Mondial de Rink-Hockey 2013 – Une étonnante compétition angolaise
En fin d’après-midi, l’équipe de France senior affronte l’Espagne en ¼ de finale du mondial. La sélection française est en Angola depuis une semaine. Après une première phase à Namibe, une petite ville dans l’extrême sud du pays, elle est de retour depuis mercredi dans la capitale angolaise, Luanda.
Par alfathor

Une compétition en autarcie
Avant même le départ, ce 41ème championnat du monde de rink hockey promettait d’être différent des éditions précédentes. Organisé pour la première fois en Afrique, et plus précisément en Angola, un pays en voie de développement, il aurait forcément une couleur inédite. Après quelques jours de compétition, ce pressentiment se confirme. Ce mondial angolais est plus qu’atypique.
Les petits plats dans les grands
Pour recevoir les 15 équipes étrangères, l’Angola a sorti le grand jeu et dépensé près de 130 millions de dollars. Les équipes jouent dans des complexes sportifs flambants neufs, construits en moins d’un an et spécialement pour la compétition. Elles sont hébergées dans les meilleurs hôtels du pays, tous étoilés. Chacune d’entre elles est accompagnée en permanence de quatre bénévoles aux petits soins et d’une escorte policière pour tous les déplacements, afin de ne pas perdre de temps dans les embouteillages.
Une histoire pas si lointaine
Cet accueil VIP en ferait presque oublier l’histoire du pays. A savoir que l’Angola vit en paix depuis seulement onze ans, après 27 ans d’une violente guerre civile. Et qu’il est sorti de la guerre totalement dévasté. Mais depuis une décennie, l’Angola connaît une reconstruction éclair, financée par sa manne pétrolière. Dans ce contexte, accueillir le mondial est une grande fierté mais aussi un grand défi. L’Angola entend prouver qu’il peut jouer dans la cour des grands et offrir l’image d’un pays moderne et développé.
Les deux faces d’une même pièce
C’est le discours tenu par les autorités, les représentants sportifs mais aussi l’ensemble des bénévoles mobilisés pour la compétition. Ils sont plusieurs milliers à avoir répondu présents à l’appel du pouvoir angolais, fonctionnaires, professeurs, jeunes actifs ou étudiants, mères de famille… Toutes ces personnes, comme la majorité de la population angolaise, vivent elles dans une autre réalité. Elles habitent des maisons très modestes ou de fortune, la plupart du temps sans eau courante, ni électricité, et elles doivent se battre au quotidien pour s’assurer un minimum pour vivre.
Une prison dorée ?
A Namibe, l’expérience vécue par l’équipe de France et les sept autres sélections présentes sur place, est encore plus saisissante. Les huit délégations étaient logées dans un hôtel luxueux construit à huit kilomètres du centre-ville en plein désert : buffet à volonté à chaque repas et personnel en grand nombre et ultra-attentionné. Un bus était mobilisé 24 heures sur 24 pour chaque sélection et un dispositif policier était déployé tout autour du site et le long de la route à chaque trajet pour rejoindre le complexe sportif.
De fait, impossible pour les joueurs ou le staff de sortir sans escorte pour une balade. On comprend parfaitement la préoccupation des organisateurs d’éviter toute blessure ou tout problème à des visiteurs étrangers concentrés sur leur compétition. Mais ce séjour angolais, sans aucun réel, ni spontané, échange avec la population locale, a été une source de frustration pour beaucoup de membres des équipes. Car, pour les angolais n’ayant pas les moyens de se payer un billet de match (2 dollars), le mondial de rink-hockey s’est résumé à un va-et-vient incessant de bus escortés par des motos policières dans le bruit assourdissant des sirènes. Une réalité que l’accueil incroyable offert par les bénévoles ne peut pas entièrement effacer.
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Photos : organisation, FIRS, comité rink
Relecture : Iggnorance