La rengaine du gratton – Chapitre 06

Jef a fait escale dans le village de Marthon, au coeur de la Charente. Il a été chaleureusement accueilli par ses habitants lors d'une fête médiévale. Il se réveille la tête pleine des images de la veille...

Par alfathor

La rengaine du gratton – Chapitre 06

Chapitre 6

Le chant familier de la bouilloire au rez-de-chaussée tire lentement Jef de son sommeil. La lumière du jour à travers les persiennes des volets entrebâillés inonde la pièce d’une douce quiétude. Il tâtonne machinalement au pied du lit pour trouver son téléphone mobile. Les yeux à peine ouverts, il déchiffre le cadran digital : « Neuf heures ! Cela fait des siècles que je n’ai pas dormi aussi tard ! « .
Il remarque un SMS provenant d’un numéro inconnu en attente de lecture :  » Bonjour. Le maire m’a indiqué que vous traversez la France en roller et que vous êtes de passage à Marthon. Pourrait-on se rencontrer sur la place de l’Eglise vers onze heures ? Cordialement. André Clerc – correspondant de la Charente Libre. » Jef pianote une réponse positive et se redresse avant de s’extirper du confort douillet des couvertures. Cela lui laisse deux heures pour se préparer. « De toute façon, l’étape du jour telle que prévue initialement jusqu’à Coutras devrait pouvoir se boucler dans l’après-midi, quitte à forcer un peu le rythme. Le soleil se couche tard en cette période. » réfléchit-il.

Jef descend l’escalier à pas de velours pour ne pas réveiller Arthur. Jeanne s’affaire dans la cuisine, dos à lui. Elle porte une robe d’été à bretelles qui dévoile ses épaules discrètement dénudées. Ses longs cheveux ondulent sur sa nuque. Il reste quelques instants à la contempler, comme pour graver ce moment d’intimité dans sa mémoire.

La clarté du jour lui révèle des détails de la maison qu’il n’avait pas perçus la veille : la charpente beige apparente, les meubles anciens aux reflets légèrement bleutés, la table en noyer massif. Les élégants lustres noirs, les étagères garnies de pots en tous genres, les chaises rustiques à la peinture délavée, les cadres d’antan accrochés au mur, les bouquets de fleurs séchées. Il éprouve ce sentiment rare d’être parfaitement à sa place dans cet univers familier, comme si les choses avaient toujours été ainsi. Il remarque alors Arthur qui joue calmement sur un tapis à quelques pas de sa mère. Il bâtit consciencieusement un édifice de pièces de bois. Jef se racle la gorge pour ne pas les faire sursauter. Elle se retourne, le regarde, lui sourit.  » Ces yeux ! Je me damnerais pour eux !  » fond-il intérieurement.
« Déjà réveillé ?  » taquine-t-elle « On dirait que tu avais besoin de repos ! Viens. Assieds-toi. J’ai préparé le petit-déjeuner ».
Arthur le sollicite :  » Jef, tu joues avec moi ? Je fabrique la tour de Marthon !  »
« Arthur, laisse à Jef le temps de déjeuner » réagit Jeanne.
 » On dirait que tu es en bonne voie bonhomme » l’encourage Jef.  » Je mange et je viens t’aider juste après. »
Jef s’installe. Jeanne a copieusement garni la table : thé, café, jus de fruits, charcuterie locale, beurre salé, miel d’acacia, pain aux céréales, brioche, confiture maison, un panier rempli de pommes, poires, abricots et bananes. « Je ne savais pas trop ce que tu aimais. Prends ce qui te aimes. »
« Merci beaucoup. Il ne fallait pas te donner tant de mal, je me serais adapté. » répond-il reconnaissant.
« Comment va ta cheville ? » s’inquiète Jeanne « J’ai remarqué qu’elle était gonflée hier soir. »
« Je ne sais pas trop à vrai dire. Elle semble avoir désenflé. J’ai rendez-vous avec le correspondant de la Charente Libre à onze heures. Il va falloir que j’y aille en patins, J’aviserai à ce moment-là. »
« Je dois avoir un peu de glace au congélateur si besoin. Tu peux manger avec nous ce midi si tu veux, ça fera plaisir à Arthur. » continue Jeanne.
« Et à sa mère ?  » Interroge Jef en riant. « Oui, à sa mère aussi, bien évidemment. » dit Jeanne dans un haussement d’épaule.
« Dans ce cas, j’accepte. Mais si tu es d’accord, je vous invite à l’auberge restaurant non loin d’ici. Tu en as déjà assez fait.  » dit-il.
Puis en se tournant vers Arthur :  » Allons chevalier, montre-moi comment tu construis ton château fort !  » Ravi, le minot court vers son tapis de jeu pour expliquer à Jef comment ériger le frêle ouvrage. Jef s’assoit en tailleur à côté de lui et l’écoute patiemment. Il accompagne les gestes maladroits du garçonnet pour ajuster chaque morceau. Ces moments lui rappellent ceux passés avec son grand-père, à bricoler dans la grange, pour fabriquer arcs, bateaux et pièges à oiseaux. Les heures y défilaient comme les secondes. Il se souvient des odeurs de poussière, de la sciure des planches fraîchement découpées, la chaleur de la forge. La silhouette de la Tour monte à bonne hauteur quand Jeanne les interrompt.
 » Bon, l’as de la roulette, quand tu auras fini de jouer, viens par ici que je jette un oeil à cette cheville !  » lui lance-t-elle en brandissant une poche de glaçons. Jef obtempère et allonge sa jambe sur le canapé. Elle applique une crème anti-inflammatoire et lui masse la malléole du bout des doigts. Puis elle emmaillote la glace dans un torchon.  » Garde-ça en place une dizaine de minutes. Attention à la brûlure du froid « .
 » Une infirmière en herbe. Dis donc, tu as tout ce qu’il faut !  » s’exclame Jef.
 » Hé oui, l’expérience de nombreuses années de course de fond. J’ai longtemps pratiqué l’athlétisme en club. Je m’étais spécialisée dans le cross-country. J’ai souvent eu des entorses. D’ailleurs, j’ai dû arrêter à cause des blessures à répétitions.  » raconte-t-elle avec une pointe de regret.
 » Marthon ne s’y prête pas forcément beaucoup, mais tu devrais peut-être essayer le roller avec Arthur. C’est un sport très complet. La place du village est idéale pour débuter » propose Jef.
 » Pourquoi pas… tu connais un bon professeur ?  » questionne-t-elle, pleine de malice.
 » Ça se pourrait.. et peu exigeant côté tarif. A mon avis, tu dois pouvoir l’amadouer d’un simple regard. Et si ça ne suffit pas, j’ai cru comprendre qu’il avait un faible pour les bons petits plats. » complète-t-il, un sourire en coin.
Jeanne s’approche. Elle se penche sur son visage et plonge ses immenses yeux dans les siens. Leurs lèvres s’effleurent sans se toucher, puis elles s’éloignent lentement.  » Comme ça ?  » murmure-t-elle. Le corps de Jef frissonne de la nuque au bout des orteils.
 » Oui… je pense qu’il ne pourra pas résister à ce genre d’arguments. » capitule Jef.

L’horloge au mur indique onze heures. Il monte rapidement à l’étage revêtir sa combinaison puis redescend pour chausser les patins, non sans une pointe d’appréhension. La place de l’église Saint-Martin n’est distante que de quelques centaines de mètres, ce sera l’occasion d’évaluer la douleur. « Je ne devrais pas en avoir pour trop longtemps » indique-t-il en sortant « A tout à l’heure !  »
En quelques poussées, le voilà sur le lieu du rendez-vous. Le correspondant de la Charente Libre patiente, assis sur un banc de pierre collé à la bâtisse.
 » Bonjour jeune homme !  » André Clerc. Comment allez-vous ?  » démarre le quinquagénaire en lui serrant la main.  » Difficile de vous rater dans cette tenue, les patineurs ne courent pas les rues par ici. » enchaîne-t-il amicalement. « Le temps de prendre le carnet de notes et je suis à vous. »
Il tire un crayon papier et un carnet à spirale de sa sacoche avant d’ajuster ses lunettes rondes sur son nez. « Venez. D’abord, installons-nous sur ce banc. Ensuite, si vous êtes d’accord, nous ferons une photo. »
« Le maire m’a dit que vous veniez de Paris, c’est bien ça ?  » interroge André Clerc.
« Presque, j’arrive de Trappes, une ville de la banlieue parisienne à quelques kilomètres de la capitale. J’ai terminé ma 4ème étape à Marthon. Je me suis fixé un objectif d’une centaine de kilomètres par jour environ. J’aimerais rallier Biron, à côté d’Orthez et de Pau, dans les Pyrénées Atlantiques. » précise Jef.
Le journaliste le regarde, surpris, par dessus de ses lunettes :  » Ah oui, cent kilomètres par jour ? Mais vous parcourez autant de distance que les cyclistes alors ?  »
« Oui, tout à fait. D’ailleurs, ma vitesse de croisière se rapproche de celle d’un vélo, entre vingt et trente kilomètres par heure selon les terrains. La qualité des revêtements, le relief et le vent constituent les principaux freins à la progression. La moyenne chute considérablement dès que le sol est abîmé, ce que l’on appelle le « gratton » en langage roller  » détaille Jef.
« Quand on s’engage dans une telle aventure, on le fait forcément pour une bonne cause ? Vous soutenez quelle association ? C’est un acte militant ? Une démarche religieuse ?  »
 » Non, non, pas du tout. Mon voyage n’a aucun but politique, spirituel ou caritatif. J’ai juste eu envie de changer d’air. J’ai donc décidé de rejoindre ma famille dans le sud de la France. Le roller m’a semblé être le moyen de locomotion le plus naturel. Je le pratique au quotidien pour mes déplacements. Il nécessite des moments d’efforts intenses mais avec une bonne technique, la glisse vient vite et procure d’incroyables sensations de facilité, de vitesse. Les efforts d’endurance vous mettent dans un état second, méditatif. » complète Jef.
Surpris et décontenancé, le rédacteur note les propos de son interlocuteur. Jef décèle une pointe de déception. « Très bien, merci, je pense avoir tout ce qu’il me faut » conclut André Clerc. Pourriez-vous faire quelques tours sur la place que je puisse faire un cliché en action s’il vous plaît ?  »
Jef s’exécute. Il réalise quelques boucles et des virages en croisés avant de revenir vers le photographe.
« C’est parfait, je vous remercie ! Je vous contacte si nécessaire. Vous trouverez l’article dans le journal de demain. Bonne route à vous !  »
En retournant chez Jeanne, il rumine la question de son interlocuteur.  » Mais pourquoi faudrait-il forcément rouler pour une cause ? Le voyage ne se suffit-il pas à lui-même ? Pourquoi un engagement ou une action devrait être dicté par une quelconque idéologie ou une raison supérieure ? N’y a-t-il pas moyen d’imaginer que l’on puisse aussi tenter de grandes choses uniquement par défi personnel ? Pour répondre à un besoin strictement égoïste ? « Mourir pour des idées d’accord, mais de mort lente » comme disait Brassens. On roule avant tout pour soi, pour les sensations incroyables que le roller nous procure quand la puissance incontrôlée imprimée dans la poussée fait place au coup de pinceau de la maîtrise technique, quand le geste se réduit à l’essentiel, qu’il produit le meilleur rendement sans donner l’impression de forcer. Ce geste que l’on réalise parfois dans un moment aussi fugace que le rayon vert décrit par Jules Verne.
Le voyage ne se réduit pas à parcourir une distance d’un point A à un point B. Il nous offre l’opportunité de révéler les forces et les faiblesses enfouies au plus profond de nous-mêmes, notre essence. Il procure une parenthèse temporelle dans nos vies effrénées, un moment pour nous questionner sur nos choix passés et futurs, nos priorités, l’importance relative de nos actions quotidiennes et bien souvent leur futilité aveuglante.

Jef franchit la porte de la maison avec un pincement au coeur. Comme s’il laissait une partie de lui-même dans ce havre de paix et de sérénité. Il regroupe lentement ses affaires en prévision de son départ. Sa cheville semble suffisamment remise pour le trajet qui l’attend. Il charge le sac sur son épaule et descend. Jeanne et Arthur l’attendent dans le salon. Les voilà tous prêts à partir pour déjeuner.

Sur le trajet en direction l’hôtel-restaurant, Arthur demande à Jef de le prendre sur ses épaules. Le grand gaillard accepte volontiers malgré son pesant paquetage. Les doigts minuscules se mêlent aux grandes pattes du patineur et les serrent vigoureusement. Arthur part dans un éclat de rires, ravi, calé sur son étrange monture à bosse. Jeanne marche à leurs côtés, silencieuse, passant par moment la main derrière le bras de Jef.
L’aubergiste qui a accompagné Jef à la fête médiévale les accueille avec bienveillance : « Bonjour ! Prenez- place. Soyez les bienvenus. Les boissons sont offertes par la maison !  »
 » Qu’est-ce que je vous sers ? Au menu du jour, un farci poitevin en entrée et un râble de lapin à l’estragon en plat principal. » Jeanne et Jef acquiescent.
Alors que le serveur s’éloigne, Jeanne interroge :  » Tu sais déjà où tu vas dormir ce soir ? »
« Oui, j’ai repéré un hôtel sur Internet et j’ai pu réserver une chambre, à l’entrée de Coutras « .
 » Tu m’envoies un SMS en arrivant ?  »
 » Oui, bien sûr. Je n’imaginais pas les choses autrement tu sais. » dit-il en lui prenant la main sur la table. « Vous allez me manquer tous les deux » avoue Jef la gorge serrée.
« Tu vas nous manquer aussi » lui répond Jeanne simplement. « Tu sais, tu pourras toujours revenir nous voir après ton périple. La porte t’est grand ouverte » ajoute-t-elle.
Le plat succède à l’entrée. Jef peine à avaler chaque bouchée. Il se force à terminer son assiette pour ne pas risquer l’hypoglycémie pendant le trajet.
Arthur avale son dessert sans sourciller, le contour de la bouche recouvert de crème Chantilly, il engloutit sa dernière profiterole en un temps record, la mine réjouie. Son insouciance détend un peu l’atmosphère. Jeanne rit alors que Jef s’escrime à lui nettoyer le visage nappé de chocolat.
Le repas s’achève dans la gaieté. Jef paie l’addition et tous trois sortent sur le perron. Il prend quelques minutes pour chausser ses rollers, ajuster son sac, son casque et sa combinaison. Le voilà prêt au départ.
Il soulève Arthur et le prend dans ses bras. Le bambin lui fait une bise mouillée sur la joue et s’agrippe à son cou.
« Désolé, je ne suis pas très à l’aise avec les au revoir » bredouille-t-il à Jeanne, les yeux humides.
« Hé bien prends-moi dans tes bras grand bêta ! « . Elle vient se blottir contre sa poitrine. Du haut de ses patins, Jef plonge une dernière fois le nez dans ses cheveux pour imprimer son parfum dans son esprit. Ils restent un long moment enlacés puis Jef dépose Arthur dans les bras de sa mère avant de s’éloigner.
Après une dizaine de mètres, il exécute un léger saut en l’air, pivote, puis patine en arrière en les saluant d’un grand geste de la main.
Cap sur Coutras, quatre-vingts dix kilomètres plus au sud. Dès la sortie de Marthon, Jef se heurte à une montée de quatre kilomètres en direction de Grassac. Dur ! Dur ! La digestion vient à peine de débuter ! La côte, longue mais très régulière, met ses cuisses à rude épreuve. Progressivement, les maisons se disséminent. Le bourg laisse place à la nature. Jef parle au ruban d’asphalte  » Te revoilà vieux compagnon, j’espère que tu seras conciliant aujourd’hui ! « .
La D16 lézarde entre champs vallonnés et bosquets touffus. L’enrobé lisse luit et transpire sous la chaleur d’un soleil au zénith. La bascule dans la descente s’opère juste avant le panneau d’entrée de ville. Il tourne au centre du Bourg en direction de Gardes-le-Pontaroux. Une forêt rase l’enveloppe tandis que la largeur de route se réduit en direction de Gardes-le-Pontaroux.
Le relief s’adoucit. Après une quinzaine de minutes Jef distingue les remparts du village de Villebois-Lavalette perchés sur une colline. La cité du Périgord assume fièrement son passé guerrier. L’enceinte majestueuse abrite le château et une chapelle romane derrière six tours de garde.
Jef atteint rapidement Ronsenac, trois kilomètres plus loin. Son répit n’aura été que de courte durée : il attaque la seconde grosse difficulté de la journée juste avant Chavenat. La pente s’accroît inexorablement quand il pénètre sous les frondaisons. Les arbres lui apportent un peu de fraîcheur et réduisent la force de la réverbération du bitume. La montée s’achève sur une plaine d’herbe rase bordée de fougères touffues. Les plants de maïs et de tournesols succèdent aux prés. Malgré la faible fréquentation de la D16, Jef reste vigilant. Le manque de visibilité accentue les risques de collision avec un véhicule. La route et l’horizon s’élargissent après Chavenat.
Un dévers régulier l’attend pour le reste du parcours. Le temps presse, il profite de la déclivité pour patiner en survitesse. Bien fléchi sur les genoux, il fait travailler le poids de son corps sur ses carres externes et internes, allongeant ses appuis et ses phases de glisse. La vitesse augmente sans effort par de simples transferts de masse. Montmoreau-Saint-Cybard puis Saint-Laurent-de-Belzagot défilent à toute allure. Jef ne s’attarde pas. Il décide de quitter un tronçon de départementale un peu trop fréquenté pour un chemin tranquille le long d’une voie de chemin de fer. Le premier kilomètre l’inquiète un peu, tant les fissures lézardent l’enrobé. Puis le revêtement s’améliore progressivement jusqu’à Courlac pour devenir aussi lisse qu’un miroir. A croire qu’il s’agit d’une véloroute ! Une vraie peau de bébé.
En arrivant sur Chalais, le tracé dessert les habitations en bordure de voie. Les façades closes, les volets décrépis et la peinture écaillée évoquent un village fantôme. Un village assez similaire à ceux qu’il a pu traverser dans la Beauce quelques jours auparavant. Les gravillons s’invitent à la fête. Ils sautent comme autant de pop-corns à chaque tour de roue. Finie l’euphorie du patinage sans effort ! Gare au décrochage en cas de perte d’adhérence.
La Roche-Chalais marque la limite entre la Charente-Maritime et la Gironde. Il ne reste plus qu’une vingtaine de kilomètres jusqu’à son objectif de la journée. La densité de trafic se fait plus importante. Jef se serre tant bien que mal sur le bas-côté quand les véhicules s’impatientent et klaxonnent. Son départ tardif de Marthon l’amène à patiner en heure de pointe, une expérience à ne pas renouveler !

Il atteint Coutras en début de soirée, le fief de l’équipe de rink hockey la plus titrée de France. En ce samedi soir, un match caritatif se joue dans l’antre des Ducourtioux !
Jef se dépêche de rejoindre son hôtel pour se doucher et y déposer ses affaires. Le temps de pianoter un SMS rassurant à Jeanne, il rechausse les rollers pour se rendre à la patinoire. Elle trône à côté du cimetière de Coutras et doit son nom à l’un des joueurs phares de l’équipe championne de France en 1964. Il devint entraîneur puis président par la suite. Le club local peut s’enorgueillir d’une longévité de plus de 80 ans et de seize titres nationaux pour son équipe masculine, ainsi que de cinq pour son équipe féminine. Plusieurs joueuses évoluent régulièrement en équipe nationale et ont même été championnes du Monde.

Des clameurs montent de la salle bondée. La rencontre a déjà débuté quand Jef se fraie un chemin à travers les tribunes. Le public a répondu présent une fois de plus pour soutenir son équipe dans ce derby amical contre Mérignac.
Il trouve finalement une place en haut des gradins. Les deux formations se rendent coup pour coup, attaques, contres, parades des gardiens. Les buts des locaux déclenchent des clameurs chauvines tout autour de lui. Les Coutrillons ont le rink dans la peau ! Jef se remémore les kilomètres parcourus en voiture avec son père et son grand-père pour venir assister aux rencontres quand il était enfant. Son amour pour le patin à roulettes remonte probablement à cette période. Malheureusement, ni sa ville natale ni sa ville d’adoption ne disposaient d’un club où pratiquer. Il a dû se contenter des rues de son lotissement en quad avec les copains d’enfance dans les années quatre-vingts, puis en ligne au début des années quatre-vingts dix.
Les joueurs font preuve d’une habileté incroyable, alternant les phases d’accélérations, de freinages en arrière sur les butées, les virages brusques, les feintes. Les joueurs étrangers de Coutras font merveille, soulevant la balle et la frappant dans les airs d’un coup de crosse. Mérignac résiste pourtant et les deux équipes terminent le match à parité 4-4.

Jef ne traîne pas à la piste. Une grosse journée de patinage l’attend demain, plus de 150 km jusqu’à Mont-de-Marsan, l’avant-dernière étape de son aventure.

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Auteur
Alexandre Chartier 'alfathor'

Bonjour à tous, je suis Alexandre Chartier, fondateur et webmaster de rollerenligne.com. Le site a vu le jour officiellement le 11 décembre 2003 mais l'idée germait déjà depuis 2001 avec infosroller.free.fr. Le modeste projet d'étude est devenu un site associatif qui mobilise une belle équipe de bénévoles. Passionné de roller en général, tant en patin traditionnel qu'en roller en ligne, j'étudie le patinage à roulettes sous toutes ses formes et tous ses aspects : histoire, économie, sociologie, évolution technologique... Aspirine et/ou café recommandés si vous abordez l'un de ces sujets !

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