La randonnée en patin à roulettes des années 80 à nos jours
Après notre premier volet consacré à la genèse de la randonnée en roller, nous braquons les projecteur sur une histoire plus récente, sur une période de renouveau pour la randonnée à roller, de 1980 à nos jours. C'est parti pour un voyage dans le temps...
Par alfathor

La révolution des roues en uréthane
Le fin des années 70 et le début des années 80 marquent l’arrivée des roues en polyuréthane. La légende raconte que l’effondrement du marché du skateboard aurait alors relancré le marché du patin à roulettes. Les fabricants disposant d’un surstock de roues auraient écoulé leur marchandise en équipant des patins traditionnels, redonnant un nouveau souffle à la pratique. Comme quoi ces deux pratiques seraient interconnectées malgré elles !
L’uréthane est un polymère, une matière plastique, sa souplesse offre une meilleure adhérence et un plus grand confort de glisse au patineur. L’entretien est grandement facilité. Les patineurs délaissent les roues en bois à l’usure rapide et les roues métalliques à l’adhérence précaire. De nouveaux horizons s’ouvrent devant eux.
Les manifestations roller renaissent
Des randonnées informelles s’organisent à Paris. Les premières éditions de courses de roller voient le jour. On pense notamment aux prémices de Rennes sur Roulettes à Villejean en 1982/1983.
Les années 90 : la naissance des grandes randonnées populaires
Les Randonneurs Fous seraient à l’origine de la grande randonnée parisienne au début des années 90. En septembre 1993, l’association Rollermania lance ce rendez-vous avec de nombreux membres des Randonneurs fous.
En 1994, le départ se fait à la Place d’Italie. Il s’agit initialement de former les patineurs au déplacement urbain. Une centaine de patineurs participent alors à ce rendez-vous hebdomadaire qui devient ingérable…
En 1995, à l’occasion des grandes grèves, les Randonnées redeviennent sauvages avec une masse sans cesse croissante de patineurs, Rollermania ne pouvant assurer la sécurité.
La fréquentation augmente : 300 patineurs en 1996 avec la naissance d’un staff d’encadrement. En 1997, on atteint les 500 patineurs. Les négociations avec les autorités commencent.
La Friday Night Fever va naître à la fin 1997 et se structurer avec l’association Pari-Roller qui voit le jour en février 1998, sur demande de la préfecture. On attendra alors des chiffres incroyables avec près de 20.000 participants, la grande époque !En parallèle, Olivier Husson et Emmanuel Jackson vont lancer la rando Rollers et Coquillages (qui ne porte pas encore ce nom), de façon informelle en 1996, puis de manière plus structurée le 9 décembre 1997.
L’association Rollers et Coquillages réunit elle aussi des dizaines de milliers de patineurs le dimanche après-midi au départ de Bastille. C’est une randonnée tranquille où l’on vient pour patiner tranquillement avec les amis, les enfants, en famille, pour faire des rencontres.
La FNF fait des petits…
La Friday Night Fever fait partie des premières grandes randonnées populaires qui ont vu le jour en France. Une multitude d’autres randonnées ont vu le jour dans la capitale avant d’essaimer en province. A Paris, chaque jour voit se dérouler une ou plusieurs randonnées, il en existe pour tous les types de patineurs : les adeptes de descente, les fans de vitesse, les passionnés de culture.
Avec quelques années de décalage, les randonnées se structurent donc en Province. On pense notamment à la randonnée Lilloise (Ride On Lille) qui connaît des difficultés avec les autorités avant de finalement trouver sa place dans le paysage urbain lillois. Les grandes métropoles enboitent le pas : Lyon (Générations Roller), Bordeaux (AIR), Marseille, Toulouse (Roulez Rose)… En France, on a compté jusqu’à plus de 80 randonnées populaires régulières au début des années 2000.
Le statut du roller
Les années 2000 ont vu les premières tentatives de reconnaissance du roller et son intégration au code de la Route avec la parution du fameux Livre Blanc du CERTU en 2001. Depuis lors, le roller n’a malheureusement pas réussi à trouver sa place en tant que mode de déplacement doux malgré le travail considérable réalisé par la Commission Randonnée de la FFRS.
Les causes de l’essoufflement des randonnées populaires
Beaucoup de randonnées roller populaires se sont essoufflées depuis lors pour plusieurs raisons :
La première vient souvent de la difficulté à coopérer avec les autorités locales. Les préfectures et les municipalités ont longtemps vu ces rendez-vous d’un mauvais oeil. Le manque de connaissance de la pratique roller a souvent amené les autorités à confondre toutes les pratiques du roller et à prendre des mesures drastiques.
Il en a résulté des bras de fer dans plusieurs grandes villes où les municipalité n’ont pas pu faire grand chose pour endiguer le mouvement, devant les centaines de patineurs qui ont déferlé sur la chaussée.
La seconde reste la difficulté des associations de roller à maintenir une équipe d’encadrement motivée dans la durée et en toute saison. Il faut également des moyens financiers pour payer le matériel nécessaire à un bon déroulement. Les suvbentions et les moyens mis à disposition par les municipalités ont été des vecteurs de développement ou d’extinction de nombreuses randonnées. En période de crise, les subventions au sport et à la culture sont les premières à baisser.
Une troisième raison moins glorieuse du déclin de certaines randonnées aura été l’éparpillement des acteurs locaux. De nombreux clubs n’ont pas réussi à s’entendre pour pérenniser leurs rendez-vous. La division entre les clubs d’une même ville a éloigné les patineurs, réduit les capacités de négociations avec les autorités et fait sombrer plusieurs randonnées populaires.
Une autre cause probable de baisse des effectifs des randonnées populaires pourrait être attribuée à une augmentation du niveau technique des patineurs. Beaucoup ont participé aux randonnées rollers populaires pour faire leurs premiers pas, une fois un bon niveau technique acquis, un grand nombre ont privilégié les randonnées en petits groupes d’amis, indépendants sur les pistes cyclables.
On peut aussi évoquer un manque de renouvellement de l’offre des randonnées. Le niveau des patineurs évoluant, il est important de leur proposer des parcours variés, des vitesses différentes, des randonnées roller à thèmes pour éviter la lassitude et l’abandon de la pratique.
Enfin, et il faut bien être réaliste, la mode des années 1995 à 2000 est retombée. D’une part avec l’arrivée de nouvelle pratiques, mais aussi par manque d’investissement des grandes marques dans la communication et la dynamisation du marché. Nul doute que l’on retrouvera un nouvel élan, mais pour l’instant, la machine semble être à l’arrêt.
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