La rengaine du gratton – chapitre 02
La semaine dernière, vous avez accompagné Jef dans la préparation de son voyage vers le sud de la France en roller. Aujourd'hui, il chausse les patins et se lance dans la première étape...
Par alfathor

Chapitre 2
5h30 du matin. La sonnerie stridente du réveil tire Jef d’un sommeil sans rêve. Encore assoupi, il s’étire longuement et se masse le visage avant de s’asseoir quelques secondes sur le bord du canapé. Il se lève dans l’obscurité et se dirige mécaniquement vers les toilettes. Il jette un œil à la météo du jour sur son portable : une température comprise entre 15 et 25°C et un ciel dégagé pour la journée, un temps idéal pour le roller. Au milieu des spams, la boite mail affiche un message de Cassandre. Il attendra. Elle a toujours préféré la communication écrite. A croire que les relations épistolaires lui conviennent mieux que les échanges de vive voix. La colère se mêle à la lassitude et à l’exaspération. Trop de sentiments mêlés. Il respire profondément pour évacuer ses mauvaises pensées et faire le vide. « J’ai d’autres chats à fouetter » pense-t-il.
Tracer sa route, voilà son seul but, son exutoire. Il ferme les yeux pour mieux se concentrer sur les ultimes préparatifs de son voyage. D’abord prendre un semblant de petit déjeuner. Il remplit la bouilloire pour se faire un thé puis se dirige vers le réfrigérateur dont il extrait un reste de riz au lait et un fond de confiture. Un quignon de pain gît sur la table, cela fera l’affaire pour l’instant. Il sera toujours temps de s’arrêter dans une boulangerie sur la route. Jef jette un œil à l’extérieur : l’horizon se teinte déjà de rose. Le soleil n’est pas encore levé. Il scrute les rues alentour pour y déceler la moindre trace d’humidité. Rien à signaler, le sol semble parfaitement sec. Parfait, il pourra rouler sans s’inquiéter des pertes d’adhérence. Le sifflement de la bouilloire le tire de ses pensées. Il ouvre prestement un sachet de thé qu’il accroche à l’anse dans son mug à moitié rempli. Le contenu vire déjà au brun. Il enlève le sachet puis rallonge le breuvage avec un peu d’eau froide du robinet afin de le boire plus vite. Il lui tarde de partir. Dans l’entrée, les patins l’attendent, déjà tournés vers la sortie. « On va faire une sacrée balade les gars ! » se dit-il en esquissant un sourire. Sans prendre le temps de s’asseoir, il trempe son pain confiture qu’il avale en deux bouchées, engloutit le yaourt à grandes cuillerées et dévore une banane solitaire qui restait dans le panier à fruits.
Il file vers la salle de bains pour se rafraîchir avant de se mettre en tenue. Exit le caleçon, le maillot de bain boxer sera bien plus adapté aux longues heures de patinage. Il se glisse ensuite dans la combinaison jaune et noire offerte par son entraîneur des années auparavant ; la tenue d’une équipe mythique qui fait encore rêver nombre de patineurs aujourd’hui, vestige d’une époque révolue où la course avait l’attention des médias et où les marques investissaient encore dans leur image. Les logiques financières ont pris le pas sur la passion, malgré les bénéfices. Ils n’étaient probablement pas encore assez juteux aux yeux des actionnaires. Le Lycra élastique s’ajuste presque parfaitement. Il flotte un peu plus qu’à l’accoutumée au niveau des côtes. Ces derniers mois n’ont pas été faciles et l’appétit n’a pas toujours suivi : 5 kg de moins sur la balance. Trop maigre selon Cassandre. Ses commentaires répétés ont ruiné le peu de confiance que Jef avait encore en lui-même. Il faut croire que les sacs d’os n’ont pas la cote auprès des femmes. En tous cas, son rendement sur les patins n’a jamais été aussi bon.
Jef se pose sur le canapé le temps d’enfiler son casque et ses maniques puis d’ajuster ses rollers. Il tend soigneusement ses chaussettes pour enlever le moindre pli susceptible de créer une ampoule. Puis il règle lentement les patins en les serrant de bas en haut. D’abord les lacets, œillet par œillet, puis la première boucle micrométrique du cou-de-pied et enfin la seconde à la naissance du tibia. Il se lève pour étaler le pied dans la coque, teste le confort, joue un peu sur les carres de ses rollers, teste la tension des lacets et réajuste les boucles micrométriques. Tout semble en bon ordre.
Il roulotte sur la moquette, saisit son sac à dos au passage, ouvre la porte de l’appartement, la referme sans faire de bruit, donne un tour de clé. C’est fait ! Le voilà enfin dehors.
Paradoxalement, ses épaules s’allègent alors qu’il file à travers les couloirs déserts en ajustant son sac à dos. Il presse le bouton de l’ascenseur… rien ne se passe. En panne une fois encore ! Il va falloir descendre les dix étages à roller, hors de question d’enlever les patins. Jef attaque les marches de face en canard, calant ses talons sur l’arrière et s’assurant avec la main courante. Le tac-tac des rollers résonne dans la cage d’escalier. Raté pour la discrétion !
Les étages défilent. Jef se concentre pour rester vigilant malgré le rythme hypnotique de la descente. Alors qu’il atteint le premier étage, une porte s’entrebâille sur le palier. Un visage fripé et souriant entouré d’un hijab se dessine dans l’encadrement. Les yeux doux et malicieux de Fatima interrogent Jef : » Où vas-tu donc à cette heure ? Tu as trouvé un nouveau travail ? « .
« Non, je pars dans le Sud, voir mon grand-père » lui répond Jef.
« Et toi, tu y vas comme ça, tout seul sur tes patins à roulettes ? » lui demande Fatima incrédule.
« Oui, j’en ai besoin, ne t’inquiète pas, j’ai l’habitude. » tente de la rassurer Jef.
« Attends. Ne bouge pas. Je vais te chercher quelque chose » dit Fatima. Elle disparaît derrière la porte. Il entend ses pas qui s’éloignent avant de revenir une minute plus tard. Elle lui tend un petit pendentif argenté. Jef reconnaît une Croix d’Agadez. « C’est pour te porter chance sur la route » précise-t-elle.
« Merci beaucoup Fatima » répond Jef, touché. « Je te le rendrai en revenant ».
La porte se referme silencieusement alors qu’il noue le présent sur sa nuque. En descendant les dernières marches, il se remémore les moments passés avec la famille de Fatima : les jeux au pied de l’immeuble avec son fils reparti au pays, ses filles opiniâtres qui ont réussi leurs études universitaires, la fierté de leur mère. Elle a sué sang et eau pour leur offrir un avenir en France, à enchaîner les ménages, de jour comme de nuit si nécessaire. On ne décèle aucune trace d’amertume en elle malgré une existence rude passée au service des autres : toujours un mot gentil pour les voisins, toujours une attention. La seconde maman des gosses du quartier, petits ou grands.
Jef débouche enfin dans le hall de l’immeuble. Le soleil rasant du matin entre à travers les baies vitrées au bout du couloir. Ébloui, il se laisse rouler jusqu’à la sortie du bâtiment, le temps que ses yeux s’habituent à la lumière.
La fraîcheur de ce début juin enveloppe ses jambes et ses avant-bras dénudés alors qu’il pousse la porte du hall. Première foulée. Les patins l’arrachent à la terre. Jef contient son euphorie alors qu’il file sans forcer sur les trottoirs déserts de la ville encore endormie. « Bon sang que ça fait du bien ! » exulte-t-il intérieurement. Il savoure l’indicible sensation d’échapper à la gravité et à la lourdeur du statut de piéton. Il atteint rapidement les bords de la N10 qu’il va suivre pendant une quinzaine de kilomètres avant la bouffée d’oxygène de la forêt de Rambouillet.
La route de Chartres n’offre pas un panorama inoubliable. Jef se faufile sur une piste cyclable crevassée longeant de la deux fois deux voies. Il passe la gare de triage ceinturée de vieilles palissades en béton, comme si le temps s’était arrêté après-guerre. Puis il arrive dans la zone industrielle. La piste cyclable se transforme en trottoir. La vigilance s’impose pour ne pas trébucher. Il cale sa foulée sur le rythme des intervalles entre les fissures. Il franchit le panneau de sortie de ville. » Bye bye Trappes ! « . Les hôtels de passage succèdent aux chaînes de restaurants bon marché. A l’approche d’Elancourt, la piste se rétrécit à une largeur d’épaule. Il réduit les foulées. La verdure environnante se macule des couleurs criardes des panneaux publicitaires. Jef traverse la bretelle d’accès vers Elancourt, puis celle de Maurepas, avant d’atteindre la zone commerciale de Coignières. Les innombrables enseignes succèdent aux immenses parkings. La nature n’a pas sa place dans ces enchevêtrements anguleux de béton, de bitume et métal. La société de consommation dans toute sa laideur.
Jef ne s’attarde pas. Il accélère le pas et emprunte les larges contre-allées pour gagner un peu de temps. Les rangées de platanes proches indiquent la sortie de ce lieu sans âme. Il trouve une petite route qui l’emmène au milieu des champs, un contraste saisissant qui sonne comme une bouffée d’oxygène. La civilisation perd enfin du terrain.
Après une vingtaine de minutes, il entre dans le hameau des Essarts-le-Roi. Ce nom lui évoque ces weekends d’automne où il partait cueillir des champignons avec son père.
La quiétude de la zone résidentielle endormie n’est troublée que par le bourdonnement alternatif des roulements. Déjà, les habitations se clairsement. Il aperçoit l’orée de la forêt de Rambouillet au bout d’une longue ligne droite en rase campagne. Une bande d’enrobé très étroite a été construite à même le champ sur le bas-côté de la route, bien trop exiguë pour l’amplitude de mouvement d’un patineur. Jef décide de rester sur la départementale déserte. Il se lance dans la grande ligne droite qui le sépare des premiers arbres en travaillant sa technique. Le sac à dos bien sanglé ne bouge pas malgré le mouvement pendulaire de son corps. Il se baisse pour imprimer plus de force dans ses appuis, rallonge ses foulées et ramène davantage le patin sous son centre de gravité. La vitesse s’accroît progressivement sans effort ni hausse de fréquence ; la magie du transfert de masse opère et l’enivre alors que le vent accélère sur ses tempes.
Les frondaisons l’avalent. Il file à bonne allure en direction d’Auffargis. Jef se relève alors qu’il aborde la première descente de son voyage. Il écarte les bras pour offrir davantage de prise au vent. La route sinueuse a piégé de nombreux cyclistes à cet endroit. Elle s’agrémente d’une série de virages ludiques pour les descendeurs bien équipés mais il ne faudrait pas perdre l’adhérence sur une plaque d’humidité avec un Lycra pour simple appareil. Le bas de la cuvette approche, il se laisse rouler pour s’économiser et remonter sans effort du côté opposé.
Les villages coquets du Sud des Yvelines s’enchaînent au fil des vallons. Il croise plusieurs pelotons de cyclotouristes matinaux. Certains le regardent d’un oeil surpris et le questionnent sur son matériel. D’autres, goguenards, changent de braquet pour tenter de le semer, comme pour affirmer leur supériorité du haut de leurs grandes roues. Jef ne se formalise pas et profite de l’aspiration, un sourire au coin de la bouche. En général, un « bonjour » ou un signe de la main amical suffisent à nouer le contact et à détendre l’atmosphère.
Il marque une courte pause le temps de s’hydrater et d’avaler une barre de céréales. Il a déjà parcouru près de 25 kilomètres en un peu plus d’une heure, un bon rythme ! Pour l’instant, aucune douleur ne se fait sentir dans les patins, pas de frottement non plus, ni point de pression. Pourvu que ça dure !
Jef vérifie sa position sur la carte puis fait le point sur les prochaines routes à emprunter. Jusqu’à maintenant, il a évolué en territoire familier mais Il atteint désormais aux limites des espaces explorés par ses chères roulettes. Encore quatre ou cinq kilomètres dans le cocon de la forêt et les immenses plaines de la Beauce s’étendront face à lui, après Orcemont et Orphin. Les adeptes d’endurance des clubs parisiens ont régulièrement arpenté cette zone durant leurs raids vers Chartres, Orléans ou encore Châteauneuf. Jef adorait les suivre dans leurs périples mais le travail dominical en a souvent décidé autrement.
Alors que la forêt s’éloigne derrière lui, Jef s’aventure sur les plaines pelées du grenier à grain de la France. Les champs de céréales s’étendent à perte de vue, ponctués çà et là de fermes isolées. Le ruban d’enrobé s’étire en une ligne droite infinie vers l’horizon. Le revêtement de la chaussée, plutôt lisse jusqu’alors, fait place à un gros grain bien rugueux qui fait vibrer tout le corps à chaque foulée. On croirait des cailloux affûtés tant leurs angles sont acérés ! « Les gars de la D.D.E. ne doivent pas être patineurs » pense-t-il. Qu’importe, le gratton fait partie du jeu. Il faut prendre son mal en patience et aborder les portions au fil des kilomètres : 10 kilomètres jusqu’au prochain village, puis encore 12 jusqu’au suivant. Il se félicite d’avoir opté pour une coque confortable plutôt que pour une paire typée course en carbone. Le chausson en mousse absorbe une bonne partie des imperfections du sol. Il faut savoir alléger ses foulées et renoncer à sa technique pour ne pas s’épuiser.
Le soleil approche du Zénith. Le clocher de Voves se décroche sur le ciel face à lui. Plus densément peuplée que les villages alentours, la bourgade d’Eure-et-Loir dispose de commerces où il peut se ravitailler : des fruits frais et secs, des gâteaux secs, des barres de céréales, un sandwich crudités. Il s’installe sur la margelle de la fontaine face à l’église pour manger et récupérer un peu. Le centre-ville bien entretenu contraste avec les villages quasi-abandonnés qu’il a traversés jusqu’ici. Les trottoirs en pierre blanche, les chaussées bordées de pavés clairs et les massifs de fleurs mettent en valeur les maisons en pierre de taille aux fenêtres entourées de briquettes rouges.
L’après-midi s’annonce chaude. Après deux marathons sur les rollers, une plaque de transpiration s’est dessinée à l’emplacement exact du sac à dos. Jef reprend vite son chemin pour ne pas refroidir. Il s’arrête au cimetière pour refaire le plein d’eau avant de quitter Voves. Les jambes sont un peu contractées mais répondent encore plutôt bien. « Surtout ne pas oublier le dicton des cyclos » se dit-il « manger avant d’avoir faim et boire avant d’avoir soif « .
Les faux plats-montants succèdent aux faux-plats descendants. Les bas-côtés d’une herbe verte et dense contrastent avec le jaune des blés prêts à être moissonnés. Parfois, un arbre solitaire vient tâcher cette surface si parfaitement brossée par les vents, un chêne irréductible au milieu d’une armée romaine bien ordonnée.
Le coup de barre d’après repas s’empare de lui. Il décide de s’accorder quelques minutes de sieste sur un tertre isolé. il s’allonge, cale sa tête sur son sac à dos et rabat son casque sur ses yeux. Le tapis moelleux de l’herbe l’enveloppe ; il se laisse couler dans un sommeil profond. Le murmure de la brise le réveille en douceur dix minutes plus tard. Rien ne semble pouvoir troubler la tranquillité des lieux. Jef se redresse doucement et fait un tour sur lui-même pour observer les environs : Pas une âme qui vive à des kilomètres à la ronde. Pour la première fois depuis plusieurs semaines, il ressent une forme de paix intérieure qu’il n’avait jamais éprouvée jusque-là. Il est là où il doit être et non pas là où on attend qu’il soit. Il reprend le contrôle de son existence, prend ses propres décisions. Il redonne du sens à sa vie.
Ragaillardi, Jef repart de plus belle sur les chemins vicinaux et les départementales. Il passe Sancheville, Bazoches-en-Dunois. Il devine Châteaudun au loin sur sa droite. L’Eure-et-Loir fait place au Loir-et-Cher. Autour de lui, s’élève un agréable parfum d’herbe fauchée. Les moissonneuses batteuses récoltent les blés. « Quel beau pays ! » s’exclame-t’il à voix haute. Le vent favorable le pousse vers son objectif, les kilomètres défilent, les villages succèdent aux villages. Une grosse montée le rappelle à la réalité entre La Colombe et Saint-Léonard-en-Beauce, voilà déjà plus de huit heures qu’il patine et près de 150 kilomètres. Il va falloir songer à chercher un endroit pour dormir. Il trouve finalement un hôtel en bord de route une vingtaine de kilomètres avant Blois. « Pas la peine d’aller plus loin pour aujourd’hui » se dit-il « mieux vaut éviter de traverser la ville à cette heure-là ». Les balcons ornés de géraniums, la façade de bois et de briques ainsi que le logo « Logis » lui inspirent confiance.
Jef pousse la porte et entre, roller aux pieds. Il se dirige vers l’accueil aussi discrètement que possible, conscient que son accoutrement ne correspond pas vraiment aux standards de l’établissement. La réceptionniste ne s’en formalise pas et l’accueille avec un grand sourire « Bonjour Monsieur, en quoi puis-je vous aider ? ».
Jef se rassure. « Bonsoir madame, il me faudrait une chambre pour la nuit s’il vous plait. ». Le tarif est un peu élevé mais il préfère mettre toutes les chances de son côté pour la suite du voyage. « Est-ce qu’il y a également la possibilité de manger ? » ajoute-t-il.
« Oui, oui, la salle de restaurant est juste à côté sur votre droite. Vous êtes chambres 102, au premier étage ».
Jeff la remercie chaudement, soulagé de ne pas avoir de remarques désobligeantes sur sa tenue peu orthodoxe. Il prend le temps de déchausser les rollers avant de monter l’escalier. A chaque marche, ses cuisses et ses mollets lui rappellent qu’il vient de parcourir plus de 160 kilomètres depuis la banlieue parisienne. Il tourne la clé dans la serrure de sa chambre, pose ses patins et s’allège de son sac à dos. L’intérieur cossu dévoile un grand lit en bois massif à la couette généreuse. Les meubles rustiques et le plafond mansardé lui rappellent la maison de ses grands-parents. Ses pieds endoloris se fondent dans un tapis épais. Il rangera ses affaires plus tard, l’envie de se rafraîchir sous la douche est trop forte. Il se dirige vers la salle de bain, se déshabille, entre dans la cabine et commence par rincer sa combinaison et son maillot sous l’eau tiède. Il essore le tout et l’étend sur le porte-serviette avant de se glisser sous le jet. L’effet relaxant de l’eau qui lui coule sur la nuque et les épaules agit immédiatement. Rien de tel après une journée d’effort. Il réalise qu’il vient de parcourir la plus longue distance qu’il n’ait jamais faite en roller. « Ça n’est pas si terrible finalement. Il faut dire que le matériel a bien évolué. En 5×80 mm, cela aurait été une toute autre histoire sur les grattons de la Beauce ».
Jef sort de la douche, se sèche, remet sa tenue « civile » et chausse ses sandales pour descendre manger au restaurant de l’hôtel. L’escalier le rappelle à son bon souvenir. Après ces heures sur les patins, il faut presque réapprendre à marcher tant le corps a intégré le mouvement latéral de poussée.
Il s’installe à table dans un coin de la pièce. Une dizaine de personnes dîne dans le calme autour de lui. Saturé du sucre des barres énergétiques, son corps lui demande du salé ! Jef jette son dévolu sur un confit de canard accompagné de pommes de terre sautées. Il dévore son assiette sans demander son reste. Il file directement au comptoir pour ne pas perdre de temps. Il veut se lever tôt demain. La réceptionniste encaisse l’addition et ne peut s’empêcher de lui demander : « Mais vous venez d’où comme ça ? ».
« De Trappes, à côté de Paris » lui répond Jef avec un sourire amusé. « Et vous allez jusqu’où ? » poursuit-elle ébahie. « Vers le sud, aux environs de Pau. Je vais voir ma famille » précise Jef. « C’est un sacré voyage. Bonne route à vous ! ». Jef la remercie gentiment et se dirige dans sa chambre. Il met un peu d’ordre dans ses affaires, tourne ses roues pour uniformiser leur usure et s’abandonne enfin au sommeil. Demain : cap sur Loches, objectif de sa seconde étape.
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