Clinton Shaw : en patin à roulettes à travers le Canada et les USA de 1967 à 1974

Par | Publié le 22 mars 2020 | Mis à jour le 3 novembre 2020 | Catégories : Toutes Raid & longue distance | Sous-catégories : Histoire du roller | 860
| Tags : roller longue distance roller endurance histoire roller roller usa clint shaw roller canada

A l’occasion du Centenaire du Canada en 1967, Clint Shaw décida de prendre la route pour commémorer cet anniversaire à sa manière. Son aventure l’emmena de Victoria (Colombie Britannique) à Saint-John (Terre-Neuve). En réalité, ce ne fut que le premier chapitre de son aventure sur roulettes…

clinton shaw small

1967 : la première traversée du Canada en patins à roulettes par Clint Shaw

Le 1er avril 1967, à l’âge de 25 ans, Clinton Shaw s’élança du parc Beacon Hillde Victoria (en Colombie Britannique), vers Saint John’s (Terre Neuve).

Le déclic : une annonce pour le Centenaire du Canada

Clint Show durant sa traversée des Etats-Unis

Il raconta à Scott Anderson du journal Southwest Booster (5 juillet 2017) qu’il avait entrepris ce voyage après avoir visionné une publicité pour le centenaire du Canada. Cette dernière demandait aux téléspectateurs :

«Qu’est-ce que vous, fier d’être Canadien, allez faire pour Centennial ? ».

Après 20 ans sans patiner, il décida de rechausser les patins. Il planifia son voyage, laissant femme et enfants (un an et trois ans). Le moins que l’on puisse dire, est qu’elle n’était pas enchantée par la nouvelle :

« Bonne chance » lui dit-elle « mais ne t’attends pas à ce que nous soyons là à ton retour. »

Alors qu’il arrivait dans le Lower Mainland, sa femme céda. Elle entassa les enfants dans leur Ford Fairlane 500 à quatre portes et le suivi jusqu’à Hope, où il se retrouva à l’hôpital après que sa jambe gauche se soit engourdie.

Un périple risqué sur les routes Canadiennes

Patiner jour après jour au milieu de la circulation sans casque et protection n’était pas de tout repos. Il fallait aussi enchaîner les nuits de couchage dans le camping-car. Il se souvent de quelques moments de sueurs froides : 

« Quand les gens vous frôlent en voiture à 100 miles par heure, cela vous marque. »

Son seul soutien extérieur : sa famille

Shaw voulait désespérément un sponsor, mais les sponsors ne voulaient désespérément pas de lui, alors il dut se résigner à dépendre de ses parents.

Il portait également des patins de piètre qualité. Un article de la Presse canadienne parlant de son voyage mentionnait qu’il avait consommé durant son voyage 44 roues, cinq essieux et tant de roulements à billes qu’il en avait perdu le compte avant d’arriver à Regina. (Roller Skater Loses Bearings, dans le « Daily Colonist ».)

Enfin sous le feu des projecteurs

C’est à Regina que Clint Shaw rencontra l’ancien premier ministre John Diefenbaker. Le premier ministre en exercice, Lester Pearson, l’accueillit à Ottawa. Tous les Shaws ont été traités comme des rois à l’Expo 67 de Montréal. Il bénéficia de quelques aubaines durant le voyage : il visita notamment l’hélicoptère et le train du Centenaire.

Trève hivernale avant l’ultime ligne droite

Le 11 novembre 1967, les Shaw avaient atteint la rivière du Loup, au Québec. Il dûrent s’arrêter pour l’hiver. Clint reprit son voyage le 29 août suivant – son anniversaire – cette fois en solo jusqu’à Terre-Neuve où il arriva en automne. Joey Smallwood attendait quand Clint est finalement arrivé à St. John’s (Terre Neuve).

Il passa plus de 6 mois sur la route. Il effectua une distance totale de 4.989 km à travers le Canada. 

1974 : Après le Canada… les USA !

Le déclencheur : une envie de record

On pourrait penser qu’il avait eu sa dose de patinage. pourtant, 7 ans plus tard, Clint Shaw écouta une nouvelle fois l’appel de la route. En 1974, il vivait à Victoria (Canada). Il y travaillait comme ferronnier (il a d’ailleurs participé à la construction du bâtiment du Times Colonist qui l’interviewa le 8 avril 2017)..

« Sept ans plus tard, j’ai découvert que personne n’avait fait les États-Unis. »

[NDLR : en réalité, les Carson le firent avant lui en 1921]

Clint Shaw surfe sur sa popularité

Clinton Show - photo Times ColonistLe voyage aux États-Unis en 1974 fut beaucoup plus fluide que celui du centenaire. Shaw roulait désormais avec des patins décents. Il avait même un sponsor : Pepsi. Il arborait un t-shirt « Rejoignez le peuple Pepsi… n’hésitez pas ! ». La société de boissons gazeuses remettait 500 $ chaque fois qu’il atteignait un point de repère. Il toucha au moins 1500 $ grâce à ce soutien.

 » C’était comme jouer au Monopoly et passer le Go. « 

Les médias américains l’ont adoré. Le magazine Time, écrivait de son physique qu’il ressemblait à Clint Eastwood. Shaw est apparu dans « Tomorrow », le talk-show de Joey Bishop et Hollywood Squares. Aux-Etats-Unis, Il jouissaitt d’un statut de célébrité. Il apparut sur Hollywood Squares.

« Il avait l’air fou et il l’était », a écrit le Record-Herald de Washington Court House, Ohio. « Il avait une expression sauvage dans les yeux – le genre de regard que seul un homme débordant de vie peut avoir – et il l’était. Quand il vous regardait et qu’il vous racontait ses aventures, vous sentiez son énergie débordante vous envahir et vous vouliez partir avec lui. »

Une ligne de plus dans le Guinness des records

Il ne lui fallut que 62 jours pour parcourir les 5 000 kilomètres de New York à Santa-Monica / Los Angeles (Californie), ce qui lui valut sa deuxième mention au Guinness Book des records. Un troisième record fut établi en route quand il battut le record des 100 miles un jour brûlant puis glacial au Nouveau-Mexique.

La soif des records toujours présente

Il prit goût aux mentions dans le Guinness. En 1975, il se rendit à Reseda (Californie), pour établir un record d’endurance de patinage à roulettes. Il patina sept jours, 15 heures et sept minutes. Un jeune patineur nommé Connie Chung patina avec lui pendant cet effort, de même que le batteur de Three Dog Night Floyd Sneed. C’était l’ami d’enfance de Shaw à Calgary. Une fois le « marathon » de Reseda terminé, un photographe prit une photo de Shaw et ce fut le point final de ses aventures en roller.

« Ensuite, j’ai enlevé mes patins et je ne les ai jamais remis. »

Ces patins sont désormais en Colombie-Britannique, au Panthéon des sports (B.C. Sports Hall of Fame). Shaw vit à Campbell River.

Quand un journaliste lui demande, 50 ans plus tard s’il rechausserait les patins, il répond :

« Sûrement pas. À 75 ans, je ne vais pas mettre mes patins. « 

Alors pourquoi le faire en 1967 ?

« Parce que c’était l’année du centenaire et je suis un fier Canadien. »

Vidéo de Clinton Shaw racontant sa montée des Kellys Mountain à Cape Breton sur BP.TV

Liens utiles

Le lien de la vidéo de Clinton Shaw sur BP.TV

Source : Times Colonist
Merci à Xavier Penou pour les pistes de recherches

Auteur

Alexandre Chartier

''alfathor''

Alexandre est le fondateur et webmaster de rollerenligne.com depuis 2003. C'est un passionné de roller en général, tant en patin traditionnel qu'en roller en ligne. Il aime le patinage à roulettes sous tous ses aspects : histoire, économie, sociologie, évolution technologique... Aspirine et/ou café recommandés si vous abordez un de ces sujets !

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