Podcast : de retour de la Coupe du monde de Roll Ball 2023

Second volet de notre podcast consacré à la pratique du Roll Ball : L'équipe de RollBall France rentre de la Coupe du Monde de Roll Ball 2023 et nous raconte son expérience à Pune (Inde)...

Par alfathor

Podcast : de retour de la Coupe du monde de Roll Ball 2023
Le collectif Roll Ball France 2023

L’équipe de Roll Ball France nous raconte la Coupe du Monde 2023

Second épisode consacré au RollBall. Retrouvez le premier épisode ici. En effet, la Coupe du Monde de Roll Ball 2023 s’est terminée récemment en Inde et deux équipes Roll Ball France étaient sur place pour participer à l’événement : une équipe homme et une équipe femme. Nous retrouvons donc nos trois protagonistes de la première interview, à savoir Laurie Laporte, Antoine Fiel et Jean-Emmanuel Chapartegui pour parler de la manière dont s’est déroulé cet événement.

Second volet de notre podcast consacré au Roll Ball avec le bilan français de la Coupe du Monde de Roll Ball 2023 – télécharger le mp3

Bonjour Laurie, raconte-nous le parcours de l’équipe femme s’il te plaît.

Oui, alors je vais essayer de résumer. Mais c’était une expérience incroyable qui a commencé dès l’avion. Nous étions tous dans le même avion… Et il y a eu un appel cabine de la compagnie pour nous souhaiter bon courage pour la compétition ! C’était assez impressionnant de rentrer dans le bain de cette manière-là. On se sentait vraiment représentant de la France. On arrivait dans un pays qu’on ne connaissait pas du tout et c’était vraiment impressionnant. Nous avons donc fait l’ouverture de la compétition dès le lendemain, ainsi que la cérémonie d’ouverture.

Célébration de la victoire du Kenya à la Coupe du Monde de Roll Ball 2023
Célébration de la victoire du Kenya à la Coupe du Monde de Roll Ball 2023

À ce moment-là, on avait tous nos tenues et nos petits drapeaux et on défilait les uns derrière les autres. Donc il y avait tous les pays représentés. Il devait y avoir une trentaine de délégations : 11 équipes chez les femmes et 25 délégations chez les hommes, à peu près. Et voilà, donc une cérémonie d’ouverture avec une super ambiance.

Comment s’est passé le premier match de cette Coupe du Monde de Roll Ball et contre qui était-ce ?

Pour le premier match, il faut savoir que nous avons eu les information sur notre adversaire l’avant-veille de la cérémonie, et finalement à peine la veille. Initialement, nous devions jouer en match d’ouverture contre le Kenya. Et en fait, au dernier moment, le jour du match, on s’est préparé, on est venu avec notre équipement, nos roller, etc… Et on a appris que le Kenya n’était pas arrivé. Donc, finalement, nous n’avons pas joué le match contre elles. Cela a été une entrée en compétition un peu particulière parce qu’on était vraiment prêtes psychologiquement à jouer ce premier match. Et il a fallu que on se dise : « Bon, voilà ce ne sera pas aujourd’hui mais demain et contre un autre pays. »

L'équipe de France femme - photo d'équipe
L’équipe de France femme – photo d’équipe

Et donc vous avez joué votre premier match femme de Coupe du monde de Roll Ball 2023 contre le Népal ?

Oui, contre le Népal. Et ce fut une très bonne entrée en matière. Il faut savoir c’était notre premier match international et notre premier match tout court. En effet, nous n’avions jamais joué un match officiel ! Nous n’avions jamais fait de compétition…

Mais tu sais, l’incroyable pour le Kenya, c’est que ce n’est même pas eux qui nous ont prévenus. Une heure avant la rencontre, on se demandait où ils étaient. Et finalement on se rend compte qu’ils ne sont pas là.

Finalement, que l’on prenne votre match du Népal ou du Sri Lanka, vous faites des matchs assez proches, avec même score. Vous revenez…

«  Enfin, il y a quelques faits à relater, mais c’est vrai que les matchs en eux-mêmes, ce n’est pas le plus significatif de notre expérience. Par contre, ce qui est dingue, c’est tout ce qui était autour de ces matchs. C’est ça qui était assez incroyable. »

Laurie Laporte
L'équipe femme de Roll Ball France
L’équipe femme de Roll Ball France

Parlons effectivement de l’expérience vécue en tant que telle, de ce que vous avez appris au fil des matchs. Des écarts entre les nations aussi ,parce que finalement on se rend compte qu’il y a quand même un sacré niveau… Donc vous deviez rencontrer le Kenya, et finalement vous vous retrouvez contre le Népal. Le Népal qui est quand même plutôt une bonne équipe

Oui, les filles du Népal se débrouillaient bien.

Pour vous, cettte Coupe du monde de Roll Ball 2023 marquait votre premier match en compétition internationale. Comment vous avez vécu cela ?

Il y avait beaucoup de stress pour chacune. On ne savait pas trop comment ça allait se dérouler. On était tous dans un bon état d’esprit. Dans le sens où on venait vraiment pour donner tout ce qu’on pouvait donner. Et on était suffisamment à l’aise les unes avec les autres pour se permettre de faire ce premier match dans les bonnes conditions. C’est-à-dire que l’on s’entend toutes très bien. Donc on n’avait pas ce stress de décevoir les autres forcément.

Cela nous a beaucoup aidées je pense. Donc ce fut un premier match très enrichissant parce qu’on a beaucoup appris tout de suite. On était un peu jetées dedans. Nous ne savions pas à quoi nous attendre. Mais on a quand même beaucoup appris. En effetn, nous avons vu tout de suite où étaient nos lacunes, Tout au long de la compétition, mais notamment sur ce match-là, nous avons vu là où on nous manquions de compétences, notamment sur les tirs. Mais nous avons aussi vu que nous avions une super défense et que nous avions aussi plein d’avantages sur lesquels miser pour les prochains matchs.

Donc ce premier match a été peut-être un peu moins dur que prévu, dans le sens où on pensait se prendre peut-être plus une tôlée que cela n’a été le cas. Et finalement je trouve qu’on s’est très bien débrouillées pour ce premier match. On a perdu 2-1 avec un très beau but de Jessica Billard et ça a été une superbe entrée en compétition.

Ce changement de programme de la Coupe du Monde de Roll Ball a donc joué entre votre faveur…

Oui, si nous avions joué le premier match contre les Kenyanes, cela aurait été peut-être plus compliqué d’en sortir du positives et de voir nos avantages. Parce qu’en fait, lorsque nous avous joué contre le Kenya, c’était l’avant-dernier match, et on a pris 10-0.

En effet, ce sont les championnes du monde en titre !

Exactement, elles ont remis ça cette année. Et du coup, on aurait peut-être eu plus de mal à apercevoir notre bonne défense. Et là, faire une entrée en matière un peu plus douce, ça a été très bénéfique. Je pense que ça nous a donné confiance et l’envie de continuer dans un bon mood pour les autres matchs.

Le collectif Roll Ball France 2023
Le collectif Roll Ball France 2023

Qui avez-vous rencontré lors de la seconde rencontre de cette Coupe du Monde de Roll Ball femme ?

Pour le deuxième match, nous avons joué contre le Sri Lanka. Une superbe équipe à affronter avec des filles très gentilles en dehors du terrain. Nous avons beaucoup échangé avec ellee. C’était vraiment très chouette et effectivement cela a été un peu semblable à notre premier match. Si ce n’est que j’ai l’impression qu’on était un peu plus à l’aise. Nous avons également perdu 2-1. Et un peu de la même manière, à nouveau avec un but de Jessica qui a vraiment assuré. Ensuite, troisième match.

Laurie, je peux me permettre un commentaire sur un point qui fut déterminant, c’est que contre le Sri Lanka, vous prenez un carton rouge en première mi-temps… Donc en fait vous avez fait plus de la moitié du match à 4 contre 5…

Mais oui. Nous avons pris un carton rouge dès la première mi-temps. Et nous avons joué les dernières minutes de la première mi-temps ainsi que toute la seconde mi-temps à 5, dont la gardienne. Donc on était plus que 4 en défense, contre 5 en face. Donc c’est vrai que ça a été très déterminant. Et on était assez fières de ce match-là, parce qu’on a très bien tenu. Valentine, notre gardienne, a fait des super arrêts et ça nous a encore une fois donné confiance en nous pour le reste de la compétition.

Et je pense que dans d’autres circonstances, nous aurions pu remporter la victoire dans ce match-là. C’était assez équitable en termes de niveau.

Et quel fut le match suivant ?

Je crois que le match d’après nous devions jouer contre la Côte d’Ivoire… qui n’a pas pu venir finalement. Donc dans ces cas-là, parfois ils sifflent le début du match, on doit juste tirer un but et ils nous marquent comme si on avait gagné. Là, ça n’a pas été le cas, on n’a juste pas joué le match. Donc voilà, la Côte d’Ivoire a été disqualifiée.

Ensuite, nous avons joué contre le Kenya. Là où je vous disais tout à l’heure, nous avons pris 10-0. Mais cela a été un bon match quand même. Nous avons bien tenu. C’est toujours dur de se prendre 10 buts. Mais on a quand même bien tenu encore une fois. Les Kenyans sont vraiment très fortes.

Contre-attaque de l'équipe de France femme
Contre-attaque de l’équipe de France femme

Quelles sont les qualités de l’équipe femme du Kenya dans cette Coupe du Monde de Roll Ball ?

C’est leur tir latéral. Nous sommes en défense, en bloc, on laisse rien passer… Et, en fait, à un moment donné, elles font de très beaux échanges devant nous et d’un seul coup il y en a une qui s’isole sur le côté et qui tire latéralement dans la lucarne ou le poteau opposé. Et la gardienne ne peut pas l’avoir. La plupart des tirs qu’elles ont mis, je pense 6 tirs, ont dû être mis de cette manière-là.

C’est vraiment leur marque de fabrique, pour les avoir vues jouer contre d’autres équipes. Elles sont très fortes, elles sont très endurantes aussi.

Et techniquement, sur les patins, ça donne quoi le Kenya ?

Le Kenya, elles sont bien. Après, généralement, toutes les équipes qu’on a affrontées ne sont pas forcément hyper fortes techniquement sur le patin. Il y en a beaucoup qui chutent, il y en a aussi beaucoup qui ne savent pas freiner. En fait, elles sont très fortes techniquement sur le roll ball à proprement parler et elles sont endurantes. Mais elles ne sont pas fortes à roller. Dans notre équipe en revanche, tout le monde vient du roller à la base, avant même le roll ball. Alors que j’imagine que la plupart des autres équipes venaient peut-être plus du roll ball au début sans avoir peut-être pratiqué le roller avant.

 » En fait, je pense que nous pouvons beaucoup miser sur notre technique roller. Parce qu’on était plus fortes que la plupart des équipes là-dessus, même si on a d’énormes lacunes dans les tirs. »

Laurie Laporte, capitaine de l’équipe femme de Roll Ball France

Il y a plein d’autres choses où on est beaucoup moins fortes, mais effectivement la tenue sur les rollers n’était pas le fort de toutes les équipes. Après, les kenyanes sont très bonnes à roller, même si elles sont pas techniquement propres dans leur manière de patiner.

Action devant la cage de l'équipe de France de Roll Ball femme
Action devant la cage de l’équipe de France de Roll Ball femme

Parles-nous de l’ultime rencontre de l’équipe femme contre l’Egypte…

Dans le dernier match contre l’Egypte ,nous sommes quand même bien avancées dans la compétition. C’est la fin du quatrième jour ou du cinquième jour, je sais plus. Et nous sommes toutes très fatiguées. D’autre part, quelques-unes parmi nous ont été un peu malades. La gardienne était déjà au lit depuis la veille, vraiment clouée au lit, très malade. Elle a quand même insisté pour venir jouer le match. Donc elle est sortie du lit pour venir jouer, prendre le début du match, la première mi-temps. C’était très compliqué, nous étions toutes très fatiguées. Mais nous avions toutes très envie de jouer encore, parce qu’on savait que c’était notre dernier match, à ce moment-là de la compétition. En effet, nous savionsque nous allions être éliminées au niveau des poules.

Et comme nous avions très envie toutes de jouer ce dernier match. A la deuxième mi-temps, c’est une joueuse qui a pris le relais sur la gardienne, elle ne pouvait plus tenir debout. Donc on a joué aussi sans remplaçante. Alors que les égyptiennes étaient très nombreuses et pouvaient beaucoup tourner. D’autre part, les égyptiennes sont très fortes aussi, assez cardio, même si on les a bien fatiguées, elles sont très cardio aussi. On a perdu 6-0.

Action lors de la Coupe du Monde de Roll Ball 2023
Action lors de la Coupe du Monde de Roll Ball 2023

J’imagine que cette dernière rencontre de Coupe du monde de Roll Ball 2023 a été très émouvante pour vous…

Oui, c’était beaucoup d’émotion. Je pense qu’on sentait toutes aussi que c’était le dernier match qu’on allait jouer tout ensemble. On était très heureuses de le jouer toutes ensembles. Et d’ailleurs à la fin, ça a été beaucoup, d’émotion. On s’est toutes tombées dans les bras à la fin. Il y avait encore une fois les garçons, ça c’était une plus-value énorme pendant toute la compétition. Tous nos matchs chez les filles étaient regardés par les garçons et tous nos matchs chez les garçons étaient regardés par les filles.

Et donc là d’avoir ce dernier match, d’avoir les garçons même près du terrain et d’autres en haut, à nous soutenir tout du long et à nous accueillir sur notre sortie de terrain, c’était superbe. Et on était finalement très heureux. En effet, il y a beaucoup de gens, de joueurs, de publics qui sont venus après nous dire qu’il y avait eu du côté de la France une superbe énergie, une superbe ambiance. Parce que pendant la série d’ouverture et pendant les autres matchs, on criait, on se soutenait. On mettait un peu d’ambiance et on n’était pas mauvais joueurs. On n’avait l’arrogance qu’on donne souvent aux Français.

De toute façon, on ne pouvait se permettre d’être arrogant en perdant. Mais disons qu’on n’était pas dégoûtées de perdre. Personne ne la tronche en partant. On était quand même fières d’être là, fières de ce qu’on donnait.

Durant la compétition vous avez affronté différentes équipes, plutôt non européennes. Comment ça va se passer pour les mois à venir ? Est-ce que vous avez planifié d’aller voir d’autres équipes ou de faire des matchs avec d’autres équipes pour les futures éditions ou pour continuer à jouer à l’international ?

Carrément ! Je pense qu’on va continuer à faire avancer l’équipe féminine et l’équipe masculine ensemble. Donc voilà, il y a encore des choses qui doivent se décider. Mais effectivement on a très envie d’aller jouer ailleurs, d’aller jouer en Europe. Même ailleurs, nous avons reçu beaucoup d’invitations.

 » Le fait d’aller en Inde nous a permis de rencontrer d’autres délégations. Il y a plusieurs de pays qui ont proposé de venir jouer chez eux et de participer à d’éventuels prochains championnats qui vont s’organiser. »

Quels pays seraient intéressés ?

Nous réfléchissons à certaines organisations, notamment avec l’Angleterre qui n’est pas loin. Nous n’avons pas eu la chance de la rencontrer en Inde. C’est une nation contre laquelle nous sommes déjà allés jouer. Il y a un beau futur qui peut s’annoncer pour le Roll ball, c’est clair.

Si je peux me permettre d’ajouter Alexandre, concernant toute cette partie organisation, il faut savoir que les prochaines échéances pour Roll Ball France, a priori, ce ne sera que la Coupe du Monde en 2025. Donc il faudrait qu’il y ait des Coupes d’Europe qui se mettent en place d’ici là. Mais l’idée c’est de ne pas être focalisé sur Roll Ball France et peut-être de voir un peu plus loin. Mais s’il y a bien un truc sur lequel on est tous d’accord c’est qu’il faut qu’on joue régulièrement.

Pour revenir à la compétition, comment s’est déroulé le parcours de l’équipe homme à la Coupe du Monde de Roll Ball ?

J.E. : Ce qui est bien, c’est que l’on n’a pas forcément toujours le même regard. Je suis beaucoup plus positif. Donc, pour nous, la compétition a démarré par l’Iran. Et la rencontre a commencé à l’heure. C’était une première bonne surprise. Enfin, à l’heure, avec deux heures de retard…

L’Iran était finaliste en 2017. Il faut savoir que les joueurs d’Iran font tous 2 mètres. Ils sont tous costauds. Et ils sont 12 alors que nous on est 8. Donc forcément on n’est pas ultra sereins. Faut pas se mentir, pour ce premier match, on a pas vu beaucoup la balle. Notons quand même qu’Eric, notre gardien, a fait franchement plein d’arrêts. On aurait pu en prendre plus de 10. Ca finit à 7-0 et il n’y avait que 2-0 à la mi-temps. Le score n’est pas si mauvais que ça par rapport au match.

Par contre, on prend vraiment le bouillon pendant le match. Niveau technique, un peu pareil que les filles, on se retrouve à jouer un match alors que ça fait 4 ans qu’on n’en a pas joué. Et puis il y a 4 ans, on jouait des matchs de 10 minutes, contre des adversaires pas extraordinaires. Là, il y a un point quand même que Laurie n’a pas mentionné mais qui a quand même été super déterminant : c’est le tirage au sort. On a eu vraiment les deux équipes des tirages au sort très compliqués avec de grosses équipes face à nous. Mais ça a été plus en fait un avantage qu’un inconvénient. Quand on joue l’Iran, on joue une top équipe.

Qu’avez-vous appris de cette rencontre contre l’Iran et quel a été leur parcours ?

Honnêtement ils se sont fait sortir en quart de finale par l’Inde en prolongation. Cela montre un peu le niveau de l’équipe. Ils doivent être la troisième ou la quatrième nation mondiale. Jouer cette équipe c’est génial, ça nous apprend énormément.

Donc on va au deuxième match derrière contre les Ivoiriens en ayant joué une très bonne équipe et on apprend déjà beaucoup.

Action devant la cage de la Côte d'Ivoire
Action devant la cage de la Côte d’Ivoire

J.E. : Antoine, est-ce que tu partages Jésus mon point de vue là-dessus ?

Oui. En fait l’Iran, il faut savoir que je suis le plus grand de l’équipe française et qu’ils étaient tous plus grands que moi et tous plus baraqués que Toco qui est le plus baraqué d’entre nous. Après quand on analyse les résultats, les Iraniens ont pris 0 but par les autres équipes. Ils ont mis 7-0, 5-0, 9-0 à tout le monde… A part contre les kenyans où là forcément, ils ont perdu.

Hormis leur gabarit, quels étaient les points forts des Iraniens dans cette Coupe du Monde de Roll Ball 2023 ?

Ils avaient vraiment une défense très solide. D’autre part, ils avaient aussi une très bonne conduite de balle.

De toute façon, toutes les équipes étaient un peu dans le même bain. Pour l’anecdote, quand nous sommes arrivés, nous n’étions finalement pas à l’hôtel où nous devions résider à la base. Il a donc fallu s’organiser pour venir en tuktuk sur le lieu. Il a fallu prendre plusieurs tuktuk pour arriver. Nous étions donc un peu fatigués par l’organisation. De plus, nous n’avions pas de ballon pour nous entraîner. Et c’était le même cas pour les iraniens.

Moi pour ma part, comme je ne suis pas sur Paris, le premier ballon que j’ai touché depuis un mois, c’était le ballon d’engagement ! Donc c’est vrai qu’il y avait aussi pas mal de difficultés par rapport à ça. Bien sûr, cela n’excuse pas du tout le score. Et le score est logique. Franchement c’était hyper compliqué de jouer contre eux. et je pense que nous avions un peu une peur, parce que les gars c’était des montagnes, c’était des machines !

Le mec face à moi faisait 2 mètres. Je fais 1,73 m. Autant dire que franchement quand il venait au ras, je ne voyais pas la balle. Et comme on l’avait déjà dit dans le premier podcast, nous avions très peur parce que c’est une équipe assez violente. Au final ils n’ont pas été aussi violents qu’en 2017. Mais c’est vrai qu’on avait cette peur de se prendre des mandales et en plus de se prendre un sale score.

Vous disiez qu’en fait c’était plutôt des gens qui étaient très physiques et ils étaient issus du hockey sur glace ?

Non ils sont militaires, je pense qu’ils font du basket. En fait on s’est rendu compte que beaucoup d’équipes venaient du basket. D’ailleurs, beaucoup d’équipes aussi sont professionnelles ou semi-professionnelles. Face à nous, nous n’avions quasiment que des sélections nationales. Les iraniens étaient pros. Les kenyans sont pros également, tout comme les indiens qui sont tous sont pros ou tous semi-professionnels. Les ivoiriens c’était une sélection de différents clubs de Côte d’Ivoire.

Quelle était la durée des rencontres pour cette édition ?

Les matchs se jouaient en 2×20 minutes. Avec l’intensité qui était mise, ça devenait un truc incroyable. Ce n’est pas comme en 2019 où on avait joué l’Uruguay en 2×10 minutes. On avait joué peut-être le Bangladesh, mais bon on s’est dit « Ah, ils sont forts ». Mais en 10 minutes, on n’avait pas vraiment le temps de se rendre compte de ce qui se passait.

Là, on a eu vraiment le temps de voir à quel point on se faisait balader. Mais aussi à quel point on était loin de leur niveau.

Effectivement on voit que dans beaucoup de pays, des championnats nationaux sont organisés, des ligues nationales semi professionnelles se sont structurées.C’est juste que nous n’entendons jamais parler de ce sport en Europe…

Oui, c’est exactement ça. Même en Afrique. Surtout en Afrique. L’Afrique est le continent presque numéro 1 maintenant. D’ailleurs tu fais la bonne transition avec notre deuxième match. Nous jouons la Côte d’Ivoire, avec en plus un Ivoirien dans notre équipe qui vit désormais en France, Bakary Diallo, qui monte son club à Tours. Donc c’est un contexte un peu particulier autour de ce match.

Cela nous permet aussi de nous tester un petit peu plus, de savoir où nous en sommes réellement face à une équipe qu’on sait moins forte que les Iraniens. Preuve en est ils avaient pris 9-0 par l’Iran juste avant nous. On se dit donc qu’il y a peut-être moyen de les négocier. Mais la réalité des faits c’est qu’ils nous ont mis 7-2 au final. Ils étaient quand même un vrai cran au dessus. Pareil, il y avait le côté basket qui jouait beaucoup dans les transmissions, ça allait beaucoup plus vite.

Là je partage aussi un petit peu l’avis de Laurie, c’est à dire qu’en roller, les joueurs ne sont pas forcément extraordinaires mais ils ont un patinage qui est très adapté au roll ball. J’ai envie de dire que c’est un peu comme les hockeyeurs qui ne savent parfois faire que du roller pour le hockey. Mais à vrai dire c’est ce qu’on leur demande. On ne leur demande pas de faire de rider des rampes. Donc c’est beaucoup de ce qu’on a constaté. Pour résumer, les Ivoiriens durent une équipe très agréable à jouer.

L'équipe de France femme avant le défilé des nations
L’équipe de France femme avant le défilé des nations

Par quels aspects la Côte d’Ivoire était-elle plaisante à jouer dans cette Coupe du Monde de Roll Ball 2023 ?

J’ai beaucoup aimé jouer contre eux. Déjà parce que les gars sont très sympas, mais aussi parce qu’ils essayent de jouer propre. Hélas, le score est un peu lourd. Je crois que c’est Antoine que tu marques de but dans ce match-là et qui fait le doublé.

Antoine : le premier je me suis dit je vais le jouer solo et j’ai fait tout le terrain avec la balle et j’ai marqué. Pour le deuxième c’est sur une interception, le mec qui perd la balle au milieu du terrain et je repars solo. Tout le jeu de passe travaillé pendant 6 mois est passé à la trappe.

Mais d’ailleurs c’était très frustrant parce que moi notamment au premier match j’ai eu beaucoup de mal à trouver la justesse en tant que meneur. C’est difficile de trouver le bon moyen de faire de bonnes passes, d’aller dans le bon sens. C’était très compliqué. Et au fur et à mesure de la compétition, ça commençait à monter. Puis, tu te rends compte quand même de l’écart avec les autres nations. C’était quand même chaud !

Là, au niveau des tirs, on voit qu’effectivement, il y a quelques nations qui adorent faire les tirs à l’envers, en arrière, entre les jambes notamment. Cela doit être dur pour un gardien de réussir à appréhender ce genre de tir.

C’est à dire qu’on ne voit pas les yeux de la personne, on ne se rend pas compte forcément qu’il va déclencher.

Est-ce que c’est une technique qui vous interpelle et que vous allez essayer de reproduire ou est-ce que vous restez sur du tir de face ?

Je pense que c’est un truc qu’il faut travailler, mais pas de la même manière que les autres équipes. Je crois qu’il y a un indien avec un titre de séjour en Pologne qui est très fort sur ça. Il va dribbler en avant au trois quarts du terrain, se retourner en arrière, se diriger un peu en arrière où il veut, puis il va se retourner pour sauter ou jeter directement en arrière.

Après, moi je suis toujours convaincu que des tirs dans le mur en arrière entre les jambes, ça peut toujours passer. Mais je pense qu’on manquait de filouterie à ce niveau-là. Surtout quand on voit un des matchs, le dernier qu’on a fait contre le Sri Lanka où le mec fait semblant de tirer de la main gauche, puis en fait, il chope de la main droite et il te la rebalance dans le dos. On s’est pris trois buts comme ça parce que c’est exécuté extrêmement vite et tu peux pas savoir que le gars va faire un tir dans le dos. C’est incroyable.

Je pense que les tirs de face c’est bon en contre-attaque. Mais après, dans les phases de mur, il me semble que c’est plus simple entre les jambes ou en retourné.

Avant le début d'une rencontre
Avant le début d’une rencontre

Ce que je retiens de ce que vous me dites, c’est que finalement le roller n’est pas si important que ça dans le roll ball. En roller soccer par exemple, un bon niveau de patinage est hyper indispensable. Mais là on ressent que la pratique technique du patin s’efface devant des gars qui viennent vraiment des sports collectifs type handball ou basketball. Et finalement, le patinage semble secondaire…

Alors je ne peux pas être totalement d’accord sur ce point. Parce qu’en fait, ils ont un patinage très spécifique. Ils sont très bons dans ce qu’ils font. Je repense aux Sénégalais qui ont fait 3e de la compétition. Je pense qu’en roller pur, ils ne sont pas extraordinaires dans le sens qu’ils n’ont pas un roller complet. Par contre les gars ils ont un démarrage impressionnant, ils ont un très bon freinage et une bonne mobilité latérale.

J’ai envie de dire que ça suffit à faire un très bon niveau de roll ball. Mais par contre, sur cette partie là, il nous dosait carrément. Après, c’est ma vision un peu élitiste du patinage. Le fait que le jeu se joue avec les mains le rend très accessible à tous. Je pense qu’il faut aussi s’intéresser à la façon dont ça se joue côté filles parce que c’est différent.

Tu m’offres une bonne transition. Quelles sont les principales différences entre les manières de jouer des hommes et des femmes ?

Laurie : C’est une très bonne question. Avant de jouer, je t’aurais dit que c’était peut-être la brutalité du jeu, mais en fait, même pas. Pas tant. Si ce n’est qu’il y a une différence de puissance dans les tirs, c’est certain. Nous, notamment, c’est notre principale lacune, on ne sait pas tirer. On n’a aucune puissance dans notre tir, enfin très peu. Je ne suis même pas dure en disant ça. C’est quelque chose auquel je pense qu’on ne s’est pas assez attaché en entraînement. Nous pensions que les tactiques suffiraient. Mais en fait, sur place, les tactiques ne suffisent pas. Et donc, pour la principale différence entre hommes et femmes, je dirais que les femmes prennent plus le temps de se placer avant de tirer.

J’ai l’impression que les équipes masculines sont un peu plus directes. Je sais pas ce que vous en pensez les gars, mais j’ai eu plus cette sensation là.

Ouais, je pense aussi, c’est plus collectif chez les filles. Après je pense que la différence elle c’est pas forcément entre hommes et femmes mais plutôt entre continents ou milieux d’où tu viens. Parce que, par exemple, quand tu vois les Lettons ou des Biélorusses jouer, ils ont un style de hockeyeurs : ça tournait bien. Ils avaient vraiment une rotation comme tu peux avoir en hockey sur glace.

Après je pense qu’on en avait déjà parlé dans le premier podcast mais pour moi ça s’est confirmé. Et tu vas voir que des équipes comme la Côte d’Ivoire ou le Sénégal par exemple sont plus dans le freestyle. Elles ont un jeu plus rapide. C’est une caractéristique des équipes africaines.

Ouis et puis hyper technique et plus direct que les Lettons qui vont faire tourner un peu comme ils le feraient avec un palet avant de tirer. C’est un peu mon impression.

Quelles autres différences de type de jeu avez-vous constatées lors de cette Coupe du Monde de Roll Ball 2023 ?

Nous avons beaucoup galéré avec les équipes africaines. Vraiment, le Sri Lanka qui était une belle équipe, nous a moins mis en difficulté que les équipes africaines qui étaient très rapides. Il faut aussi prendre en compte la façon dont notre style de jeu réagit au style de jeu des autres. Et c’est vrai que nous n’étions peut-être pas assez vifs sur les patins pour repartir rapidement. Eux ils partaient très vite en contre. Et voilà, ils ne proposaient pas du jeu très collectif. Aucune équipe ne m’a impressionné par son jeu collectif. Et je dirais même dans celle qu’on a jouée, c’est l’Iran que j’ai trouvé la meilleure. Et pourtant le Kenya a été champion du monde.

Mais en tout cas, collectivement, on n’a pas eu de grosses leçons. Là où je voyais par exemple le match Egypte-France. Il est d’ailleurs vraiment à revoir parce que c’était un match super collectivement à plein de niveaux. Il y avait du jeu. Alors nous, c’était quand même assez direct. Les kenyans aussi jouent quand même assez collectif.

C’est limité moi je trouve. c’est à dire qu’ils font 2-3 passes et ils tirent. Il y avait des très beaux échanges avant. Tu te souviens la finale Kenya-Inde, c’était typiquement ça, le jeu kenyan était très direct.

Vue d'ensemble d'un terrain de la Coupe du monde de Roll Ball 2023
Vue d’ensemble d’un terrain de la Coupe du monde de Roll Ball 2023

On assiste à un débat interne entre les membres de Roll Ball France…

Il ne dit pas que c’était pas collectif, c’était juste très direct, c’est à dire il y avait trois pas et ils tiraient. Et ils faisaient la différence sur leur puissance, plus que sur le collectif. Là où les indiens essayaient vraiment de bouger l’équipe.

Oui mais les Kenyans, ils savaient qu’ils devaient tirer leur épingle du jeu de cette manière-là face à l’Inde. Ils savaient qu’ils pouvaient jouer la puissance sur l’Inde. L’Inde a cette puissance plutôt qu’à se placer. C’est d’ailleurs toute la différence dont parlait Antoine entre les différents continents. C’est vrai que tout le monde n’a pas la même manière de jouer. Alors manque de bol, nous on s’est peut-être inspiré des Anglais, donc c’est pas sûr qu’on ait pris le meilleur modèle. Mais franchement, on voit bien des façons différentes de jouer.

 » Je pense que c’est aussi ce qui va nous aider pour la suite, c’est de créer un peu notre style avec nos différents matchs. Nos différentes rencontres contre d’autres adversaires, avec des nouvelles têtes vont nous permettre de créer un peu plus notre style. »

J.E. Chapartegui

Je pense qu’on avait une base. Nous avons essayé de mettre en place un jeu très collectif, qui, hélas n’a pas pu se mettre en place aussi bien qu’on le souhaitait parce que justement nous étions trop en difficulté dans le jeu. C’est vrai que c’est intéressant de voir que la différence elle joue pas forcément entre hommes et femmes mais plus entre les pays.

Ce sont donc des différences culturelles. Alors nous alons continuer un petit peu sur cette logique de différence culturelle. Est-ce que vous avez projeté pour la suite des événements, l’avenir de monter en puissance en rencontrant d’autres équipes ?

Antoine : Nous avons des visions différentes sur la question. Moi, je suis plus en relation avec tout ce qui se passe à l’international. J’ai encore eu une réunion hier où nous en parlions. Ils sortaient des grands mots et prévoyaient des choses plus ou moins concrètes.

Laurie et J-E, je ne sais pas si nous parlons du projet maintenant, s’il est assez mûr. Mais nous avons un projet qui me semble plus concret que 15 personnes qui disent : « Oui, on va faire une coupe islamique en Iran. » Enfin, c’est ce qui s’est passé hier par exemple.

Donc je fais davantage confiance à des initiatives au niveau de l’Europe et de la France. Je préfère laisser la parole à J.E. et Laurie pour ça. C’est intéressant d’avoir les deux visions parce que ce sont deux mondes qui doivent cohabiter. On a un pragmatisme peut-être de notre côté mais il ne faut pas non plus jeter tout ce qui se fait à côté. Nous avons un développement local à mettre en place. Désormais, nous avons les bonnes personnes pour ça.

Mais à côté, il y a encore des échéances internationales. Et il faut aussi se caler sur ce qui se fait à l’international. C’est aussi pour ça que nos visions sont complémentaires.

Action devant la cage de l'équipe de France de Roll Ball femme
Action devant la cage de l’équipe de France de Roll Ball femme

Qu’en penses-tu Laurie ?

Laurie Laport : Effectivement. Je pense qu’il ne faut pas qu’on attende qu’il y ait des choses qui se fassent à l’international. C’est pour ça que nous sommes plusieurs à vouloir mettre des actions locales en place.

L’idée c’est qu’il y a différents moyens de pouvoir étendre le roll ball en France. Déjà à notre niveau à Ivry-sur-Seine, d’étendre ce sport et de le faire découvrir un peu plus à Paris. Qu’on puisse se permettre d’avoir même plusieurs équipes et de s’entraîner davantage entre nous. Il nous faut suffisamment de joueurs et d’effectifs pour déjà pouvoir avoir des entraînements un peu plus conséquents entre nous.

Ensuite, peut-être proposer cette discipline à d’autres clubs en France. Pour certains, nous avons eu de la demande et pour d’autres, nous pouvons leur proposer. J’aimerais beaucoup pouvoir dire à des clubs comme celui de Bordeaux de regarder ce qui se fait. Si ça les intéresse qu’on vienne leur montrer ce que c’est que le Roll Ball et de voir s’ils peuvent le mettre en place dans leur club. Il faut que cela puisse se développer un petit peu plus à l’échelle française. Ensuite, nous organiserons peut-être des plus petits championnats en Europe. Peut-être qu’à ce niveau-là, J.E. aura plus à dire.

Quel est ton avis Jean-Emmanuel ?

C’est vrai que je pense qu’il y a deux axes. Le premier axe qu’on doit développer c’est sur le national. Il va falloir aller chercher les équipes. Et ça, c’est quand même un gros travail. Et puis, il faut se rapprocher potentiellement de ce que se fait la FFRS ou d’autres fédérations. Parce que forcément, il faut s’organiser en tant que fédération.

Ensuite, au niveau européen, ce qui est très pratique c’est que les équipes sont déjà en place et existantes. Il y a déjà du niveau. Donc, si on veut progresser c’est aussi le meilleur moyen. Nous avons quand même huit ou neuf équipes européennes actives, en hommes et femmes. Elles pourraient nous permettre de jouer aussi à cette échelle-là. Donc en fait je pense que les deux doivent se faire en parallèle. Le développement national ne doit pas empêcher le développement continental.

Après c’est vrai que moi je suis aussi en tant que représentant de l’US Ivry. Donc, forcément, j’essaie de lancer bien l’activité au sein du club. C’est en train de très bien prendre. Mais au-delà de ça, je le vois en tant que responsable de club.

 » Le Roll Ball est très attirant pour les nouveaux pratiquants, parce que c’est un sport accessible. Davantage que le roller soccer. »

Jean-Emmanuel Chapartegui

Le roller soccer, j’en parle et les gens me disent : « Ah oui, mais ça fait peur, tu tires avec tes pieds ». Oui, c’est la question qu’on m’a le plus posée dans ma vie :  » Tu tires avec tes pieds, d’accord, mais comment tu fais pour ne pas te casser la gueule ? « 

Avec le roll ball, on n’a pas ce concept-là. La balle est dans les mains, on comprend tout de suite que ça peut le faire.

Ouais, c’est ce qu’on a dit sur le premier podcast. Exactement. Donc il y a vraiment ce levier à activer. Nous avons sûrement de très belles choses à faire, que ce soit à l’échelle française ou européenne.

Action devant la cage  de la Côte d'Ivoire
Action devant la cage de la Côte d’Ivoire

Quelles nations composent les neuf équipes européennes dont vous avez parlées ?

On a la Lettonie, l’Angleterre, la Pologne, le Danemark, la France, la Slovénie… Mais eux ça fait très longtemps qu’on n’a pas entendu parler d’eux. Tu as les Pays-Bas aussi. Les Pays-Bas c’est juste qu’ils n’avaient pas assez de personnes pour venir cette année, mais sinon je pense qu’ils sont assez actifs. Et en pays potentiellement sélectionnable, pour moi il y a la Belgique parce qu’on connaît assez bien les Shinobi Riders de Bruxelles. Nous avions aussi quelques contacts à Cologne et Düsseldorf pour l’Allemagne. Après, ils n’avaient pas réussi à monter une vraie équipe. Mais je pense que c’est quelque chose à creuser parce qu’ils avaient bien aimé le principe en 2019. Et nous avons aussi la Suisse. Et quand je leur avais parlé du Roll Ball et de venir en Inde, ils m’avaient regardé un peu bizarrement.

Mais je pense que maintenant qu’ils m’ont vu retourner, ils se sont dit : « Ah c’est vraiment un truc concret ». Et là ils commencent déjà plus à être intéressés. Je pense que si nous mettons en place un tournoi à l’européenne de club, il y aura possibilité d’avoir une équipe suisse.

Petite digression tant que je pense à la question : Sait-on où sera la prochaine Coupe du Monde ?

Pas en Inde. Tant mieux déjà. Mais alors on n’en sait rien. Hier, durant la réunion avec les instances du Roll Ball, c’était assez lunaire, parce qu’il y avait un agenda très précis avec Coupe du Monde Junior, Coupe du Monde Senior en 2025 et Junior en 2024. Puis, nous avons commencé à l’évoquer et puis quelqu’un a dit : « Moi, je dois y aller. Du coup au revoir tout le monde », et tout le monde s’est dit « Au revoir ». On a pas pu finir la discussion.

Donc, on ne sait pas vraiment. L’Egypte a priori pourrait organiser quelque chose. Une dame a appelé ça une coupe continentale qui consisterait à avoir quatre pays de chaque continent et de faire une sorte de coupe du monde, mais elle appelle ça une coupe continentale. Apparemment, elle avait déjà les autorisations du ministère des sports égyptiens, du ministère des affaires étrangères pour organiser cet événement courant novembre.

En plus c’est très proche, donc c’est un peu surprenant. A la fin de la compétition, nous ne savions donc toujours pas où sera la prochaine.

Antoine en action lors de la Coupe du Monde de Roll Ball 2023
Antoine en action lors de la Coupe du Monde de Roll Ball 2023

Ça me fait penser un petit peu à ce que vous disiez tout à l’heure, c’est que le roll ball à l’heure actuelle c’est un mélange de professionnalisme par certains aspects et freestyle par d’autres. Ça va me permettre de faire la bonne transition vers les anecdotes pour chacun d’entre vous. Une fois n’est pas coutume, je vais démarrer par Laurie…

Laurie : Je n’en ai pas en tête là tout de suite, je t’avoue. J’essaie d’y réfléchir.

Allez Antoine, je te sens bien parti…

Antoine : J’en ai beaucoup ! Après il faut savoir où est la limite du racontable. C’est ça qui est compliqué.

Ça dépend si tu veux parler des difficultés de santé que tu as pu avoir ?

En anecdote plus personnelle, c’est ce que je racontais au début : le premier match contre l’Iran.

J’ai plutôt une anecdote générale. Après c’est plus sur l’organisation. Il faut savoir que nous étions tous logés dans le même hôtel. Je pense que toutes les équipes, à part les équipes indiennes et sri-lankaises, sont tombées malades à un point de la compétition. Enfin vraiment, c’était comme un virus. Il n’y avait pas une équipe qui pourra dire qu’elle était à 100% pendant toute la semaine.

Concernant l’ hôtel, il faut savoir qu’avant de nous déplacer, nous étions dans un hôtel où les tuktuk ne voulaient pas passer parce qu’ils ne se faisaient pas suffisamment d’argent. sachant qu’on peut mettre trois personnes par tuktuk, on a réussi à rentrer et donc planifier un peu cette organisation de venir en tuk-tuk jusqu’au stade. C’était plutôt marrant… stressant mais marrant.

Laurie : T’as pas dit qu’on utilisait Uber tuk-tuk ?

Oui ! Petite astuce pour ceux qui vont en Inde : utilisez Uber parce que les prix sont plafonnés. Donc on se fait moins arnaquer. Voilà. C’est la moitié du prix.

Jean-Emmanuel tu veux ajouter autre chose à propos de cette Coupe du Monde de Roll Ball 2023 ?

Un point pour montrer l’inégalité de traitement : la Guinée est arrivée comme le Kenya avec deux jours de retard. Or, la Guinée a eu tous ses matchs mis en forfait alors que le Kenya les a vu tous reportés. Ce qui a foutu un bordel incroyable. Et l’organisation ne nous prévenait jamais du moment où on devait jouer. Donc ça montre un peu l’importance de chacun dans le système. Et c’est vrai qu’ils nous envoyaient souvent des plannings qui se modifiaient. Ainsi, le dernier jour, nous devions jouer trois matchs en cinq heures. Donc c’était quand même un sacré délire.

Sinon en tant qu’anecdote personnelle, je retiens forcément l’histoire des hôtels. En effet le premier jour on est dans un hôtel et déjà à la fin du premier jour, on me dit il faut absolument qu’on change d’hôtel et qu’on aille dans l’hôtel 5 étoiles prévu par l’organisation. Nous nous y rendons donc avec Laurie et Antoine. Puis on se rend compte qu’ils n’ont pas prévu de chambre pour nous la première nuit. Donc c’est quand même pas très sympa. On se dit alors qu’on va rester une journée de plus dans notre hôtel initial. Jusque là on s’en est accommodé comme disait Antoine. C’était galère pour aller au stade mais on a fait avec.

Ces histoires d’hôtel furent une sacrée épopée…

Cependant, il a fallu faire répéter dix fois à l’organisateur de tout ça qu’il nous assure que le lendemain on pourra aller dans cet hôtel-là. C’est le triple check. Triple check, tu confirmes une fois, tu confirmes deux fois, tu confirmes trois fois. C’est un délire.

Donc le lendemain, en plus, on joue l’Iran. Et juste après le match contre l’Iran, on doit rentrer et faire nos bagages pour repartir vers le vrai bon hôtel. On arrive sur place à 18 personnes dans le groupe… Et ce sont des chambres de trois. Là on on se rend compte qu’ils nous ont pris six chambres, donc c’est bien ils savent compter… Sauf qu’on est dix mecs et huit nanas ! Nous avons donc démarré une fameuse colocation puisque je me suis retrouvé avec les filles, ce qui en soit était très sympa, on s’est bien marré.

J’ai dû supporter Laurie quelques jours. Mais voilà c’est pour montrer un petit peu le côté un peu amateur du truc. Et on ne s’en es pas si mal sorti, parce que si l’on prend l’exemple de la Sierra Leone, ils étaient 12 pour deux chambres. Les conditions de traitement dépendent de ton importance dans le rollball et de ton implication. Le Kenya c’était vraiment scandaleux par rapport à la Guinée.

Par rapport à tout le monde même. Mais les Guinéens, en plus, ne parlaient pas anglais. Donc autant dire que quand ils venaient nous parler, j’avais l’impression que c’était la libération pour eux. On peut dire que les Guinéens ont pris pour tout le monde.

Le coach donne ses consignes à l'équipe de Roll Ball France homme
Le coach donne ses consignes à l’équipe de Roll Ball France homme

Ensuite, le lendemain, qu’est-ce qui s’est passé ?

Je crois qu’on a été tous à roller, prêts à jouer; On arrive alors sur le terrain pour jouer contre le Népal, on s’échauffe vraiment, et l’arbitre vient nous voir et nous dit «  Oui, il y a l’Egypte qui attend depuis deux heures pour jouer, est-ce que vous pouvez les laisser jouer avant vous ? « . C’était lunaire, vraiment lunaire. Pareil, le lendemain ou surlendemain : on devait jouer à 13h00. Nous arrivons comme prévu une heure avant. Hugo, notre coach, va tout de suite demander :  » Bon, est-ce qu’il y a du retard ? « 

Oui, il y a du retard, vous jouerez pas avant 14h, très bien. On va s’isoler dans une salle, on discute, voilà. Et à moins 10, il y a un des arbitres qui vient dire à Hugo :  » Qu’est-ce que vous faites là ? Pourquoi vous n’êtes pas en train de vous échauffer ? « 

Le même qui lui avait dit qu’il jouera à 14h00. Je lui dis, vous m’avez dit qu’on jouerait plus tard. Il me dit :  » Non, non, regardez sur la feuille. C’est marqué 13h00, vous jouerez à 13h00. »

C’était toujours ça. C’était absurde constamment.

Et comment avez-vous géré ces changements incessants ?

C’était très compliqué à gérer moralement et je pense que ça ne nous a pas aidés dans les matchs. Il fallait avoir ce lâcher prise constant pour se dire qu’on s’arrête pas à ce qu’on nous dit, parce qu’on ne sait jamais ce qui se passera finalement. Donc c’est vrai que ça, c’était un petit peu rude. Cela rejoint aussi ce qu’on disait juste avant sur le fait qu’on ne sait pas où va être la prochaine Coupe du Monde de Roll Ball dans deux ans. Sans doute que l’Inde va vouloir l’organiser à nouveau, parce que l’IRBF, c’est l’Inde. Mais il n’y a aucun pays qui veut y retourner.

Qui pourrait organiser la prochaine Coupe du Monde de Roll Ball finalement ?

Antoine : Tous les autres pays veulent que ça s’organise ailleurs. Peut-être en Égypte. Ils parlaient du Qatar aussi. Le Qatar a les moyens et potentiellement l’envie de l’organiser. Donc je ne sais pas trop comment ça va se décanter.

Nous arrivons à notre traditionnelle tribune libre, dernière partie de ce second podcast consacré à la Coupe du Monde de Roll Ball…

Jean-Emmanuel Chapartegui : Déjà un grand merci à mes 17 coéquipiers, c’était incroyable ! Et merci à tous ceux qui nous ont soutenus. Parce qu’il ne faut pas oublier, mais il y a eu une cagnotte sur Ulule qui a été faite. On a obtenu des financements, plein de messages de soutien, plein d’encouragements. Donc merci à tous et à toutes évidemment d’avoir soutenu notre projet qui était complètement dingue. Merci à Antoine et à Laurie évidemment, parce que sans eux on n’y serait pas arrivé.

Et aussi je voulais dire : à tous ceux qui ont envie d’essayer, si vous êtes en région parisienne, on vous attend le mercredi soir à Ivry !

Quelque chose à rajouter pour Laurie ou Antoine ?

Merci, J.E. et Merci à tous. C’est vrai qu’on a fait un bilan plutôt axé sur le sportif et un peu de géopolitique de cette compétition. Mais il y a aussi eu un côté humain extrêmement fort. Il est passé au-dessus de tout le reste. Ce fut quand même une aventure assez folle. Et vraiment, on n’en tire que du positif. Là, on a dit énormément de choses sur la mauvaise organisation, etc. Mais le côté humain, les rencontres avec les autres équipes, cela a été vraiment incroyable. Il y avait beaucoup d’émotions. Moi, j’ai pleuré à la fin. Sportivement et humainement parlant, c’était incroyable.

Donc, il faut que ça reste une note hyper positive et ça nous pousse à vouloir étendre le roll ball et à développer tout ça. Donc, c’est que forcément, ça a été super à vivre malgré tous les petits points négatifs qu’on a évoqué.

L'équipe de Roll Ball France homme
L’équipe de Roll Ball France homme

Est-ce qu’il y avait des représentants de la World Skate ou des gens comme ça sur place pour cette Coupe du Monde de Roll Ball 2023 ? Par curiosité quand même, je me suis dit qu’ils seraient peut-être venus voir.

Antoine : Non, même pas. Parce qu’en fait, la Fédération Internationale de Roll Ball ne veut pas s’affiler à la World Skate parce qu’ils veulent conserver leur statut.

En fait les titres en Inde c’est vraiment important d’être directeur de quelque chose ou directeur d’autre chose. Ils sont tous directeurs d’un truc ! Je suis moi-même directeur médical pour eux. Enfin bref, nous avons tous des titres sans grande valeur, du moins à mes yeux. A priori, si la fédération international de Roll Ball s’affilait à WorldSkate, ses dirigeants deviendraient juste des managers, ils seraient juste des représentants du Roll Ball. Et ça, ils refusent absolument de le faire. Je pense que c’est un gros frein pour eux de s’accrocher si fort à leurs titres. Donc, c’est pour cela qu’ils sont en froid avec la WorldSkate. De toute façon, chaque fois c’est de la politique.

On sent que c’est quelque chose qui est important et qui tient à cœur aux Indiens de garder un petit peu le contrôle sur leur sport…

Oui, complètement. D’autant plus que si ça partait ailleurs que chez eux, notamment en Italie, ils auraient moins leur mot à dire sur la manière dont ça se déroule au niveau mondial.

Merci à tous les trois pour cet échange et de nous avoir permis de revivre la Coupe du Monde de Roll Ball 2023 à travers vos yeux. J’invite toutes les personnes qui souhaitent se rapprocher de vous pour découvrir un petit peu plus le Roll Ball. Nous continuerons d’en parler régulièrement sur rollerenligne.com, notamment par le biais des revues de presse. En effet, nous voyons passer beaucoup d’articles au quotidien. C’est d’ailleurs une discipline est extrêmement vivante au niveau international, notamment en Afrique, comme on l’a dit, et en Inde.

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Auteur
Alexandre Chartier 'alfathor'

Bonjour à tous, je suis Alexandre Chartier, fondateur et webmaster de rollerenligne.com. Le site a vu le jour officiellement le 11 décembre 2003 mais l'idée germait déjà depuis 2001 avec infosroller.free.fr. Le modeste projet d'étude est devenu un site associatif qui mobilise une belle équipe de bénévoles. Passionné de roller en général, tant en patin traditionnel qu'en roller en ligne, j'étudie le patinage à roulettes sous toutes ses formes et tous ses aspects : histoire, économie, sociologie, évolution technologique... Aspirine et/ou café recommandés si vous abordez l'un de ces sujets !

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