Interview : Pierre Célat, sélectionneur national inline freestyle

Après 10 années passées à la tête de l'équipe de France de roller freestyle de 2009 à 2018, Pierre Célat s'était consacré à ses projets personnels et notamment à sa franchise : Rool. Sollicité par la Fédération Française de Roller et Skateboard, il fait son retour à la tête de l'équipe de france de roller freestyle en 2025...

Par alfathor

Interview : Pierre Célat, sélectionneur national inline freestyle
Portrait de Pierre Célat

Entretien avec Pierre Célat à propos de sa nomination au poste de sélectionneur national inline freestyle en 2025

Pierre Célat a déjà occupé le poste de sélectionneur national d’inline freestyle de 2009 à 2018. Après une trève de plus de 6 ans, le fondateur de la franchise Rool a été sollicité par la nouvelle équipe dirigeante pour reconstruire une équipe de France compétitive.

Podcast – rencontre avec Baba Roller, l’un des pionniers du roller au Sénégal – télécharger le fichier du podcast

Pierre Célat : Eh bien bonjour, Alexandre Chartier.

Alors aujourd’hui nous sommes avec toi pour un podcast express. Nous parlerons ultérieurement de tout ton parcours roller dans un autre podcast. Tout d’abord est-ce que tu peux te présenter pour les gens qui ne te connaissent pas ?

Pierre Célat : Bonjour à tous, j’ai 42 ans. J’ai commencé le roller un petit peu sur le tard, vers 14-15 ans. Je me suis devenu assez vite fan. Mais je suis devenu aussi assez vite fan du fait d’entraîner, de donner des coups de main aux autres. Puis, j’ai passé mes diplômes fédéraux, BE, BE2, etc., pour ensuite entraîner pendant 7 ans comme salarié au club des Sauterelles à Marans avec Yannick Dioclès et Thierry Violeau notamment.

Ensuite, j’ai créé mon entreprise pour pouvoir avoir un petit peu plus de liberté. Et puis là l’aventure avec la fédération a commencé et notamment l’équipe de France et la formation. Donc toi, tu as…

Aujorud’hui, tu reviens au poste de sélectionneur national. Est-ce que tu peux nous raconter ton parcours fédéral et pourquoi tu reviens à ce poste-là ?

Oui, alors effectivement, j’ai pris le poste en 2009 avec Hervé Lallement qui m’avait fait confiance à l’époque. J’ai fait 10 saisons jusqu’en 2018 et 10 championnats du monde. En général, on faisait entre 3 et 5 compétitions par an. Les stages, ça dépendait. Ça pouvait aller de 1 à 3 ou 4.

Comment ça se passait, Pierre Célat ?

Quand je le regarde avec le recul, je me dis qu’en 10 ans, les choses ont beaucoup évolué sur l’organisation, sur la participation aux mondiaux, sur les résultats sportifs, sur les performances, sur la préparation.

Pierre Célat et un groupe de jeunes patineuses et patineurs
Pierre Célat et un groupe de jeunes patineuses et patineurs, dont quelques membres de l’équipe de France de roller freestyle.

Comment la discipline slalom a-t-elle évolué en dix ans ?

J’ai envie de voir ça sous l’axe des patineurs et en même temps sous l’axe de la réglementation. Si je prends l’axe des patineurs, je dirais qu’avant, lorsque j’ai commencé, on était encore un petit peu avec des patineurs polyvalents qui s’amusaient à faire un petit peu de tout et qui avaient une spécialité… Alors qu’on a terminé avec des patins pas forcément hyper spécialisés. On a terminé avec des athlètes hyper spécialisés qui n’avaient donc pour objectif qu’une seule médaille, qu’une seule épreuve : soit le battle, soit le classic, soit la vitesse. Bon, éventuellement classique et battle. Mais même là-dedans, parfois il y avait des gens qui se spécialisaient dans une seule épreuve. Donc forcément les résultats ne sont pas les mêmes.

Lorsqu’on a quelqu’un qui roule avec du matériel pas très spécialisé et qui touche un petit peu à tout sur son temps d’entraînement et quelqu’un qui, à la fin, s’entraîne exclusivement sur une épreuve avec du matériel hyper spécialisé, des prototypes, etc. on n’obtient pas les mêmes performances.

Pierre Célat

Après, en termes de temps d’entraînement, je dirais que ce n’est pas le temps qui a changé, c’est le mot entraînement.

En quoi l’entraînement a-t-il évolué Pierre Célat ?

Je pense que, encore plus moi quand j’ai commencé, on était sur des entraînements simples. Mais on n’avait pas de notion de planification. On n’avait pas de notion de préparation. Nous ne calculions pas les périodes pré-compétitives. Nous ne calculions pas les phases de repos et encore moins les récupérations. Alors que lorsque je suis parti, on touchait à tous ces domaines-là. Et alors avec plus ou moins de connaissances, je pense qu’il y avait beaucoup de balbutiements encore.

Et effectivement ça fait sept ans que j’ai arrêté, et j’ai l’impression que l’entraînement lui ne s’est pas arrêté : Les techniques d’entraînement ne se sont pas arrêtées, la recherche de performance ne s’est pas arrêtée et que c’est devenu très très très pointu. Je vais avoir un petit peu de boulot pour rattraper le temps perdu.

Ce que tu décris, on le voit aussi dans des disciplines comme la course. Avant, effectivement il y avait des patineurs qui faisaient beaucoup plus de distance diverses et variées au cours d’un championnat. Maintenant, tu as des disciplines comme le 100 mètres qui sont hyper spécialisées. Est-ce que tu vas t’en inspirer et exploiter des méthodes d’entraînement d’ailleurs ?

Pierre Célat : Pour rien ne cacher, il y a encore quelques mois (il y a trois mois), il n’était absolument pas du tout envisageable que je revienne dans l’équipe de France et que je refasse de l’entraînement de haut-niveau. Je l’ai quitté de manière très déterminée en 2018, je l’avais d’ailleurs annoncé en 2017. Je l’avais annoncé, préparé et j’en suis sorti. J’avais observé les travers du haut niveau et c’est quelque chose auquel je voulais plus vraiment me confronter. Et donc là, au mois de mai 2025, on a les premières discussions, les premiers échanges avec Freddy Coquelin qui a beaucoup oeuvré pour me faire changer d’avis.

Pierre Célat les et les riders de l'équipe de France
Pierre Célat les et les riders de l’équipe de France

Alors Freddy qui est le nouvel élu de la commission inline freestyle au sein de la fédération. Comment il t’a persuadé ? Pourquoi il t’a démarché ?

Au début la discussion, c’était sur une compétition. Cela fait cinq ans que je n’ai vraiment plus du tout touché à la compétition et au slalom. Je ne voulais plus du tout entendre parler de slalom. Pendant 3-4 ans, je ne faisais plus du tout de slalom dans mes clubs parce que j’ai continué à entraîner énormément. Je ne slalomais plus et je ne voulais plus entendre parler de slalom. Je ne voulais plus entendre parler de compétition.

Pourquoi ?

Pierre Célat : L’interview va être très longue (rires). Je peux dire au moins pour la compétition que j’ai vu les travers du haut niveau, ce que devenaient les athlètes, j’ai l’impression que les athlètes se transformaient. Tout à l’heure on a dit que c’était pour réussir de plus belles, des performances toujours plus incroyables, mais il y a des travers dans le fait de s’entraîner autant. Notamment : pourquoi est-ce que je le fais ?

Et la réponse que je trouvais en face de ça, ça m’a fait me dire : est-ce que c’est vraiment ma place d’accompagner des jeunes à aller là-dedans ? Voilà, et encore, je pense que dans l’équipe de France, comme j’ai tenu le post pendant 10 ans, il y a certaines valeurs que j’ai diffusées au fil du temps. Mais au niveau international, j’ai pu voir des athlètes qui se mettent devant la belle affiche en de 10 m x 25 m et se prennent en photo avec les patins. Ils font les jolies photos avec le sourire avant que l’agent de sécurité vienne et leur dise de se poussezr de là, alors que ce sont les athlètes.

Qu’est-ce qu’il s’était passé Pierre Célat ?

D’ailleurs j’avais posté des photos des Roller Games 2017 quand j’avais quitté l’événement : les athlètes étaient parqués, j’ai pas d’autres mots, parqués par terre. J’avais posté des photos de patineurs aux Roller Games, il y en avait un avec la jambe cassée dans un plâtre avec ses béquilles. Il était assis sur un tas de tapis. Et en fait les athlètes se plaignaient des conditions. Ce n’était vraiment pas correct. Mais en même temps, l’image qu’eux-mêmes diffusaient de ces événements sur les réseaux sociaux, était absolument grandiose. Ils publiaient des images, superbes, géniales. Ce qui se passait semblait incroyable. Et moi, cette hypocrisie-là, j’avais du mal à la vivre.

Comment ça se passait au sein de la fédération à cette période ?

Et bon, il s’est passé la même chose avec la Fédération. Heureusement, les choses ont visiblement changé depuis cette période. Ce sont des discussions que j’ai pu avoir avec la Fédération dans les derniers mois. Mais à cette époque, on m’a demandé d’accentuer mon travail sur la communication. Il fallait que je joue le rôle de « community manager », alors que moi, mon rôle, n’était pas là. Moi, j’étais là pour les gamins, pour qu’ils performent, pour qu’ils soient bien.

Et je pense que les gens qui me demandaient de faire de la communication ne se rendaient absolument pas compte de ce que c’était que le rôle d’un sélectionneur. Eux, ils voient quelqu’un qui est assis dans les tribunes ou accoudé aux barrières et qui observe et qui ne fait rien. Ils ne voient pas que mon travail, c’est d’observer les adversaires, d’observer les manques, de préparer la suite, de gérer la fatigue. Ils ne voient pas ça. C’est vrai que quelqu’un qui regarde de l’extérieur, il me voit attendre à la barrière. Bref, il y a des choses dans le haut niveau qui m’ont déplu. C’est pour ça que je suis parti.

Pierre Célat - équipe de France aux World Roller Games 2017
Pierre Célat – équipe de France aux World Roller Games 2017

Il y avait donc un écart entre tes valeurs et celles qu’on te demandait de mettre en oeuvre…

Oui, tout à fait.

Les sportifs que tu vois aujourd’hui, comment envisages-tu de les accompagner ? Quels sont tes projets avec eux ?

A vrai dire, lorsque Freddy est venu vers moi il y a quelques mois, il était très ambitieux. Et du coup, j’avoue que ça m’a donné envie. Je me suis dit qu’il y a peut-être des moyens de faire les choses différemment. Bon, depuis, j’ai compris que les conditions de la Fédération, il n’y avait pas eu beaucoup de changements, donc on ne va pas pouvoir faire beaucoup de choses en plus, finalement, par rapport à ce qui se faisait à l’époque. Peut-être même moins de choses. Ce n’est pas grave, on pouvait quand même faire des choses chouettes. Et donc je ne doute pas qu’on pourra faire d’autres choses chouettes.

Est-ce que tu auras les moyens suffisants pour porter tes projets avec l’équipe de France d’inline freestyle ?

Pierre Célat : Mais dans ma façon d’accompagner ou dans mes objectifs d’accompagnement, justement, sportivement, je sais que je n’aurai pas les moyens d’accompagner énormément les athlètes… Parce que ça demande énormément de temps de suivre un athlète, de l’entraîner. Par contre, je pense qu’à force d’accompagner des équipes, que ce soit à travers les équipes de France que j’ai pu faire pendant dix ans, où moi j’ai eu des rôles associatifs où je dirigeais, où j’ai été président de ligue, président de CD, ou que ce soit aujourd’hui avec Roule où je dirige la franchise, eh bien gérer des gens dans les moments critiques, ça je pense que j’ai cette compétence-là, réussir à faire en sorte que les personnes qui se sont préparées correctement, lorsqu’elles arrivent au moment décisif, parce qu’on a appris à se connaître, parce que j’ai fait attention à certaines choses, eh bien on arrive à tout mettre en oeuvre pour que ces personnes-là performent. Ça c’est mon objectif.

Le roller français en inline freestyle connaît actuellement un changement de génération, pour ne pas dire un vide générationnel. Il y avait des personnes comme Oscar Briex, qui ont levé le pied, Florian Petitcollin qui s’est arrêté et d’autres. Qui vois-tu comme espoirs de la discipline et comment ils /elles vont se positionner par rapport à une concurrence internationale extrêmement élevée notamment en Russie, en Asie, en Espagne ?

Ben ça va être qui ? Je vais pas répondre à cette question parce que là… (rires)

Ça serait déjà donner une sélection ?

Pierre Célat : Oui, ce serait quand même dommage ! Non il va falloir que… Je te remercie d’ailleurs par le biais de rollerenligne.com de pouvoir me laisser cette opportunité parce que l’idée c’est… Peut-être qu’il y a des talents à mon avis… Alors, il y a des talents qui existent et qui sont un petit peu présents. Mais comme tu l’as dit, il y a un peu un vide là. Il n’y a pas beaucoup de monde présent sur les compétitions de slalom. Et même, il y a peu de compétitions de slalom et donc il y a peu d’athlètes qui rayonnent ou qui pourraient rayonner au niveau international en slalom. Mais je me dis que peut-être il y a des talents qui se cachent un petit peu à droite à gauche. Et bon je me dis peut-être qu’on va se retrouver et qu’ensemble on va créer quelque chose.

Je crois que ça fait 6 ans que la France n’a pas fait de médaille au Mondial. Et même, je n’ai pas encore analysé toutes les données pour savoir s’il y en a beaucoup dans le top 8 à chaque Mondial. Mais dans ce que j’ai regardé pour l’instant, on n’y est pas. Après, je ne suis pas sûr qu’il faille en avoir peur parce que lorsque j’ai commencé en 2009 et bien il y avait cette génération avec Vincent Vu Van Kha, Caroline Lejeune (Clochette) qui écrasaient un peu tout et qui étaient très présents. Caroline qui avait des titres de champion du monde et tout ça. Et c’était une génération d’athlètes au top. Il y avait Chloé Serres aussi, un petit peu en même temps et Igor Cheremetiev sur le circuit parallèle…

Caroline Lejeune immortalisée par Jeff Heurteur
Caroline Lejeune immortalisée par Jeff Heurteur

Oui, il y avait WSSA pour Chloé et Igor. Et IFSA pour Clochette avec Vincent Vu Van Kha.

Et moi je sentais bien que… Les choses allaient faire avec ces quatre-là de la génération qui était au top. Je sentais bien qu’ils n’allaient pas être au top encore très longtemps. Et à l’époque, j’avais fait appel à Romain Lebois, Clémence Guicheteau, Alexandre Claris. Et quand je les ai emmenés aux championnats en 2010 à Jeonju, les gens se sont moqués de moi. J’emmenais des jeunes qui n’avaient pas le niveau et qui n’allaient rien faire.

Au milieu de ça, il y avait un Yohan Fort qui a fait la transition parce que lui il était déjà là avant, et dans l’équipe d’après, il était encore assez jeune pour faire la transition. Mais au début les gens se sont beaucoup moqués du fait que je prenne des jeunes. Et puis en fait les jeunes sont devenus numéro 1 mondiaux pour certains, ils sont devenus champions du monde pour d’autres. Donc ça va se faire tranquillement.

Là on a quand même un sacré niveau en Asie. En plus, il y a des nouveaux pays qui émergent, comme l’Iran, notamment en speed-slalom, où on a des filles iraniennes et des garçons iraniens qui arrivent à faire des perfs de fou. Comment on rattrape un tel gap ? J’imagine que ça se fait pas en un an et que ça va être un travail de longue haleine. Donc ça veut dire que tu te projettes plusieurs années ?

Pierre Célat : Ouais, c’est sûr que là, j’y arriverai pas en un an. Et il y a deux choses qui sont impossibles dans cette phrase. C’est en un an, c’est vraiment impossible. A priori, je devrais aller jusqu’à la fin de l’Olympiade, jusqu’en 2028. On verra après ce que ça donne, si la fédération est satisfaite et si les athlètes sont satisfaits. Et si je suis satisfait aussi. Ça joue un peu quand même. Donc ça se fera sur du long terme. Mais je pense que ça se fera avec du monde. C’est-à-dire que si moi tout seul j’essaie d’être la personne qui va prendre trois athlètes, qui va mettre beaucoup d’énergie, beaucoup de temps, beaucoup d’argent sur eux, et se dire que ces trois athlètes-là, ils vont cartonner, etc. Je ne dis pas que c’est impossible, ça peut être une façon de faire, mais ce n’est pas la mienne.

Je prévois beaucoup plus de m’appuyer sur tous les acteurs qui existent. C’est-à-dire et les athlètes, les entraîneurs et les parents, parce que les parents jouent un rôle déterminant.

On l’a vu à l’époque de Zoé Granjon, Lily Granjon, Alexandre Claris, enfin c’était des parents, bon alors en plus c’était des amis, mais qui étaient hyper présents. Et puis ça se joue aussi avec les clubs et ça se joue aussi avec les entraîneurs. À l’époque, j’insistais pour que sur les conventions… les convocations, pardon. Sur les convocations que j’envoyais aux athlètes,

Lily Granjon, recordwomen du monde de slalom vitesse en 2016
Lily Granjon, recordwomen du monde de slalom vitesse en 2016

j’avais fait rajouter le nom des clubs derrière le nom de l’athlète parce que pour moi, le club joue un rôle hyper important. Et je me dis que si on arrive à recréer cette harmonie entre le sélectionneur national, les clubs qui ont envie de porter leur patineur haut niveau, les entraîneurs qui ont envie de s’intéresser à ça et les parents qui ont leur rôle à jouer aussi, ça pourrait marcher. Là aussi, je me dis que ce sont une des choses que j’aime bien faire.

S’il y a une mission à mettre en place, au lieu de foncer droit vers la mission, j’aime bien observer l’environnement pour voir quelles sont les opportunités possibles et intégrer tout le monde. Alors c’est beaucoup plus complexe, mais à la fin, ce qui est beaucoup plus complexe, en général c’est beaucoup plus solide. Donc j’y crois.

Pierre Célat

A l’heure actuelle, est-ce qu’il y a les ressources en France suffisantes, que ce soit en termes d’athlètes, en termes d’encadrement ou en termes de spécialisation dans les clubs, pour mener ce projet à bien ? Quel est l’état de la scène roller freestyle en France ?

L’état, comme je t’ai dit, je retourne sur les compétitions depuis deux ans. Sinon pendant cinq ans j’ai pas vu de compétition. Alors, ce que je constate avec les quelques compétitions auxquelles j’ai pu participer, et surtout j’avoue les données que j’ai commencé à collecter avec Roule, parce que là il faut que j’ai beaucoup d’informations. En ce moment, je récupère beaucoup d’informations. C’est que le nombre de pratiquants chute, le niveau chute, et du coup, quand tu me demandes quel est l’état. L’état n’est pas au plus haut de sa forme.

En plus de ça, j’ai l’impression qu’il n’y a pas forcément une harmonie, une ambiance très sereine partout. Et c’est aussi quelque chose que j’ai rencontré lorsque j’ai repris le poste en 2009. Du coup, l’état actuel ne permet pas aujourd’hui d’aller titiller le haut niveau. Mais il y a plein de clubs et de gens qui font du slalom. Je pense qu’il y a plein d’entraîneurs qui ont envie mais qui n’ont pas forcément les moyens ou les outils pour accompagner les athlètes. Par exemple, ce week-end, je suis rentré d’un stage de slalom qui touchait deux clubs de slalom : un à Clermont-Ferrand et un à Montluçon, à qui je passe le bonjour. Et du coup, ce sont des clubs de slalom. Personne n’en entend parler, mais ils ont des belles infrastructures, ils ont des personnes motivées.

Voilà, ils n’ont peut-être pas tous les outils, mais en fait, peut-être qu’en diffusant les outils, en allant en contactant de ces gens là, il se passe des choses magnifiques en en très peu de temps. Je pense que l’énergie d’une personne qui a envie et qui est accompagnée peut beaucoup apporter à l’objectif que m’a fixé la fédération : une médaille en senior au mondiaux.

S’il y a une médaille à aller chercher, ce serait plutôt en slalom vitesse ?

Mon objectif c’est d’aller jouer partout. Je sais que depuis quelques années, la commission Freestyle, sur les formations de juges par exemple, ne fait plus de slalom classique ou du battle. Donc elle laisse un petit peu certaines épreuves pour tout miser sur le speed. Je sais que la sélectionneuse qui était là avant faisait le choix de valoriser le slalom vitesse plutôt que le battle et le classic. Ce n’est pas mon intention, je veux aller miser sur tout. C’est vrai que dans le speed, par contre, il y a des personnes qui semblent déjà prêtes à aller largement jouer au mondial.

C’est ce que j’ai ressenti. Tu me diras si c’est juste ou pas, mais en région bordelaise, région toulousaine, région lyonnaise, vers Saint-Nazaire, il y a des talents. Selon toi où sont les pôles de recrutement des patineurs ?

Encore une fois, ça va’est difficile de répondre, car c’est la période où j’analyse un peu et où je prends des informations. Parce que je me suis vraiment coupé du monde pendant un bout de temps. Mais dans les pôles que tu indiques, je rajouterai certainement Brest qui a l’air bien dynamique. Je pense que là où il y a quelque chose, c’est là où il y a une personne sur qui on peut s’appuyer. Et du coup, tu as parlé de Toulouse, il y a Oscar là-bas. Je pense aussi à Joseph, à Marine… Je vais en oublier. Il y a Christophe aussi, même si j’ai l’impression qu’il est parti en pause.

Donc je pense qu’il y a des acteurs locaux là-bas, et puis certainement plein que je ne connais pas. À Brest, il y a Dame Fall qui fait un travail incroyable. Et même si on ne peut pas dire que le slalom soit sa spécialité, je pense que ses compétences d’éducateur vont au-delà et il est capable d’emmener des sportifs à très haut niveau, même en slalom vitesse, alors que ce n’est pas sa discipline.

Dame Fall, juste pour recontextualiser, champion du monde de hauteur pure, qui a longtemps roulé face à Florian Petitcollin. Il est aujourd’hui recordman du monde de hauteur pure. Dame vit en France et entraîne à Brest, c’est ça ?

Il entraîne notamment à Brest. Il est chez Rool depuis 3 ou 4 ans. Je n’ai plus l’anniversaire en tête. Mais là, depuis quelques mois, il est à 100% chez nous. Et avec Rool, il intervient dans plusieurs clubs. Donc, il intervient beaucoup à Brest parce que c’est le club historique avec qui il a travaillé et avec qui il a affinité particulière. Mais il travaille aussi avec Roscoff, avec Plabennec. Et j’ai oublié les autres. Mais il travaille avec aujourd’hui je crois que cinq clubs régulièrement et de manière hebdomadaire. Et puis bien sûr il rayonne un peu partout parce que Dame est incroyable.

Dame Fall et Florian Petitcollin à Rennes sur Roulettes
Dame Fall et Florian Petitcollin à Rennes sur Roulettes

En plus, il a cette particularité de côtoyer le haut niveau depuis très longtemps. Donc comme tu le disais, même s’il n’est pas forcément dans certaines disciplines aussi à l’aise que dans sa spécialité. Il a quand même cette mentalité d’aller chercher le plus haut niveau. Son expérience doit être assez bénéfique aux athlètes qu’il encadrent…

Tout à fait.

Et puis, tout à l’heure, tu nous demandais les forces sur lesquelles j’allais m’appuyer : il est évident que quelqu’un comme Dame ou Oscar, ce sont des personnes ressources pour moi chez Rool. De la même manière qu’il y a également Stéphane Luchie qui est aussi sélectionneur de l’équipe de France de street.

Oui « Stouf »….

Lui il est arrivé quand je suis parti. Et depuis, il est là. Donc on a beaucoup échangé avec Stouf sur la question de mon retour à la tête de l’équipe de France de slalom. Forcément, ses conseils et sa vision m’apportent énormément. Il y a aussi Marc Frémont. Alors, il a un peu quitté, mais nous sommes toujours en contact. Marc Frémont a été sélectionneur de l’équipe de France de de freeride pendant quatre ans. Donc j’ai la chance de pouvoir côtoyer toutes ces personnes-là très régulièrement et pour moi c’est une chance et c’est une force.

Stéphane Luchie
Stéphane Luchie

Donc finalement tu as un réseau un petit peu partout qui te permet de prendre la température des différents endroits en France ? Ça prend combien de temps par semaine un travail comme celui-là Pierre Célat?

Tu parles de rôle ou de l’équipe de France ?

L’équipe de France, oui. Je m’imagine que tu n’es pas à plein temps pour la fédération, mais que ça doit représenter un temps conséquent.

D’abord, j’ai annoncé que ce n’était vraiment pas prévu. Quand on a réussi dans nos premières discussions avec Freddy, j’ai dit tout de suite que si ça se faisait, moi j’ai des engagements qui courent jusqu’à septembre. Et du coup, des engagements professionnels dont je ne peux pas me libérer pour l’équipe de France. En tout cas pas pour de l’événementiel équipe de France, avant septembre. J’imagine que c’est pas la meilleure des entrées mais bon c’est comme ça.

Quand j’ai commencé il y a 10 ans, j’étais dans une espèce d’euphorie à vouloir mettre toute mon énergie dans l’équipe de France. Je mettais aussi toute mon énergie dans la formation parce que j’adorais ça et toute mon énergie dans Rool parce que j’adorais ça également. Donc là, j’ai toujours cette envie, j’ai toujours cette ambition mais je pense que je vais le faire de manière moins euphorique.

Pierre Célat

J’y passe beaucoup d’heures en ce moment. J’en parle. J’ai plein d’idées en tête. J’ai envie de passer à tout ça. Après, je vais essayer de réduire un peu la voilure, parce que l’équipe de France de roller freestyle n’a pas des moyens démesurés. Je ne pourrais pas y consacrer des jours et des jours à toutes les périodes. Il y aura des périodes où il faudra particulièrement le faire. Tant que les moyens sont ceux de la fédération, il faudra faire avec.

Ça représente combien licenciés aujourd’hui le freestyle ?

Je ne saurais même pas te dire exactement, mais on doit être à 6000 ou 7000. Mais il y a eu un petit changement de licence là. Mais tu me posais la question pour le slalom et le freeride, ou pour le street, ou pour l’ensemble ? Je te dis ça parce qu’il y a eu un petit changement à la rentrée en septembre. Quand tu prends ta licence, avant tu prenais une licence roller freestyle, et donc beaucoup de gens prenaient des licences roller freestyle, que tu fasses du slalom, du street, du skate cross, alors qu’aujourd’hui, si tu prends ta licence roller freestyle, tu ne peux plus faire de compétition de slalom ou de skatecross ou de choses comme ça. Il faut prendre la licence inline freestyle. Sauf que beaucoup de gens dans les clubs ont pris des licences en roller freestyle. Et donc je pense que, sauf que maintenant le roller freestyle, à l’intérieur du roller freestyle, ce n’est que le street.

Equipe de France de roller freestyle 2015
Equipe de France de inline freestyle 2015

Oui, on se retrouve avec les mêmes appellations qu’à la WorldSkate, la Fedération Internationale. Et du coup j’avoue que même pour moi c’est un peu confusant, à chaque fois je suis obligé de vérifier à quoi correspondent Inline Freestyle et Roller Freestyle. Ils auraient pu faire des changements plus heureux au niveau international.

Oui, je pense aussi.

Nous avons toujours une petite partie qui est consacrée à ce qu’on appelle la tribune libre. Donc si jamais tu penses qu’on a fait le tour et que tu veux ajouter quelque chose, n’hésite pas. C’est ta minute.

Je te remercie avec Rollerenligne.com Mon objectif c’était de me présenter un petit peu, de dire les objectifs que j’avais. J’ai vraiment envie de remonter, de recréer une dynamique slalom en France, dans les clubs, avec les entraîneurs, avec les clubs, avec les athlètes. Et puis j’ai envie quand même à moyen terme de pousser vers le plus haut niveau possible. Peut-être que ça pourrait se faire à court terme, je ne sais pas. J’ai commencé à travailler dessus. Donc je te remercie beaucoup de me permettre de lancer cet appel-là. J’espère que ça créera des choses.

Il y a une visioconférence qui devrait se mettre en place. On avait défini une date pour le 26 mai 2025… mais j’ai l’impression qu’on va la décaler un petit peu plus tard parce que sinon ça va être difficile de communiquer dessus. Il devrait y avoir une visioconférence dans très peu de temps. Peut-être, je ne sais pas comment on pourra suivre ça, peut-être qu’on pourra la diffuser sur REL.

Nous sommes à votre disposition…

Pierre Célat : L’objectif sera de présenter un peu plus de projets de l’équipe de France au moins pour la saison 2025-2026. Si des gens sont intéressés, veulent des informations, je pense que maximum d’ici trois semaines, d’ici mi-juin maximum, la visioconférence devrait se faire. Et sinon je peux remercier Freddy quand même, Freddy Coquelin. Je ne sais pas si je dois le remercier tout de suite, parce que ça dépend d’où va aller cette histoire. En tout cas, il a trouvé les bons mots pour me faire changer d’avis. Et rien que pour ça, c’était quand même très sympa de réfléchir comme ça, de réfléchir différemment. Je suis resté un petit peu moins borné. Et ça m’a fait du bien de ne pas rester sur des choses sur lesquelles j’étais peut-être un peu trop fixé. Donc merci à Freddy. Et puis merci à toute l’équipe Roule parce que ça va impacter notre organisation et du coup ils me soutiennent donc je les remercie.

Je suis sûr qu’ils vont avoir un rôle déterminant aussi pour t’aider dans ce travail-là, avec les remontées du terrain comme on disait tout à l’heure. Les victoires c’est toujours collectif, je pense qu’ils en bénéficieront un petit peu aussi j’espère. Et voilà. Je te remercie Pierre. C’est cool et puis on va suivre ça avec attention. N’hésite pas à nous faire passer toutes les informations que tu jugeras nécessaires. On diffusera avec plaisir…

J’y manquerai pas.

Merci Pierre Célat, à bientôt !

Pour aller plus loin

L’annonce sur le site de Rool

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Auteur
Alexandre Chartier 'alfathor'

Bonjour à tous, je suis Alexandre Chartier, fondateur et webmaster de rollerenligne.com. Le site a vu le jour officiellement le 11 décembre 2003 mais l'idée germait déjà depuis 2001 avec infosroller.free.fr. Le modeste projet d'étude est devenu un site associatif qui mobilise une belle équipe de bénévoles. Passionné de roller en général, tant en patin traditionnel qu'en roller en ligne, j'étudie le patinage à roulettes sous toutes ses formes et tous ses aspects : histoire, économie, sociologie, évolution technologique... Aspirine et/ou café recommandés si vous abordez l'un de ces sujets !

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