue de cheville, il restait un inconvénient de taille : le confort de glisse et l’adhérence au sol. En effet, la plupart des patins de cette période se composaient de cuir pour la tige, de bois et/ou de métal pour le plateforme et les roues. Leurs roues adhéraient mal sur le sol et les chutes étaient donc fréquentes. De plus, il s’avérait également difficile de tourner. Bref, les patins à roues alignés du 19e siècles étaient bien loin de ceux d’aujourd’hui en termes de matériaux, même si leur design restait assez similaire.
Les patins traditionnels : plus sécurisants et plus accessibles à l’époque
Ces inconvénients ouvrir naturellement la voie aux patins traditionnels. la répartition des roues en « carré » apportait la stabilité qui manquait aux patins en ligne. Les essieux, quant à eux, facilitaient la prise de virage, tout en gardant l’ensemble des roues au sol. Ensuite, la surface des roues, plus larges, offrait une meilleure adhérence au sol. Enfin, cette fameuse répartition des roues en carré ne sollicitait pas la cheville latéralement comme pouvait le faire les patins à roues alignés. Ainsi, les patins traditionnels firent la différence par leur simplicité d’utilisation.

L’arrivée du patin traditionnel signifie-t-elle pour autant la mort du patin en ligne ?
Les multiples perfectionnements du patin traditionnel signifiaient-t-il pour autant la fin du patin à roues alignées ? Pas tout à fait. Si le patin à essieux a largement dominé les skating rinks pendant plusieurs décennies, son prédécesseur en ligne a tout de même perduré. Les patineurs à glace restaient sans doute ses principaux utilisateurs, ne serait-ce que pour retrouver la sensation de la « lame ». Des fabricants comme JPB Jr (Allemagne) proposaient indistinctement des modèles dans les deux configurations.
L’analyse des dépôts de brevets confirme cette tendance. Environ 400 brevets de patins à roulettes furent déposés entre 1860 et 1884 aux Etats-Unis. Sur 134 brevets analysés :
- 3 portaient sur des roues
- 4 concernaient des patins convertibles
- 5 des patins cycles
- 5 avec les roues réparties en triangle
- 19 des modèles hybrides entre patins traditionnel et patin en ligne, avec par exemple des roues réparties en losange
- 21 des patins à roues alignés
- 77 des patins à essieux

Notons au passage que la dichotomie quad/inline n’était pas aussi prononcée durant cette période. Les inventeurs tentaient de multiples expériences de répartition des roues afin de trouver une configuration idéale : en losange, en triangle, à une deux, trois, quatre, cinq, voire six roues ou même davantage.
Quelles innovations technologiques permirent au patin à roues alignées de revenir sur le devant de la scène ?
Dans les années 1960, survirent les premiers dépôts pour des patins à roulettes réalisés à base de matière plastique. Puis, dans les années 1980-1990, la création de l’uréthane puis du polyuréthane redonnèrent un nouvel élan au « roller ». Ces matériaux accompagnèrent la mode du roller dans les années 1990-2000.
Le roller « quad » ou patin traditionnel à essieux en embuscade
Puis, le quad revint sur le devant de la scène dans les années 1970 avec le phénomène disco, ensuite avec la pratique du roller derby à partir de 2009 et avec la roller dance durant les confinements… A chaque époque, les deux types de patins coexistent, avec l’un ou l’autre sur le devant de la scène.

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