Paris – Marseille en roller : 850 km « à la dure » (seconde partie)

Plus qu'un raid, c'est l'Aventure qu'a choisi David pour rejoindre Marseille depuis Paris. Seul et autonome, refusant le confort et la technologie, il réussit une performance sportive, humaine, authentique et pure. Des conditions simples qui semblent insensées dans notre société moderne. Rencontre avec un aventurier pur et dur...

Par Pierre LABAUNE

Les pratiquants de raid et d’endurance en roller sont de plus en plus nombreux. David s’est lancé dans un raid roller entre Paris et Marseille. 850 km « à la dure ». David a une approche assez orthodoxe et minimaliste de la pratique du raid. Il aime partir à l’aventure et improviser au fil de son parcours. 

Vous trouverez la première partie de cette interview en cliquant ici

David, ce raid roller de Paris à Marseille a du te réserver pas mal de surprises !

Oui, j’ai eu énormément de bonnes et de mauvaises surprises. En parler dans cette interview serait trop court ! Pour être bref, j’ai été agréablement surpris par tous ces gens que j’ai croisés, en roulant ou non, et qui m’ont tous encouragés en criant, klaxonnant ! C’était tellement une grande source de force ! Surpris également par la gentillesse de tous ces gens qui n’hésitaient pas à me proposer à manger, à boire.

J’ai eu aussi quelques mauvaises surprises, comme par deux fois, échapper de peu à des gens malintentionnés qui voulaient me « dépouiller », ou devoir dormir caché de bandes de « voyous ». Mauvaise surprise aussi que de me faire tremper le matin par les arrosages automatiques municipaux…

Finalement dans l’ensemble, ça a été un peu comme je l’imaginais, mais en vrai, en tellement plus riche !

Quel était ton rythme ?

J’ai mal géré les premiers jours d’effort, je suis allé trop loin, trop vite. J’ai alors découvert le « blues » du solitaire, la « déprime » post-effort du sportif… la tentation de l’abandon. Mais aussi le « pétage de plomb » devant une route en mauvais état, et la « jouissance » d’un bon bitume lisse arrivant comme un bout de pain à celui qui meurt de faim ! J’ai appris mon rythme idéal (15 km/h environ sur 10/12 h avec des pauses toutes les heures).

« En 3 jours, j’ai passé 48 heures sur mes patins »

David NGuyen, lors de son raid roller entre Paris et Marseille

David, tu disais être allé trop vite, avoir mal géré ton raid roller entre Paris et Marseille ?

Oui, pour te donner une idée, le premier jour, j’avais tellement envie d’aller loin, que j’ai roulé jusqu’à 22h pour faire 125km. Mais vers 3 heures du matin, obsédé par mon objectif, j’ai repris la route jusqu’à 8h, pour finalement atteindre les 185 km au compteur.

Le lendemain j’ai roulé pendant presque 14h, de midi à 2 heures du matin, pour faire 110 km le long de la Loire.

Le troisième jour, j’ai poussé jusqu’à patiner pendant 17h pour 115 km parcourus. C’était aux abords de Mâcon. Et ce fut l’étape la plus dure, la plus longue et très en relief. Là encore j’ai dormi dans un abri bus. Je n’en pouvais plus. En 3 jours j’avais passé prés de 48 h sur mes patins et parcouru 410 km !

Et tu as trouvé la force de repartir après cela ?

Oui, mais ensuite j’ai sérieusement baissé en régime car je sentais bien que j’avais trop poussé.

Le quatrième jour, j’ai tout de même fais 15 heures de route pour 100 km, mais j’étais plus serein.
A partir de là, la chaleur était de plus en plus dure à supporter. Logique sur un raid roller Paris Marseille. J’ai donc multiplié les pauses, les pieds dans l’eau. J’ai enchainé quatre étapes de 80 km, en passant de 10 à 14 heures sur la route. J’étais désormais sûr de réussir mon pari. La route était plus agréable, parce que je prenais vraiment le temps de m’arrêter. J’allais à la piscine et même au resto !

David au bord d’une autoroute, heureusement pas dessus !

Le huitième jour, veille de l’arrivée, j’ai dormi à l’aéroport de Marignane. J’aurais pu arriver à Marseille, mais je ne voulais pas le faire de nuit (pour ma sœur et une journaliste). Pour la dernière et courte étape, je me suis fais plaisir en roulant près de l’autoroute, un drapeau de l’OM en guise de cape !

Tout au long du raid, je n’avais pas arrêté de me dire que c’était plus dur que je l’imaginais, mais une fois arrivé, je n’avais qu’une seule envie, celle de continuer !

Tu as quand même passé énormément de temps sur la route en roller entre Paris et Marseille !

Oui j’ai roulé énormément chaque jour. Pas vite, c’est vrai (15 km/h en moyenne) mais longtemps, du matin au soir tard. L’été, le soleil qui se couche tard aide aussi pour rester motivé à rouler jusqu’au coucher au moins… après c’est la fraicheur de la température nocturne qui aide.

Je ne pensais pas que je roulerai autant avant de partir, mais je m’étais fixé entre 70 et 100 km par jour ! J’ai vite compris qu’il me fallait rouler jusqu’à tard pour tenir l’objectif !

David, lors de son raid de Paris à Marseille en roller

Quel bilan tires-tu de cette aventure ?

Le bilan que je tire est que je n’ai plus envie de m’arrêter de découvrir, que je suis vraiment un aventurier dans l’âme. J’ai envie de découvrir le monde entier et de me découvrir à travers le monde ! Pas en avion ou en groupe, pas en touriste classique ou en déplacements professionnels. Non… mais en aventurier ! Je n’ai jamais senti mon cœur battre aussi vrai que durant ce raid plein de rebondissements et d’émotions !
Cela a été une vraie révolution dans ma vie ! Comme si j’avais survécu à un accident grave et que je découvrais un nouveau sens à la vie, à commencer par la mienne !

Je me suis rendu compte peu à peu, que je me découvrais comme je ne m’étais jamais vu, que je ressentais des choses simples comme je ne les avais jamais ressenties, que la plus grande découverte de ce raid roller Paris – Marseille n’était pas extérieure. Même si j’ai découvert beaucoup de villes, de paysages, de gens, mais intérieure. J’ai vraiment l’impression d’avoir plus grandi en neuf jours de raid solitaire, qu’en 27 ans de vie en société. [un silence]. Comment expliquer dans une interview ce que l’on ne peut expliquer avec des mots ?

David, après ce raid roller de Paris à Marseille, as-tu d’autres projets rolleristiques ?

Oui, cette envie de découvrir a fait naitre plein de projets. Je sens ma passion sans limite et j’ai envie d’inciter tous les passionnés à aller au bout de leur passion, de la vivre en se découvrant aussi ! Le seul hic, c’est que mon porte-monnaie, lui, a des limites (rire), alors je m’organise sur du long terme pour me donner les moyens d’y parvenir, parce que je suis passionné de Roller, mais aussi, parce que je suis passionné par ce type d’aventure ! J’avais, juste après ce raid, comme projet de personnaliser ma passion, c’est chose faite avec mon association « Globe Rollers ». Maintenant la prochaine étape sera d’aller plus loin qu’un Paris-Marseille…j’ai déjà plein de projets pour cela, mais si tu me le permets, je ne dévoilerai pas tout maintenant ! J’ai trouvé ça frustrant d’arriver au point défini et de revenir en TGV, peut-être que la prochaine fois, en plus d’aller plus loin, je reviendrai sur mes rollers et non pas en train ! (sourire) en tout cas ce sera avec un grand plaisir que je reviendrai te donner des nouvelles de mes aventures…

Vidéo extraite du raid roller de David entre Paris et Marseille

Pour aller plus loin…

Livre : Lille-Marseille en roller (1994)
Blog Lille-Marseille en roller (2005)
Marseille-Paris en roller (2005)
GlobeRollers, site officiel du raid

Texte : 8wd / David Nguyen – Photos : GlobeRollers

850 dure Part ParisMarseille
Auteur Pierre Labaune
Pierre LABAUNE '8WD'

Patineur depuis 1984, Pierre s'est frotté à presque toutes les disciplines du roller. A 20 ans, il traverse la France en patins pour rejoindre le Bowl de Marseille, où il s'est installé depuis. Si son cœur reste attaché à l'acrobatique, c'est aujourd'hui sur la longue distance que son esprit s'évade. Une expérience riche de rencontres, et une vision large, qui lui permettent un recul sur le monde du roller.

12 responses to “Paris – Marseille en roller : 850 km « à la dure » (seconde partie)”

  1. Fredx
    25 mars 2010 at 23 h 28 min
    ce raid est captivant. bravo david !!!!<
  2. flo
    25 mars 2010 at 18 h 10 min
    Bravo et chapeau !!!
    Il n'y a pas besoin d'aller à l'autre bout du monde pour vivre l'aventure : la preuve !!!La France est un merveilleux "terrain de jeux"
    Je te souhaite de te lancer dans d'autres périples. C'est sûr qu'ils te feront découvrir plein de choses, et vivre des moments intenses.
    Ah ! autre chose: tu as raison, les abris bus comme moyen d'hébergement, c'est super. J'en ai expérimenté des dizaines, mais maitenant je leur préfère les abris...bancaires. Il y fait plus chaud, et on a l'impression d'être plus riche...Essaie, tu verras, avec un peu de chance, tu rêveras être Rockfeller!!!!
    Donne nous de tes nouvelles. C'est un plaisir de te lire
  3. djiss
    25 mars 2010 at 18 h 07 min
    Bravo et bravo.
    L'aventure à l'état pure.
  4. david
    25 mars 2010 at 12 h 09 min
    Bravo à toi et pour ta persévérance ! Je compte faire Lyon-Marseille ces jours prochains, Objectif 2 jours !
  5. Daniel (Toutouseul au Mans)
    25 mars 2010 at 11 h 27 min
    bien reçu Daniel, j'essaierai ! et merci pour les encouragements ! je donnerai des nouvelles t'en fais pas ! ciaciao !! :-)

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