Claudie Duval conjugue roller course et raid longue distance

Les passionné(e)s de Marathon parmi vous connaissent sans doute Claudie Duval. La patineuse licenciée dans l'Essonne a remporté de nombreuses compétitions nationales et internationale, dont le titre mondial en master en 2017. Retour sur son parcours et son dernier raid roller à travers la Finlande...

Par alfathor

Claudie Duval conjugue roller course et raid longue distance

Podcast : Claudie Duval revient sur sa carrière sportive et son raid roller en Finlande

Bonjour Claudie et merci d’avoir accepté cette interview. Tout d’abord, et comme traditionnellement dans ce podcast, peux-tu te présenter ?

Bonjour à toute la famille roller. Tout d’abord, j’ai deux enfants (un garçon et une fille, ainsi que cinq petits enfants et tous font du rollers (loisir ou hockey). A titre personnel, je suis dans le roller depuis plus de 30 ans, grâce à mon fils qui a voulu faire du roller. Je me suis très vite impliquée en tant que bénévole dans le club. Ensuite, j’ai passé mon brevet d’état pour encadrer les groupes de roller chez les enfants comme chez les adultes.

Entretien avec Claudie Duval, championne de roller course et pratiquante de raid en roller – télécharger le MP3

Je me suis très vite entraînée et comme j’ai vu que cela marchait bien j’ai fait des randonnées et je suis partie sur la compétitions jusqu’à devenir 12 fois championne de France, une fois vice-championne d’Europe sur marathon master et deux fois championne du monde sur la même distance.

Claudie Duval, championne du monde de marathon roller master en 2017 en Italie
Claudie Duval, championne du monde de marathon roller master en 2017 en Italie

Ta spécialité est donc plutôt le roller course, mais as-tu essayé d’autres pratiques du roller ?

Oui, je fais aussi de la randonnée et j’ai organisé plusieurs fois des raids sur longue distance comme Béziers – Paris, Bordeaux – Bayonne – Paris, la Bretagne en roller. j’aime aussi beaucoup les grands raids.

Qu’est-ce qui te plait dans le patinage ?

Tout d’abord la liberté. Puis de regarder le paysage, parce que l’on ne roule pas trop vite. C’est un sport de glisse, comme le ski. C’est ce que je préfère.

 » Pour moi le roller c’est : un loisir, un sport, un travail, un moyen de transport. Au début en tant que parents puis bénévole ,puis entraîneur, puis compétitrice et maintenant toujours d’actualité malgré mon statut de retraitée. »

Claudie Duval

Récemment, tu as participé à un raid roller en Finlande. En quoi consistait-il ?

Il s’appelle la « Finline ». C’est un raid roller longue distance organisé par des Finlandais et des Français depuis plus de 30 ans. Il regroupe plusieurs nationalités : Français, Belges, Israëliens, Allemands, Italiens, Australiens et Finnois bien évidemment. Nous étions 34 personnes. C’était ma première fois. j’ai atterri sur ce raid grâce à des gens de mon club.

Le départ de la frontière Russe de Claudie Duval
Le départ de la frontière Russe de Claudie Duval

C’est un format assez peu connu. L’organisation souhaite-t-elle développer cet événement ?

Non, l’organisation souhaite que la Finline reste assez confidentielle. Ils ne peuvent pas accueillir beaucoup plus de monde.

De quel endroit êtes-vous partis ?

Nous sommes partis d’un poste frontière russe situé à Vartius. Nous n’avons pas passé la frontière bien évidemment. Il y avait sept étapes et nous avons traversé la Finlande d’est en ouest, jusqu’à la mer, plus précisément à Oulu.

Claudie Duval, combien faisiez-vous de kilomètres par jour ?

Au total, nous avons fait 526 km. Le kilométrage variait entre 60 et 90 km environ, parce que la Finlande est grande, mais il n’y a pas forcément d’hôtel et de restaurants sur tout le trajet.

  • Samedi, 66 km : de Kostamustie à Väinämöinen
  • Dimanche, 77 km : de Väinämöinen à Katinkullantie
  • Lundi, 92 km : de Katinkullantie à Manamansalontie
  • Mardi, 75+1 km : de Manamansalontie à Kuntoraitti
  • Mercredi, 93 km : de Kuntoraitti à Nimetön
  • Jeudi, 79+7 km : de Nimetön tie à Marjaniementie
  • Vendredi, 58+7 km : de Marjaniementie à Salutorg

Nous n’étions pas en autonomie mais un bus nous suit. Il y a un arrêt ravitaillement tous les 10 à 15 km. Cela paraît peut espacé, mais quand on voit le revêtement, c’est déjà pas mal. Le bus récupère au fil du parcours ceux qui trouvent ça trop difficile. Il transporte aussi les bagages, c’est très bien organisé.

Est-ce que le parcours est vallonné ? Est-ce que les routes sont en bon état ?

C’était vallonné sur les deux premières étapes, puis ensuite ce n’était pratiquement que du plat. Par contre, dans l’ensemble, le revêtement n’était pas très bon. Nous avons eu quelques pistes cyclables qui étaient un vrai billard. Mais nous avons aussi eu une étape avec près de 40 km de gros gratton. Certaines étapes ont été très difficiles. En plus, dans les zones moins vallonnées, nous avons eu de grandes lignes droites interminables.

Claudie Duval dans le gratton lors du raid roller Finline
Claudie Duval dans le gratton lors du raid roller Finline

Quels ont été les moments forts de ce raid en Finlande ?

Je dirai que c’est d’abord le fait d’être avec toutes ces nationalités. Puis, la Finlande a de beaux paysages avec énormément de lac. Les arrêts du midi avec les saunas ou les baignades dans le lacs, mais aussi la bonne organisation. L’ensemble reste un très bon souvenir.

En Finlande, à cette période, le soleil ne se couche pas totalement, il fait jour toute la nuit. C’est extrêmement déroutant et finalement on s’habitue. Les Finlandais en profitent.

Sinon, la logistique était aussi vraiment très bien organisée. Nous partions en petits groupes en fonction de notre niveau, avec des horaires décalés. Les plus rapides en dernier. Ainsi, nous pouvions nous retrouver au moment des repas, à quelques minutes d’écart. Je faisais partie du 4e groupe qui partait une demi-heure après. Le chauffeur de bus était bénévole, comme tous les gens de l’organisation.

L’organisation s’appuie sur une association. Ils font ça depuis 30 ans. Cela ne coûte donc pas très cher pour participer au raid. Mais par contre, les hôtels sont relativement chers en Finlande.

C’est vraiment sympa de se retrouver tous ensemble, il y a une ambiance extraordinaire. C’est un truc à faire.

« Quand on fait un sauna après 40 km de gratton, on apprécie vraiment. J’en ai un très bon souvenir et je suis très contente d’y avoir participé. »

Claudie Duval

Et les moments difficiles ?

Nous avons eu une étape d’environ 96 km qui a commencé avec une grande montée avec une route en très mauvais état. Nous étions contents d’arriver en haut et d’attaquer la descente, sauf que celle-ci était encore plus pourrie que la montée. Et descendre une pente à 7% en roller sur une route défoncée, c’est quasi impossible de freiner. Je me suis fait peur sur ce coup-là. Heureusement, il y avait très peu de voitures et nous pouvions occuper toute la route.

Si on enlève le gratton et la pluie qui nous a fait rouler les pieds mouillés… et les moustiques. C’était vraiment top !

Ravitaillement au bus à l'occasion des arrêts
Ravitaillement au bus à l’occasion des arrêts

Une anecdote ?

Oui ! Dans notre groupe, il y avait un parisien qui s’appelait Frédéric et qui roulait en « Chariot Skate ». Un engin avec des grosses roues de vélo sur le côté du mollet et des petites roues à l’arrière pour la stabilité. Il maîtrisait super bien son équipement. Il freinait en T. Seul inconvénient : il a crevé plusieurs fois. Il a fait fureur avec ses engins !

Sinon, une autre chose, une copine est tombée et a cassé son casque. Heureusement, elle n’a rien eu de grave. Sans casque, elle ne pouvait pas rouler. Ce n’était pas évident d’en trouver. Un gars lui a donné un casque d’occasion. C’est pour dire comme les Finlandais ont été sympas !

Une petite partie du groupe des patineurs avec Claudie Duval
Une petite partie du groupe des patineurs avec Claudie Duval

Comment échangiez-vous entre nationalités ?

Principalement en anglais, mais je parle très peu cette langue. J’arrive à comprendre à peu près ce qu’on me demande. Il y avait quelques Français qui traduisaient et quelques Allemands qui parlaient Français. La majorité des gens à part moi parlaient français.

Sur les 34 personnes présentes, nous n’étions que trois à venir pour la première fois. Ils se connaissaient. Je me suis finalement assez bien intégrée au groupe. Tous les soirs, les chambres se mélangent et cela oblige à échanger (hommes et femmes séparés). Cela permet de rencontrer tout le monde. Au début j’avais une appréhension, mais en fait, cela s’est bien passé. Il y avait vraiment tous les niveaux, des randonneurs à ceux qui roulent un peu plus fort. Toute cette ambiance nous fait oublier les difficultés.

Justement, comment se passaient les relations avec les automobilistes ?

Mieux qu’en France ! Nous roulions face aux voitures. Et comme il y a très peu de véhicules, cela se passe plutôt bien. La voiture en face se décale et nous laisse passer. Il y a peut-être eu une ou deux personnes désagréables en sept jours. Les piétons et les vélos sont prioritaires dans ces pays. En France, cela aurait été impensable.

Quelle est la place du roller en Finlande ?

Je n’ai jamais vu de Finlandais sur les courses. Je pense que ce n’est pas facile pour eux. Ils font beaucoup de ski de fond, mais peu de roller.

Séance de récupération avec les mollets dans un lac !
Séance de récupération avec les mollets dans un lac !

Est-ce que tu y retournerais ?

Oui, pourquoi pas ! J’ai beaucoup aimé. Pas forcément tous les ans, mais certainement.

Quels sont tes objectifs roller pour les années à venir ?

Au mois d’août déjà, je fais les Championnats d’Europe de marathon master avec l’équipe de France en Suisse. Je verrais au fil des années, j’ai quand même déjà un certain âge (j’aurai 65 ans au mois de décembre). ça marche plutôt bien donc je vais continuer de me faire plaisir, mais forcément, il y aura un moment où ça deviendra compliqué.

« Si je fais le compte, j’ai sans doute plus vu les gens du roller que ma famille. J’espère continuer longtemps, à l’image de Philippe Chapuis qui est encore là. J’ai encore quelques années devant moi. « 

Claudie Duval

As-tu débuté le roller en ligne ou en quad ?

J’ai démarré en quad. Le patin en ligne n’était pas encore là. Mon fils faisait les compétitions en quad et quand il est passé en ligne, il a beaucoup moins bien marché et a arrêté. Moi j’ai continué.

Est-ce qu’il t’arrive de chausser les patins traditionnels ?

J’y pense mais je n’en ai plus, donc je n’ai pas pris la décision de réinvestir. Plus le temps passe et plus je me dis que cela va être compliqué de rechausser les quads.

Paysage de lac en Finlande
Paysage de lac en Finlande

Comment vois-tu l’évolution du patinage sur ces trente dernières années et comment penses-tu que cela va évoluer ?

Je ne me suis jamais posé la question. J’ai vu l’évolution du moment où nous étions très peu de compétiteurs vétérans à beaucoup de compétiteurs vétérans. Le niveau a beaucoup augmenté. La seule chose que je trouve qui n’évolue pas beaucoup, cela va peut être en fâcher quelques uns, mais c’est la relation de la fédération avec les vétérans. Ils sont quand même très nombreux quand on regarde sur les marathons.

Dans les années 1990 / 2000, le roller en ligne est arrivé et depuis cette période beaucoup de patineurs ont continué et sont aujourd’hui vétérans. Quelles sont vos attentes vis à vis de la fédération et des compétitions ?

Je pense que les vétérans aimeraient avoir une catégorie plus de 70 ans. Pas forcément chez les femmes parce que nous sommes très peu même en plus de 60 ans, mais surtout chez les hommes. Je pense aussi que les vétérans pourraient être plus aidés quand ils font un Championnat d’Europe ou un Championnat du Monde. C’était peut-être un peu mieux ces deux dernières années. Nous ne sommes pas assez soutenus financièrement. Cela reste cher quand on se déplace loin.

Il y a aussi un besoin des vétérans d’être reconnus. Je pense que beaucoup de vétérans connaissent les jeunes champions mais pas beaucoup de jeunes qui reconnaissent les vétérans. Peut-être les mettre un peu plus ensemble sur les compétitions nationales et internationales.

Paysage de bord de mer en Finlande
Paysage de bord de mer en Finlande

Selon toi Claudie Duval, y a -t-il d’autres pays en Europe où le niveau des vétérans est aussi élevé qu’en France ?

Oui, je pense à l’Italie, à l’Allemagne, la Suisse et les Pays-Bas. Mais pour les autres pays, il n’y a pas beaucoup de vétérans, pour ce qui est de l’Europe. Je ne peux pas parler pour d’autres pays comme la Colombie, je n’y suis jamais allé.

Tribune libre : si tu souhaites ajouter quelque chose…

J’espère que le roller va continuer de se développer et que je vais pouvoir continuer de patiner.

Voir le site officiel de l’événement

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Auteur
Alexandre Chartier 'alfathor'

Bonjour à tous, je suis Alexandre Chartier, fondateur et webmaster de rollerenligne.com. Le site a vu le jour officiellement le 11 décembre 2003 mais l'idée germait déjà depuis 2001 avec infosroller.free.fr. Le modeste projet d'étude est devenu un site associatif qui mobilise une belle équipe de bénévoles. Passionné de roller en général, tant en patin traditionnel qu'en roller en ligne, j'étudie le patinage à roulettes sous toutes ses formes et tous ses aspects : histoire, économie, sociologie, évolution technologique... Aspirine et/ou café recommandés si vous abordez l'un de ces sujets !

3 responses to “Claudie Duval conjugue roller course et raid longue distance”

  1. Buquant Christiane
    13 août 2022 at 15 h 40 min
    Bravo Claudie !
  2. Pinaud
    23 juillet 2022 at 15 h 39 min
    ça fait plaisir d'avoir un témoignage d'une vétérane (le féminin existe) et surtout sur une rando comme celle-ci qui n'est pas simple. je partage l'avis de Claudie en ce qui concerne la reconnaissance des vétérans par la fédération, beaucoup ont continué après le quad, j'en suis un exemple à presque 68 ans et ne dénotent pas dans les résultats des différentes courses et championnats comme Philippe Chapuis ou la famille Prot contre qui je courrais il y a 45/50 ans. Félicitations à Claudie pour son palmarès.
  3. Champion
    23 juillet 2022 at 12 h 28 min
    Mamie Choupette est extraordinaire. Elle m'a initié en tant que coach au CSB ROLLER et j'ai suivi sa trace,: randos, marathon roller, Bayonne/Brétigny sur Orge, mais sans podium dans les championnats. Mais ce n'était non plus un objectif. Le seul est de se faire plaisir et de rencontrer des gens sympa muent par cette liberté de patiner. A 74 ans, je continue à pratiquer le patinage de rues et encore quelques grandes distances. Merci à Claudie de m'avoir accompagné dans cette belle aventure

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