Le skating-rink Mabille à Paris (1876)
Le skating rink Mabille s'installa dans le jardin éponyme de la capitale qui accueillait auparavant les célèbres bals parisiens en 1876.
Par
alfathor

Mabille, un nom prédestiné pour un skating-rink ?
Parmi la vingtaine de skating-rinks qui fleurirent à Paris à l’occasion de la première grande mode du patinage à roulettes de 1876, figurait « Mabille ». A l’origine, Mabille était un bal parisien, comme le montre cette illustration du Harper’s Weekly du 23 novembre 1867. Il fut certainement fondé par Auguste Mabille, le chorégraphe qui cala le ballet des patineurs du « Prophète » de Giacomo Meyerbeer. Ses illuminations splendides et ses jardins en firent un haut lieu de l’aristocratie sous le Second Empire.
Du bal du Jardin Mabille au skating rink
Le bal du Jardin Mabille ferma en 1875 et rouvrit l’année suivante. L’activité alternait entre bal et skating-rink, selon les jours de la semaine. L’information est confirmée par le journal Le XIXe siècle1, et par le journal Le Charivari2 du 12 avril 1876 qui indique :
Le Skating-Rink des Champs-Elysées s’installera prochainement à Mabille, et donnera des fêtes splendides tous les deux jours, M. Mabille alternant pour ses soirees dansantes avec le directeur du Skating.

Le journal La Comédie3 annonce
Le succès du Skating-Rink du jardin Mabille grandit tous les jours, on ne pouvait du reste trouver pour le divertissement à la mode un milieu plus favorisé que ce merveilleux jardin placé au centre du Paris à la mode ; le mercredi et le dimanche surtout sont les deux jours réservés aux grandes fêtes de patinage.
Les horaires
Jardin Mabille4 : tous les jours. Matinée Skarting-Ring, concert. Bals les mardis, jeudis, samedis et dimanches.
Mabille tombe en disgrâce dans les journaux
Le journal l’Organe des Skating-Rinks5 du 12 août 1876 signe une critique acerbe :
Mabille
Hélas, trois fois hélas !
Quelle décadence, ô Alphonse !
Deux demoiselles de la vieille garde, escortées d’un ottoman gâteux, errent dans les solitudes de ce mauvais lieu.
Patinent-ils, au moins ?
Eh, non. Entre ces nobles cœurs il est question d’amour.
Or, on ne patine pas avec l’amour.
Dernière heure — Il parait que l’ottoman n’est autre que le petit père Mabille.
Quel four, Messeigneurs !
A priori, le journal suivant6 subit les foudres du père Mabille, puisqu’il jugea nécessaire de publier une « dissertation philosophique dédiée au petit père Mabille ». Il y rappelait son droit d’information, son devoir vis à vis de ses lecteurs et sa liberté d’expression.
Le Figaro7 ne fut pas tendre non plus :
A propos de Skating, savez-vous comment un de mes amis appelle celui de Mabille ? Catin-Rink
La fermeture du skating rink Mabille
L’établissement proposait deux activités : les bals et le patinage. A la fermeture de la saison de patinage en septembre 1876, l’établissement n’a plus proposé que des bals durant l’année 1877. Il est donc très probable qu’une fois la mode du patinage à roulettes passée, Mabille soit revenu à ses origines, jusqu’à sa destruction en 1882.
D’autre part, nous avons trouvé trace d’un Bal Mabille8, au 34 rue de Sèze (Brotteaux), en janvier 1877.
Localisation actuelle
L’avenue Montaigne s’appelait précédemment l’allée des Veuves. La numérotation de l’avenue Montaigne a changé en 1886. Le bal Mabille se trouvait sur l’emplacement de l’actuel n° 49-53.
Tous nos remerciements à Sam Nieswizski pour cette information

Pour aller plus loin
A propos du Bal Mabille (Wikipedia)
Sources
- Le XIXe siècle, 11 avril 1876 (Gallica) ↩︎
- Le Charivari, 12 avril 1876 (Gallica) ↩︎
- La Comédie, n°24, 1876, p. 8 (Gallica) ↩︎
- Gazette des Tribunaux, 8 juillet 1876, p. 669 (Gallica) ↩︎
- L’Organe des Skating-Rinks, 12 août 1876 (Gallica) ↩︎
- L’Organe des Skating-Rinks, 19 août 1876 (Gallica) ↩︎
- Le Figaro, 1 juillet 1876, p.3 (Gallica) ↩︎
- Le Progrès, 19 janvier 1877 (Gallica) ↩︎