Fulgur : marque emblématique du patins à roulettes des années 1930-1940

Fulgur : Une marque à la notoriété fulgurante… mais brêve

La marque Fulgur (« éclair » en latin) fit parler d’elle dès 1937. Ces patins étaient fabriqués en France. Bon marché et robustes, ils s’accommodaient mieux des sols inégaux que les patins à roulettes traditionnels grâce à leurs roues pleines en caoutchouc.

Description des patins Fulgur

A la différence de nombreux modèles d’autres marques, les roulettes ces patins sont disposées autour du pied : deux grandes roues de 11 cm de diamètre, de part et d’autre du pied et une petite roue à l’arrière. Ce procédé permet d’apporter un bon confort de roulage, tout en restant bas et stable. Une butée est placée sur l’avant du pied pour aider à la propulsion. Pour avancer, le patineur reproduit le mouvement du ski nordique.

Les lieux de pratique dédiés aux patins de la marque

Les sources iconographiques à notre disposition montrent d’ailleurs qu’ils étaient aussi bien utilisés dans les rue de Paris que dans les skating rinks ou les sous-bois, notamment à Boulogne. Le Skating de Paris, ouvert en février 1938 sur la Place de la Porte Maillot, proposait même à ses clients de s’élancer dans des reliefs reproduisant un décor de montagne !

La presse en parle

Le journal  » L’Auto  » du vendredi 29 octobre 1937 est l’un des rares à faire référence à cette marque française. Une démonstration des patins à roulettes a d’ailleurs eu lieu… avec un jeu de mot de circonstance dans le titre de sa coupure de presse :

« Une démonstration « Fulgur »… ante du patin à roulettes de caoutchouc

Voici le contenu de l’article :

Partez, virez, montez… descendez… slalom… stop ! « 
S’agit-il de ski, puisque nous avons entendu le mot slalom ? Non. Jean-Jacques et François évoluent sur la piste de ski de la Porte de Versailles, mais montés sur des patins « Fulgur ».
Cela ne vous dit rien ? Eh bien ! Le patin « Fulgur » est un patin à roulettes : deux grandes latérales et une petite postérieure, toutes trois caoutchoutées : une de ses caractéristiques est d’être doté, aussi, à l’avant, d’un petit bloc de caoutchouc qui permet au patineur de s’arrêter brusquement et de monter même des pentes à 30%, comme celle de la piste de ski de la Porte de Versailles.
Nous avons même vu le professeur Hartung, ancien champion de France de saut en ski, exécuter sur ces patins un saut périlleux.

Les possibilités du « Fulgur » sont telles que l’on peut dire :

« Sur les flancs neigeux, le ski est plus sûr, mais partout ailleurs, roulez sur « Fulgur ».

D’ailleurs, un grand promoteur, séduit par « Fulgur », va bientôt faire une grande surprise à tous les patineurs et la vogue du nouveau patin va être… fulgurante.

La publicité

Des magazines faisaient la promotion de ces patins par le biais de publi-reportages. C’est le cas de « L’illustration » dans ses numéros 4912 (24 avril 1937) et 4935 (2 octobre 1937). « Fulgur » le propulseur pédestre : le patin des champions (article ci-contre).

Les patins Fulgur : confortables mais peu maniables

Contrairement à ce qu’avance l’article ci-dessus, les virages étaient pour le moins compliqués ! Il était impossible de prendre des carres, du fait de la disposition triangulaire des roues. Les pratiquants patinaient donc essentiellement vers l’avant.

La marque s’appuie sur les figures de champions

Les archives de Sam Nieswizski nous révèlent que la marque Fulgur s’appuyait sur quelques patineurs renommés de l’époque pour assurer la promotion de ses modèles. Parmi eux, Régis Broustaut, le père de l’anneau de vitesse de Gujan-Mestras, ultime étape du Trophée des Trois Pistes. Pour l’anecdote, la participation de Broustaut à une publicité en 1937 lui aurait valu d’être suspendu par la fédération.

Où trouver des patins à roulettes Fulgur en 1937 ?

Pretot-Sports distribuait ces patins en 1937 et disposait d’un catalogue des modèles. Les patins étaient disponibles aux adresses ci-dessous :

• Opéra – 32, rue du 4-Septembre ; tél. : Opéra 75-42
• Etoile – 75, avenue des Champs- Élysées ; tél.: Balzac 18-11
• Madeleine : 25-27, rue Tronchet; tél. : Anjou 38-01

La rançon de la gloire : de nombreuses marques copièrent Fulgur

Les patins à roulettes Fulgur rencontrèrent un tel succès auprès du public que plusieurs autres fabricants français copièrent le concept dès 1938 : c’est le cas de Speedy, Jack, Rollet ou encore Midonn dans les années qui suivirent. Toutefois le modèle Rollet était moins qualitatif. Interrompue par la guerre, leur fabrication a repris jusque dans les années 1950. Il est donc difficile de les dater précisément quand on les trouve. Cela n’empêcha pas les patineurs de pratiquer durant la Guerre, sous l’occupation, comme en témoigne le célèbre cliché de Doisneau de 1943 où une petite fille en patins Fulgur se fait tracter par un vélo non loin de la Tour Eiffel.

Le modèle ci-dessous, dont la structure est entièrement réalisée bois, reste d’origine inconnue.

Galerie photo Fulgur (source : Sam Nieswizski)

Pour aller plus loin

Merc à Sam Nieswizski pour nombre de photos et archives – autres photos : Alfathor et Droits réservés – Merci également à Xavier Penou pour ses contributions

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