Yann Solo de retour de son raid roller 2015 entre Dunkerque et Colmar

Par | Publié le 19 août 2015 | Mis à jour le 3 novembre 2020 | Catégories : Toutes Raid & longue distance | Sous-catégories : Interviews roller | 3091
| Tags : yann arnoux raid roller dunkerque raid roller colmar raid roller yann solo

Le Nord de la France n’a plus de secret pour Yann Solo. Depuis 2009, Yann part avec ses cartes, son paquetage, son Skatedrive et ses rollers pour s’offrir une parenthèse personnelle en roller. Plutôt que de vous détailler l’itinéraire qu’il a réalisé du 15 au 20 juillet, il nous semblait plus intéressant de vous relater les à-côtés, les préparatifs qui motivent le baroudeur…

raid yann solo arnoux 2015 small

Sur la route

Yann, quelles sont tes motivations pour partir seul sur de si longues distances ?

La découverte des collines Françaises: d’un côté, il y a un versant ascendant, de l’autre on se met en roue libre pour rejoindre la prochaine colline… Et le cycle recommence tôt ou tard.

En réalité, ma motivation première est de me retrouver seul face à moi-même. Je suis en perpétuel recherche de mes limites, non seulement dans l’effort, mais également dans le mental. C’est lui, mon mental, qui me fait avancer, m’arrêter, me ravitailler… C’est lui qui me dirige et pour qu’il soit le plus efficace possible, il faut en avoir le contrôle. Si ce n’est pas le cas, on bascule du mauvais côté et on avance plus difficilement, voire on s’arrête, on cogite, etc. Et ce n’est pas bon pour de la longue distance.

Ma deuxième motivation, c’est le défi en lui-même. Dans le sport ou dans notre vie quotidienne, nous devons réaliser des choses plus ou moins difficiles, plus ou moins importantes, mais il est nécessaire voire obligatoire de les faire. Mes défis font partie de ces obligations. Quand je commence quelque chose, je veux le finir. Quelles ques soient les difficultés et c’est encore plus le cas pour mes raids.

La motivation provient également du soutien qui s’accroit d’année en année. On peut suivre mon parcours en temps réel à l’aide d’un tracker, un appareil de géolocalisation destiné à la surveillance des véhicules, qui permet à qui le souhaite et via une plateforme web de la société Eco et Logic partenaire des mes raids, de suivre son parcours minute par minute. Je l’allume le matin et le débranche à la fin de la journée… C’est un lien avec la famille et les internautes qui me soutiennent.

Comment traces-tu tes parcours ?

J’essaie de m’orienter le plus finement possible pour éviter les grands axes trop fréquentés, et ça n’a pas été facile sur plusieurs étapes. Je suis la ligne frontière entre la France et les autres pays européens : Belgique, Luxembourg et Allemagne.

Il y a des difficutés particulières dans certaines régions que tu prévois de traverser ?

En fait, le Nord de la France est un maillage complexe avec des routes étroites, des routes impraticables pour le roller car trop fréquentées. Pour la préparation de mon itinéraire, j’ai dégrossi le tracé sur Openrunner pour ensuite affiner à l’aide des 4 cartes papier qui me serviront tout au long du périple. D’habitude les surlignages au Stabilo sont évidents. Là, il m’a fallu plus de 3 heures de casse-tête pour envisager un itinéraire correct. Après rectification, le tracé entre le logiciel et la carte a varié d’environ 10%. Soit 6 jours et 701 km pour traverser le Nord, l’Aisne, les Ardennes, la Meuse, la Meurthe et Moselle, la Moselle, le Bas-Rhin et le Haut-Rhin alors que j’avais tablé sur 8 jours pour 760 km environs.

Quelles sont les étapes de ton raid ?

Les 6 étapes du raid Dunkerque-Colmar me font parcourir 701 km (tracé marron)

  • Jour 1 : 89,150 Km Dunkerque / Lille
  • Jour 2 : 107,4 km (cumulés: 196,550) Lille / Felleries
  • Jour 3 : 112,180 Km (cumulés: 308,730 km ) Felleries / Sedan
  • Jour 4 : 109,980 Km (cumulés: 418,710 km ) Sedan / Briey
  • Jour 5 : 112,470 Km (cumulés: km 531,180 km) Briey / Keskatel
  • Jour 6 : 170,410 Km (cumulés: 701,590km) Keskatel / Colmar.

Toutes les années se ressemblent: tu pars, tu reviens avec tous tes souvenirs, on écrit un récit. Cette année, que retiens-tu de ta préparation, physique, mentale ? Qu’est ce qui a changé ?

La maturité, La raison. En fait je me suis mis en mode « light » deux semaines avant de partir. J’ai perdu 2 kilos en 2 semaines. J’étais plein de doutes sur mon physique car je n’avais fait que 500 km de roulage entre août 2014 et ce mois de juillet 2015. Il faut dire que je suis hyperactif dans mon travail, toujours debout du matin au soir. J’ai aussi fait du « light » dans mes affaires. Terminées les sacoches de moto pour le Skatedrive, retour à ses premières amours de sacoches en toile, plus légères: 3 kilos de gain !

Ensuite, pour 6 jours, il fallait également partir avec les vêtements adaptés, de quoi me protéger les jours de pluie, mais également faire attention en me limitant sur le nombre de vêtements de rechange et de ne pas prendre de vêtements trop encombrants donc forcément plus lourds.
Idem dans les indispensables. Finies les 2 roues de rechange en cas de casse. Elles s’usent plus vite avec les longues journées de poussées latérales sur du gratton. L’inclinaison engendre fatalement une usure plus prononcée qu’en mode patinage habituel sans SD (SkateDrive), et ce malgré le fait d’intervertir les roues chaque soir.
J’ai gagné près de 6 kg par rapport à mes précédentes virées. Je ne garderai que deux roulements de rechange et 4 axes de platines.

Les roues après le raidTu as eu quelques pépins physiques 

Je n’avais pas trop la forme 15 jours avant. Peut-être à cause de la canicule? Peut être aussi les tracas de la fin de saison d’avant raid? La pression? Les horaires et les repas pas équilibrés?
Quoiqu’il en soit, ma cheville égratignée et les blessures bénignes d’avant le raid vont très vite être gommées après le 2ème jour. J’ai serré les dents dans les montées et j’avais la banane dans les accélérations. J’ai aussi eu une grosse douleur au tendon d’Achille qui m’a posée problème les 3 derniers jours.

Et la logistique dans tout cela ?

J’ai été au désespoir durant une matinée à l’aube du 2ème jour: pas un café ouvert !
Le café ne se boit pas en fin de journée quand tu arrives dans une ville avec un attrait touristique et que tu trouves 3 bistrots ouverts. J’en aurai eu besoin au début de ma journée.

Je sais qu’en été beaucoup de commerces ferment leurs portes pour un congé bien mérité, mais jamais en 6 ans de raid je n’ai trouvé autant de commerces fermés. J’ai souvent parcouru plus de 20 à 30 km avant de trouver un café ouvert pour prendre mon petit déjeuner.

C’est à anticiper pour la prochaine fois: partir mi-juillet ne garantit pas une ouverture. Du coup, je prendrai de quoi grignoter par épisode en programmant l’étape suivante sans trop de surcharge. Je prévoirai un réchaud à gaz, une casserole et de quoi pouvoir m’arrêter n’importe où. C’est un peu une vie de saltimbanque avec les rollers aux pieds.

Pendant le raid, quel est ton moteur moral?

N’en doutez pas, toutes les bonnes intentions, tous les messages d’encouragements sont des petits coups de pouce pour me maintenir à flot pour ne pas chavirer vers l’arrêt et vers de mauvaises pensées. Chaque petit mot a son importance!

A un moment en particulier?

Le 4ème Jour par exemple, c’était la fête aux grattons. La DDE a laissé un souvenir impérissable, dans le top five des grattons aux motifs inédits qui laissent des traces dans les jambes et qui attaquent le mental: spéciale dédicace de la Meuse… un Enfer ! Plus gros que ça, c’est la plage de galets de Dieppe. En cas de chute, tu ne perds pas seulement la peau, mais le muscle et certainement un os y restera aussi !

Les roues après le raidLa durée du supplice : près de 90 kms sans voir une zone d’amélioration. Oui, oui, près d’une étape complète, 90 km de grattons sur une journée de 110 km au compteur! De quoi vous faire perdre la boule.

Je suis comme un athlète dans un stade qui est porté par les encouragements des réseaux sociaux. J’ai besoin de cela, c’est un soutien moral important qui me permet d’avancer plus facilement. Ce n’est pas pour mon ego, mes roues resteront toujours bien au sol même avec le plus gros des grattons, mais c’est un plaisir que d’être soutenu dans l’effort. Je suis un solo, mais je ne suis jamais seul. C’est paradoxal!

Fin du raid. Tu as parcouru 701 km. Tu as fait un détour pour passer le cap des 700?

Non, j’ai juste fait deux erreurs de pilotage. La première dans un village où j’ai joué au chat et à la souris avec un joggeur, on s’est croisés, puis recroisés dans une montée et dans un village et puis on a fini par bavarder car en véritable marathonien il avançait plus vite que moi dans les difficiles côtes du patelin. Brève rencontre mais point de vue intéressant en haut du belvédère, une vue à 360°. C’est aussi dans ces raids que l’on peut apprécier nos campagnes françaises et aussi croiser des sportifs accomplis. Et ça ne s’invente pas, le marathonien se prénommait… Yann!

Le deuxième détour a eu lieu le dernier jour. En voulant éviter une petite portion de voie verte grattoneuse, je n’ai rien trouvé de mieux que de prendre une route qui m’a mené, 2 km plus loin, dans la forêt.
Bref, une anecdote longue à expliquer car j’avais plein de choses en tête à ce moment là et surtout plus de 140 km au compteur depuis le départ du jour et je ne voulais pas faire marche arrière. J’ai juste fini par prendre sur moi pour ne pas hurler au milieu des champs de maïs.
La maîtrise de soi est parfois surprenante. Je vous avoue que j’ai été surpris de moi-même durant 6 jours. Comme quoi, on apprend chaque jour. ;-)

Et après ?

L’après raid est également un moment sympa pour discuter des virées à travers le pays. Les internautes à quelques reprises me sollicitent pour échanger sur mes expériences, avoir des tuyaux à propos du matériel utilisé, de mon mode de déplacement, etc. Ou tout simplement pour échanger et partager le vécu des aventures sur roulettes.

Quelques recettes de base :

  • Se lever tôt le matin pour ne pas être tributaire de la tombée du soleil et gérer sereinement sa journée.
  • Patiner sans se prendre la tête (en évitant de ronchonner)
  • S’arrêter et apprécier le paysage
  • Rouler pour soi
  • Bien récupérer pour pouvoir repartir le lendemain
  • Se restaurer… (ça, il est le spécialiste!!)

Yann Solo Arnoux

As-tu déjà évalué les kilomètres parcourus depuis tes débuts en longue distance ?

Au cumul, J’ai dû faire un peu plus de 10.000 km depuis 2009, sans assistance et en comptant certaines petites sorties de 2 ou 3 jours entre passionnés de Skatedrive.

Pour info, cette année Josette la palombe n’était pas accrochée aux sacoches du SD. Elle se réserve pour une prochaine aventure toujours en France, en Roller, et là ça va encore piquer, c’est sûr ! Le prochain défi passera par le Massif Central. J’ai un compte à régler avec lui depuis 2012 !

Remerciements ?

Merci à mes partenaires sociétés :

Isabelle de Eco et Logic (pour le tracker),
M. LeBrun de PHÉNIX et Vanessa de ACD pour leur générosité, Joël de BJ Concept (pour les platines), Bolton de Clic’N’Roll (roues et roulements céramique) et Laurence, ma Brenda de Lobocrea (graphiste de renom)
SILA Sport, pour mes polos partenaires. 

Également un énorme merci à mes partenaires particuliers :

Marie-Daniel Dussenty, Laurence Riopel et sa team, Joël Mourand et ploum qui sont plus fous que moi, Jean-Claude Pinaud et Philippe Bouzidi pour votre investissement et votre croyance en mon projet. Merci pour votre générosité et votre présence.
Toutes mes rencontres sont belles, avant, pendant ou après mes raids, mais vous, vous avez été spéciaux sur cette aventure. MERCI.

Merci aussi à vous qui m’avez suivi de près ou de loin et encouragé via Facebook et sms.
Vous, connus ou illustres inconnus, merci de vos soutiens qui sont devenus importants au fil des années. Ne changez rien, vous êtes au top pour mon mental.

Et je finirai par un immense merci pour ma femme Laure et mes enfants. Merci d’accepter de me laisser vivre ma passion. Mes raids égoïstes comme je les appelle. Vous êtes ma vie.

Et n’oubliez pas: Le corps et l’esprit sont deux partenaires capables de réaliser les défis les plus inimaginables.

Yann Solo

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Du nord au sud de la France par la côte avec Yann solo

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Texte : Vincent Buin
Relecture : Iggnorance
Photos : Yann Solo Arnoux 

Auteur

Alexandre Chartier

''alfathor''

Alexandre est le fondateur et webmaster de rollerenligne.com depuis 2003. C'est un passionné de roller en général, tant en patin traditionnel qu'en roller en ligne. Il aime le patinage à roulettes sous tous ses aspects : histoire, économie, sociologie, évolution technologique... Aspirine et/ou café recommandés si vous abordez un de ces sujets !

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    5 réponses pour “Yann Solo de retour de son raid roller 2015 entre Dunkerque et Colmar

    1. Yann Solo

      La gueule des roues …………

    2. rolxxan

      Fenlabise,
      je t’avouerai que je ne pense pas toujours sur mes raids, mais cette année jai essayé de me focaliser sur les directions à suivre car je n’avais pas envie de faire des erreurs de route et donc de faire des détours inutiles, car les routes du Nord de la France sont parfois très compliqués.
      Cela dit, je déconnecte souvent mes deux neurones pour ne penser a rien d’autre que de rouler, la tête dans le guidon, et sans jamais penser a la fin d’étape ou la fin du raid. Suivant les kilomètres aux compteur ça peut vite devenir démoralisant.
      Si non je me parle et chante de temps en temps. Ca paraît bête, mais le temps passe plus vite.

    3. Fenlabise

      Bravo , à quoi tu pense en roulant ainsi pendant des heures ?

    4. Cliomike

      Belle naration yann, bien mise en forme le vinc

    5. bernardo

      A chaque raid Yann nous fait rêver.
      C’est un super rouleur mais surtout un mec génial, simple, drôle et qui sait nous faire partager sa passion.
      Bref Yann ne change pas et continue tes raids de fou !!!!

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