Anatomie d’un roller course ou patin de vitesse
A partir d'un certain niveau de pratique, chaque discipline du roller nécessite un matériel spécifique et adapté. C'est particulièrement vrai pour le roller course dont la quête de performance a poussé la spécialisation du matériel à l'extrême. Anatomie d'un roller course...
Par alfathor

L’anatomie d’un roller course ou patin de vitesse est très caractéristique : chaussures rigides et basses, châssis long, grandes roues. Ainsi, les rollers de vitesse sont facilement reconnaissables ! Mais pourquoi sont-ils conçus de cette manière ? Qu’apportent ces caractéristiques techniques au patineur ? Explications avec Christophe Audoire.

La chaussure ou coque de roller course

(la partie en rouge correspond à la coque rigide sous la tige)
Une tige basse
Vous l’aurez remarqué les coques de roller course sont les plus basses dans la grande famille du roller. Et ce, malgré l’augmentation progressive du diamètre des roues depuis plusieurs décennies. Les chaussures de vitesse sont aussi parmi les plus rigides. En effet, l’objectif reste d’offrir au patineur un maximum de précision et de transfert de puissance. Ainsi, les fabricants proposent des chaussures aussi proches du pied que possible. La tige basse permet de ne pas sacrifier la liberté de mouvement de la cheville. Ainsi, le patineur peut pousser loin sans entrave.
Sur l’illustration ci-dessus, notez que la coque (en rouge) monte juste au dessus de la malléole mais s’évase au niveau du tendon d’Achille pour laisser de la liberté de mouvement au patineur.
En général, plus un patineur est expert et plus la coque descend bas sur la malléole, en particulier avec des chaussures de roller course sur mesure.
Pour débuter, une coque bien au dessus de la malléole compensera en partie le manque de tonicité de la cheville et les carences techniques.
Les matériaux composites : omniprésents sur les rollers de vitesse
Désormais, la grande majorité des coques et chaussures de roller course sont constituées de matériaux composites : fibre de carbone, fibre de verre, parfois kevlar. L’industrie les utilise pour leur rigidité et leur légèreté. Ils constituent un facteur clé de la performance en roller course. Généralement, les patins les plus haut de gamme possèdent une coque 100% carbone, plus coûteuse à produire. Les modèles de milieu de gamme peuvent comporter de la fibre de verre combinée au carbone.

« Ce n’est pas une simple chaussure, mais une prothèse, une véritable extension du pied. Le fait d’ajouter un châssis et des roues fait de nous un patineur. »
Christophe Audoire
Le système de serrage des patins de vitesse
Dans la plupart des cas, le système de serrage d’un patin de course comporte un ou deux lacets que l’on va serrer au plus près du pied pour gagner en précision. Ensuite, le serrage se complète souvent d’un cache lacet tenu par une boucle micrométrique. Son objectif n’est pas tant de cacher les lacets que de caler la cheville dans la coque.
Le pied ne doit pas bouger dans la coque, au risque de créer des frottements et des ampoules.
Certains patineurs optent pour un double laçage qui permet d’exercer une tension de serrage différente sur le haut et le bas du pied. Il arrive aussi que les patineurs desserrent ou resserrent leurs patins au fil de la course en fonction des actions qu’ils préparent.
La notion d’entraxe et les inserts
En roller course, la platine se fixe à la chaussure par l’intermédiaire des inserts. Ces derniers peuvent être fixes, ou mobiles, pour faciliter le réglage des platines. L’espacement entre les inserts s’appelle l’entraxe ou « mounting » en anglais.

Les entraxes de 165 mm et 195 mm cohabitent selon le diamètre de roue utilisé. L’entraxe est la distance qui sépare les deux points de fixation de la chaussure à la platine, comme illustré sur le schéma ci-dessous.

Attention : chaussure sur mesure ne veut pas dire confort !
Que l’on soit clair d’entrée de jeu : il ne faut pas choisir une chaussure sur mesure si vous souhaitez un patin confortable. Les coques moulées se dédient à la performance avant tout. Elles apportent ce petit plus de précision qui fait la différence. Souvent, les fabricants réduisent au maximum l’épaisseur de la mousse pour accroître les sensations et le toucher du patineur, au détriment du confort. C’est comme un siège baquet de voiture de course.

« Une coque sur mesure ne rendra pas votre technique meilleure, elle ne fera que sublimer un beau geste technique déjà maîtrisé. »
Christophe Audoire
Le train roulant – partie essentielle de l’anatomie d’un roller course
Le châssis ou platine (incluant axes et entretoises)
Les fabricants de platines de vitesse proposent deux matériaux sur le marché : principalement de l’aluminium, mais aussi du carbone. Les châssis peuvent comporter 3 ou 4 roues.
La principale particularité des châssis ou platines de roller course est d’accueillir des roues de grand diamètre. Ils sont donc plus longs que les châssis des autres disciplines. Un grand diamètre, associé à une grande longueur et à une bonne rigidité garantit un transfert de puissance efficace. Toutefois, toutes les parties d’une platine de roller course ne doivent pas avoir la même rigidité ! En effet, un châssis trop rigide aurait du mal à tourner. C’est pourquoi les fabricants concentrent la rigidité sur la partie centrale pour donner un peu plus de souplesse aux extrémités. Ainsi, les patineurs peuvent tourner plus facilement.

Il existe deux morphologies principales de châssis :
- La morphologie en X (rigide au centre, plus souple aux pointes) comme ci-dessus
- La morphologie en arches (avec des points forts entre les roues et des points plus souples aux extrémités)
La longueur d’un châssis se mesure du centre de l’axe de la roue avant au centre de l’axe de la roue arrière. Ainsi, vous constaterez qu’un châssis 3×125 mm n’est pas beaucoup plus grand qu’un châssis 4×100 mm. Ainsi, l’espacement entre les parties qui touchent le sol est quasiment le même.
Christophe Audoire
D’autre part, les axes utilisés sur les châssis de course sont des axes simples en aluminium. C’est à dire qu’ils sont fabriqués d’un seul tenant, avec un filetage pour venir se visser directement dans les parois latérales du châssis.

Les roues d’un patin de vitesse
Le diamètre des roues de roller course varie selon la catégorie d’âge et la spécialité. Les plus jeunes peuvent utiliser des roues de 80 mm ou 90 mm alors que les adultes peuvent monter à 110 ou 125 mm. Par exemple, en marathon roller, le diamètre maximum autorisé monte jusqu’à 125 mm. En revanche, sur piste, le diamètre maximum autorisé se limite à 110 mm.
Désormais, en compétition, la très grande majorité des patineurs utilise des roues bi-densité ou double densité. C’est à dire que le coeur de la roue comporte un polyuréthane plus tendre pour offrir de l’adhérence, alors que le PU extérieur est plus dur pour donner un meilleur roulage.

Les roulements d’un roller course
Les roulements restent une composante essentielle des rollers course. Ils ne sont cependant pas spécifique à cette discipline. En effet, la plupart des pratiques du roller partagent à peu près les mêmes roulements. En revanche, les patineurs de vitesse utilisent sans doute davantage de roulements en céramique.