Jean-Yves Blondeau, l’homme derrière l’armure Buggy Rollin

Par | Publié le 30 décembre 2011 | Mis à jour le 15 février 2024 | Catégories : Toutes Hybrides | Sous-catégories : Interviews roller | 41687
| Tags : Interview buggy Rollin interview Jean-Yves Blondeau interview Rollerman

Vous connaissez certainement Buggy-Rollin, le nom de rollerman vous rappelle immédiatement l’armure à roulettes si célèbre dans le monde du roller… mais le nom de Jean-Yves Blondeau vous évoque-t-il quelque chose ? Rencontre avec l’inventeur de cette armure si célèbre…

Portrait de Buggy Rollin

Fiche technique de Jean-Yves Blondeau

  • Prénom : Jean-Yves
  • Nom : Blondeau
  • Pseudonyme : Rollerman / Buggy Rollin
  • Date de naissance : 1 juin 1970
  • Taille : 1,80 m sans roller
  • Poids : 73 kg sans l’armure
  • Né à : Entre lac et montagne
  • Habite à : Planète terre
  • Pratique depuis : 1977
  • Catégorie : Science fiction, légende urbaine
  • Etudes : Etudes de design industriel
  • Profession : Showman, cascadeur, directeur consultant, acteur
  • Points forts : Créatif, polyvalent
  • Points à améliorer : tout
  • Autres sports : Butt board, Bmx, ski nordique, skwall, ski alpin, monoski, snowblades, voile, airboard, dirtsurf
  • Sportif préféré : Yves Rossy (Jet Man, il vole avec une aile rigide)
  • Dernier film vu : « Rollerman, the Rebirth of Golden Suit » (rires)
  • Musique préférée : Daft Punk /TRON, Frou Frou / Let go, Tom York / hearing damage, Other lives / For 12, M83…
  • Jeux vidéos : Celui que je veux faire
  • Lectures : Yves maniette / Les Kanji dans la tête, BD, manga cyber punk, magazines scientifiques
  • Fringues préférées : Yukata, hakama, (quand on quitte l’armure on se sent comme un samouraï )
  • Adore : Ma future femme
  • Déteste : Malveillance, injustice, culture du profit, irrespect
  • Qualités : A partager, découvrir ensemble
  • Défauts : A transformer en qualité
  • Club : FIBRA First International Buggy Rollin Association, Yaban doju Incheon, Downwhill Extremer Korea
  • Team / sponsors : Buggy Rollin, SEBA skates, Matter wheels, HMR helmet
  • Meilleur souvenir : Lausanne IRCL 1997
  • Pire souvenir : Effacé
  • Langues parlées : Français allemand, anglais, un peu coréen, essaye le chinois, rêve de japonais
  • Alcool ou jus de fruit ? jus de mangue
  • Glace ou roller ? Roller d’abord et glace ensuite
  • Route ou piste ? Route de col très pentue avec des virages et un sol parfait
  • Sprint ou marathon ? Descente ! ça va plus vite
  • Gomme tendre ou dure ? 83-85A
  • Mer ou montagne ? La montagne c’est clair !
  • Matin ou soir ? Nuit
  • Fromage ou dessert ? Comté, Morbier, Reblochon
  • Rap ou techno ? Electro
  • Foot ou rugby ? NON ! la roule ou la glisse OUI !
  • Simple ou double poussée ? double toujours, et avec les bras ?
  • Palmarès : sans importance…
    • 116 km/h ?
    • Le seul à avoir roulé sur neuf pistes de bobsleigh ?
    • 4.8 millions de clics sur le Youtube de Buggy Rollin au moment de cette interview ?
Buggy Rollin

Jean-Yves Blondeau, alias Buggy Rollin, fend l’armure (Buggy Rollin)

Bonjour Jean-Yves, je ne pense pas me tromper en me disant que la plupart des patineurs connaissent Buggy Rollin, mais on connaît finalement assez peu ton histoire dans le milieu du roller. Peux-tu te présenter ?

Je suis issu d’une grande famille de sept enfants. Durant l’après-guerre, mon père faisait du saut à ski dans le Jura mais n’avait pas les moyens de s’en acheter. Il les fabriquait donc lui-même… tout comme on fabriquait tous nos jouets nous-mêmes ! Par exemple, dans les années 70, les premiers skateboards sont arrivés en France. Mes frangins ont démonté des rollers à lanières pour s’en faire des skateboards.

Et pour le roller ?

Dans les années 80, on a vu arriver des photos de rollers américains, mais on en trouvait pas dans les shops. Un de mes frères a acheté des skateboards en fibre de verre, les a découpés et a récupéré les trucks. Ma première paire de roller a donc été faite avec des chaussures de foot et des trucks de skate, je devais avoir 10 ans. On a vraiment baigné dans la culture du « Do It Yourself » (« fais-le toi-même »).

J’ai fait ma première course de roller à Rumilly (74) à l’âge de 11 ans. J’avais fait un résultat minable pour ma première course. J’ai gagné en slalom.

photo connue buggy rollin
Jean-Yves Blondeau – l’une des photos les plus connues de l’armure Buggy Rollin

Avant Buggy Rollin, tu pratiquais d’autres sports urbains en parallèle…

Plus tard, à partie de la seconde, j’ai été interne en Savoie, le lycée était loin de la maison. J’ai eu une période bicross/bmx, mais je ne pouvais pas les prendre avec moi, trop encombrant. J’ai donc fait du roller et aussi mon skateboard. J’allais rouler après les cours.

Puis, j’ai passé mon bac. Je voulais devenir designer comme mon cousin, mais ça n’a pas marché. J’ai donc fait une mise à niveau et j’ai pu rejoindre le cursus en Arts Appliqués et Design.

Un jour, j’ai cassé des platines Fiberlite… j’ai pris contact avec le distributeur français Templar. Ils m’ont changé la platine. A ce moment, je me suis dit qu’on pouvait faire mieux en roller. J’ai donc travaillé sur un nouveau concept de platine durant mon BTS à Villefontaine à côté de Lyon (69). Puis, j’ai proposé mon projet de roller en sujet libre à mes profs. D’autre part, j’ai tout réétudié pour réaliser ces quads. Je voulais qu’ils soient aussi performants que des inline. J’ai conçu des trucks plus longs à l’extérieur qu’à l’intérieur. Ainsi, la poussée était mieux répartie. D’ailleurs, j’ai roulé avec ça quelques années.

Avant Buggy Rollin, tu as travaillé sur d’autres projets un peu extraordinaires ?

J’ai présenté ce projet pour mon concours d’entrée à l’ENSAAMA (Ecole Nationale Supérieure des Arts Appliqués et des Métiers d’Art) Olivier de Serres de Paris. J’avais bien dessiné, ça leur a plu, c’était concret. J’ai pu rentrer à l’école ainsi.

En sujet de diplôme da dernière année, au départ, je voulais faire un surf à moteur pour la route : la puissance d’une moto debout sur un engin avec les bras libres… ça roule fort ! Mais dans une école nationale, les membres du jury sont souvent des pontes, notamment du ministère… Quand on m’a demandé si je voulais faire fonctionner cet engin sur la route, j’ai répondu « bien évidemment !  » et mon projet a été refusé. Interdit et trop dangereux !

Buggy Rollin se jette au sol pour rouler sur le ventre !
Buggy Rollin se jette au sol pour rouler sur le ventre !

Comment as-tu rebondi ?

Durant mes études, j’allais à l’école à roller, j’avais toujours une paire sur moi. J’habitais dans le 13e arrondissement de Paris, il fallait aller dans le 15e. Ce qui m’intéressait, c’était la locomotion et les sensations d’équilibre du corps humain, se déplacer. Pendant un an, j’ai recherché tous les systèmes qui permettait d’obtenir ça : tout ce qui roule, saute, rampe, vole. Je suis allé interviewer des athlètes à l’INSEP, des sauteurs, des plongeurs, des coureurs, des gens du cirque. J’ai passé beaucoup de temps à la bibliothèque à Beaubourg pour étudier la perception de l’espace et de l’équilibre au plan médical. Les français ont fait plein d’expériences là-dessus.

Comment est né le projet de l’armure Buggy Rollin ?

A la fin de l’année, j’avais recensé tout un tas de données sur la prise de risque chez les jeunes. De par mon bac en construction mécanique. je sais étudier les forces dynamiques et statiques. Un de mes buts dans cette étude a donc été de trouver un système mécanique, physique et de le relier aux sensations.
A ce moment là je n’avais pas encore fait d’armure, juste des études. Je voulais utiliser toutes les technologiques que je connaissais pour répondre à ces questions. J’ai constaté qu’il y avait plein de lacunes dans les postures de glisse dans les sports, surtout dans les systèmes qui permettent de rouler. Je me suis alors mis à réfléchir sur la façon de rouler dans toutes les positions… où placer les roulettes, c’est ainsi qu’est né le projet de l’armure.

Comment les histoires de l’armure et de Rollerman ont-elles commencées ?

 » J’ai fait ma première armure en juin 1994 à l’école. J’ai mis seulement un mois pour décider que ce serait une armure, faire le concept, réaliser le prototype et l’essayer. C’est allé très vite ! Cela suffisait aux profs. « 

Jean-Yves Blondeau, alias Buggy Rollin

Pour l’anecdote, l’avant-veille du diplôme, il a fallu que j’aille de la cité U à l’école avec l’armure. J’ai dû l’enfiler parce qu’elle était trop encombrante pour la porter. Les gens me regardaient bizarrement dans la rue !

Nous sommes allés faire des photos au Trocadéro avant que des touristes arrivent. Je ne savais pas ce que j’avais créé, j’étais la tête dans le guidon ! J’avais créé l’identité du casque, je trouvais ça important. mais le reste était vraiment conceptuel. J’ouvre la boite, je regarde ça ébahi, sans un mot, je n’y crois pas ! ça me renvoie l’image des super héros, des Strange, des Marvel, un univers que je n’aime vraiment pas, tous les comics. Je n’aimais pas ça. Je suis un « BDphile » mais mon préféré c’est Gaston Lagaffe ! Il a fallu que j’accepte mon image. Un peu comme un gamin que tu mets au monde et qui ne correspond pas à ce que tu attends. Tu apprends à trouver ce qu’il y a de bon en lui.

L’univers des Mangas est au coeur de tes aspirations…

En 1996, dans la bibliothèque de Beaugourg, j’ai déniché un manga cyber punk japonais : GUNM. La psychologie des mangas japonais a une vraie profondeur, hyper violent, hyper prenant… cela correspondait plus à l’image qui m’intéressait.

Ensuite, je suis parti à l’armée où j’ai fait une objection de conscience pendant deux ans. Je me suis occupé des SDF. Le projet est donc resté en veille pendant ce temps là. Les derniers mois avant la fin de l’objection de conscience, j’ai pu préparer mon avenir, j’ai travaillé sur l’armure, déposé un nom, déposé un brevet.

Peux-tu nous expliquer le processus ?

Cela s’est passé étape par étape.

A l’école, les premiers retours des gens que j’ai eu parmi les profs et les designers ont été : « ça fait rêver », « faut déposer un brevet » !

Je me suis alors rendu compte qu’un brevet a une vie. C’est un texte de loi valable si tu respectes sa procédure, dont des taxes à payer. Au début, ça coûte peu d’argent. En plus, j’avais bénéficié d’aide pour la rédactionnelle qui coûte cher… mais les annuités augmentent d’année en année, jusqu’à 10.000 € par an !

L’armure roller est un brevet qui concerne la France, les Etats-Unis, la Russie, l’Allemagne. Il a fallu ouvrir aux pays européens. Une fois lancé dans cette perspective, tu ne peux pas faire demi-tour ! Tu as des dates butoirs. En France, si tu oublies de payer, c’est fini, contrairement aux Etats-Unis où tu peux reprendre un brevet 5 ans plus tard.

Avec quels moyens as-tu fait ta première armure ?

buggy rollin ski plagne
Jean-Yves Blondeau à la Plagne

Je n’avais aucun moyen financier. L’école a fourni les matériaux pour la stratification en fibre de verre et résine, ainsi que l’atelier pour le faire. Les bras sont réalisés en PVC, roues jantes, sangles, matelassages, j’ai essayé de faire malin. Pour le casque, je suis allé aux Puces de Montreuil. J’ai pris un casque à 5 francs, j’ai tout repercé, reformé, ça a été de la démerde. Les mousses, c’était du matelas de camping. Les roues de bras, c’est mon père qui les as fournies. Je suis allé derrière sa maison, j’ai trouvé des poussettes avec des roues de 125 mm. J’ai découpé des rollers pour les coudes. Il me restait des Kryptonics pour le ventre et le dos…

As-tu essayé de trouver des partenaires financiers ou industriels ?

Il a donc fallu que je fasse connaître mon idée. J’ai pris rendez-vous avec les industriels du moment : Benetton (Italie), Oxygen (Autriche), K2 (USA), Nike/Bauer, Rossignol (France), Salomon (France). J’ai pris mon dossier d’étude, je l’ai mis à jour avec la marque et des photos, ainsi qu’une vidéo.

Quand j’ai présenté le concept, les autrichiens se sont levés et ont applaudi mais n’ont pas donné de suite. Bauer m’a donné un papier à transmettre à l’avocat, cela a pris du temps mais je n’ai pas eu de retours. Rossignol a également réservé un bon accueil mais ils sont partis dans la descente avec « l’agrafeuse » (la platine des Rossignol Descender), j’étais en dehors de leur projet.

Salomon m’a proposé de leur faire une étude de marché pour commercialiser le projet. ça m’a pris 4 ou 5 mois et puis plus rien. D’un point de vue industriel, ça a donc été le désert.

En revanche, tu sembles avoir bénéficié d’une bonne médiatisation…

La vidéo que j’avais fait a été envoyée à l’émission « Nulle Part Ailleurs » de Canal+. Ils m’ont recontacté immédiatement et ont envoyé Marius (Mr Cinéma chez Canal+) ainsi qu’Olive. La vidéo était assez créative. On a fait un remake mais avec de plus gros moyens. Les deux gars étaient en rollers avec moi. Le tournage s’est vraiment bien passé, on a même profité de la présente fortuite de la police, ça s’est bien combiné !

La vidéo a créé une réaction en chaine, j’ai eu des demandes de photos, d’interviews ou de tournages dans le magazine « Elle », sur « ZDF » en Allemagne, sur « Stern TV », puis en Hollande, ça n’a pas arrêté de rebondir en 1997 / 1998 avec l’armure rose. Après ça s’est tassé…

Et ensuite, l’armure Buggy Rollin t’a fait voyager bien plus loin…

J’ai pu partir au Japon à cette période, un voyage magique durant le Noël 1998. J’ai découvert le pays en étant invité par une grande chaine de télévision. J’étais traité comme une star avec quelqu’un qui s’occupait de moi en permanence, on m’a fait visiter tout ce dont j’ai eu envie. On ne voyageait pas trop à cette époque, beaucoup moins que maintenant, Cela a été un vrai choc culturel ! J’ai adoré !

Puis, j’ai rencontré ma copine allemande en 1999 et j’ai vécu en Allemagne jusqu’à 2004.
De 2004 à 2007; j’ai eu ma période coréenne : j’ai fait une publicité pour une grosse marque et je suis devenu une star locale, les gens me reconnaissait, je signais des autographes, je faisais plusieurs TV par jour. En 2007 je suis rentré en France.

Passes-tu beaucoup de temps en Asie ?

J’ai une amoureuse Sud-Coréenne, donc je passe beaucoup de temps là-bas. De plus, j’ai été invité officiellement aux Leisure Games en Corée du Sud à Chuncheon l’année dernière. Grâce à Seba, je suis beaucoup allé en Chine, autant pour les compétitions que pour des événements privés dans des parcs d’attraction… Je déconseille ! Il ne faut pas travailler en Chine ! Tu es payé… comme un chinois et tu travailles… comme un chinois !

Tu gagnes ta vie grâce à Buggy Rollin ?

Oui, je fais payer mes prestations en télévision et j’ai un partenariat avec mon photographe préféré. On se partage les droits sur les photos. En Allemagne, j’ai fait une école de taxi, mais c’est anecdotique.
Je n’ai pas trop à chercher de clients finalement, ce sont plutôt les gens qui me trouvent. En Allemagne, j’ai bien essayé de démarcher… mais je n’aimais pas ça. En fait, je passais mon temps à présenter mon truc : créatif, nouveau, super vecteur de communication original… et j’ai remarqué que si tu cours après les gens, ils s’en foutent. S’ils ont besoin de toi ils font en sorte que tout se passe bien.

Tu produis de belles vidéos, elles doivent faciliter ta communication…

Oui, « Swiss Pass » par exemple m’a ouvert des portes. Nous étions sur une compétition avec Denis Strasser en Suisse, on s’ennuyait ferme. On a donc décidé d’aller dans 6 ou 7 cols de la région à plus de 2000 m de hauteur dont le Gottard, Sustern, Grimselpass, Andermatt, Furka… avec des magnifiques vallées, des virages, de la déclivité. Là, on a tourné la vidéo « Swiss Pass », mon premier succès sur internet. C’est qu’en faisant ce que tu aimes vraiment que ça te rapporte les choses que tu aimes ! Il ne faut pas perdre de temps avec le reste !

Le morceau de « Muse » est une vraie valeur ajoutée. Comment as-tu choisi comme bande sonore ?

On se prenait la tête sur le choix de la musique, on ne savait pas quoi mettre. Je suis allé dans un magasin de musique en face de la gare. J’ai passé en revue des dizaines de morceaux et je suis tombé sur « Muse ». C’était peu connu à l’époque et ça collait vraiment super bien avec les images. C’est vraiment ce qu’il fallait !

J’ai bien essayé de les contacter pour avoir l’autorisation d’utiliser la musique, mais je n’ai pas eu de réponses. En comparaison, Daft Punk a été cool, pour la première vidéo que j’avais fait, celle qui s’appelle « Extrême ». C’est une compilation de différentes télés, entre autres des images de NPA. La vidéo d’Altenberg avec la musique de « Tron » est vraiment top…

Cette vidéo m’a permis de rencontrer Jim Carrey et de travailler sur le film « Yes Man ». Un jour, j’étais invité pour faire des shows en Chine. Je reçois un coup de fil, je décroche, on me dit : « Hi, it’s Hollywood ! ». Ils m’ont demandé si je voulais venir à L.A. pour rencontrer Jim Carrey pour son film « Yes Man ». Un côté bien positif de l’expérience !

Au final, ils n’ont pas gardé beaucoup d’images… c’est Hollywood ! J’ai dû faire 4 armures pour le fim, une pour Jim Carrey, une pour Zooey Deschanel, une pour moi et une pour Monica, la cascadeuse qui a doublé Zooey…

« Yes man » a aidé pour la suite avec la commercialisation de l’artmure Buggy Rollin ?

Finalement non. Quand le film est sorti, on m’a dit :  » tout le monde va vouloir des armures ». Je me suis donc dépêché de rencontrer un investisseur pour en produire rapidement. Je lui ai dit que je rentrais de Hollywood. J’ai vu ses yeux briller… et en fait je me suis mis dans une galère avec un arnaqueur. Je me suis retrouvé à payer tout le monde dans sa société, sans le sous, sans armure fabriquée. C’était en 2009. J’ai dû repartir de zéro ! J’ai rebondi en allant voir un avocat, la police. Il y avait de grosses sommes en jeu. Le gars me menaçait. J’ai porté plainte… l’affaire n’est toujours pas jugée.

Les armures Buggy Rollin sont-elles réalisées sur mesure ?

En partie seulement, il faut pas que ça fasse mal, qu’elles soit confortables et adaptables à plusieurs morphologies. Les pièces sont standards mais sont compatibles avec 95% des morphologies. La mise sur mesure consiste surtout à travailler les détails de découpe sur des courroies notamment.

Combien de versions as-tu créé ?

J’en suis à la 21ème version.

tentative record vitesse descente buggy rollin 2012 04
tentative record vitesse descente Buggy Rollin en 2012

C’est un projet en constante évolution au niveau technologique ?

Il n’y a pas de révolution, les concepts trouvés lors de mon étude à l’école sont toujours valables. Je veux surtout une armure qui puisse aller très vite. Elle est plutôt conçue comme une Formule 1 que pour faire du gymkhana. Je veux une armure stable, fiable et sécurisante à grande vitesse. C’est ma vision. Si un jour des slalomeurs veulent s’y mettre, ce sera différent.

Je l’utilise en piste de bobsleigh, ce qui est impossible avec beaucoup de roller de série. Cela explique en partie la masse de l’armure. Elle doit être résistante. Une fois, j’ai cassé une jambe de l’armure sur un réflecteur à Busan en Corée à 90 km/h, mais le choc a été extrêmement violent. Dans l’ensemble, c’est vraiment du solide. J’essaie d’y mettre du bon sens.

Comment as-tu réfléchi au design ?

Les formes sont issues du positionnement des roulettes et de la forme des membres. Les bras sont faits pour ne pas accrocher où que ce soit avec une forme en ogive. Les épaules sont rondes pour ne pas accrocher non plus. L’armure est lisse dans ce but, ainsi on peut se faufiler au milieu des gens dans les randos sans danger en position allongée. J’ai essayé de tirer les lignes pour la rendre tendue.
Le buste avec abdos et pectoraux, c’est pour l’esthétique. J’ai créé un personnage, autant aller au bout. C’est une forme en cuillère qui donne une bonne stabilité, elle est bombée et creuse, cela a un très bon comportement aux charges. La découpe en facettes, c’est Cinecittà, comme pour les armures romaines, ça rend de très bons reflets, ombres et lumières.

Pour le dos, il fallait des rails pour bien passer sur les escaliers. Il fallait aussi une certaine mobilité, cela a été plus compliqué.

Buggy Rollin sous toutes les coutures
L’armure sous toutes les coutures

Combien coûte une armure ?

Le prix actuel annoncé est de 3.500 € pour le set complet (hors roller et casque) comprenant :

  • Paire de jambes
  • paire de bras
  • ventre
  • dos
  • protections épaules
  • protections de hanches

Elle est montée avec des roues et des roulements, utilisables en l’état… et ça sera de la roue de bonne qualité, des Hyper, Gyro, Matter, en fonction de ceux qui voudront en fournir.

A quand la commercialisation de l’armure Buggy Rollin ?

J’ai beaucoup de demandes, au moins 3 ou 4 par jour ! Et encore plus maintenant, avec le million de clics depuis 3 mois. Mais je n’ai pas de vraie solution pour en produire. J’ai approché l’industriel qui fabrique pour Seba mais il me demande trop de sous même si tout le travail est déjà « prémaché », c’est déprimant ! Pourtant, j’ai un dossier technique en béton.

Je me dis qu’il faut que je fabrique moi-même. Que j’investisse, que je ne doive rien à personne. Je profite du temps que j’ai ici (en Corée) pour faire une armure, mais c’est 2 mois de travail ! C’est plein de galères ! La machine à coudre qui merde notamment. Bref, ceux pour qui j’en fabrique sont les plus motivés qui insistent le plus.

Cela pose-t-il des problèmes de circuler avec l’armure ou de s’entraîner sur route ouverte ?

Buggy Rollin sans son armure
Jean-Yves Blondeau

Soit tu vas sur des événements de freeride, soit tu vas sur une route que tu connais et tu conduis ça comme une voiture. Je ne considère pas le Buggy Rollin comme une pratique sauvage.
Je tiens compte du code de la route (sauf peut-être pour les limitations de vitesse). En Suisse, à Lausanne, je suis arrivé un peu fort sur une descente avec un carrefour. J’avais l’équipe de caméras qui était là, il fallait que j’arrive vite… mais dans l’ensemble, avec l’armure ça se passe bien. Peut-être parce que je ressemble à Robocop qui est membre des forces de police ? C’est comme ça que je l’analyse…
En Corée du Sud, ça se passe très très bien. La police vient me voir, on discute… alors qu’en Allemagne, ils me font marcher sur les trottoirs, je dois les éviter. Roulons heureux, roulons discret !
En Corée, quelqu’un qui fait de l’exercice physique a une valeur. Faire du sport sur la route en Corée est valorisant et bien vu, cela montre un certain état d’esprit.

As-tu fait de grosses chutes ?

Une armure ça a l’air dangereux mais en fait, elle possède protections partout. Quand tu te ramasses, ça se passe bien en général.

A la première gamelle, tu as quelques secondes après un choc où tu cherches si tu as quelque chose, tu es inquiet. Finalement, tu constates que l’armure n’a que des rayures. Et c’est là que le danger survient.  Tu crois que tu n’as rien à craindre donc tu t’engages encore plus, tu prends plus de risques et là tu te fais remettre en place !

Quand tu es dans l’euphorie des sensations, ça peut être dangereux. Je me souviens d’un événement à Lausanne en 2000 ou 2001 sous la pluie. C’était la première fois que l’on faisait une course d’armure. C’était trempé.

Le pilotage doit être très spécifique….

En armure, en slide, tu glisses mais tu pilotes, c’est super fun mais en descente ça va vraiment vite. Après une grande ligne droite, mon pote Xavier a pris une mauvaise ligne et un virage à gauche, il est allé tout droit, a fait voler une botte de paille, tordu un panneau de signalisation… Il n’a rien eu mais il s’est fait secouer et a eu 2 jours d’hospitalisation. On ne se casse pas, l’armure répartit bien l’onde de choc mais le fait de passer de 70 km/h à 0 km en quelques dixièmes de secondes ou quelques secondes te secoue tout le corps, tous les viscères bougent à l’intérieur. Il faut se faire remettre en place s’écouter.

buggy rollin piste bobsleigh altenberg 2012
Buggy Rollin dans la piste de bobsleigh d’Altenberg

Je n’aime pas me faire mal, j’évite de prendre des gamelles. Une fois à Tokyo en 1997, on m’a fait faire du half pipe à 7h30 du matin sur un revêtement humide. J’ai voulu les impressionner et je suis parti sur le dos en arrière la tête la première, j’ai atterri trop bas dans la courbe, ce n’était pas bon ! C’est alors que j’ai tapé la tête. J’ai trouvé ça stupide.

Le pire, cela reste la piste de Bobsleigh, ça va tellement vite et tu te fais tellement compresser que si ça part, c’est chaud. Les allemands disent que «  »Die Kake ist in Dampf » (  » le vomis est sous-pression  » ). Tu multiplies la vitesse par les 4 ou 5 G. T’as le temps de réfléchir à qui ramènera la voiture quand tu seras à l’hosto… c’est impressionnant !

As-tu une assurance particulière pour ta pratique ?

J’ai pris une clause d’accident de la vie. Mon agence a appelé le siège en leur montrant ce que je faisais. Ils ont été conciliants. Si tu fais tout ce qu’il faut en amont en repérant les routes, ça se passe bien. Il ne faut pas partir à l’aveugle.

Quelles sont les sensations que l’on ressent en pratiquant ?

Quand ça va vraiment vite et tout droit, c’est vraiment une sensation de vol, comme en jet. Tu rentres les ailes et tu fonces ! Cela ressemble un peu au base-jump et au fly-suit. Cela reste moins dangereux qu’eux à la réception !

Quand tu enfiles l’armure la première fois, même si tu n e vas pas très vite, tu ressens des sensations totalement nouvelles. D’une part, l’armure a un certain poids !

Ensuite, même en essayant d’avoir un design le plus adapté possible, tu as une certaine limitation des mouvements par les volumes et le placement des roues. Par exemple, tu ne peux pas croiser les bras devant toi parce qu’il y a les roues sur la poitrine.

Ensuite, tu ne croises pas facilement avec les roues sur les genoux, tu as une nouvelle géométrie. Si tu as envie de te gratter ou d’enlever un truc dans le casque, tu te cognes, ça change tout !

Et quoi d’autre ?

Tu changes ton apparence, ton identité et tes capacités. C’est un deuxième stade, le « super human ».
Ensuite, vient le fait de pouvoir rouler dans toutes les positions. On peut créer des trajectoires de roues partout : sol, mur, plafond ! Le 3ème stade, c’est la sensation d’androïde, une expérience dans la vie réelle et le présent de ce que peux être un exosquelette, un cyborg, à mi-chemin entre homme et robot.

Quand tu roules, les sensations sont tellement originales et exclusives que tu as vraiment l’impression d’être un robot ou un cyborg. Par exemple, dans une courbe, quand tu freines, tu appuies sur le bras, tu lis le sol grâce à la pression dans la chair, ça remonte dans le coude, l’épaule, puis la colonne vertébrale. Tu as le choix de redonner de l’appui, de jouer avec l’adhérence, la direction, tu contrôles les pressions sur chacune des roulettes. Une explosion de données dans la tête ! C’est assez jouissif.

Quand tu passes sur le dos la tête la première, j’appelle ça « Starwars ». A un moment dans le Starwars 2, ils se battent sous la ville dans les nuages, cela ressemble un peu à ça, les références sont inversées. Quand tu fais la même expérience de nuit, avec les étoiles au dessus, tu mets les yeux au ras des sourcils, un secteur visuel que tu n’utilises jamais, ce sont des sensations totalement inédites, on a pas l’habitude, on ne sait pas faire. Là, tu comprends que ce que l’on perçoit de la planète est faussé.

T’arrives-t-il de faire essayer ton armure Buggy Rollin ?

Session d'apprentissage de Buggy Rollin

Oui, mais pas sans une certaine appréhension : tu confies une armure sur laquelle tu as mis du soin, tu as passé des heures à la fabriquer, tu fais attention pour la garder en bon état, tu es méticuleux pour la ranger dans le sac… et un débutant va râper les genoux, faire des erreurs, faire des rayures. Une armure c’est un boulot de fou ! Je confie toujours la numéro 2 en carbone dans un premier temps. C’est la seule prêtable. Je la fais essayer sur des courses ou des événements comme la Paris Slalom World Cup, la Beton On Fire… pour l’instant, ça ne se bouscule pas trop.

Combien pèse une armure Buggy Rollin ?

L’armure sans roller doit peser 17 kg environ. Le sac à l’aéroport, c’est 23 kg avec les rollos, le casque, les roulettes, la combinaison… C’est une vraie armure ! Je dois négocier le surplus de bagage à chaque fois, faire les yeux doux ! Je vole au maximum avec Luftansa où je peux embarquer deux sacs en tant que « Frequent Traveller ».

En quoi le roller aide à piloter l’armure ?

On dirait piloter une armure effectivement. Déjà, quand on sait patiner, on sait comment les roulettes marchent. C’est la première chose à apprendre, comment patiner avec son corps. Il y a quelques réflexes à prendre. Quand ça pousse à droite par exemple, c’est pour les genoux le problème, tu contres à gauche. Tu pousses pour aller dans le sens opposé. C’est vraiment une question de schéma corporel. Il faut en permanence piloter le corps en entier. Il ne faut pas laisser un membre se désunir. Le reste est assez intuitif.

Il paraît que tu t’étais fait voler une armure voilà quelques années ?

Oui, je me suis fait voler une armure à Lyon juste avant de partir à Koënigsee. La voiture était pleine. Je passe chez un pote me brosser les dents. Je dis bonjour, je redescends, on m’avait piqué la R19 à cause des jantes alliage !

Du coup, je n’ai pas pu aller à la piste de bobsleigh. J’ai passé tout le mois d’août à chercher dans les quartiers sensibles du coin. Au bout d’une semaine, la police avait récupéré ma voiture dans une ruelle. Un voisin avait appelé. Des fois, elle était posée sur cale, des fois sur roues. Le gars a prévenu au bon moment. J’ai viré les jantes-alliages, j’ai mis des roues en tôle et j’ai toujours la R19. Mais l’armure en carbone, la meilleure que j’avais n’était plus dedans.

A la fin du mois d’août, je devais faire une télé en Italie à Cinecittà. Je repasse dans le même quartier. J’ai fait rechercher mon armure jusqu’à la veille. Je me gare devant l’église, un minot vient me voir et me dit de venir quelques heures plus tard dans une impasse et d’amener 1000 francs. Je m’exécute. Mon sac était à côté des escaliers avec une dizaine de minots entre 12 et 16 ans m’attend, me fouille… Ils sont super nerveux. Je paie et je récupère mon armure… mais ça s’est terminé moins cool. Ils ont voulu me dévaliser totalement. Ils m’ont menacé avec une bombe lacrymogène . Bref, j’ai récupéré mon armure avec quelques heures de retard… Je n’ai pas récupéré les rollos, les fringues, le casque, mais l’armure restait le plus important !

Ensuite, j’ai roulé toute la nuit pour rattraper le temps perdu et arriver à l’heure à mon rendez-vous. Je suis arrivé à Cinecittà avec seulement 10 min de retard ! Il pleuvait autour de Rome, et dans ce cas-là, les gens laissent leur voiture au milieu de la route.

Tu voyages beaucoup grâce à l’armure Buggy Rollin semble-t-il ?

Oui, le japon a été ma première télévision loin de France. Il fallait que je bouge sur les événements pour faire connaître l’armure : sur les pistes de bob, à l’ISPO, mais aussi au YOU Messe (Allemagne), un salon avec sport, musique et fashion. On trouve tout là bas, les jeunes peuvent tout y essayer…

J’ai vu qu’il y avait un autre rider adeptes du concept ? ça ne te gêne pas que ton idée soit réutilisée ?

Oui, quelques uns, notamment « Riderman » en France. On s’est rencontrés sur Lausanne, pour rider ensemble. J’avais vu des photos. Il a fait son armure en métal. c’est du vrai métal bien lourd ! Vu que je n’arrives pas à les produire des armures en série, j’essaie de voir le côté positif, c’est normal que ceux qui veulent pratiquer s’équipent comment ils peuvent. Si on arrive à rider ensemble, on peut partager des sensations et c’est beaucoup. Je ne pousse pas les gens à fabriquer leurs propres armures mais qu’ils viennent me voir pour qu’on roule ensemble ! Christophe est le bienvenu. Je vais voir pour lui faire une paire de bras…

La dernière fois que j’étais à L.A. j’ai rencontré Todd Born pour « Stan Lee’s Super Human »… On est allé voir les lieux du tournage ensemble, on a essayé la route ensemble.

Il y a aussi Eduardo à Bogota. Un autre allumé ! Les mecs qui ont fait leur armure sont à fond dedans. Autrement, il y a les fidèles comme Sébastien Bertholet, un ami de longue date sur Lausanne, il a une armure que j’ai monté et mis à jour. Maintenant, il a une armure géniale. Il a 2x 5 roues sur le ventre.
J’aimerai faire un buste modulaire que chacun monte comme il veut. Je pense que chacun doit pouvoir mettre la combinaison et customiser l’armure comme il veut…

Jean-Yves Blondeau, quels sont tes projets pour l’avenir de Buggy Rollin ?

L’armure est une chose mais j’ai de nombreux autres projets qui lui sont attachés : des jeux vidéos, du cinéma, une série télé… je travaille sur la mythologie du personnage de Buggy Rollin depuis 12 ans ! Si j’arrive à commercialiser l’armure, j’aimerais aussi proposer les habits qui vont avec.

Je pense qu il est aussi possible de créer des espaces comparables à des micros parcs d’attraction où pratiquer avec l’armure. Un lieu proche d’un skatepark avec half-pipe transparent, couloirs, tuyaux, passerelles, high-jump, piscine à mousse, avec un sous-sol carrément « science-fiction » où on se déplacerait dans un labirynthe dont les parois sont pilotées par des automates…

Session Bobsleigh en Buggy Rollin
Dans la piste de Bobsleigh

Je pense qu’on peut aussi faire un « resort », une colline dédiée aux sports de gravité avec plein de routes différentes, des virages relevés, des jumps, de la piste de bobsleigh sans le refroidissement, un système de remontée, un hébergement avec un restaurant. On pourrait utiliser la place entre les routes pour y mettre un vignoble et le soir boire la récolte… Ce serait un lieu pour apprendre, mettre en place des stages, pour les vacances. Ce serait aussi un excellent support pour de la course : tout sur place !

La production en serie de l’armure n’est pas une fin en soi mais plutôt une étape, presque un début !

Vidéo : comment naquit Buggy Rollin

Liens utiles à propos de Buggy Rollin

Page facebook de Buggy Rollin
Site officiel de Buggy Rollin
Buggy Rollin dans l’émission Tracks de Arte en 2008
Vidéo : nilloR ygguB + Beauty Aliien

Photos : Christophe Lebedinsky, Daniel Strasser et droits réservés

Auteur

Alexandre Chartier

''alfathor''

Alexandre est le fondateur et webmaster de rollerenligne.com depuis 2003. C'est un passionné de roller en général, tant en patin traditionnel qu'en roller en ligne. Il aime le patinage à roulettes sous tous ses aspects : histoire, économie, sociologie, évolution technologique... Aspirine et/ou café recommandés si vous abordez un de ces sujets !

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    2 réponses pour “Jean-Yves Blondeau, l’homme derrière l’armure Buggy Rollin

    1. Jo

      j’adore, une belle interview pleine de respect face à un J.Y.Blondeau aussi passionné qu’il est plein d’humilité. Une belle leçon dans un bel article sur REL
      /

    2. Gadget

      Hello,
      Un coucou puisque je passe parlaparazar
      Sois prudent

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