Podcast : Anaëlle Nogueira et le Nantes Roller Festival (3/3)
Dernier des trois volets du podcast audio consacré à la championne de roller street Anaëlle Nogueira. Elle raconte sa passion du roller et l'organisation du Nantes Roller Festival. Ecoute...
Par alfathor

Du Gladiator Contest au Nantes Roller Festival
Troisième et dernière partie de l’interview en podcast d’Anaëlle Nogueira consacrée à l’organisation du Nantes Roller Festival.
Anaëlle Nogueira, il y a eu le Gladiator Contest, puis le Nantes Roller Festival, comment ces événements se sont-ils succédés ?
Alors, le premier Nantes Roller Festival a eu lieu en 2018. Cette année, c’était la 3e édition. Donc, quand je suis arrivé au Hangar, il n’y avait plus d’événement de roller, alors qu’il y avait une vraie demande, dont la mienne ! J’ai donc passé mon diplôme d’état au sein de ma structure et le Nantes Roller Festival était au coeur de ce projet. Avec des amis, nous voulions plutôt refaire un championnat de France en skatepark. Nous y avons ajouté de la big rampe. D’autre part, étant donné qu’une amie s’occupait de la communauté roller quad, nous nous sommes dit que ce serait cool de remettre en place une compétition de quad. L’idée était que cela redevienne un festivall de roller.
Et cette année, nous avons eu la fierté d’accueillir 190 riders, ce qui fait de nous la plus grosse compétition de roller freestyle en France.

Féliciations, après seulement trois ans ! En plus Anaëlle Nogueira, toi tu as la double casquette, puisque que tu organises et que tu roules en même temps…
Pour toute la partie sportive, c’est assez facile. Cela fait de nombreuses années que je roule. Je connais tous les juges. Donc, je suis allé chercher trois juges officiels de la fédération. Je coordonne l’événement, j’ai aussi ma vision donc j’ai choisi des personnes qui me correspondent pour juger.
A partir de quand commence le stress en tant qu’organisatrice Anaëlle Nogueira ?
Six mois avant un peu. Quatre mois avant beaucoup, les deux derniers mois énormément. Les deux dernières semaines, c’est une course tout le temps et durant l’événement, je ne dors quasiment pas. La semaine qui suit, c’est aussi le gros rush avec la communication. Et après, tu dors pendant un mois.
Tu es seule à organiser ou tu as toute une équipe ?
Non, pas tout à fait. J’ai ma pote Eléonore qui gère la partie quad. Cette partie a pris une telle ampleur que je l’ai complètement déléguée. Elle gère aussi toute la partie graphisme et communication. Nous travaillons en binome. L’événement est financé par le Hangar Skatepark. Il y a donc aussi derrière nous le directeur, le responsable pédagogique et depuis très peu de temps une personne qui gère la communication… Je peux aussi compter sur mes autres collègues éducateurs sportifs dans les autres disciplines. Sinon, j’ai aussi pas mal de bénévoles qui étaient déjà là la première année et qui sont toujours là aujourd’hui. Je fais une grosse partie du fait que je connais du monde. C’est vrai que c’est mon défaut, il faut que j’apprenne à déléguer et à dormir la nuit !
Comment vois-tu évoluer ce sport à l’avenir ?
Je suis plutôt optimiste. En effet, je trouve que le roller évolue vraiment bien autour de moi et sur les réseaux sociaux. Ensuite, je pense que le roller sera beaucoup plus féminin qu’il ne l’a été, parce qu’un sport n’est ni masculin, ni féminin. Beauoup de femmes rident et on les voit grâce aux réseaux sociaux. Nous ne sommes pas secondaires. Le femmes qui rident intéressent les femmes qui regardent. Montrons aussi des femmes pour arrêter d’être des sports juste regardés par des hommes ! Cela peut donner un élan différent à notre sport. C’est une certitude.
Il y a aussi de plus en plus de jeunes qui vont grandir et devenir pros. Il y a eu un creux, mais là les jeunes reviennent vraiment en force. Je pense aux japonais notamment. Aux World Skate Games, il y avait un jeune de 11 ans qui était vraiment impressionnant, presque pro. C’est bon signe pour l’avenir du roller.

Comment vois-tu le retour du quad féminin en skatepark ?
Je ne sais pas où cela va en termes de pratique. Par contre, le quad n’est pas mort, il est en plein essor, avec un vrai marché. Nous en voyons énormément. Au départ nous avions une seule catégorie amatrice. Désormais nous essayons d’élargir parce qu’il y a de plus en plus de demande. Nous sommes sur un sport presque exclusivement féminin, avec des patineuses qui viennent beaucoup du roller derby. La créativité des personnes s’exprime et c’est trop cool ! Leurs nom de tricks sont proches du skateboard, du fait qu’ils ont des trucks. Tout le monde se retrouve autour de la même passion, et c’est ce qui importe. Cela crée aussi une diversité et de nouvelles façons de voir les choses. Ils créent le sport.
Tu as déjà essayé de faire du quad Anaëlle Nogueira ?
Pas du tout, mais on me harcèle ! Il va bien falloir que j’essaie un jour…
Quels conseils tu donnerais pour débuter ?
Mettez un casque, des genouillères, des protections. Parce que les genoux, une fois qu’ils sont abimés, c’est pour la vie. Et ce, quel que soit votre niveau. Vous pouvez vous faire mal bêtement. D’autre part, il faut aussi accepter de tomber pour progresser…
Avec quel matériel roules-tu ?
Je vous avec des FRSkates Antony Pottier et des roues Famus. Je vais peut-être changer pour les blancs qui sont très beaux aussi !
Tous les combiens de temps changes-tu tes patins ?
Environ tous les ans, par conviction écologique. Voire tous les 10 mois si je n’ai pas le choix. j’en fait un usage intensif, je roule cinq heures par jour. Que ce soit parce que je suis en cours ou que je ride pour moi.

Pourquoi est-ce que tu aimes le roller ?
C’est une question dure en vrai ! C’est difficile à expliquer. J’aime le roller plus que tout ! Rien ne passe devant. Parce que ça me rend heureuse et que si la vie n’a aucun sens, c’est le sens que j’ai choisi de donner à ma vie.
Quels sont tes objectifs à court terme et à moyen terme en roller Anaëlle Nogueira ?
Rouler, m’amuser, progresser. Le championnat de France 2023 débute à partir de mars avec l’étape de Lyon. Si je peux garder mon titre ce serait cool. Ensuite, place au championnat du monde dans deux ans. J’ai fait sixième en big en 2022. Malheureusement, en skatepark, j’ai terminé treizième à cause de deux chutes. Cela a été fatal. Et vraiment à long terme, j’ai envie de partager ma passion. Je sais que je ne pourrais plus faire de compétition à un moment donné. Cependant, je me vois toujours apprendre des tricks à 40 ans. Voir les gens s’épanouir en roller, créer des liens avec des amis de tous les âges, c’est trop bien !
Quelle est la question qu’on te pose à chaque fois et à laquelle tu en as marre de répondre ?
Ce n’est pas vraiment une question, plutôt un mot. je n’aime pas trop qu’on me parle de chance. Parce que ce n’est pas une question de chance. J’ai beaucoup travaillé pour faire ce que je fais.
As-tu une astuce pour préparer ton matériel, ou pour ta nutrition ?
C’est bien d’essayer, de changer de roller de temps en temps. Cela permet d’avoir une souplesse différente, de trouver une autre façon de faire des tricks. Ne pas trop boire, ne pas trop fumer, pour durer le plus longtemps possible.
Que ressens-tu quand tu fais du roller Anaëlle Nogueira ?
C’est fou ! Incroyable, tu ne peux pas le décrire avec des mots. Cette sensation est un bonheur, de la liberté. J’aime trop faire du roller. Je m’en suis beaucoup rendu compte lors du confinement. Juste rouler, descendre et sauter dans une rampe me faisait un bien fou. J’aime rider et partager avec d’autres gens.
Quand tu roules en compétition, à quel moment tu prends le plus de plaisir, avant ou pendan ton run ? Après coup ?
Au départ, je suis quelqu’un d’extrêmement timide et réservée. Des fois, on ne me voyait pas sur les compétitions, parce que j’étais timide et pas très sociable. La compétition m’a permis de m’affirmer de créer du contact avec les gens. Je dois tout ce que je suis au roller. Mon ressenti en compétition : une fois que j’ai plaqué mon run comme il faut dans les temps, c’est génial. Cela m’a apporté beaucoup de confiance en moi, aussi après la compétition. Il faut gérer le stress, le regard des autres, le public. Autant d’étapes que j’ai dû passer. Toutes ces choses plus que de rider, cela a beaucoup contribué à mon développement.

Tu as toujours le sourire quand tu roules, tu es toujours de bonne humeur, c’est ce qui nous a motivé à te contacter !
Oui, j’aime bien la vie ! J’aime bien ce que je fais. Je me lève tous les matins avec le smile pour cet alignement des planètes. Je suis très fière que cela puisse amener quelque chose dans mon sport.
Un de tes meilleurs souvenirs en roller ?
J’en ai plein, mais parmi les plus récents : j’ai fait le Vendée Freestyle Session au Vendespace. J’avais déjà fait pas mal de démos de roller, mais là c’est vraiment un spectacle sur lequel nous avons travaillé pendant une semaine. C’est un vrai son et lumière et avec dizaines de personnes dans des métiers différents, avec des moyens techniques de fou. Tu fais le show en plusieurs partie. C’est incroyable ce que tu vis à ce moment-là, tu sens l’énergie des gens. Là, tu dois forcément replaquer tes figures, ce n’est pas un contest. Tu es dans des conditions différentes de ce que tu connais, avec un projecteur sur toi, la lumière, la musique. C’est du sport spectacle pour montrer aux gens ce que tu sais faire. Pour moi, c’est un des meilleurs souvenirs en roller.
Nous arrivons à notre tribune libre Anaëlle Nogueira…
Tant que les gens font ce qu’ils veulent, même si ce n’est pas du roller, et qu’ils donnent un sens à leur vie, c’est l’essentiel. Choisir ce qui nous plaît, le faire au mieux, le partager avec bienveillance, tu n’as alors aucune raison de ne pas dégager quelque chose de positif et qu’on te trouve souriante.
Je pense que le sentiment le plus puissant chez l’humain est la gratitude et le partage. Si tu partages quelque chose que tu aimes et que tu reçois de la gratitude, c’est quelque chose d’incroyable. C’est un cercle vertueux. Je n’ai pas l’impression de travailler une seule seconde de ma vie. Je me sens utile dans ce que je fais. Faites un truc qui vous plaît et faites-le au maximum, avec amour et bienveillance.
Merci Anaëlle pour cette interview et bonne continuation !