Emilien Martinoty / Walid Nouh – l’histoire de rollerquad.net

RollerQuad.net a commencé sa vie en 2003, comme un sous-site de RollerFR.net en 2003 spécialement dédié aux patins à roulettes, avec une vocation communautaire. Il a permit a de nombreux quadeurs de se familiariser avec le matériel et les différentes disciplines. Retour sur l'histoire du site avec ses deux derniers mainteneurs : Emilien Martinoty et Walid Nouh en podcast.

Par alfathor

Emilien Martinoty / Walid Nouh – l’histoire de rollerquad.net
Logo rollerquad.net

Rollerquad.net : un site entièrement dédié au patin traditionnel

Après avoir créé rollerfr.net, Walid Nouh a eu envie de renouer avec ses premières amours : le patin traditionnel ou roller quad. Avec Emilien Martinoty, il redonna une seconde vie à rollerquad.net.

L’histoire du site rollerquad.net racontée par ses deux webmaster : Walid Nouh et Emilien Martinoty – télécharger le mp3

Bonjour Emilien Martinoty, est-ce que tu peux te présenter s’il te plaît ?

Bonjour, je m’appelle Emilien Martinoty. Je viens du longboard que j’ai commencé en 2006-2007. Puis j’ai commencé le roller quad en 2011, en même temps que le roller derby. Ensuite j’ai connu Walid dans l’équipe de roller derby de Montpellier.

Test de roller artistique Cosmic avec Walid en 2012
Test de roller artistique Cosmic avec Walid en 2012 sur la place de l’Europe à Montpellier

Quel est ton métier ?

Je suis principalement développeur de site Internet basés sur WordPress.

Nous allons aborder la genèse de rollerquad.net…

Walid : Nous avions déjà débuté dans un précédent podcast avec Ben et Kalou quand nous avons parlé de rollerfr.net. Rollerquad.net est né en 2003. Rollefr.net est né en 2001. C’était un site quad et inline autour du freestyle et du freeride. Volontairement élitiste pour montrer le meilleur de ce que l’on pouvait faire. Puis, en 2003, Xavier Sémont et Hakim Naït Chalal, deux de mes compères, sont venus me voir. Ils voulaient monter un sous-site entièrement dédié au quad.

Au départ, il s’appelait quad.roller.fr.net. WordPress n’existait pas à l’époque, nous avions donc utilisé Dotclear. Ils ont géré ce site pendant des années, jusqu’en 2007-2008. Ils ont écrit de nombreux articles encore bien référencés et utiles comme « comment monter une paire de quad« , l’anatomie d’une paire de quads« . Le site est ensuite passé entre plusieurs mains ensuite, avec Miezsko et également G-Catch (Antoine Garnier). J’ai finalement reprise ce site en 2010-2011 quand j’étais sur Montpellier. A cette période, une copine qu’on surnommait « La Guêpe » m’a invité à venir voir des rencontres de roller derby.

Walid : Toi, émilien, tu as connu rollerquad.net par le biais de notre rencontre…

Oui. J’ai voulu savoir qui tu étais. Avec quelques balades et sorties, nous avons appris à nous connaître. Cela a changé ma vision du quad.

Walid Nouh, l'un des webmasters de rollerquad.net
Walid Nouh, l’un des webmasters de rollerquad.net

Wawa : Je vais essayer de vous redécrire le contexte, pour bien comprendre ce qu’était le roller quad dans les années 2010…

Walid : il faut se souvenir d’avant le film Bliss (Whip it!) en 2009-2010. Le quad, c’était un peu la loose, il restait peu de magasins, peu de marques, peu de pratiquants, à part quelques irréductibles. Quand le film et le roller derby sont arrivés, vous pouvez l’écouter dans la seconde partie de l’interview de Chloé Seyrès, un nouveau type de matériel arrive, et aussi un nouvel engouement.*

Les marques commencent à réinvestir dans le roller quad et les shops réimportent du matériel. Les gens qui font du roller derby sont influencés par Youtube et vont être plutôt tentés d’acheter du matériel américain. C’est le moment où j’arrive dans l’équipe de Montpellier où la ligue principale est celle des femmes. Je les questionne sur leur choix de matériel : pourquoi acheter ce matériel américain qui est cher et pas forcément de bonne qualité ? Et je me rends compte que les gens ne savent pas forcément répondre. Je commence donc à racheter du matériel sur le bon coin, que je donne à Emilien, John, Germain, dans l’équipe, etc. Puis, je vais rouler avec eux…

Emilien Martinoty, l'un des webmasters de rollerquad.net
Emilien Martinoty, l’un des webmasters de rollerquad.net

Avec quoi roulais-tu Emilien ?

Emilien : Je roulais avec des Riedell R3. J’avais trouvé un shop en Allemagne qui les importait et les revendait. J’avais commencé le roller derby en septembre 2010 et je n’ai pas eu les quads avant janvier 2011. L’intervention de Walid était plus que bienvenue !

Walid : C’est là que je m’aperçois que ma plus-value, c’est le matériel. Je peux aider les gens à trouver du matériel moins cher, à avoir leur propre paire de quad et surtout apprendre comment ça marche. C’était vraiment important pour moi, qu’ils apprennent à monter leurs rollers.

J’ai donc repris rollerquad.net pour traiter de tous ces sujets et que je suis rentré dans le milieu du derby. Pour faire passer « la bonne parole ».

 » Nous avons une longue histoire du quad en France et en Europe. Nous étions considérés comme d’excellents quadeurs. Mais dans le derby, personne ne le savait, tout le monde était tourné vers les Etats-Unis. »

Walid Nouh

J’ai donc commencé à monter des paires de quads, Emilien aussi. Puis Germain. Nous avons passé pas mal de temps en 2012 et 2013, à acheter du matériel, à tester, à publier des articles.

Walid nouh en hauteur pure - photos : Julie Bruhier
Walid nouh en hauteur pure – photos : Julie Bruhier

Avec Emilien, vous avez passé beaucoup de temps à rouler ensemble…

Emilien : Oh oui ! Nous roulions tous les jours une dizaine de kilomètres.

Walid : c’est aussi à cette époque qu’Emilien soumet l’idée de refaire le site qui était vieillissant et de le passer sous WordPress pour avoir quelque chose de plus soutenable.

Emilien : à ce moment-là, j’ai récupéré la base de données existante, les fichiers, vidéos et j’ai tout refondu sous WordPress. Nous avons eu une V1, puis une V2 et une V3. Ensuite, nous avons publié des articles, détailler des tutos et proposer différents contenus ludiques pour apprendre le quad.

Quelle était votre ligne éditoriale sur rollerquad.net ?

Walid : Nous avons aussi mis l’accent sur les customs. Nous roulions beaucoup et nous expliquions notre point de vue pour expliquer aux gens qu’ils payaient trop cher leur matériel. Nous avons passé beaucoup de temps à travailler sur ces sujets.

Emilien et Walid en roller derby - Photo : Marjorie Callejon
Emilien et Walid en roller derby – Photo : Marjorie Callejon

Nous avons aussi passé pas mal de temps avec les anciens et nous avons constaté qu’ils s’impliquaient aussi dans le milieu du roller derby. Ils avaient d’ailleurs la même impression que nous. Nous ne venions pas du même monde. Le roller n’était pas un sport, mais une manière de vivre. C’était normal pour nous d’aller rouler dehors et pas un exploit. Nous n’avions pas besoin de nous barder protections en permanence. En effet, nous avons constaté que quand on se barde trop de protections en permanence, on n’adopte pas les bons réflexes. Ces sujets étaient à contre-courant de ce qui passait à l’époque.

Emilien : par ailleurs, nous avons abordé d’autres sujets que le roller derby et notamment la descente. En effet, nous avons fait quelques sessions avec Walid, mais aussi des balades, du hockey, de la danse, du slalom.

Walid : nous avons essayé de garder l’esprit communautaire qui avait été initié par Xavier et Hakim. Je ne voulais pas refaire un site élitiste comme rollerfr.net. Nous donnions la parole aux gens qui le voulaient, -notamment à ceux qui fabriquaient des customs. Nous avions également une page Facebook. D’ailleurs, en allant jouer au roller derby en Angleterre, nous avons discuté avec le coach de l’équipe masculine et il nous a parlé de rollerfr.net qui était son site de référence. Je l’ai interviewé mais c’était rigolo de voir des anciens d’autres pays et de constater que nous avions eu un impact.

Comment a évolué le site rollerquad.net ?

Emilien : il fallait de nouveaux contenus et de nouvelles fonctionnalités. Nous nous sommes donc lancés un challenge un peu fou : référencer chaque matériel, en étant le plus précis possible, en détaillant largeur, poids, matière, couleur, de se procurer la roue, de la tester, d’en faire un article. Nous voulions même aller plus loin et générer un argus du matériel en voyant les évolutions de prix.

Pièces détachées de roller quad Flaneurz
Pièces détachées de roller quad

Walid : pour faire cela, nous nous sommes basés sur les prix dans les magasins. Puis, je me suis aussi basé sur le site archive.org pour trouver les sites d’années précédentes. Ce qui m’intéressait, c’était aussi de conforter une intuition que j’ai eu, comme quoi le roller derby avait fait exploser le prix du matériel de roller quad. Et en remontant dans le temps, en croisant les données avec de vieux magazines Hawaii Surf, Roller Saga, Crazy Roller, nous avons effectivement constaté qu’entre 2011 et 2012, le prix de ce qui n’était pas roller derby restait stable, alors que le prix du matériel de roller derby a été multiplié par deux. Chloé en témoignait.

Et c’est là le paradoxe : Grâce au roller derby, nous avons eu accès à plus de matériel. Mais à cause du roller derby, nous, quadeurs, qui connaissions le prix des choses, nous sommes retrouvés à payer beaucoup plus cher.

Qu’en était-il de la fréquentation du site ?

Emilien : le nombre de vues avait augmenté depuis que nous avions repris le projet. Cela a bien monté jusqu’en 2013. Et entre 2013-2015, le nombre de vues a stagné. Nous étions à environ 8000 visiteurs uniques par mois, ce qui est plutôt correct pour un site de niche comme rollerquad.net. A partir de 2015, c’est redescendu.

Walid : à partir de 2014, j’ai aussi été contacté par Florian Gravier qui lançait un concept de roller à platine détachable. Un projet qui allait devenir Flaneurz. Au départ, je suivais le projet de loin. Puis, je suis devenu l’un des associés de la boîte. Nous avons pris le parti de ne pas trop en parler pour éviter la confusion des genres. Et quand nous devions en parler, nous mettions un gros « disclaimer » pour expliquer que j’étais partie prenante du projet. De mon côté, j’ai commencé à me détourner des customs. Je trouvais dans les Flaneurz des patins plus techniques, plus rigides et plus précis. C’est à partir de là que j’ai arrêté de faire des montages. Pour la petite histoire, cette base de données m’a servi plus tard chez Flaneurz pour répondre à des questions clients.

Emilien : par exemple, la roue Krypto Impulse qu’on trouve fréquemment sur les patins en 62 mm 78A, une roue qu’on pouvait trouver à 4,90 € la roue était passée à 5,75 € la roue, et ce, sur plusieurs magasins.

Flaneurz avec chaussure Nike Air Force One
Flaneurz avec chaussure Nike Air Force One

Walid : si j’avais eu à l’époque les compétences techniques que j’ai aujourd’hui, j’aurai pu faire des systèmes de collecte automatisée des données, alors que nous faisions ça à la main à l’époque.

Aviez-vous d’autres projets en tête à côté de rollerquad.net ?

Emilien : Nous avions aussi tenté de faire un site de vente en ligne entre particulier, pour les quads. Nous l’avions appelé « le bon quad ». C’était un projet rigolo qui n’a pas trop marché.

« Aujourd’hui, nous referions sans doute les choses différemment, peut-être sur les réseaux sociaux. Désormais, l’intérêt d’un site, c’est surtout l’historique, le référencement. Pas sûr et certain que les gens aient encore envie d’aller sur des sites. »

Walid Nouh

Nous ferions sans doute quelque chose dans la gamification. Quelque chose dans la partie sociale. Nous avions un forum qui est un peu mort aussi avec l’arrivée de Facebook et des réseaux sociaux. Nous ferions sans doute des choses sur Youtube. Je ne sais pas.

Emilien : nous l’aurions peut-être orienté sur application mobile. Les modes changent, mais pas les données restent les mêmes, à nous de les valoriser autrement.

Exposition de roller quads lors d'un match d'exhibition de roller derby à Montpellier en 2014
Exposition de roller quads lors d’un match d’exhibition de roller derby à Montpellier en 2014

Qu’est-ce qui a entraîné votre désengagement ?

Walid : A partir de 2015, je roule moins, j’ai moins de temps avec Flaneurz. C’est vraiment un projet cool.

Emilien : moi, entre temps, j’arrête le derby en 2015. J’ai déménagé à gauche et à droite pour le travail, j’avais beaucoup moins de temps également.

Walid : Depuis, le site est en stand-by, mais il reste accessible. Je ne pense pas qu’il renaisse de ses cendres un jour.

Que faites-vous aujourd’hui ?

Walid : Je suis plutôt orienté sur la conservation des données que nous avons accumulé au fil des années.

Emilien : je roule avec mes anciennes paires. Et j’entraîne également des petits, ça me convient bien pour l’instant.

Collection de roues de roller quad
Collection de roues de roller quad

Que vous a apportée cette expérience rollerquad.net ?

Emilien : Au delà de connaître le matos, cela m’a permis de rencontrer ma femme et d’avoir deux filles ! Pour la petite histoire, la personne qui est devenue ma femme nous avait contacté sur le forum pour monter une paire de quads.

Walid : Cela a été la continuité de rollerfr.net. C’était une bonne période. Cela m’a permis de rencontrer par mal de gens, de voyager, de discuter et de s’apercevoir que nous avions tous une histoire très différente du roller, de la notion d’entraînement. C’était intéressant de croiser ces gens sans notre passer et notre vision, de voir leur enthousiasme, leur fraîcheur. J’aimais l’idée de leur faire comprendre qu’ils venaient d’une lignée de patineurs avant eux. Je leur expliquais par exemple que le matériel Roll’Line était beaucoup plus intéressant que le matos américain, parce qu’il y avait moins de taxes et qu’il était de meilleure qualité. Beaucoup de contacts, de copains, c’était vraiment très chouette !

Visuel rollerquad.net
Visuel rollerquad.net

Pour aller plus loin

Voir la page Balado Roller

Site RQ.net

Emilien Martinoty podcast roller Walid Nouh roller quad RollerQuad.net podcast
Auteur
Alexandre Chartier 'alfathor'

Bonjour à tous, je suis Alexandre Chartier, fondateur et webmaster de rollerenligne.com. Le site a vu le jour officiellement le 11 décembre 2003 mais l'idée germait déjà depuis 2001 avec infosroller.free.fr. Le modeste projet d'étude est devenu un site associatif qui mobilise une belle équipe de bénévoles. Passionné de roller en général, tant en patin traditionnel qu'en roller en ligne, j'étudie le patinage à roulettes sous toutes ses formes et tous ses aspects : histoire, économie, sociologie, évolution technologique... Aspirine et/ou café recommandés si vous abordez l'un de ces sujets !

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