Podcast : Anaëlle Nogueira, rideuse roller street (1/3)
L'équipe de rollerenligne.com et Balado Roller part à la rencontre d'Anaëlle Nogueira. Elle fait partie des meilleures rideuses françaises actuelle en skatepark et vit de sa passion du roller au Hangar de Nantes. Podcast...
Par alfathor

Rencontre avec Anaëlle Nogueira
Anaëlle Nogueira a fêté ses 30 ans en 2022. Elle a débuté le roller à l’âge de 8 ans. Anaëlle pratique le roller freestyle en compétition depuis 2011 où elle roulait alors sous les couleurs de Pari Multiglisse. En 2018, elle rejoint le club de Unity4Ride, à Nantes. Le club est hébergé au Hangar. Ainsi, elle y reste jusqu’en 2022 avant de rallier West Freestyle Academy, un autre club de Nantes.
Bonjour Anaëlle Nogueira, peux-tu te présenter ?
Bonjour, je m’appelle Anaëlle Nogueira, j’habite à Nantes depuis 10 ans, mais je viens de Paris. J’ai fait du roller freestyle de façon professionnelle et je suis coach au skatepark Le Hangar de Nantes.
Quelles sont tes disciplines préférées ?
Ma discipline est le roller street. C’est une spécialité du roller freestyle. Il se pratique dans le rue, sur le mobilier urbain, dans les skateparks et sur les rampes.

Anaëlle Nogueira, comment as-tu découvert le roller ?
Au début, je faisais de l’escalade avec mon père. Mais je n’avais pas envie de faire exactement comme lui. J’ai découvert le roller un peu par hasard, devant chez moi, sur un parking. Je faisais des sauts de marche avec mon petit frère. Puis, un jour, nous sommes allés dans un skatepark et j’ai trouvé ça trop stylé ! J’ai donc vraiment commencé par le roller street.
Quotidiennement, je ne fais quasiment que du street. Cet été, j’ai essayé le roller avec des pneus, le roller tout-terrain. Il y a des bike parks autour de Nantes. Certains sont trop gros parce qu’ils sont faits pour les vélos, mais il y a aussi des funbox en terre, c’est très sympa. C’est un peu la même chose que je fais déjà à la base.
Anaëlle Nogueira, as-tu essayé le skatecross ?
Non, jamais moi-même. La course ne m’a pas trop attiré. Mais j’aime la regarder et depuis peu j’entraîne des gens qui font du skatecross. Je leur apporte des éléments dans le franchissement de modules.
Quelle population fréquente le skatepark ?
Dans les skateparks, on trouve un peu de roller, du BMX, de la trottinette, du skateboard. Il y a aussi pein d’autres choses comme le monocycle freestyle, le streetboard. Il y a même un monsieur qui fait du freestyle en fauteuil roulant ! Tout ce qui roule. La seule chose interdite chez nous, ce sont les véhicules à moteur. Pour le reste, il suffit d’être créatif. Les plus jeunes ont sept ans. Des riders ont plus de cinquante ans, même si ce n’est pas la majorité. L’essentiel des clients se compose d’adolescents et de jeunes adultes, plutôt des garçons. Ce qui marche le mieux reste la trottinette freestyle, mais nous avons la chance que le roller tourne bien chez nous.
Quelles sont les qualités qu’il faut pour pratiquer, Anaëlle Nogueira ?
Je dirais, un corps fonctionnel, c’est tout ! Il n’y a pas de condition particulière pour débuter. Ensuite, pour progresser, il faut être persévérant et accepter de tomber pour apprendre.
Oui, nous avons vu des gamelles impressionnantes au Nantes Roller Festival ! Je pense à un rider qui faisait une tentative de transfert…
Tu fais référence à Stéphane Alfano ! Sur la partie rail, à un moment donné, il fait un énorme transfert entre le step-up et le rail. C’est une légende du roller français. Nous avons l’honneur de le revoir en compétition. Je l’ai croisé au Pro Bowl Contest à Marseille l’été dernier. Je lui ai demandé de revenir rouler en catégorie « Pro ». Il y a une catégorie « Légende » pour les plus de 35 ans, mais Stéphane est loin d’être périmé (rires) et il peut rouler en pro, même à plus de 40 ans.
Est-ce qu’on se fait mal quand on tombe ?
Non. Pour apprendre le roller, il faut tomber des centaines de fois. On apprend à tomber. Tu tombes tellement au début que tu finis par savoir tomber et te faire le moins mal possible. Nous nous faisons beaucoup de bleus mais rien de véritablement handicapant qui t’empêcherait de rouler. C’est assez rare et ce n’est pas plus fréquent que dans d’autres sports à haut niveau.
Tu t’es fait beaucoup de blessures ?
Hé bien, j’ai commencé le roller à huit ans, je n’ai rien cassé de grave. Des doigts. Je me suis fait des entorses, mais je me suis toujours remise en quelques mois. J’ai quand même eu une fracture du ménisque un peu longue à ressouder. J’aurais sans doute quelques douleurs dans le dos, liées à des chutes. Je les corrige en faisant de la musculation.
A terme, je pense qu’avec une bonne hygiène de vie, si tu ne fais pas n’importe quoi avec ton corps, tu vas plus loin. Bien évidemment, on s’usre. Je pense cependant que c’est comme dans tous les sports pratiqués à haut niveau. Des douleurs surviennent.
Dans un autre podcast récent, nous avons interviewé Gabrielle Denis qui a 50 ans et qui continue de rouler…
Oui, Gabrielle Denis ! je la vois de temps en temps sur les compétitions, ça fait trop plaisir ! Elle est venue à Nantes, cela montre qu’il n’y a pas d’âge pour progresser, apprendre, tomber et ne pas se faire mal (rires).
Est-ce qu’il est possible de venir au skatepark avec mes patins de fitness ou est-ce qu’il faut des rollers spécifiques ?
Tu peux commencer en skatepark avec des rollers de balade ou des freeskate. C’est peut-être d’ailleurs mieux au départ, parce que si la pratique ne te plaît pas, tu n’auras pas dépensé d’argent pour rien. D’autre part, au début, tu vas surtout te déplacer sur les modules et ne pas avoir besoin de rollers spécifiques. Tout le monde commence en freeskate.

Quelles sont les spécificités des rollers de street ?
L’anatomie d’un roller de street est différente. Nous avons des platines plus petites que des modèles de randonnées et également des roues plus petites qui permettent de mieux slider. En street, les roues sont plus petites, mais en skatepark, nous essayons d’avoir des roues un peu plus grosses pour nous déplacer plus vite dans les modules qui sont de plus en plus gros. Je roule en 64 mm ou 68. Alors, ce sont presque des freeskates. Les H-blocks nous permettent de slider..
Nous avons aussi interviewé Manu Locus…
Oui, Manu Locus, pas tout à fait la même génération, mais un peu plus âgé que nous !
Anaëlle Nogueira, depuis combien de temps es-tu professionnelle ?
» Quand j’ai débuté la compétition, il n’y avait pas de catégorie professionnelle pour les femmes. Déjà, il n’y avait pas de catégorie pour les femmes tout court ! «
Anaëlle Nogueira
Quand il y avait des catégories pour les femmes, nous étions toutes mélangées. J’ai intégré la catégorie pro à partir du moment où il est devenu pertinent de l’ouvrir parce que le nombre de rideuse était suffisant. Rien ne définit véritablement le statut de professionnel dans le roller street. Nous avons des sponsors qui nous soutiennent, mais nous ne sommes pas salariés. Peut-être faudrait-il définir un niveau de pratique ?
Parlons de tes sponsors Anaëlle Nogueira, combien en as-tu et que font-ils pour toi ?
Je dois avoir cinq ou six sponsors. Ils me fournissent essentiellement du matos. Je roule pour une marque de roller, FR Skates, qui me fournit mes rollers de street et des freeksate. Ils m’aident dans ma vie de rideuse. Parfois pour aller en compétition, sur certains de mes déplacements. je suis soutenu par des marques de matériel comme Alk13 ou FamusWheels (de casque de roues) et le shop parisien Nomade.
Tu peut être défrayée pour tes déplacements en compétition. Combien peut-on gagner en remportant une première place lors d’une compétition ?
C’est une bonne question. Cela dépend des compétitions. En effet, en France et partout dans le monde, ce sont souvent des associations qui organisent les contests de roller street. Elles s’appuient sur les dotations des marques sponsors de l’événement pour offrir des lots aux riders et un peu de prize-money quand elles peuvent. Dans le milieu du roller street, il n’y a plus beaucoup de marques en capacité de donner de l’argent. Il n’y a pas beaucoup d’argent à gagner. En général, cela peut être quelques centaines d’euros, ce n’est jamais fixe.
En effet, cela paye à peine le transport…
Non. Après, il y a quelques grosses compétitions comme les championnats d’Europe ou du monde où cela peut atteindre 1000 €. Il y a aussi quelques circuits privés comme le FISE, qui ont un peu plus de moyens. Mais comparé à d’autres sports, cela reste assez dérisoire. On ne peut pas gagner notre vie avec des prize-money, c’est une certitude.

Les prize-money sont-ils les mêmes pour les hommes et les femmes ?
Euh non ! (rires), pas du tout ! Malheureusement, même si j’ai connu la période où il n’y avait pas la catégorie pour les femmes. Ce n’était pas une évidence de mettre les récompenses au même niveau. De nombreuses personnes ont des arguments fallacieux pour justifier ces différences. Mais plutôt que de me battre contre ces personnes, j’ai fait le choix d’organiser des compétitions chez moi, différemment. Mais malheureusement, ce n’est pas une généralité que les récompenses des femmes soient égales à celles des hommes.
Combien de temps t’entraînes-tu par semaine ?
Alors, je suis un peu un enfant dans ma tête ! (rires). Donc, je ne dirais pas que je m’entraîne. Je parlerais plus d’entraînement quand je fais de la préparation phyisque, de la musculation, des trucs un peu « relous ». Encore que j’aime bien la muscu’. Je fais des préparation spécifiques au moins deux fois par semaine. Puis, je vais souvent rouler avec mes potes ou les personnes qui « m’entraînent » et on s’amuse, tous les jours de la semaine.
Et ou est-ce que tu rides ?
Globalement au Hangar, surtout l’hiver. Et après, comme je voyage pas mal pour les compétitions, c’est un peu partout en France et en Europe. Nous allons aussi régulièrement au skatepark de Corby, un patelin au dessus de Londres, où il y a un très gros skatepark, vraiment très cool pour s’entraîner. A l’approche du mois de mars et des compétitions, je termine mes sessions par des runs d’entraînement, du cardio, je refais des tricks un peu plus techniques pour pouvoir les replacer en compétition. Essayer d’être un peu plus sereine sur ce que tu sais faire et rentrer des tricks en compétition, sur d’autres parks.
Tu es assez présente sur les réseaux sociaux. Récemment tu es allée chez un ami pour apprendre le back-flip…
Oui, c’était justement à Corby ! Là-bas, il y a plein de funbox avec des bacs à mousse et des matelas qui te permettent de tenter des figures en te faisant moins mal quand tu tombes. Notamment pour des figures plus engagées, avec la tête en bas. A Nantes, nous avons aussi un bac à mousse et cela fait des années que je fais des back-flips, des corkscrews, etc. Je ne me motivais pas particulièrement à les faire sur le dur. Quand nous sommes allés à Corby, je n’avais pas trop d’espoir mais au bout d’une heure, nous plaquions tous nos tricks et je suis rentré avec l’objectif de le faire sur le dur et ça marche !
Quels sont tes points forts et tes points faibles selon toi ?
Alors, dans ma discipline, je fais plutôt du park, mais je ne peux pas dire si c’est un point fort ou un point faible. Je ne suis pas très forte en street, tout ce qui est rails, curbs et qui copie le mobilier urbain. Par exemple, il y a eu le Winterclash à Eindhoven, aux Pays-Bas. J’aime cette compétition, mais je n’y vais pas parce que c’est très « street » et que je n’ai pas le niveau. Par contre, je suis très à l’aise en park, sur les gros modules.
Donc tu es plutôt sur des tricks aériens et moins sur des slides ?
Oui, voilà. Et plus sur des courbes. Je ferais plutôt des slides en coping ou sur des bigs. Je fais des compétitions de half-pipe depuis peu et ça marche assez bien.
Quand tu parles de rampe, cela me fait immédiatement penser à la rideuse brésilienne Fabiola Da Silva. Y-a-t-il des riders ou des rideuses qui t’ont inspirés ?
Alors, quand j’étais ado, il n’y avait pas vraiment Facebook et pas Instagram. Pas de vidéo sur youtube. Malheureusement, les femmes qui ridaient à l’époque étaient peu médiatisées. Je connaissais quelques américaines comme Jenna Downing et Fabiola Da Silva. Mais assez peu. Et en plus, il y avait tellement peu d’images, c’est très différent d’aujourd’hui où il suffit de s’abonner aux pages de quelques rideuses et tous les jours tu vois des images et tu fais le plein de motivation.
Ensuite, j’ai ridé en étant inspirée par mes potes qui ridaient autour de moi. Je n’ai jamais eu d’idole.

Est-ce que tu as vu un style de skating qui t’inspirait plus qu’un autre ?
C’est plutôt un mix. Je m’inspire de plein de trucs et je cherche à avoir mon propre style. En effet, je n’ai pas envie de ressembler à quelqu’un en particulier. D’autre part, je ne suis pas forcément motivée par des gens hyper forts. Je suis motivée par les jeunes avec qui je roule et d’apprendre avec eux.
Palmarès d’Anaëlle Nogueira
- 2e au NL contest 2022 à Strasbourg (étape championnat de France)
- 2e du FISE Montpellier 2022 (étape de la coupe du monde de roller freestyle)
- Championne de France roller street 2022
- Première au Nantes Roller Festival 2021 (étape du championnat de France roller freestyle)
- 3e au Championnat d’Europe Valencia 2021
- 2017 : vainqueure du NL Contest
Sponsors
- Frskates
- Nomadeshop
- Oysius
- Alk13
- Famuswheels
- Dropin.sport
- Beautysane (nutrition)
Pour aller plus loin
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Un article dans le journal 20Minutes