Du nord au sud de la France par la côte avec Yann solo
Yann "Solo" Arnoux est un adepte du roller sur longue distance. Difficile pour lui d'envisager des vacances sans parcourir le pays d'un bout à l'autre. Après sa diagonale du fou, le voilà parti pour un périple du nord au sud de la France, sur 2000 km en longeant la côte...
Par alfathor

Franchir le cap symbolique des 2000 km
Yann Solo n’en est pas à son coup d’essai. Cette fois-ci, il part de Belgique avec l’intention de parcourir 2000 km en gardant toujours un œil sur la mer. Sur le papier, le projet semble ambitieux. L’aventure commence début août à Nieuport. Pas de limite pour cet amoureux des grands paysages et des coins paumés. Peu importe l’état de la route ni la difficulté. L’intérêt premier étant d’arriver à bon port, à Hendaye en l’occurrence. Une destination qui se mérite… va-t-il tenir jusqu’au bout ?
Des premières journées difficiles
Le matin du premier jour, Yann s’évade pour son énième raid à travers la France. Ce vieux routard à roulettes a accumulé une sérieuse expérience. Son mode de déplacement estival consiste à pousser un skate drive sur les routes et les voies vertes de France.
Relier le nord au sud en direction de l’Espagne. L’idée a germé l’année dernière au détour d’une conversation. Petit à petit, au gré des entrainements réguliers, Yann a choisi l’option de tracer sa route au plus près de cette frontière maritime. Les dés sont donc jetés le 1er août autour des 9h à Nieuport (Belgique).
Drapeau rouge sur la France, Yann se lance.
L’humidité ambiante l’atteint dès les premiers kilomètres. Son moral reste intact malgré 3 jours de galère tout de même… contre vents et marée. Yann est bien chahuté dans le Cotentin. Il fait le yoyo comme il le dit si bien. Mais cette musique, il la compose à chaque raid. C’est certainement la turpitude du vent qui le marquera à jamais. En effet, il connait des moments dantesques comme se retrouver en pleine descente à 10 km/h, une bourrasque de vent dans le nez… D’habitude dans les descentes, on atteint facilement les 40 km/h… mais là rien à faire !
Traversée de la Bretagne
En Bretagne, même scénario que dans la Manche. Le vent, toujours cet élément impalpable qui sèche les maillots mais qui empêche de prendre les meilleures trajectoires ou d’atteindre des vitesses de croisière. Son Skate Drive perd quelques accessoires dans la bataille, comme un garde boue, une béquille. Son compagnon de voyage prend quelques coups de gueule en traversant Honfleur. Il faut bien s’en prendre à quelqu’un quand la colère monte !
Le 3ème homme de l’aventure
Dans les sports d’équipe, on trouve parfois du soutien dans les petites attentions, notamment du public. Les humeurs du moment se retrouvent parfois apaisées… les émotions envahissent le stade. Pour Yann, c’est le lien avec ses fidèles admirateurs qui a grandement contribué à son aventure, qui lui a permis de progresser dans son avancée. En fait, Yann a toujours eu du soutien. De sa famille en premier. La puce GPS montre sa progression sur la carte. Marqué à la culotte par un système de géo localisation, le parcours est disponible sur internet. Il clignote en vert, un signal rassurant pour ses proches.
Les réseaux sociaux lui permettre de poster ses humeurs avec humour. Des vidéos mises en ligne sur le web témoignent de son moral. Le lien entre les internautes et le solo vagabondant dans la campagne a grandement compté à la réussite du projet. Ce raid a été une expérience personnelle forte en complicité avec des milliers de curieux, suivant sa progression jour après jour, parfois prolongeant les vacances des uns, rappelant des souvenirs de plages à d’autres. Il nous a fait rêver le bougre !
Arrivé à Brest, le petit breton revient sur sa terre natale. Il reprend du poil de la bête. Ressourcé, il connait déjà le chemin emprunté lors de ses précédents raids. Il avait déjà pris le départ depuis la pointe Finistère. Les bons souvenirs de ces anciennes aventures l’aident à passer le cap du pont de Saint-Nazaire, un monument, une passerelle vers les terrains plats de la Vendée où il est accompagné par Olivier « dit pépèl » tout au long de la journée.
Les rencontres
Le tracker permet de situer Yann en permanence, sur le rivage ou dans les terres. Il permet quelques rencontres prévues ou inattendues, des retrouvailles avec son fils, un moment unique qui a contribué à augmenter la motivation du jour. Il croise aussi des connaissances du roller, des cyclistes.
Les soirées sont contrastées, entre les nuits à la belle étoile et sous un toit. A Matignon, le gérant lui trouve un lit de standing malgré un hôtel complet. Un festin digne d’un chef étoilé lui est offert par la maison. Les repas de notre gastronome sont aussi contrastés que ces nuitées. Tombé en panne de gaz à mi-parcours, Yann ne se laisse pas mourir de faim. Lentille, patate, steak, crêpes complètes, rien ne lui résiste !
Il parcourt 100 kilomètres par jour en moyenne ça creuse… et l’un de ses seuls plaisirs dans cette aventure se trouve dans son assiette. Le moment émouvant qui l’a marqué : la rencontre avec son ex-belle-sœur à Vieux Boucau dans les Landes. Non loin du but, il traverse une séquence émotion et trouve les ressources nécessaires pour repartir dans l’après-midi, regonflé à bloc pour boucler son road-trip vers le pays Basque. Il finit cette dernière journée longue de 176 km.
Et la technologie dans tout cela ?
Ipad contre carte papier, l’éternel débat entre les afficionados du tout électronique et les amateurs des cartes au 5/1000 ème. Du coup, Yann a mixé les deux solutions cette année. Il trace au stabilo son pèlerinage, sur la carte routière, la veille de son départ. Le soir, il a un regard sur son iPad pour estimer le prochain arrêt et évaluer les coordonnées stratégiques. Il est des moments où les cartes sont indispensables, dans les agglomérations et les centre-ville des grandes villes. Dans ces moments-là, il faudrait une carte par ville afin de « couper au plus simple et de s’échapper au plus vite des grandes artères, de la pollution et des files indiennes de camping-car…
Rien n’est meilleur que le goût de l’ailleurs. Il n’a manqué que le bâton des pèlerins de Compostelle à notre naufragé en roller. Une sorte de pause personnelle, une introspection en pleine nature. Yann s’est donné une poignée de jours pour descendre dans le sud-ouest. Au son de ses roulements en céramique, il dévale la France, au rythme des marées et des couchers de soleil sur l’océan. Parfois certains partent à des milliers de kilomètres pour découvrir l’inconnu ou eux-mêmes. Son choix s’est porté vers des paysages connus pour en apprendre plus sur lui-même, dans la souffrance (ses pieds en témoignent) mais aussi dans la satisfaction de se dépasser.
La barre des 2000 km
L’oiseau rare est toujours accompagné d’une palombe. Il a bouclé son exploit en 20 jours. Il arrivant au coucher du soleil sur le port d’Hendaye. Il se pose à la terrasse du café et savoure son arrivée triomphante avec quelques autochtones. Il immortalise son ultime étape par quelques photos. Il ne trouve pas la frontière et le panneau indiquant l’entrée en Espagne. Il y retourne donc après une courte nuit, pour y poser ses roues et ainsi achever ce Belgique / Espagne par la cote. Puis, il s’éloigne du port pour retrouver dans l’après-midi un Paris embrumé. Il ressentant les stigmates de son trajet mais il est heureux, la tête pleine de bons souvenirs. Il n’a pas douté un seul moment qu’il allait y arriver.
Voici la trace laissée par le tracker de Yann
1er Jour : Nieuwport (Belgique) – Sangatte – 92,490 Km
- 2ème jour : Sangatte – Groffliers – 78,370 km (170, 86 km)
- 3ème jour : Groffiers – Hautot sur mer – 99,420 Km (270,28 km)
- 4ème jour : Hautot sur mer – Etretat – 80,500 km (350,78 km)
- 5ème jour : Etretat – Honfleur – 90,650 Km (441,43 km)
- 6ème jour : Honfleur – Asnelles – 82,470 Km (523,90 km)
- 7ème jour : Asnelles – La Haye-du-Puits – 91,110 Km (615,01 km)
- 8ème Jour : La Haye-du-Puits – Pontaubault – 88,800 Km (703,81 Km)
- 9ème Jour : Pontaubault – Matignon – 101,150 Km (804,96 km)
- 10ème Jour : Matignon – Kerloury – 97,560 Km (902,52 km)
- 11ème Jour : Kerloury – Saint Pol de Léon – 92,520 Km (995,04 km)
- 12ème Jour : Saint poil de Léon – Le Faou – 93,280 Km (1088,32 km)
- 13ème Jour : Le Faou – Clohars-Carnoët – 100,110 km (1188,41)
- 14ème Jour : Clohars-Carnoët – Ambon – 98,650 km Km (1287,06 km)
- 15ème Jour : Ambon – Les moutiers en Retz – 111,610 km (1398,67 km)
- 16ème Jour : Les moutiers en Retz – Le Rocher – 120,730Km (1519,4 km)
- 17ème Jour : Le Rocher – Rochefort – 109,360 Km (1628,76 km)
- 18ème Jour : Rochefort – Carcans – 124,640Km (1753,40 km)
- 19ème jour : Carcans – Parentis-en-Born – 121,750 Km (1875,15 km)
- 20ème jour : Parentis-en-Born – Hendaye puis Irun (Espagne) 176,23 Km (2051,38 km)
Son périple en quelques chiffres
- 20 jours
- 2051 km
- 142 Heures de roulage (environ 7h par jour)
- 14 600 m de dénivelé
- 158 000 calories brûlées
- Une moyenne de 15,75 km/h
- une pointe de vitesse à 50,4 km/h
Les remerciements de Yann
« Au-delà des difficultés et des kilomètres parcourus, je retiendrais comme toutes les autres années les rencontres effectuées tout au long de ce long voyage ainsi que tous vos encouragements permanents via SMS, Facebook et téléphone qui m’ont permis d’être encore plus motivé. Je tiens à remercier mes partenaires. Sans eux, rien n’aurait été possible : Isabelle de ECO ET LOGIC (le tracker) , Béatrice, M. Lebrun, Patrick et Aymeric de AAD PHENIX, Bolton de CLIC’N’ROLL Roller Shop de Nîmes, Vanessa de ACD, Éric, Laure, Thomas et Alexandre et toute l’équipe de ACER FINANCE, Joël de BJ CONCEPT, Youb de la TEAM BIO RIDER NATURE, Laurence (ma Brenda) de LÖBOCREA et toute l’équipe de MOBILE EN VILLE qui ont eux aussi effectué cet été une belle performance en effectuant PARIS / BRUXELLES en 5 jours à roller et en fauteuil. Je remercie aussi et surtout mes enfants et ma femme qui me laissent partir dans mes raids égoïstes. J’ai aimé partager via Facebook mes joies, mes douleurs, mes peines, mes délires, la pluie, le gratton et le vent avec vous. Merci et à bientôt…peut être ? Yann solo »
Liens utiles
La rubrique raid de rollerenligne.com
Photos : Sabrina, Yann Solo Arnoux
Yann Solo
8 septembre 2014 at 15 h 55 minThibaut D
8 septembre 2014 at 14 h 48 minrolxxan
7 septembre 2014 at 15 h 40 minQuentin85
7 septembre 2014 at 15 h 17 minphilippe deredec
6 septembre 2014 at 15 h 08 minPat
6 septembre 2014 at 14 h 56 minmacaron
6 septembre 2014 at 13 h 43 minKat
6 septembre 2014 at 11 h 49 minFred38
6 septembre 2014 at 11 h 26 min