Micajah C. Henley (Etats-Unis) – des patins dans l’écurie à l’empire industriel
Micajah C. Henley a su prendre la suite de Plimpton aux Etats-Unis. Il a contribué au perfectionnement des patins traditionnels. Loin de se limiter au patin à roulettes, son empire s'est progressivement étendu à d'autres industries...
Par Vernon SULLIVAN

Biographie de Micajah C. Henley (1856-1927)
Henley était un inventeur et industriel américain basé à Richmond (Indiana, USA). Il naquit le 24 juin 1856 et mourut le 9 juin 1927. Micajah C. Henley fut également connu sous le pseudo de « roi du patin à roulettes ».
Ses ateliers pouvaient produire jusqu’à 2000 paires de patins par jour. Il Henley fit grandir son activité commerciale d’une petite dépendance à l’arrière de la maison de ses parents à une grande usine moderne employant plus de 300 personnes.

Une tradition familiale dans le bois
Sa vie semble respecter l’image que l’on se fait du rêve américain : de son garage, Henley a fait grossir son affaire jusqu’à devenir une grande usine moderne. Il aurait fait partie des leaders du marché du patin à roulettes dans les années 1890. Avec Levant Marvin Richardson, il est devenu l’un des principaux concurrents de James Leonard Plimpton à la fin du 19e siècle.
Henley dans la lignée de Plimpton
A l’origine, Henley voulait avant tout aider ses parents à développer leurs ventes de bois et faire travailler leur menuiserie. Quand le brevet de Plimpton de 1863 expira, il y vit une opportunité de combiner son intérêt pour le patin à roulettes et d’accroître le chiffre d’affaire familial. Henley se mit donc au travail dans l’écurie de son père située au 309 N 14th Street, à Richmond.
Les premiers modèles possédaient donc des roues et une plateforme en bois complétées par un système de serrage de sangles en toile. Il confia le tournage des roues à ses 5 soeurs qui apprirent le métier et se mirent à l’ouvrage.
Par la suite, Henley réalisa plusieurs tests pour obtenir des roues plus légères et plus solides pour ses patins. Il opta finalement pour de la fibre de buis turc, qu’il importa en grande quantités. Ces roues s’avérèrent plus durables et rentables que les précédentes.

Un lieu de pratique dédié et innovant
Dans la même logique que Plimpton avec ses skating rinks à New-York ou Newport, Henley conçut également des lieux de pratiques. Il les dota notamment d’un plancher en bois. Ainsi, dans chaque ville où il s’installait, les équipes locales pouvaient participer à des courses de patins à roulettes. Il construisit sa première piste de patin à roulettes à l’angle de la North 7th et de la 8th rue sur Saylor Street, Richmond (Indiana) à Richmond (Indiana). Il la nomma « The Coliseum ». Lorsque le nettoyage des poubelles sous les bancs des spectateurs devint une nuisance, il breveta la « chaise Coliseum », un siège qui se soulève pour faciliter le nettoyage du sol, comme on en rencontre souvent aujourd’hui.
Quelques ouvrages
Henley publia également un livre de règles pour le roller skate Polo, l’ancêtre du rink hockey et du roller hockey. Il écrivit aussi un fascicule avec 16 règles pour « patiner avec votre chérie ».
Les affaires florissantes de Micajah Henley
Grâce à la qualité de ses produits et à une publicité efficace, son business connut une expansion impressionnante. Il agrandit l’écurie à 5 reprises pour accroître sa capacité de production. En 1880, il acheta la maison au 201 N 14th Street et doubla l’espace de sa boutique en y incluant la remise.
Les brevets et les améliorations de Henley
Henley déposa de nombreux brevets dont deux majeurs concernant le roller en 1880 et 1881. Les patins de Henley ont été les premiers à bénéficier d’une tension ajustable à l’aide d’une vis, l’ancêtre du mécanisme « kingbolt » des rollers contemporains. Plusieurs de ses brevets visaient à améliorer la prise de virages.

Quand le fabricant de Chicago J.H. Fenton Co. sorti un patin équipé d’une sangle sur les orteils et d’un talon en fonte, la société Henley commença à moderniser ses produits. Jusqu’alors, les pieds des patineurs étaient attachés aux patins Henley par un fond en bois avec des sangles devant et derrière. La structure de bois fut remplacée par une voute plantaire en métal et les courroies ont fait place à un sustème de serrage par des colliers ajustés à l’aide d’une clé… alors que les sangles des patins de son concurrent Fenton devaient se serrer à l’aide d’un tournevis.
Adepte de la petite reine, son neveu M.C. Henley lui suggéra d’utiliser des roulements à billes Babbitt plutôt que des roulements classiques dans les roues qu’ils brevetèrent en 1884. La demande de produit fut exponentielle. Il construisit alors une grande usine de deux étages sur N 16th Street, qui occupait la plus grande partie d’un pâté de maisons. Ainsi naquit le Henley Bicycle Works. Les trois bâtiments étaient toujours debout en 2017.
Liste de quelques brevets de Henley
- 234,404 (16 novembre 1880)
- 245,950 (23 août 1881)
- 285,484 (25 septembre 1883)
- 320,392 (16 juin 1885)
- 446,448 (17 février 1891)
- 518,995 (1er mai 1894)
- 755,133 (22 mars 1904)
L’empire de Micajah Henley s’étendit bien au delà des « roller skates »
Henley était fasciné par la vitesse. Il soutenait des équipes de coureurs cyclistes. Il possédait également des chevaux de course. Au delà des patins à roulettes, son usine de Henley Bicycle Works fabriqua des bicyclettes, des trottinettes, des meubles de jardin ou encore des balançoires , des machines à travailler le fer, divers, outils comme des machines à aléser, à fraiser et à visser utilisées dans la fabrication du bois. Il produisit même des compteurs de gaz, des machines de clôture et des tondeuses à gazon. La société a également fourni des services de nickelage. Une très grande diversification qui assura la pérennité de l’entreprise.

Henley vécut au 201 N. 14th Street à Richmond. Les frères Wright, des associés, vécurent au 211 N. 14th Street, à deux maisons de là. Henley vendit son premier vélo à Wilbur pour 10$. Les frères Wright comprirent l’intérêt du vélo et cessèrent leur activité de fabrication de cerfs-volants qu’ils fabriquaient dans la remise de leur père pour se consacrer à la production de bicyclettes.
En 1904, Henley élargit son entreprise et ouvrit une branche automobile. Il a construisit une agence automobile et un garage de service sur Main Street, où il a commença à vendre et à entretenir des véhicules. En 1906, il vendit l’entreprise (l’Auto Inn) et loua la partie immobilière à une entreprise nommée Draper & Whitsell.
Une concurrence locale !
La ville de Richmond a connu un autre fabricant : en 1882, the Phillips, Marchant Co. situé au nord sur la « E » Street entre la 10th et la 11th rues fabriquaient également des patins à roulettes. Trois autres fabricants auraient vu le jour, mais Henley n’avait plus de concurrents après 1888.
La succession de Henley
Quand Henley décida de prendre sa retraite, il laissa les rênes de l’entreprise à son beau-frère John Williams. L’usine continua de produire pendant quelques années mais aucune paire de roller n’est sortir des lignes de production pendant la période de 1941 à 1945, parce qu’il ne s’agissait pas de produits indispensable à l’effort de guerre.
L’intérêt pour le roller persista à Richmond durant les années 40 mais de façon bien moins intense avec l’avènement du vélo et de l’automobile. Les deux patinoires à roulettes de la ville restaient assez fréquentées. Malheureusement, le skating rink « Coliseum » de Micajah Henley fut détruit par un incendie le 2 janvier 1944. L’endroit fut ensuite transformé en parking, puis en un petit parc aquatique. Le second rink, le Rollarena, situé au 1522 East Main Street, continua de fonctionner jusqu’en décembre 1948.
Allez absolument voir les photos du patin Henley en parfait état sur le site du CS Brétigny.

Pour aller plus loin
Voir la fiche de Henley sur Wikipedia (en anglais)
Des informations sur la vie de Henley sur waynet.org (en anglais)