Travel By Blades 2018 : un voyage caritatif à roller entre Madrid et Dakar
Au mois d'août 2018, Johan Camboulive se lance dans un voyage de 4.000 km en roller entre Madrid (Espagne) et Dakar (Sénégal). Ce voyage se combine avec un projet caritatif autour du roller pour la jeunesse sénégalaise. Présentation...
Par Vernon SULLIVAN

Travel by Blades : une aventure à rollers de Johann Camboulive
Avec son initiative Travel By Blades, Johann Camboulive a la soif de voyage et d’aventure chevillée au corps. Dès 2008 et un voyage en Côte d’Ivoire, il s’engage dans une association fournissant du matériel scolaire et des vêtements à un quartier défavorisé d’Abidjan.
Bonjour Johann, comment es-tu venu au roller ?
Je suis né à Dreux (27). J’ai débuté le roller à l’école primaire. Un jour, un professeur remplaçant et ancien patineur a ramené une caisse de roller quads pour toute la classe. Il nous a initié. Les patins n’étaient pas terribles, mais j’ai adoré. J’ai récupéré les patins de ma mère et j’ai continué de patiner.

On n’avait jamais entendu parler de toi auparavant…
Je suis d’un témpérament plutôt solitaire. Je n’ai jamais pratiqué en club. J’ai participé à mes premières randonnées roller il y a seulement quelques mois pour parler de la collecte. Pour moi, le roller a aussi une vocation utilitaire. Je l’utilise pour les voyages et les déplacements quotidiens.
Nous avons vu que tu as été mannequin pour l’agence Elite ?
Oui, la façon dont ça s’est fait est plutôt originale. J’ai fait une traversée des USA en stop. Pour ce premier grand voyage, j’avais deux règles : pas d’argent pour le transport, ni pour le logement. Je dépensais de l’argent juste pour manger moi et partager avec ceux qui m’offraient l’hospitalité.
Un jour, j’ai fait escale à Las Végas. J’étais au milieu des clochards, j’ai croisé deux personnes qui avaient monté une boite d’enterrement de vie de garçon. Ils m’ont emmenés dans une soirée où j’ai rencontré une photographe de Vogue qui a fait des photos de moi. Elle m’a indiqué où les envoyer en France. Ce que j’ai fait. J’ai été recontacté, je suis passé à l’agence et j’ai été embauché. Cela paie bien. Du coup, je peux bosser peu et travailler sur mes projets personnels.
En parallèle, je suis développeur. Je fais notamment des applications partagées. De plus, je suis spécialisé dans le front-end. Ensuite, je travaille en freelance. Le mannequinat est un gros complément.
Comment fais-tu pour partir 6 mois ? Cela ne doit pas être simple financièrement.
J’ai mis de l’argent de côté, notamment grâce à une pub pour Dim. Cela me permet de ne pas me retrouver dans l’engrenage d’être esclave du travail. J’ai vraiment envie de me lancer maintenant dans cette aventure, je l’ai en tête depuis de nombreuses années. J’arrive à un tournant, j’ai 30 ans. Je dois le faire aujourd’hui.
Qu’est ce qui t’a fait basculer de l’auto-stop au roller pendant ton premier voyage ?
C’était un grand voyage initiatique, sans argent et sans nourriture. Je voulais être en autonomie. Je n’avais pas envie de compter sur les gens pour avancer, de faire le bord des routes. J’étais à San José. Je n’avais pas envie de me forcer à parler en voiture. Le roller s’est présenté comme un déclic quand j’ai vu la vidéo « The longest way ».
Seras-tu aux 24 Heures du Mans roller ?
Je monte une Africa Team pour les 24 Heures du Mans Roller 2018. J’ai eu des désistements de patineurs. On retombe à 9 patineurs. Ils sont essentiellement Camerounais, on a aussi un patineur de la Martinique. Je ferai partie des 9. On met en place un stand de collecte où les patineurs pourront venir déposer leur matériel d’occasion.
Les voyages de Johann Camboulive – Travel By Blades
2012 : de l’auto-stop au roller
Johann n’en est pas à son coup d’essai en matière de voyage à roller. En 2012, il s’élance pour un voyage de 15.000 km en auto-stop à travers l’Amérique du Nord et l’Amérique Centrale. Arrivé au Costa Rica et lassé de l’auto-stop, il décide de changer de moyen de transport. Il opte pour le roller. D’autre part, il parcourt 500 km entre le Costa Rica et le Panama en roller, poussant une charrette en tubes d’acier devant lui. Par ailleurs, il alterne couchsurfing et camping.

2016 : à travers l’Espagne sur les patins
En 2016, Johann s’élance dans un périple de 1500 km entre Barcelone et Tarifa (Espagne). Il est accompagné par une colombe nommée Gaïa qui ne manquera pas de le faire tourner en bourrique à plusieurs reprises. Il construit une nouvelle charrette en bambou avec roues de vélo, frein et voile baptisée Misty. Une version en aluminium pourrait voir le jour pour son prochain raid longue distance.
Ce voyage est un prélude à son rêve de patiner à travers l’Afrique.

2018 : cap sur l’Afrique !
Le projet de voyage d’août 2018 est bien plus ambitieux que les précédents. L’objectif de l’aventure est de patiner en solitaire depuis Madrid jusqu’à Dakar, à l’aide d’une charrette en bambou équipée de freins et d’une voile. Il débute en Espagne, franchit le détroit de Gibraltar, traverse le Maroc, file dans le désert du Sahara, passe par la Mauritanie et se termine à Dakar, capitale du Sénégal.

Durée totale du voyage : environ 6 mois
Johann débutera tranquillement sa remise en jambe avec 700 km en un mois à travers l’Espagne. Une fois passé le détroit de Gibraltar, l’attendent 2300 km à travers le Maroc. Il estime la durée de cette portion marocaine à trois mois et demi. Le dernier tronçon d’environ 1000 km l’emmènera à travers la Mauritanie et le Sénégal, pendant un mois et demi.
Johann Camboulive – Travel By Blades
» Certaines parties du trajet, notamment le Sahara et la frontière Mauritanienne, sont sous vigilance terroriste. Même si le risque zéro n’existe pas, les checkpoints militaires sont fréquents et seront les endroits choisis pour passer mes nuits. Beaucoup de voyageurs parlent du zèle de la police en matière de sécurité dans ces zones, ce qui est un bon point. »
Le matériel embarqué
Une traversée du désert nécessite des ressources importantes en eau. La charrette sera équipée d’un Jerrican plat pouvant stocker 20 litres, une quantité nécessaire entre les points de ravitaillement.
Il emportera également une tente pour se protéger des vents sableux et s’isoler des animaux sauvages. En plus de la trousse de secours classique, un kit anti-venin et un antibiotique injectable sont ajoutés.
Johann embarque également une caméra avec stabilisateur et un drone Mavic Air pour réaliser des images de son voyage. Il utilisera un chargeur solaire pour recharger ses appareils.
Johann s’élancera avec une paire de Powerslide World Cup Trinity à 3 roues de 125 mm.

Au delà de l’expérience personnelle : la dimension caritative
Travel By Blade amène du matériel d’occasion aux patineurs sénégalais
Pour donner davantage de sens à son voyage Johann s’est lancée dans la collecte de matériel de roller usagé à destination des jeunes patineurs sénégalais. Depuis plusieurs semaines, Travel By Blades récolte des rollers à travers la France par l’intermédiaire de skateparks, de boutiques spécialisées et d’événements roller. Johann était présent au NL Contest avec un stand pour récupérer du matériel. Il sera également à la GROL Race les 9 et 10 juin 2018.

Le matériel sera expédié à Dakar pour que son arrivée coïncide avec celle de Johann. Il distribuera du matériel de roller aux athlètes de la fédération sénégalaise dans le cadre d’un événement dédié.
Des sessions d’initiation au roller
Dans les semaines qui suivront l’arrivée au Sénégal, des sessions d’initiations seront dispensées au sein des structures le permettant ou sur les terrains asphaltés les plus proches (terrains de basket, cours d’école, esplanades…).C’est avec le soutien logistique et l’expérience de l’association Accro Roller que seront assurées ces initiations, en plus de l’aide apportée par les athlètes « sponsorisés » par l’action. Des patins seront offerts aux participants en fonction des disponibilités.
Vous trouverez plus d’infos sur le site internet de l’événement

Vidéo du dernier voyage Travel By Blades de Johann Camboulive à travers l’Espagne
Fiche technique de Johann Camboulive – Travel By Blades
- Age : 30 ans
- Expérience sur roulettes : 20 ans
- Métier : Informaticien / mannequin
- Etudes : Licences QCI puis CDED à Strasbourg
- Passif en raid roller : Voyageur depuis 2012, – deux voyages à rollers terminés
- Langues parlées : Anglais et espagnol couramment, notions d’Arabe et de Peul
Pour aller plus loin