Rencontre avec Thomas « Nouchma » Augereau

Le milieu du street regorgent de talents rarement mis en lumière. Thomas "Nouchma" Augereau fait partie de ces quelques riders qui sont parvenus à prendre du recul sur leur pratique, à apporter un autre regard sur leur passion, à vouloir transmettre un message...

Par alfathor

Rencontre avec Thomas « Nouchma » Augereau

Rencontre

Bonjour Thomas, peux-tu nous présenter le concept d’Intermittent du skatepark ? Quel est ton but ?

Pour être court :

« Intermittent du skatepark, pas intérimaire qui s’couche tard, mais plutôt l’réfractaire d’un système où tu bosses pour même pas un peu d’pain et d’tartare.
Intermittent du skatepark c’est mon identité primaire, mon naturel, sans le faux visage d’un jour d’anniversaire
Intermittent du skatepark c’est le statut que j’ai inventé, et l’expérience de terrain qui a fait de moi un véritable professionnel du métier
Intermittent du skatepark, c’est la galère d’un jeune, abruti par sa passion, complètement tricard, sa soif de reconnaissance et ses défaites l’ont blindé comme un gars du mitard. »

Quel est mon but ? Juste envie de le faire. J’ai pas arrêté l’école, dévié mon parcours de la norme, vécu mon lifestyle, pour ne pas conter ma vie aujourd’hui.

Intermittent du skatepark

Thomas Augereau VS Nouchma : c’est Dr Jekyll et Mr Hyde ?

En fait je ne connaissais que de nom « Dr Jekyll et Mr Hyde ». Après lecture sur Internet, déjà, c’est sympa pour la comparaison avec une référence de nouvelle. Maintenant, quand je lis « On peut également l’interpréter comme une œuvre sur le dédoublement de la personnalité et l’inconscient décrit par la psychanalyse. » sur wikipédia, je parles un peu de l’inconscient dans le récit, mais pour le dédoublement de personnalité, moi, je vois plus Nouchma comme un devenir de Thomas qui est né à cause de son parcours de Rollerblad’art. Et je crois que les deux s’accrochent pour vivre. Il s’accroche pour cohabiter dans le monde adulte, qui lui, les sépare sans cesse. Peut être que la schizophrénie c’est notre bataille pour rester jeune.

Quand je lis :« C’est également une allégorie significative sur la tendance victorienne à l’hypocrisie sociale ». Alors là complètement ! Car je décris un microcosme que je connais bien : celui du roller. Mais aussi celui des gens avec qui j’ai réalisé mes aventures. Et « l’hypocrisie sociale » y régnait en maître. « L’hypocrite parle bien contre sa pensée, comme le menteur, mais son comportement suit des voies détournées qui révèlent une stratégie personnelle ». C’est exactement ce qui s’est passé dans mes microcosmes. Mais ça, il faut pas aller bien loin pour voir que c’est aussi le reflet de notre société occidentale. Après j’appuie un peu cela car je trouve qu’un milieu qui se vend différent doit être différent. Et c’est le cas pour les « sports de glisse » en général. De toute manière ce milieu va se faire rattraper par ses incohérences de communication. Il y a déjà pas mal de gens qui ont fait un parcours dedans et qui le remettent en question.

Un rider street qui écrit, la chose n’est pas courante, comment ça t’es venu ?

Il y a pas mal de riders street qui se sont mis à écrire, mais plutôt de manière journalistique. Crazy Roller aura servi au moins à ça : nous donner envie de réciter nos vies. Pour ma part, j’ai lu pas mal de trucs qui avaient un rapport avec le roller. A commencer par des trucs sur Lausanne, le HS36 et les années Ivano… A vrai dire c’est cette scène là qui m’a passionnée. J’ai lu aussi beaucoup de choses qui sortent de ce qu’on nomme « les cultures urbaines ». J’écoute toujours autant de rap. Je lis beaucoup de gens du Hip-Hop, milieu qui part un peu dans tous les sens au niveau artistique. C’ est vraiment riche si tu ne reste pas collé qu’à ce qui marche. Après, des gens du street, j’ai juste lu de la poèsie d’un ancien rider américain, et « we skate hardcore » de Vincent Cianni qui avait pris des photos de gars de Brooklyn’s qui faisaient du roller. J’avais bien aimé. Ça fait très Lifestyle. Tu y trouves des textes de Richie Eisler dedans. Mais c’est à trois milles lieux de ce que l’industrie de roller (magazine spécialisé) nous vendaient.
Donc il y a eu toutes ces lectures par rapport à mes passions et une envie, après avoir beaucoup ridé et organisé, de faire autre chose avec ma passion. C’est venu à une période ou j’ai eu pas mal de problèmes persos et je m’étais raccroché à ça pour continuer à égayer ma vie. Bref, toujours combattre l’ennui, la pire des choses !

Quel message veux-tu faire passer ?

La vie, la jeunesse mais aussi tout ce qui pourrait faire qu’on la vive le plus longtemps possible. Donc forcément une critique de ce qui fait mourir les âmes en société.

Tu parles beaucoup de politique au fil des pages, comment tu te situes ?

Je révèle juste les incohérences que j’ai pu vivre en faisant associations et entreprises qui promotionnaient mes passions. Ce que je peux dire, c’est que j’arrive à ressentir s’il y a une certaine liberté quand je vais quelque part. Je le ressens en voyant comment les gens vivent leur lieu de vie. S’ils se donnent le droit de l’investir socialement, s’ils n’attendent pas que la collectivité ou les entreprises leur donnent le droit d’y organiser des choses. Les murs des villes parlent, tout ce qui se fait hors cadre institutionnel (étatique, industrie…) aussi. Donc je me situe avec ceux qui défendent des libertés. Et les libertés pour se démocratiser ont forcément besoin d’ordre. La question c’est quel ordre ? Ou plutôt quelles multitudes d’ordres ? Pour moi il faut promouvoir une multitude de façon d’organiser la vie.

Intermittent du skatepark

Tu passes de Booba ou Orelsan à Bourdieu, Alain Loret, Chomsky ou encore à Foucault dans tes propos, c’est à la fois riche et déroutant. Quel est ton parcours ? Tu évoques une terminale S à un moment donné dans ton récit… ce n’est pas vraiment le genre de lectures des gens issus de ces sections ?

Haha ! « Riche et déroutant ». Tu veux savoir ce qui me déroute le plus moi ? Je vais te dire. Ce sont les structures sociales, les structures mentales. On est dans un monde où tous se prétendent différents, libres… Mais pourtant, tous on les mêmes structures sociales ou structures mentales. En fait, ce qui est vrai, par exemple en France, c’est que l’école nous structure mentalement beaucoup plus que l’on ne le croit. J’entends souvent des proches dire : « mais moi ca va je regarde Arte » ou « j’écoute tel rap » ou je suis de « gauche ». Mais qu’est ce que ça veut dire ? Tu crois que vous n’êtes pas 100.000 à regarder Arte ou être de gauche ?

Les gens libres expérimentent, créent, se gamellent, remontent sur leurs rollers, retombent, se transforment… Ce n’est pas en ayant peur que tu peux faire ça ! C’est un parcours qui le permet. Une éducation ? Oui et non. Une éducation ça structure pour que tu trouves un travail ou une structure sociale à laquelle tu ressembles. Mais par contre, c’est aussi quelque chose qui peut apporter beaucoup, si elle travaille sur les subjectivités. Je crois que j’ai vraiment eu de la chance d’avoir ce parcours. Moi je viens du Vaucluse. Département en plein tourment politique. J’ai été en Zone d’Éducation Prioritaire. C’est là que j’ai eu l’expérience de vivre en liberté conditionnelle. Il y avait des vols, des bagarres, des profs qui pétaient les plombs, des gitans sédentarisés, des filles enceintes à quatorze balais… Donc forcément, comme je ne venais pas exactement du même tissu social. Eh bien…ça déroute !

Thomas Augereau

Comme je dis dans le livre, les profs nous avaient mis en classe d’adaptation sociale en sixième par peur de notre mauvaise intégration ! Le monde à l’envers ! Donc ça, ça a été ma première expérience intéressante. Après j’ai eu mon brevet. C’est un peu avant que j’ai fusionné mentalement avec le roller. Je crois que j’ai pris ce truc qui passait par là pour passionner ma vie. Et je l’ai pas lâché. Arrivé au lycée, ça a été ma première rupture. Mes potes, pour la plupart, avaient été envoyés en BEP, ou avaient arrêté l’école. Moi j’arrivais dans un lycée public bien côté, où je devais refaire ma réintégration sociale. Donc forcément, un premier apprentissage au changement. J’ai fait cinq ans de lycée. Pas parce que j’étais nul, mais parce que mon instinct de liberté avait pris le dessus. J’étais un sauvageon qui préférait aller vadrouiller avec ses potes en roller, qu’aller faire ses devoirs. Et ma mémoire avait déjà décidé quelle histoire elle allait retenir. Celle que j’allais me faire! Et pas celle qu’on imposait déjà à l’école à tous les gamins. J’ai eu quand même mon BAC scientifique avec une mention AB. J’étais déjà de nature très fidèle. J’avais dit à mon pote Nanar que s’il ratait son bac je l’attendrais ! Ce qui a été le cas. Vous croyez que je pouvais lâcher le seul poto que j’avais déjà au collège comme ça ? Impossible pour oim ! Ils avaient déjà réussi à séparer bien des ados. Qu’ils croient pas qu’ils pouvaient le faire avec le Nanar et le Nouchma !

Pour te dire le lycée, je me souviens plus de ce qu’on a essayé de nous y apprendre ! Moi ce dont je me souviens, ce sont les road trips dans toute l’Europe, de mes premiers crews, des tricks que je réussissais, des contests où on est allés, des nouvelles personnes qu’ont rencontrait, du microcosme roller qui m’intéressait… J’y suis allé pour faire plaisir à ma mère, qui elle, a fait beaucoup d’efforts pour ses gamins. C’est elle qui m’a fait découvrir le cinéma. Alors qu’à l’époque il avait fallu m’y tirer. Je préférais voir comme tous les gamins « les films de Vandamme et compagnie ». C’est même elle qui m’avait emmené voir le film sur Bourdieu « la sociologie est un sport de combat » de Pierre Carles. Elle était pas conne la daronne. Elle avait compris qu’il valait mieux m’exposer les causes sociales pour comprendre ce qu’il m’arrivait. C’est p’têtre pour ça que je me suis un peu intéressé aux textes de sciences sociales. J’avais lu mon premier livre de sciences sociales en première, pendant une heure que j’avais séché avec une ex. C’était, je crois, le livre de Yves Pedrazzini « sociologie du hors piste urbain ». Je suis plus très sur, mais je pense que c’était ça.

Après, j’ai fait mes propres recherches de livres par rapport à mon parcours perso. Mais je me suis vraiment mis aux livres à 25 piges. Depuis je lis constamment. Plutôt des récits, de la poésie, des retours sur expériences journalistiques ou des trucs de sciences sociales qui me concernent (pas tout ça me rendrait fou ! ). Mais en ce moment je traîne beaucoup sur le net, je picore par ci par là. J’ai comme tous les gamins de ma génération été aussi beaucoup influencé par l’image. C’est vrai que le livre ce n’est pas du tout la même chose ! L’image tu la prends en pleine gueule, alors que le livre, après effort, tu en apprends ! Après, faire de l’image c’est pas se la prendre. Tu y fais une expérience. Et le film documentaire et la fiction ça n’a rien à voir non plus ! Comme les livres. Tu en as plein faits pour te rassurer. Et d’autre qui émancipent. Ça dépend des gens, des parcours, des origines ethniques et sociales. Bref, c’est complexe !

Après le lycée je suis allé à Montpellier juste par rapport à la scène locale rollistique. J’y ai fait plein de rencontres. On a beaucoup bougé. On a vécu notre « lifestyle à 100/100 patron ». Les Manouchs Tour ont été des événements qui, personnellement, m’ont beaucoup marqués par rapport au style de vie qu’on avait durant ces semaines où on faisait le tour de tous les spots d’Europe. Les roads trip, c’est vraiment le truc qui nous diffère de ce qu’on appelle « sport ». Après, le business aime bien l’utiliser pour vendre des « produits », alors que pour la plupart des gars sponsorisés que j’ai rencontrés, cela représente seulement des vacances. Pas plus ! Moi je peux plus m’en passer. « Des fois j’me dis j’lâche tout j’pars en tour ». C’est ça ma culture à moi. Je me sens bien dans cet élément itinérant et de débrouille ! Là je bosse, mais si j’ai l’occasion de le faire la moitié de l’année je le ferais sans hésiter ! C’est une autre façon de vivre !

La fac, j’y ai tenu un an et demi car ça ne me convenait pas. J’y ai quand même eu une mention en première année car c’était une fac d’économie et que j’étais fort en mathématiques et en statistiques après mes cinq ans de lycée. Je n’ai pas vraiment arrêté l’école, mais j’ai construit la mienne par le biais de l’association « Rollo Schizo » avec les gars d’Avignon, de l’association Roules avec Pierre, Hugo, Arthur, Max et de l’entreprise « Ose Event » que j’avais monté avec David Castan. Ça m’a permis d’avoir un BAC+12 avec les félicitations du jury ! Je regrette pas, bien que c’était une prise de risque.

De toute façon j’ai jamais été trop loin de l’école. J’ai validé des acquis d’expérience pour valider une licence pro. J’ai passé un BPJEPS qui me permet d’encadrer dans le sport… Et je continue de faire l’école du soir avec des ateliers de retour d’expérience en sociologie. Pour moi, c’est une différenciation que j’essaie de mettre en avant par rapport à des potes qui ont un parcours classique. Les structures mentales ne se font pas quand tu as vécu et pas seulement subi tes formations ! Surtout dans une période ou le diplôme ne sert même plus à évoluer socialement. Les gens vont dans des formations payantes en croyant que ça va les sortir du lot. Mais la vérité, c’est que ça ne sert qu’aux gens qui ont un réseau. L’école servira, si elle travaille sur les subjectivités. C’est essentiellement ça qui fera que les jeunes s’y raccrocheront. Et tu me demandais ou je me situais au niveau politique. Eh bien à celle qui favorise ça ! Une école ou un style de vie qui travaille sur les subjectivités.

Donc, après la fac j’ai fait des activités associatives ou entrepreneuriales plus par besoin d’une certaine autoformation que pour gagner des thunes. J’ai vivoté pendant à peu prêt huit ans. Juste avoir de quoi bouffer, faire des roads trip, payer les factures… Ça a été un vrai combat, car mes parents ont plutôt un parcours très classique. Comme beaucoup, ils ont fait des études longues pour évoluer socialement. Aujourd’hui ils comprennent davantage, parce que je sais leur expliquer que cette incohérence de parcours est en fait très claire pour moi ! Mais surtout, car je suis « intégré » socialement et économiquement. Demande au gens combien te diront que quelqu’un est « perdu » s’il n’a pas de boulot. C’est ça qu’il faut arriver à changer ici ! Que les gens acceptent réellement la différence. Et pas seulement ethnique ! Mais ça, ce ne sera que les opprimés qui arriveront à l’imposer. Ceux qui ne vivent pas cette précarité s’en foutent complètement. Même s’ils se disent proches des gens précaires, ils ne sont mêmes pas capables d’accueillir des proches à eux qui galèrent !

Tu décris le boom puis le déclin du roller et de sa culture, tu crois à un renouveau prochain ?

Thomas Augereau

Pour moi il n’y a pas vraiment eu de « boom » et de « déclin » du roller. Il y a eu un « boom » de l’industrie et un « déclin » de l’industrie. Comme je le dis dans le livre, « pour le moment le roller n’est pas une culture » mais seulement un espèce de produit dérivé de l’industrie. La culture est en train de se faire pour ceux qui se sont faits avec elle. Je sais pas pour le renouveau. Ce qui est sûr c’est que les gens qui n’avaient pas pleins de spots vers chez eux pour skater ont fait l’effort de chercher, de créer… Je vois pas mal de différences avec les gars des grosses agglomérations qui cultivent moins le truc. Pour ma part, parler d’un parcours social qui a croisé par hasard le roller, c’est clairement ramener une façon de vivre différente. On verra bien !

Tu t’es bien entouré pour produire le Mixtexte Volume 1. Tu peux nous parler des personnes autour du projet ?

C’est moi qui m’autoproduis pour le moment parce que j’avais pas forcément de connaissances dans le milieu de l’édition. Et qu’il n’y a pas beaucoup de monde qui prend de risque dans ce milieu. Comme dans beaucoup d’autres au passage. Donc j’ai fait une espèce de petite étude de marché pour voir ce qui se faisait dans les « cultures urbaines », j’ai trouvé différents imprimeurs via le web, j’ai pas mal fouillé dans les librairies pour réfléchir sur des formats et des matières possibles pour les livres. Et je me sers beaucoup d’Internet, car j’ai ça sous la main et que je n’ai pas forcément le temps de faire autre chose. Je commence à le faire connaître directement dans la rue car j’ai croisé pas mal de rappeurs en Suisse qui vendaient leurs mixtape comme ça. J’ai trouvé ça sympa. Il faut un peu forcer la main au gens, mais ça marche ! Sinon pour les personnes avec qui j’ai bossé, il y a eu Skali (Guillaume Barbaz) qui m’a fait le site Internet, Delphine que j’avais rencontré par le biais de mon dernier boulot en France qui me fait la mise en page et maintenant la 1ère et la 4ème de couverture. Il y a eu aussi Pablo qui est un ancien colloc’ qui m’avait fait la 1ère et la 4ème de couv’ pour la 1ère MIXTEXTE. Et sinon, tous les gens qui m’entourent qui ont pris du temps pour me faire des retours, Pascal et mes parents qui m’ont aidé pour la correction des fautes d’orthographes…

Plus que jamais, le milieu du street semble animé par l’industrie qui produit des images à tour de bras. Tu crois vraiment à une reprise en main par les riders ?

Moi je trouve pas. Il y a beaucoup plus de gens qui s’en foutent en fait ! Bien que pas mal d’anciennes starlettes prennent leur place dans des anciennes marques parce qu’ils n’ont pas fait l’effort d’aller plus loin que le bout de leur nez. C’est assez similaire pour le skate, le bmx, le surf, le snow…C’est à peu près le même modèle. Les anciennes idoles des jeunes prennent les rênes des anciennes industries. C’est vrai que les ados regardent beaucoup ça. Et que certains viennent dans le roller pour son côté esthétique. Mais il ne faut pas oublier qu’on baigne dans ce monde et que le roller street n’y a pas échappé. Il est naît avec ça. Moi ce qui m’intéresse plus c’est l’après roller. Ce que mes anciens potes ou connaissances de sessions vont faire de cette expérience. Moi j’ai été touché par le style de vie nomade. Pour d’autres ce sera autre chose. Il y a eux trois générations entre Avignon et Montpellier qui ont essayé localement de cultiver le ktru. Aujourd’hui tu as Roll’s School, ASV, Lunel…Hier tu avais Rollo Schizo, Roules…Pleins d’activistes qui cultivent fortement le truc.

Après l’industrie au final, qu’est ce qu’on en a à foutre si elle n’est même pas assez intelligente pour investir dans ces structures là ? Et investir c’est pas donner 3 tee-shirts sur un contest ! Il faut en finir avec ce modèle dans tous « les sports de glisse ». Les mecs qui sont à la têtes des industries il faut leurs dire ouvertement : « arrêtez de dire que vous promotionnez les « sports de glisse ». Vous en faites un objet simple à consommer, nous y créons des histoires ! Vous voulez promotionner le ktru ? Ok, ben soyez transparents sur vos chiffres. Nous aurons un regard sur votre gestion ! ». Tu crois que les syndicats ils sont nés de quoi ? Du fait qu’ils y en avaient qui passaient au dessus de tout ! Rien de nouveau. Mis à part le périmètre d’activité qui est beaucoup plus large ! Il est mondial ! Déjà l’industrie ça veut tout et rien dire. Qui est derrière ? Qu’est ce qu’ils pensent ? Qu’est ce qu’ils vivent ? Comment sont ils organisés ? Qui décide ? A partir de là on peut la changer ! L’industrie du roller c’est le microscopique du commerce du monde entier. Elle est en crise chez toi mais elle vend toujours aussi bien ailleurs. Et surtout ce n’est que le produit X d’un ensemble de l’industrie « sports de glisse ». Moi l’industrie elle me dérange pas plus que ça, mis à part qu’elle fait mal son taf. Créer des images. Oui, pas de problèmes. Mais de bonnes images alors ! Pas des images en bois pour séduire trois ados qui passeront à un autre truc demain ! Le problème du roller street c’est le copinage. Et le copinage en entreprise ça fait mal son taf ! INTERMITTENT DU SKATEPARK ça parlera à bien plus de gens ! Alors pour moi la vie continue! Je parle de mon truc moi-même !

Tu parles beaucoup du rap dans ton texte, il est indissociable du roller street ?

Non justement, le RAP c’est quelque chose que beaucoup de gens connaissent car ils ont grandi avec. Je préférerais un mec du roller qui raconte son parcours en rappant plutôt qu’un mec de banlieue qui rappe car c’est quelque chose de « ghetto ». Le rap souffre aussi de ce côté marketing en direction des jeunes. Bien sûr, c’est un milieu qui, à la base, a été utilisé par des gens qui habitaient plutôt la périphérie. Mais surtout, quand tu écoutes les personnes qui ont aimé ce truc, tu te rends compte que ça les a beaucoup enrichi personnellement. C’était une recherche de singularité et pas une catégorisation. Quand tu regardes le profil des riders ce ne sont pas souvent des mecs qui viennent de périphérie aujourd’hui. Mais ils ont, pour certains, vécu une expérience enrichissante et c’est ce vécu qu’il faut relater. Après, tous les styles musicaux sont bons. Suffit de savoir celui qui te correspond le mieux. Pour moi c’est une musique que j’aime, mais pourquoi faire du rap ? Pourquoi ne pas faire simplement une musique qui nous correspond !? 

Merci à toi !

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Interview : Alfathor
Photos : Nouchma 
Augereau roller street Thomas augereau Nouchma
Auteur
Alexandre Chartier 'alfathor'

Alexandre Chartier est le fondateur et webmaster de rollerenligne.com. Le site a vu le jour officiellement le 11 décembre 2003 mais l'idée germait déjà depuis 2001. C'est un passionné de roller en général, tant en patin traditionnel qu'en roller en ligne. Il aime le patinage à roulettes sous toutes ses formes et tous ses aspects : histoire, économie, sociologie, évolution technologique... Aspirine et/ou café recommandés si vous abordez l'un de ces sujets !

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