Podcast : Oscar Briex raconte ses World Skate Games 2022
Oscar Briex faisait partie de l'équipe de France de roller à l'occasion des World Skate Games 2022. Ses excellents résultats en skatecross et en slalom vitesse lui ont valu une place dans la sélection nationale. Nous avons profité de son passage à Bordeaux pour l'interroger sur son expérience argentine...
Par alfathor

A trente ans, et en parallèle de son emploi de moniteur chez ROOL, Oscar Briex a réalisé les meilleurs résultats de sa carrière sportive en slalom vitesse et en skatecross. Ces performances lui ont valu une place en équipe de France à l’occasion des World Skate Games 2022 en Argentine. L’opportunité pour l’équipe de REL de revenir sur ces compétitions mondiales avec le regard d’un champion…
Bonjour Oscar Briex, peux-tu nous résumer ta saison 2022 ? Comment a-t-elle démarré ?
Elle a démarré inopinément, il n’y a pas eu de championnat de France en 2021 à cause du COVID19. La Commission Roller Freestyle a donc mis en place des championnats de France de façon inopinée. Le championnat de France de freeride a eu lieu à Roscoff (22) et le championnat de France de slalom s’est tenu à Saint-Nazaire. Ces championnats ont surpris un peu tout le monde. Mais je faisais partie de ces riders qui n’ont rien lâché pendant le COVID19. Certains riders ont arrêté, certains entraîneurs aussi, des clubs ont mis leurs activités en pause.
J’ai fait de très bons résultats sur ces événements, les meilleurs de ma carrière à vrai dire sur des France.
Oscar Briex
J’ai fait vice-champion de France en hauteur avec une barre à 1,40 m franchie très proprement. C’était l’occasion de passer une dernière fois devant mon élève Alexandre Nay, qui désormais saute plus haut que mois. En speed-slalom, j’avais fait quatrième et second en skatecross.
Il y avait un petit alignement de planète en skatecross puisque Florian Petitcollin n’était pas là.
A 29 ans, je me voyais plus près du début que de la fin. Ces résultats m’ont complètement relancé pour la saison. J’ai voulu en profiter le plus possible. En outre, j’ai fait une très grosse saison puisque j’ai participé à douze ou treize événements en tant qu’athlète et en tant que coach.
D’autre part, j’ai fait le choix de m’éloigner de la hauteur cette saison. Pour moi qui fait de la hauteur pure, du skatecross et du slalom, les qualités demandées sont très différentes. J’ai mis de côté la hauteur pure et cela m’a très bien rien.

Donc, tu as fait le choix de te concentrer le slalom vitesse et le skatecross. Comment cela s’est traduit dans tes entraînements ?
Complètement. Avant, je faisais des entraînements mixtes, notamment à l’époque où j’étais à Bordeaux. Mais je m’entraînais en extérieur donc ce n’était pas évident par rapport à la météo. Là j’ai la chance d’avoir de très bonnes conditions d’entraînement au club Acroller de Colomiers. Avant je n’avais jamais le temps. Une séance de hauteur et une séance de speed demande beaucoup de temps.
Désormais, je fais deux sessions de préparation physique et deux sessions de slalom vitesse. Physiquement, j’ai pu recentrer mes objectifs pour être plus pertinent. J’ai mis de côté la détente verticale et la partie de mobilisation des hanches. Au départ, c’était par défaut car je me suis blessé en début de saison 2022. Il a fallu que j’arrête le zoulou pendant un moment.
Aujourd’hui, je fais beaucoup de plus de travail sur le accélérations et les départs qui sont des compétences tranversales. C’est à la fois utile en slalom vitesse et en skatecross. Tout le travail de speed-slalom me sert en skatecross. Il me reste le travail sur les modules et les virages.

Oscar Briex, quelle est ta fréquence d’entraînement ?
En fait, c’est assez variable. Cela dépend des périodes de la saison. Mais cette année je n’ai pas eu de saison classique. Auparavant, je me décrivais plutôt comme un bon rider de niveau national, mais qui n’avait pas d’ambition internationale. Les aléas de la programmation font que tu ne peux pas être performant toute la saison et être à ton pic en permanence. Tu prépares ton pic pour une période spécifique. Et après il y a une autre partie de la saison où tu te règles.
Cette année, il n’y a pas vraiment eu de transition et véritablement de hors saison. J’ai fait la transition vers un niveau supérieur et j’ai été détecté pour participer aux stages équipe de France et prendre part aux Roller Games. Mais je n’ai pas eu les douze mois habituels pour me préparer, j’ai donc couru un peu après le temps. J’ai donc adapté mes entraînements à ces circonstances. J’ai manqué de temps pour faire de la véritable préparation physique. Toutefois, entre les entrainements physiques, la techniques et les séances chez le kiné, j’ai dû faire environ six séances par semaine.

Comment te prépares-tu au skatecross sachant que les modules adaptés à cette pratique ne courent pas les rues ?
Tout dépend de l’échéance à vrai dire. Par exemple, pour les Roller Games, l’épreuve se déroulait en pumptrack, donc je m’entraînais en pumtrack et je faisais du travail spécifique.
J’ai plusieurs casquettes dont une de référent freestyle pour la fédération. Pour le skatecross, nous en sommes aux balbutiements. J’ai un collèque qui est Etienne Herreros à Lyon et qui a une section skatecross. Ils s’entraînent dans un lieu qui s’appelle weride et qui dispose d’une piste de pumptrack. J’ai eu la chance d’y emmener des sessions de CQP et de DEJEPS, des moniteurs diplômants. J’ai pu partager avec Etienne et cela m’a beaucoup apporté. Cela m’a notamment fait réfléchir à ma gestion des départs, des virages, aux franchissements des bosses. J’ai pu faire évoluer ma façon de considérer le skatecross, dans un lieu vraiment dédié. A Toulouse, je m’entraîne avec une funbox en bois de 1,20 m de haut. Cela ressemble à une big rampe pour les enfants, mais pour quelqu’un qui a du niveau, c’est insuffisant. La région toulousaine manque d’infrastructures adaptées.
Comment vous êtes-vous préparés avec l’équipe de France ?
Nous avons fait un stage nation durant l’été au pumptrack de Montévrain. C’est le plus grand de France par sa longueur et par la dimension de ses bosses. Certaines font 6 m de long. Nous avons donc pu travailler de façon spécifique.

Oscar Briex, vous étiez au courant que le revêtement serait en terre ?
Non, c’était comme une série télévisée, nous ne savions pas quoi croire. Initialement, nous devions être à Buenos Aires, proche de la piste de roller course de Vesmaco où il y avait justement un tracé de pumptrack. Puis est arrivée la remise en question du déroulement des Roller Games au mois de septembre / octobre. Et finalement, coup de théâtre, c’est maintenu, mais nous devons prendre l’avion puis le bus pour San Juan, pendant trois heures pour rejoindre la nouvelle piste qui coûte moins cher.
Au départ, on nous a dit que la piste serait bétonnée, mais cela n’est jamais arrivé. C’était une première que cette organisation des World Skate Games en Amérique du Sud, mais côté expérience d’organisation, on peut dire qu’ils ont dû en gagner. Nous n’avons finalement pas rouler sur de la terre, grâce à Thierry Ménard ou encore Sébastien Laffargue qui se sont démenés pour trouver des planches de bois à installer sur la piste. Cela marchait vraiment, c’était incroyable.
Oscar Briex, comment s’est passée ta sélection en équipe de France ?
Tout a commencé par une très belle saison, que ce soit dans la tête ou le corps. J’ai beaucoup progressé et appris, malgré un championnat de France mitigé avec un parcours compliqué et glissant. Au départ, j’étais en trois roues d’accroche pour l’intérieur, mais j’ai glissé comme un pingouin. J’ai terminé dans la rubalise. J’étais le premier de la finale en trois roues mais tous les gars en quatre roue étaient devant moi. Anthony Avella par exemple a fait un comeback en quatre roue devant moi, il a fait un super retour. Mon collègue Jules Favre remporte la compétition. Je suis donc passé en quatre roues pour plus d’accroche et de stabilité. Finalement, j’étais beaucoup mieux.

J’imagine que tu as fait d’autres performances Oscar Briex…
Oui, ensuite, j’ai gagné d’autres compétitions. J’ai fait second au Caen Indoor BMX, même chose au France derrière Florian Petitcollin et sans Jules Favre. C’était finalement assez logique de penser à moi, j’étais tout le temps présent sur les compétitions et la plupart du temps sur le podium. La liste se constitue à partir d’athlètes sélectionnable et j’avais la chance d’avoir cette double « sélectionnabilité » en slalom vitesse et en skatecross. En speed-slalom, je me plaçais toujours dans le top 5 ou 6 de la saison. Ils ont donc pensé à moi et j’ai participé aux deux stages de sélection à Gradignan pour le slalom et à Montévrain pour le skatecross.
Mais j’ai finalement su très tard que j’irai en Argentine. Nous avons la chance d’avoir des sélectionneurs honnêtes qui m’ont expliqué que je n’étais pas en haut du classement mais j’avais cette polyvalence qui les intéressait. Et avoir un ancien dans l’équipe était aussi une valeur ajoutée. D’autant plus du fait que je suis aussi coach et que j’apporte une performance sportive. Thierry Ménard et Tiffany Derisbourg m’ont donc demandé de me préparer comme si j’allais sur place. C’était environ huit semaine avant la compétition.
A quel moment avez-vous su qu’il y aurait du skatecross aux World Skate Games ?
Je dirai que c’était en mai/juin 2022 au moment des Championnats de France.

Qu’attendiez-vous comme concurrence sur place ? La discipline est populaire en France et en Italie mais les autres nations pouvaient réserver des surprises…
En fait, nous nous attendons à tous. Je suis très heureux qu’il y ait eu quatre Français en finale mais en même temps, je suis un peu déçu. Cela veut aussi dire que nous n’avons pas vraiment rencontré de concurrence et donc que le niveau mondial était peu ou prou assez similaire à celui des Championnats de France de skatecross. Là où nous croisions les doigts, c’était que nous pensions voir les gars du Crashed Ice sur la ligne de départ. Quelques uns étaient là mais très peu. L’un d’eux a fait de bons résultats malgré de mauvais choix de matériel. J’ai aussi été très agréablement surpris par des sud-américains d’autres disciplines comme le sprint ou le street. Ils ont démarré sur un circuit atypique et ils ont vraiment assuré. Je pense donc qu’il y a un potentiel de développement très fort en Colombie, Argentine ou encore au Chili.
Oscar Briex, comment la discipline du skatecross a-t-elle été accueillie aux World Skate Games selon toi ?
Je me dis qu’avec ce qu’ils ont réussi à mettre en place au sein de l’équipe World Skate malgré les conditions difficiles, ils peuvent organiser un championnat du monde de skatecross n’importe où !
Oscar Briex
C’est très dommage que nous n’ayons pas pu avoir la piste Buenos Aires, cela aurait permis aux autres disciplines d’assister aux compétitions de skatecross. Cela aurait donné une meilleure exposition à la discipline.
D’autre part, j’ai aussi une pensée pour le patineur de vitesse Tony Lefeuvre de Château-Gontier qui a participé cette année à quelques épreuves de skatecross. Il fait partie de ces patineurs qui ont toutes les qualités de départ et de vitesse pour se joindre aux compétitions. C’est aussi pour cela que cela me semblait important que le skatecross se déroule à côté des épreuves de vitesse, car c’est une course avant tout. Là nous étions vraiment excentrés.

D’autant qu’historiquement, avec les épreuves créées par Salomon en 2003/2004 ou encore les Monop’ Urban Race, les patineurs de vitesse comme Johann Langenberg tiraient leur épingle du jeu…
Oui, et les descendeurs également ! Des gens comme Christian Montavon ou Harry Perna étaient compétitifs.
Pour résumer la compétition : les français omniprésents aux premières places avec notamment un Florian Petitcollin qui a survolé l’épreuve. Nous l’avions déjà vu à Lyon avant les Roller Games. Y-a-t-il d’autres patineurs qui peuvent venir rivaliser avec la France ?
En fait, c’est compliqué de définir un standard de performance en skatecross dans la mesure où il n’y a pas de standard d’infrastructure. Un championnat du monde de skatecross dans une piste de pumptrack est totalement différent d’un autre dans une descente comme à Villablino (Espagne). Une petite piste avec de petits modules n’a rien à voir non plus. Là nous étions sur une piste où nous partions directement en survitesse. Pour le départ du skatecross en Argentine, nous montions dans un escalier en canard sur trois étages. Il nous envoyait dans un plan incliné énorme à Mach 12 sur une table et pour ceux qui ne parvenaient pas à gérer la survitesse, ils étaient « out ».
Dans certains parcours, il faut savoir sprinter au départ. Les italiens ne sont pas très bons là-dedans. Ils ont du rollercross sur des anneaux avec des petits modules. Ils sont bons en relance sur de petits modules mais pas sur de gros volumes. Nous avons la chance en France d’avoir un passif en module, en street et en park. Notons par exemple la belle quatrième place de Ioannis Pyrovolou derrière moi, cela s’est joué à un cheveu. Ainsi, il était devant aux qualifications, cela aurait pu être l’inverse en finale.
Comment cela s’est-il passé face aux Italiens Oscar Briex ?
Il a quand même fallu sortir les Italiens Luca Borromeo et Matteo Pallazzi pour accéder à la finale et figurer au classement skatecross, mais ils ne nous ont pas véritablement inquiétés. En effet, ils n’étaient pas au point techniquement et au niveau matériel. Ils roulaient en 4×90 mm tous les deux alors qu’ils roulaient en trois roues le reste de la saison.
Florian et Jules qui sont très à l’aise pouvaient rouler en trois roues (2×110 et 1×100 mm) et avoir un roulage supérieur. Mais ils avaient l’aisance technique suffisante pour rouler sur ces modules en grand diamètre. J’ai eu une véritable révélation sur la performance de Jules Favre qui s’est révélé comme un véritable expert du skatecross en France au plan technique. Nous avons vu nettement une différence entre les patineurs entraînés qui savaient ce qu’il fallait faire et les autres.
Jules est l’avenir du skatecross en France selon toi Oscar Briex ?
Je dirai que c’est déjà le présent ! J’ai l’impression qu’il a un peu moins bien réussi en finale. Lors des qualifications, Jules avait le premier temps à la suite d’une chute de Florian Petitcollin. Ainsi, je pense que cela lui a joué des tours car dans la configuration de course, c’était alors Florian le chasseur. Nous nous attendions à l’inverse. Cette dynamique là n’a pas forcément rendu service à Jules. Il est encore jeune et il a de belles années devant lui. Jules a vraiment fait une très grosse prestation, d’autant plus que six mois auparavant, il était blessé au genou.
Oscar Briex, ta seconde casquette aux World Skate Games était le slalom vitesse. Tu me disais en off que la Chine Taipei avait survolé la compétition avec 9 médailles sur 12…
Oui, à l’échelle internationale, Taipei, la Chine et l’Iran sont les grosses nations. La France est désormais à la traine, même si cela fait de la peine de le dire. Après la compétition, j’ai discuté avec les sélectionneurs et nous sommes d’accords pour dire que nous avons 10 ans de retard sur à peu près tous les plans : niveau de performance, utilisation de matériel, mode d’entraînement, compréhension de la discipline… D’autant plus que tout le monde n’était pas là, notamment chez les Iraniens qui traversent une période vraiment difficile dans leur pays.

Oscar Briex comment expliquer la présence de l’Iran dans cette discipline et le recul de la France ?
Ce n’est pas évident ! Marina Fagoaga s’occupait du roller hockey en Iran. A l’époque de Lili et Zoé Granjon, c’était déjà compliqué chez les hommes. Il y a bien évidemment eu les frère Fort, Yohan et Jimmy qui ont fait une belle carrière.
» Je ne pense pas que nous manquons de jeunes, mais nous manquons plutôt de coaches et de clubs qui saisissent les enjeux du haut niveau. »
Oscar Briex
Le nombre de pratiquants joue-t-il ?
Lors du championnat national chinois, il y avait 1200 inscrits en slalom vitesse, alors que cette année, nous étions environ 80 inscrits à Arsac, c’était peu en comparaison ! Il y a le nombre qui joue beaucoup, mais aussi une manière de travailler des coaches. J’espère participer à une amélioration de cela dans les années à venir en tant que coach. Je pense qu’à Taipei, ils font appel à des coaches spécialisés dans d’autres disciplines et avec une expérience du haut niveau.
En France, c’est parfois au petit bonheur la chance, avec des recettes anciennes qui peuvent fonctionner, comme il y a 15 ans. Mais cela ne fonctionne pas pour tout le monde. Depuis les débuts du slalom vitesse, les temps et la technique ont évolué. Avant on faisait un record du monde en 4’9 chez les garçons, aujourd’hui, j’ai vu des femmes faire des chronos en 4’8. Les mecs font des 4’6.
Oscar Briex, on parle de la Chine mais qu’en est-il en Chine Taipei ?
En Chine Taipei, ils sont moins nombreux mais leur sponsor Takino les suit beaucoup avec des patins moulés sur mesure. Le patin ne suffit bien évidemment pas à la performance, si tu ne donnais leurs patins, je ne ferais pas leur temps. Mais il est révélateur d’un investissement pour aller chercher le niveau de performance. Nous n’avons pas le niveau de développement de ce pays en speed slalom.
« En France, nous faisons de notre mieux avec le budget à notre disposition, mais je pense que même en rajoutant un zéro, cela ne suffirait pas à combler la différence avec la Chine Taipei en slalom vitesse. Peut-être l’accession du speed slalom au statut de sport de haut-niveau va-t-elle améliorer les choses. Je l’espère, mais je ne le verrai pas en tant qu’athlète. Peut-être en tant qu’entraîneur. »
Oscar Briex
Cela serait vraiment très positif que cela permette de meilleures conditions d’entraînement. Mais quand on compare avec les moyens mis à la course, forcément il y a une différence abyssale. La course est dans une approche plus professionnelle alors que celle des slalomeurs est plus une approche d’amateur. Les jeunes s’entraînent à leur sauce, notamment le petit Lenny à Bressuire. Il doit avant tout sa réussite à son talent. Heureusement, maintenant il roule avec Sunride et d’autres clubs.
Pour résumer la compétition de slalom vitesse, tant chez les hommes que chez les femmes, comment cela s’est-il déroulé ?
Les forces en présence : la France, l’Italie, la Chine Taipei, des nations sud-américaines, des indiens, le Kazakstan. Nous sommes derrière. Les Italiens sont presque tous meilleurs que nous, tant chez les hommes que chez les femmes, à peu de chose près. Ils ont une meilleure densité et un meilleur niveau.
La Chine Taipei a un meilleur niveau avec des riders non classés peu connus qu’ils amènent lors que leur niveau est suffisant. Pour dire, ils ont battu 12 fois le record du monde durant la compétition, leur domination est impressionnante.
Ils ont une approche très typée course avec l’utilisation d’une combinaison, très bonne qualité de sprint, le patin adapté, un montage rockering avec un point de bascule au centre, des roues de grand diamètre, une bonne technique de départ, un excellent passage entre les plots, la fente à l’arrivée. Nous en parlions peu auparavant, mais maintenant, ils le font tous et nous le faisons encore peu en France. Cela permet de gagner un dixième et le podium se joue à ce niveau. Pour résumer : en slalom vitesse, la cellule se situe environ un mètre après les plots et à 20 cm de hauteur. C’est pourquoi il est préférable de faire une fente à l’arrivée pour la couper plus tôt et gagner quelques centièmes. A la louche, on doit pouvoir gratter jusqu’à 15 centièmes de cette manière. Tous les patineurs de Chine Taipei font tout extrêmement bien, chaque geste.
Que doit-on faire pour combler cet écart avec la Chine Taipei par exemple ?
Je ne suis cependant pas dans une dynamique de copier, car si tu passes ton temps à copier, tu es toujours en retard et tu ne seras jamais que second. Dans deux ans, d’autres feront autre chose qui sera encore mieux. Il faut comprendre le geste, l’améliorer et modifier notre approche.
J’ai l’impression qu’ils ont une approche vraiment scientifique de la discipline, un peu comme cela se fait en roller course…
C’est une course avant tout, oui. Il y a un départ, une ligne d’arrivée, des plots à slalomer entre les deux, mais cela reste une course. Ils ont changé leur vision de la discipline. Finalement, en les observant, leur position dans les plots est désormais plus en avant. Anciennement, le matériel faisait que tu devais être très droit. Aujourd’hui, tu t’inclines davantage et tu es plus bas, avec une meilleure assise au sol, plus de contrôle.
La préparation physique doit être important également ?
Oui, tu ne peux pas avoir un bas niveau de performance sans un bon physique. Dans une discipline avec un départ, tu dois avoir au minimum un poids de forme. Si tu as deux kilos de trop, cela va se répercuter sur les temps.
Y-at-til un gabarit type de slalomeur vitesse ?
Etonnamment non, il ne semble pas y en avoir. J’ai regardé les patineurs de Chine Taipei et il y avait vraiment tous les gabarits. Des petits, des grands, des nerveux, des longilignes. A Barcelone, un Chinois est devenu champion du monde et a battu le record du monde avec un gabarit tout petit et une grande fréquence de patinage. C’était un vrai pitbull. Inversement, le record du monde en freestart était l’Iranien qui était très grand. Je me méfie des questions de gabarits, comme en athlétisme. Il y a des qualités intrinsèques avant tout.
Qu’est-ce qui va être mis en place au niveau des patineurs français pour compenser ces écarts ?
Le résultat de l’équipe de France n’était pas catastrophique mais ce n’était pas dû à de la négligence de préparation. Cependant, il faut faire des arbitrages financiers et je ne serai peut-être pas parti s’ils avaient privilégié une équipe plus restreinte. Nous avons eu des intervenants de qualité cette année avec Kseniia Komarchuk (Ukraine) en slalom freestyle ou encore Hervé Guillou en slalom vitesse. Nous avons eu des interventions de Tiffany ou encore Florian, de qualité mais finalement assez peu.
» Nos progrès viendront auss de la professionnalisation des coachs. Mais la question de savoir quand nous serons les meilleurs du monde est assez lunaire. En effet, nous ne formons qu’une dizaine de coaches bénévoles par an en BF1 freestyle ! «
Oscar Briex

Cela fait vraiment très peu !
Nous formons à la louche 7 ou 8 coaches professionnels par saison. Nous n’aurons pas un haut niveau de performance tant que nous n’aurons pas un haut niveau d’encadrement. Je pense que la désillusion est assez importante pour des personnes qui se sont fortement impliquées et depuis longtemps comme Thierry Ménard ou Pierre Célat.
Peu d’athlètes de haut niveau se sont impliqués en tant que coach au niveau de l’équipe de France. La plupart s’investissent surtout auprès du grand public. Il y a des gens comme Nathan Ménard qui s’investissent mais la liste est longue de ceux qui auraient pu devenir des coachs professionnels de haut niveau. Beaucoup montent des choses extraordinaires, mais pas dans le haut niveau.
Nous gagnerons encore à nous structurer avec des commissions dans les lignes par exemple.
Passons sur l’après World Skate Games avec la Coupe d’Europe à Valladolid…
La World Skate ne semble pas avoir le budget pour mettre en place des Championnats d’Europe et des World Games en même temps. Valladolid est une Coupe d’Europe des Clubs. C’était très latin avec France, Espagne et Italie, car il y a finalement peu de slalom freestyle dans les autres pays d’Europe comme l’Allemagne, l’Angleterre ou les Pays-Bas. Je pense que l’implantation de la pratique compétitive y reste faible. Par ailleurs, les patineurs créatifs ont un peu de mal à trouver leur place dans les compétitions de slalom freestyle en France à l’heure actuelle.
J’attendais de cette compétition un bon moment club. Il fallait au minimum quatre patineurs pour y participer. Et à seulement quatre contre les autres clubs, ce n’était pas évident de rivaliser ! L’équipe de mon club comptait sur Alexandre Nay, un sauteur qui fait aussi un peu de speed-slalom. Pas encore au top, mais quand il va se régler, il sera au top en speed, il a un véritable potentiel. Il y avait aussi Ethan Dayries, très bon en speed, et Noah Lacroix qui fait du style en battle et en classic. C’était un bon moment pour nous et l’occasion de vivre une expérience internationale.
Cela intervenait malheureusement à un moment un peu décalé, après l’Argentine. En effet, il a fallu tirer une fois encore sur la corde. Ma saison duré 14 mois, c’est très long ! J’allais y chercher du plaisir, de l’expérience et me montrer. Là je suis content, j’ai récupéré.
Cela nous offre ainsi une bonne transition pour ma prochaine question : qu’en-est-il de tes objectifs pour 2023 ?
Tout gagner ! Il n’y a pas eu de grosses victoires cette année en France de ma part. Je veux gagner de grands rendez-vous, cela manque dans mon palmarès. Je veux aussi mettre à l’épreuve ma méthode de préparation. J’ai envie de me consacrer pleinement à la dimension sportive pour être performant et arriver à mon plateau de forme en mai/juin.
En speed-slalom, j’aimerai faire 4’2 en freestart et 4’8 en KO. Avec un peu d’intelligence et de travail, je devrais y arriver. Ma préparation physique porte ses fruits.
Championnats d’Europe, championnats du Monde, connaît-on les dates de ces événements Oscar Briex ?
Déjà, il y a des étapes dans la saison. Tout d’abord, je veux bien me préparer physiquement pour février / mars et ne pas me faire de blessures, ça c’est la première étape. Ensuite, si cela se passe bien, il y a la saison nationale où il faut briller. Puis continuer pendant l’été. Et si tout se passe bien, se projeter sur les mondiaux à Shanghaï. Pour les Europe, je n’ai pas de date ou de lieux en mémoire.
Tribune libre : si tu souhaites ajouter quelque chose…
Je tiens tout d’abord à remercier mes proches : ma chérie et ma famille qui m’ont soutenus durant cette saison. Un coucou au partenaire matériel, mon shop local Jack-n-Roll qui est présent à Toulouse et à Bordeaux. Merci également à FR Skates. Merci aussi à mon club Acroller. A tous les copains de la team Rool. Je suis encore l’un des rares à être en compétition mais nous vous préparons quelques surprises.
Elles pourront faire l’objet d’un prochain podcast. Merci à toi Oscar Briex et nous te souhaitons le meilleur pour la saison 2023 !