La rengaine du gratton – chapitre 09

Par | Publié le 5 avril 2017 | Mis à jour le 13 juin 2021 | Catégories : Toutes Raid & longue distance | Sous-catégories : Nouvelles roller | 1765
| Tags : histoire roller nouvelle roller rengaine gratton roller longue distance roller endurance

Après 7 jours de route de Trappes à Biron, Jef pousse enfin la porte de la maison familiale et retrouve son grand-père. Plongée dans les souvenirs d’enfance….

la rengaine du gratton chapitre 9

Chapitre 9

Il faut quelques secondes à Jef pour s’habituer à la pénombre du hall. Les contours de ce décor familier apparaissent un à un : l’escalier de bois vermoulu face à lui, la petite table du téléphone sur la droite, la porte de la chaufferie sous les marches, l’accès au salon sur la gauche. Rien ne semble avoir bougé depuis toutes ces années, comme figé, à l’abri des effets du temps. Les anciens semblent moins enclins à bouleverser leur environnement que les nouvelles générations.

Il pousse la porte de la cuisine. Fidèle à ses habitudes, son grand-père, attablé, est plongé dans la lecture du journal « Sud-Ouest » ; un rituel quotidien immuable. A son entrée, le vieil homme lève les yeux par-dessus ses épaisses lunettes. Ses paupières se plissent et Jef devine un sourire sous son épaisse moustache. Ses mains noueuses s’appuient sur la table pour l’aider à se relever, lentement. Jef roule jusqu’à lui et l’embrasse chaleureusement. « Bonjour Papy » dit-il simplement « Comment va la santé ? ».

« Va ben, mercés. E tu ? » lui répond le vieil homme en Occitan.

« Ça va, plutôt en forme malgré la distance.»

« Pas de courbatures ? »

« Non, en fait, ça allait mieux de jour en jour. Les trois premiers ont été les plus durs. Ensuite, le corps s’est habitué à l’effort et je n’ai plus ressenti de douleurs. »

« Ça fait plaisir de te revoir après toutes ces années. Tu es vraiment venu de Paris, comme ça, seul sur tes patins ? On dirait que tu as maigri pendant ton voyage ! Tu ne t’es pas assez nourri ? ».

Jef ne se formalise pas de cette remarque, il se surprend même à en rire. « Non, je ne crois pas ! Je crois même que j’ai repris quelques kilos ces sept derniers jours. Je n’étais pas bien épais en partant. Les escales culinaires à travers les régions m’ont fait le plus grand bien. »

Dans la culture béarnaise, les rondeurs sont synonymes de bonne santé. Ainsi, les « gens de Paris » sont souvent considérés comme maigres ou chétifs dès qu’ils franchissent le Gave. Traduction en langage local : inaptes au labeur physique, omniprésent dans les campagnes.

« Assieds-toi donc à table, je vais te réchauffer la garbure » l’invite son grand-père.

Pendant qu’il allume le gaz et sort une assiette creuse. Jef se pose sur le banc près de la cheminée puis enlève ses mitaines, son casque et ses rollers… pour la dernière fois de son périple. « Merci de m’avoir emmené jusqu’ici » leur chuchote-il. Il ausculte ses pieds, rougis par les frottements sur la coque, déformés par des années de patinage en chaussure carbone. Il les glisse dans une paire de pantoufles moelleuses ; cela doit ressembler à cette sensation-là d’être chez soi.

Son regard circule dans la pièce. La crémaillère, noircie par la suie, pend toujours dans l’âtre. Les piles de journaux pour allumer le feu s’amoncellent sous le banc. Le frêle fauteuil à bascule en osier a résisté aux outrages du temps, éternellement tourné vers l’ancienne télévision à tube cathodique. L’imposante hotte en cuivre martelé fabriquée à la main surplombe la gazinière. Seule nouveauté : le gaz de ville a remplacé les lourdes bonbonnes qu’il fallait charrier depuis la grange.

Jef monte à l’étage déposer ses affaires. Les marches gémissent à chacun de ses pas, le plancher de chêne craque sur le palier. Il longe la porte menant au grenier, ce lieu magique et terrifiant où il n’osait pénétrer que rarement quand il était enfant. Il a chassé mille et un trésors sous les pentes du toit. Il s’aventurait entre les malles closes remplies de mystères, à la lumière d’une lampe de poche hors d’âge. Le moindre souffle de vent dans les tuiles le faisait frissonner comme la respiration d’un revenant dans son cou, réveillant ses peurs juvéniles.

Jef s’installe dans la dernière chambre au fond de la maison ; sans doute la plus exiguë mais aussi la plus chargée de souvenirs. Une odeur de poussière et d’humidité imprègne l’atmosphère. Il ouvre grand les fenêtres et les volets donnant sur la cour de la grange pour renouveler l’air ambiant puis secoue vigoureusement la lourde couette en plume d’oie. Des myriades de particules s’échappent à chaque ondulation avant de se figer, en suspension.
L’ouverture surplombe la pente de toit qui abrite la salle de bain et la cour de la remise. Plus jeune, Il s’y aventurait régulièrement pour observer les étoiles pendant les nuits d’été. Pas sûr que la structure supporterait son poids d’adulte aujourd’hui. Son regard se porte sur les vestiges du clapier et du poulailler. Leurs carcasses silencieuses s’accrochent au mur, toujours hantées par les fantômes d’une basse-cour d’antan.

Plus loin, il aperçoit les feuillages de l’ancien figuier. Ses fruits chargés d’une sève blanchâtre tachaient immanquablement ses habits, au grand désarroi de sa mère. Il se remémore les poules voraces qui se ruaient sur les figues trop mûres tombées au sol.
Il distingue aussi la silhouette du noyer centenaire dans lequel il grimpait pour observer les alentours. Perché dans son observatoire végétal, il scrutait les alentours sans être vu : le va-et-vient des troupeaux de bovins, les paysans nonchalants sur leurs vélos ou leur tracteur, la camionnette du boulanger qui s’annonçait en klaxonnant.

Jef redescend au rez-de-chaussée pour se restaurer. Une assiette fumante l’attend sur la table. La simple vue d’une cuisse de canard bien charnue lui ouvre l’appétit.

« Papy : tu te souviens du bois où on allait marcher ? De l’étang de Lahitette dans lequel on allait pêcher des carpes ?  » interroge Jef entre deux bouchées.

« Oh, oui. Malheureusement, je ne suis pas sûr que tu apprécieras de voir ce que ces endroits sont devenus. La gravière s’est étendue au fil des années et a tout rongé sur son passage. »

« Il te reste un vélo en état de marche dans la grange ? Je voudrais quand même aller y faire un tour… »

« Oui. Sinon tu peux utiliser la 102 de ta grand-mère, elle fonctionne toujours. »

« Merci, je préfère le vélo. Je finis de manger et je m’y rends. Je pense revenir d’ici une heure ou deux, grand maximum. »

« Prends ton temps, je ne bouge pas. Je dois réparer une chaise qui a pris du jeu »

Un quart d’heure plus tard, Jef se dirige vers le garage attenant à la grange. La bicyclette quinquagénaire est appuyée sur une armoire massive dont les étagères ploient sous des centaines de bocaux de conserves en verre. Les bobos adeptes de petites reines vintage en prendrait plein les yeux avec cette monture d’époque. Les grands-parents de Jef ont toujours tout gardé, réutilisé. Ils n’ont jamais eu besoin de termes pompeux comme « l’écologie » pour avoir le bon sens de ne rien gâcher. La Seconde Guerre Mondiale s’est chargée de leur apprendre à vivre chichement, à économiser, réparer, réutiliser. Le précepte de Lavoisier ne s’applique pas qu’à la chimie. Quand les temps sont durs, plus que jamais : rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. Jef manœuvre sa monture entre la vieille Peugeot 504 et de la mobylette de sa grand-mère. Un coup de pompe à pied dans chaque pneu et il s’élance vers le fond du village au guidon de la douairière.

Sur le chemin Hia de Père, de nouveaux lotissements sont sortis de terre, dans les jachères où paissaient jadis vaches et moutons. Une maison se dresse dans le pré où il testait ses arcs de fortune. Le lopin de terre qui abritait un petit élevage en plein air d’oies et de canards a disparu au profit d’une résidence moderne et insipide. Plus loin, un champ de maïs dans lequel il aimait se perdre s’est transformé en un boulodrome surdimensionné. Les fiers épis dressés vers le ciel ont fait place à la froideur d’un revêtement minéral gris et sinistre. Des engins de chantiers sommeillent à proximité, dans l’attente de leur prochain festin.

Il peine à reconnaître le foyer de ses copains d’enfance, désormais ceinturé de palissades de lauriers, touffues et impénétrables. Il faut croire que l’état d’esprit des habitants a changé pour se fortifier ainsi chez eux. Probablement des citadins ont-ils remplacé les anciens occupants, amenant avec eux cette mentalité individualiste du chacun chez soi. Le genre de personne aigrie qui vient s’installer à côté d’un élevage ovin pour ensuite mieux intenter un procès à son voisin fermier parce que son coq chante trop tôt ou trop fort le matin. Qu’il est loin le temps où tous se réunissaient à l’auberge les jours de match, à refaire le monde autour d’un verre ou d’un baby-foot ! Les vieilles dames ont cessé de regarder aux fenêtres. La solidarité organique l’a emporté sur la solidarité mécanique, comme aurait pu le dire Durkheim.

Jef traverse le bosquet qui marquait autrefois la frontière naturelle entre le bourg et les étendues agricoles. Alors que les arbres s’entrouvrent, un paysage de désolation se dévoile face à lui : de gigantesques trous d’eau défigurent la plaine sur plusieurs hectares. La route de campagne paisible a capitulé. Désagrégée par le passage incessant des engins de chantier, elle s’est transformée en un réseau de digues filiformes, à peine émergées au milieu des masses d’eau. Les morsures inlassables de pelleteuses pantagruéliques ont excavé des milliers de tonnes de graviers, de futaies, de terres arables, d’étangs sauvages. Inutile de chercher la moindre trace de vie aux alentours. Le massif forestier inextricable où il passait des heures à construire des cabanes a tout simplement été rayé de la carte, tout comme le terrain d’aéromodélisme, les ruisseaux clairs où il attrapait des tritons colorés, des dytiques ronds, des gerris funambules, des lézards verts, des lucanes cerfs-volants, des têtards et autres grenouilles.

Jef ne pousse pas plus avant. Le cœur serré, entre tristesse et colère, il actionne les mâchoires des freins, ralentit et fait demi-tour.
« Mais comment l’Homme peut-il à ce point ravager son propre habitat ? Quel signal lui fera prendre conscience qu’il creuse sa propre tombe en sifflotant ? Comment le profit à court terme peut-il rendre aussi aveugle ? Comment les générations actuelles peuvent-elles laisser un tel héritage à leurs enfants en se dédouanant de toute responsabilité ? »

Sur le chemin du retour, Jef tente d’effacer ce tableau de destruction de son esprit. Peut-être aurait-il dû se contenter de l’image d’Epinal qui le berçait depuis son plus jeune âge… « L’ignorance est la condition nécessaire du bonheur des hommes. » disait Anatole France. La preuve en est. La curiosité, la connaissance, la culture, nous font voir le monde dans toute sa brutalité, nous désabusent, nous révoltent et nous font constater votre propre impuissance, notre faible emprise sur le cours des choses.

De retour au domicile familial, il repose la bicyclette dans le garage avant d’entrer dans l’atelier. Son grand-père s’affaire sur l’établi, à la lumière jaunie d’une vieille ampoule à incandescence. Ses doigts, agiles malgré leur épaisseur, manient les barreaux d’un siège comme de simples cure-dents. Ses gestes n’ont rien perdu de leur précision, même si l’âge les accompagne d’une certaine lenteur.

« Tu avais raison papy… l’endroit est méconnaissable. Quel gâchis ! »

« Oui, la gravière nourrit beaucoup de bouches dans la région. La société a racheté les terrains un à un pour s’étendre. Les gens font bien peu de cas d’un lopin de terre quand il s’agit de nourrir leur famille à la fin du mois. Le travail manque depuis la fermeture de Lacq. Allez, viens donc boire un café, tu me raconteras ce que tu deviens… »

Songeur, Jef emboîte le pas de son aïeul puis le précède pour lui ouvrir la porte. Il fait de même dans la cuisine. Il remplace le filtre dans le percolateur, le remplit de poudre noire et l’enclenche. L’odeur du café torréfié se répand dans la pièce au rythme du glouglou de la machine.

« Parle-moi de ton travail. As-tu enfin trouvé un emploi qui te convient ? » L’interroge son aîné.

« Non, malheureusement. J’ai enchaîné les boulots alimentaires, beaucoup de contrats à durée déterminée sans vraie perspective. Je réfléchis à lancer ma propre entreprise. Au moins je n’aurai pas à rendre de compte à un patron. J’aime l’idée de donner du sens à mon travail, plutôt que d’essayer d’en trouver dans celui qu’un autre me demande de faire sans réfléchir. Je veux être force de proposition, avoir de l’emprise sur les choses, interagir avec mes clients, ne pas me limiter à un rôle d’exécutant. J’ai envie de m’épanouir dans mon boulot, tout simplement.”

« Le monde professionnel a bien changé » constate l’aïeul « De mon temps, on ne se posait pas tant de questions. On sortait tôt de l’école, on apprenait un métier aux côtés des aînés et on passait l’essentiel de sa carrière dans la même entreprise, jusqu’à la retraite. Le labeur était rude mais il ne manquait pas. »

« Oh, je pense qu’il reste du travail pour les gens vaillants » argumente Jef « Seulement, on fait des études de plus en plus longues, on nourrit beaucoup d’espoirs de trouver un emploi à la hauteur de notre qualification et on ne s’y retrouve pas. Je crois que désormais les travailleurs cherchent autre chose qu’un salaire à la fin du mois. »

« C’est sûr qu’à notre époque, dès que tu avais ton certificat d’étude en poche, tu commençais souvent à apprendre un métier. Rares étaient ceux qui avaient l’opportunité d’aller jusqu’au baccalauréat plutôt qu’à l’usine » conclut le papy à travers sa moustache.

« Et côté cœur ? » enchaîne-t-il sans transition « Tu t’es trouvé une épouse ? «

Jef sourit et se tait un moment avant de répondre. «Disons que ma dernière relation a été plutôt mouvementée. Elle a été l’un des éléments déclencheurs de mon voyage jusqu’ici. En bref, ça n’a pas marché, on n’était pas fait pour être ensemble. Quand tu appréhendes perpétuellement l’état d’esprit dans lequel tu vas trouver la personne avec laquelle tu sors, il est temps de partir. » Il s’arrête un instant puis reprend les yeux dans le vague, l’air rêveur  « J’ai rencontré une femme pendant mon périple. Elle vit avec son petit à Marthon en Charente, à une vingtaine de kilomètres d’Angoulême. Son mari l’a laissée pour une autre. Je ne saurai pas te dire où cette histoire pourrait nous mener, je sais juste que j’ai envie de la revoir. Tu vois, avec elle, les choses m’ont semblé simples, naturelles, sans arrière-pensées. Je serai bien resté plus longtemps. J’avoue avoir hésité avant de repartir. »

« Tu as gardé le contact ? » questionne l’ancêtre, curieux.

« Oh oui, je lui ai envoyé plusieurs messages chaque jour pour la tenir au courant de mon avancée et pour la prévenir que j’étais bien arrivé à la fin de mon étape chaque soir. »

« Rien ne t’empêche de retourner la voir, dans un autre contexte que celui de ton raid. Tu verras bien si la magie opère toujours » encourage-t-il.

« Oui, j’y pense évidemment. Mais voudra-t-elle d’un hurluberlu rêveur constamment perché sur ses patins, d’un chômeur sans le sou, d’un idéaliste qui peine à trouver sa place, je ne sais pas… Les femmes aiment les hommes sûrs d’eux, qui savent où ils vont, avec les pieds sur terre. »

«Ne fais donc pas de généralités” coupe son aîné « le monde serait bien triste s’il n’y avait pas de poètes pour fleurir les canons des cyniques. Que fait-elle au juste comme métier ? »

« Elle est illustratrice de livres pour enfants » répond Jef.

« Une artiste ! Elle semble vivre de sa passion. Je pense qu’elle comprendra aisément que tu puisses te chercher et aspirer à un autre mode de vie que le sempiternel métro / boulot / dodo. Si j’avais un conseil à te donner, je t’encouragerais à tenter ta chance, pour ne pas regretter. Il n’y a rien de plus difficile que de vivre toute sa vie dans le doute ou le regret. On peut cicatriser d’une blessure sentimentale mais on ne revient jamais en arrière pour choisir une autre voie. »

«Oui, je pense que tu as raison. Au fond de moi, j’ai juste envie d’être là-bas. De vivre simplement, sans me torturer l’esprit au quotidien avec des problèmes créés par notre mode de vie de dingues. J’ai peur que cela ne soit qu’une fuite en avant… tout comme ce voyage finalement. J’ai fui une relation destructrice, j’ai repoussé une confrontation inévitable avec ce foutu monde du travail qui nous broie plutôt que nous aider à nous accomplir. La dureté des relations professionnelles me dépasse complètement. Chacun pourrait apporter sa modeste pierre à l’édifice collectif, participer à sa mesure au bien-être commun et en tirer satisfaction. Au lieu de ça, chacun regarde si l’autre pauvre hère d’à côté n’a pas plus que lui et ne manque pas une occasion de lui mettre encore un peu plus la tête dans le purin.” Commente Jef, amer.

« Au delà de nous conduire à une destination, les voyages nous aident à grandir. Notre vie n’est qu’un perpétuel voyage à travers le temps et l’espace. Même immobiles, nous nous déplaçons à des milliers de kilomètres par heure. Arrête de réfléchir et commence donc à vivre. Il ne faut pas toujours attendre d’avoir des certitudes pour se lancer car on finit par rater des opportunités qui ne se représenteront pas forcément. Ne dit-on pas que la fortune sourit aux audacieux ? »

« Oui, je crois qu’il faut que j’arrête de me triturer le cerveau et que je suive un peu mes envies. Je suis fatigué de suivre des conventions, de me plier à des carcans de bienséance, de faire ce que l’on attend de moi. Allez, c’est décidé. J’appelle Jeanne demain matin. »

Auteur

Alexandre Chartier

''alfathor''

Alexandre est le fondateur et webmaster de rollerenligne.com depuis 2003. C'est un passionné de roller en général, tant en patin traditionnel qu'en roller en ligne. Il aime le patinage à roulettes sous tous ses aspects : histoire, économie, sociologie, évolution technologique... Aspirine et/ou café recommandés si vous abordez un de ces sujets !

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