Yann Guyader – l’enfant terrible du roller
Si jamais vous n'avez pas entendu parler de Yann Guyader cette année, soit vous êtes indifférent au roller de vitesse soit vous êtes ermite. Après une montée en puissance régulière, le français a fait une saison époustouflante, on l'a vu en permanence sur les podiums des French Inline Cup, arrachant la victoire en solo face aux grosses écuries. Nous voulions en savoir un peu plus sur ce personnage excentrique et attachant. Interview...
Par alfathor

Yann Guyader fait partie des valeurs montantes du roller course français. Le patineur tricolore a connu une montée en puissance régulière. Il réalise une saison époustouflante, arrachant la victoire en solo face aux grosses écuries. Entretien…
Une saison 2006 exceptionnelle pour le français Yann Guyader
Bonjour Yann Guyader, comment es-tu venu au roller ?
J’ai commencé le roller à l’âge de huit ans. Ma mère m’avait acheté une paire de quads (encore un caprice que j’avais dû faire), et à force de tourner en rond sur ma terrasse, on m’a inscrit au club du coin : l’A.S.T.A. Je devais faire du rink-hockey, mais la section était complète alors je me suis orienté vers la course… étant donné le peu d’intérêt que j’avais pour l’artistique.
Mon grand père y avait créé la section roller. J’y serai d’ailleurs de retour pour la saison prochaine après mon passage à l’U.C.N.A.

A partir de quel moment tes résultats ont commencé à exploser Yann Guyader ?
J’ai été pendant de nombreuses années 4e ou 5e aux Championnats de France, de benjamin à minime. J’ai fait mes premières médailles en cadet. Il faut aussi dire que j’étais alors un beau glandeur. Je m’entraînais peu et j’y allais pour me marrer avec mes potes du moment a l’entraînement : Jonathan Prud’homme (qui était alors en équipe de France) et Maxime Provost qui était dans la même logique que moi. Il est maintenant en équipe de France.
Peux-tu nous faire un résumé de tes débuts ?
J’ai commencé en septembre 1992. En 1994 je fais mes premiers championnats de France dans la catégorie poussin 1ère année. Je termine alors 10e. Après, suivent les places d’honneur en benjamin, puis en minime et les premières médailles aux Championnats de France en cadet.
Contrairement à ce que beaucoup de gens pourraient penser je ne suis pas présent sur la Coupe du Monde que depuis cette année avec Timmerman. J’ai passé trois ans avec Mariani auparavant. Je suis arrivé assez jeune sur le circuit.
En 2003, je me suis cassé les deux malléoles du pied gauche et le péroné. J’ai dû arrêter la pratique du roller durant 6 mois. Dès 2004, j’ai été double champion de France élite de la course à points et 3e aux championnats d’Europe. J’étais donc satisfait de mon retour.
En 2005, je n’ai pas eu l’occasion de participer à la moindre course des championnats de France et sur piste pour les raisons que l’on connaît. Juste après, j’ai décroché deux titres aux Championnats d’Europe et une médaille d’argent aux monde.
Tu avais des facilités étant jeune ?
Sans doute, oui, mais pas plus que certains autres. A mon avis, j’étais bidon physiquement mais j’optimisais à bloc dans ma façon de courir. J’avais une bonne technique de patinage. Cela me permettait de m’économiser encore plus.
Yann Guyader, comment vois-tu tes bons résultats de 2006 ?
Comme la confirmation de certains résultats précédents et surtout comme un beau pied de nez à tous mes détracteurs. J’ai toujours agi comme bon me semblait, parfois bien parfois mal malheureusement. Dans ce sens, je suis content d’avoir prouvé que j’étais au niveau.
Comment as-tu décroché ton contrat de sponsoring avec Powerslide Timmerman ?
J’étais déjà en contact avec Powerslide. Je discutais avec eux sur les possibilités d’intégrer leur team. Malheureusement je n’étais pas le premier sur la liste. Après la constitution définitive de leur équipe, ils m’ont alors proposé d’intégrer une de leurs équipes satellites : Powerslide Timmerman. N’ayant pas d’autres offres concrètes à ce moment j’ai donc accepté.

Comment as-tu fait, durant toute une saison pour toujours te glisser aux avant-postes alors que finalement ton team manquait d’expérience pour t’aider à gagner ?
J’y suis allé au mental. Je n’avais pas de tactique précise. J’essayais tant que j’en avais la force, donc je me jetais dans toutes les échappées qui venaient. C’est pour cela que ça m’a souri. J’étais opportuniste. Par exemple, Dijon a sans doute été ma course la plus difficile de la saison, j’ai ramené le peloton et j’attaquais sans cesse. J’étais sec pour le sprint final.
Quel sera ton team en 2007 Yann Guyader ?
Je rejoins les rangs de Matter. Je suis resté en contact toute la saison dernière avec Powerslide. Leur soutien, déjà important en début de saison est allé crescendo, à tel point qu’à la fin j’étais autant choyé que ceux de l’équipe première.
En fin de saison, j’ai été contacté par plusieurs équipes internationales. Mais voulant rester dans cette famille et par respect envers les deux patrons de Powerslide, Matthias Knoll et Jürgen Pfitzner qui m’ont toujours aidé, j’ai décidé de rester dans la famille et d’intégrer le team Matter, une filiale du groupe. Je n’imaginais même pas faire autrement. Matter ne sera pas un team satellite, ce sera belle et bien une deuxième équipe avec de bons coureurs dont je ne peux pas encore citer le nom. Je peux juste dire que nous sommes tous multi-medaillés aux Championnats du Monde.
Quels seront vos objectifs en 2007 ?
Nous souhaitons gagner des étapes de coupe du Monde, et pour ma part, finir dans les cinq premiers du classement général.

Penses tu que tu vas continuer à progresser en 2007 après les excellents résultats de 2006 ? Est-ce que tu sens que tu as une grosse marge de progression ?
Yann Guyader : Je l’espère en tout cas, mais je me contenterai des mêmes résultats, même si le « contentement » n’est pas ma philosophie. Je pense avoir une marge de progression mais je ne peux pas affirmer qu’elle est grande. Je parlerai plus d’optimisation des performances.
Tu as fait quelques écarts ces dernières années ?
Quelques-uns. J’ai toujours eu un caractère prononcé, ce qui m’a joué des tours mais qui dans l’ensemble, je pense, m’a permis de réussir dans mon sport. J’avais tendance à n’en faire qu’à ma tête notamment à l’entraînement étant jeune. Je pense avoir beaucoup progressé là-dessus étant donné les avantages que j’en retire (bons entraînements = résultats). Ces derniers temps j’ai aussi eu quelques déboires qui malheureusement n’avaient pour but aucunement d’humilier ou de me moquer de la personne… après chacun a son interprétation et j’en assume les conséquences, même si je concède que ce genre de choses n’est clairement pas à faire (conseil aux gens qui pourrait avoir l’envie de faire de même.)
Tu aimes provoquer ? Faire réagir ?
Yann Guyader : Provoquer non, ne pas laisser indifférent oui. D’ailleurs cela doit être le cas puisque quelque soit la personne soit on m’aime soit on ne m’aime pas. Tout le monde a un avis sur moi, donc quelque part je ne laisse pas indifférent.
Quels sont tes points forts ?
La persévérance et un mental souvent à toute épreuve, tant que j’ai pas perdu, je peux gagner.
Et les points sur lesquels tu veux travailler ?
J’aimerai réussir à mieux me contrôler et avoir plus de sang-froid. Mon impulsivité et ma franchise me sont parfois préjudiciables.
Et sur le plan physique et/ou technique quels seraient tes points forts et faibles ?
Je pense avoir un bon physique. Je n’hésite pas à me mettre sur la paille dans une échappée. Pour ce qui est de mes points faibles… mes adversaires te le diront. En ce qui concerne ma technique je pense qu’elle est correcte sans être parfaite.
Pratiques-tu d’autres sports à côté du roller Yann Guyader ?
Je fais du vélo de la course à pied et du badminton un week-end sur deux avec le père de ma copine (qui d’ailleurs m’éclate à chaque fois).
Tu as fais quelles études Yann Guyader ?
Je suis actuellement en B.T.S. M.U.C. (Management des unités commerciales).

Comment vois-tu ton avenir professionnel Yann Guyader ?
Être sportif de haut niveau est certainement un bonne chose pour mon avenir professionnel, un bagage supplémentaire, mais je ne sais pas dans quel domaine je bosserai plus tard. C’est sur que si la possibilité m’était offerte de continuer à travailler dans ce milieu et d’en vivre correctement je l’accepterai.
Penses-tu que la donne des équipes va changer en 2007 ? Le classement W.I.C. évoluera t’il selon toi ?
Je pense qu’il n’y aura pas beaucoup d’évolution et que les grands leaders tels que Massimiliano Presti, Luca Saggiotaro ou Diego Rosero et consors seront toujours là. On a pu constater que malgré tous les changements d’équipes, le classement reste globalement toujours le même d’une année à l’autre.
Es-tu tenté par un passage sur glace ?
Non ! J essaie de bien faire mon sport et après je verrai. Les Jeux Olympiques ne me font pas plus rêver que ça. En tous cas, la simple participation ne m’intéresse pas. Ne pensant pas être en mesure de gagner les Jeux Olympiques sur glace un jour, je préfère ne pas tenter ma chance.
Tu souhaites ajouter quelque chose ?
Je tiens à remercier mes sponsors : Timmerman, Powerslide, Matter. Ils m’ont toujours soutenu. Je tiens aussi à dire, que cette année, en parallèle des World Inline Cup, je ferai mon possible pour décrocher un titre de champion du Monde en individuel en Colombie. C’est la seule course que je n’ai pas encore gagné.
Finalement, j’ai une ultime question : comment tu choisis tes lunettes ? tu as toujours des modèles délirants…
Il faut être décalé ! …et j’ai un bon opticien. Je vous concocte quelques belles surprises pour la saison prochaine avec une paire de lunettes toutes chromées avec un effet miroir façon Michael Jackson dans les années 80.
Fiche technique de Yann Guyader
- Prénom : Yann
- Nom : Guyader
- Surnom : Bitch
- Né le : 24 juillet 1984
- Lieu de naissance : Nantes (44)
- Pointure : 40/41 EU
- Poids : 66 kg en hiver, 62 en été
- Taille : 1,74 m
- Situation sentimentale : Avec quelqu’un
- Plats préférés : Endives crues, pied de porc à la sauce malgache et pour sublimer le tout, l’oeil d’un mouton à trois pattes servi sur son compôté de cervelle farci à l’estragon Plus sérieusement : Fajitas, tarte tatin, et tout ce qui est épicé
- Musique préférée : Musique latine : merrengue, batchata, salsa, reggaetton
- Artiste préféré : Carlos Vives
- Sportif préféré : Daijiro kato
- Citation préférée : « Life sucks but rarely swallows. » et « Never give up, keep going, the victory is near. »
- Nombre fétiche : 74
- Hobbies : Fouiner sur Internet pour trouver des pièces composite pour son vélo avec max, passer du bon temps avec sa copine
- Meilleur souvenir : Sa victoire à Engadin
- Pire souvenir : Sa chute à Engadin avec fracture des malléoles
- Ce qu’il aime : Le roller en général mais surtout la gagne, passer du bon temps avec ses amis, Manger de bon petits plats(mais seulement en hiver après il faut être sérieux).
- Ce qu’il n’aime pas : Les cons et les gens jaloux
- Ceux qu’il aime : Mickael Lannezval, Jonathan Prud’homme, Maxime Provost, Thomas Boucher, Pierre Sohier, Patrizio Triberio, Nadine Gloor, sa copine…
- Entraînements : 8 en hiver, 6 en saison
- Débuts en roller : Septembre 1992
Team anciens et actuels
- Mariani Maple 2003
- Mariani W.R.C. 2004-2005
- Timmerman Powerslide 2006
- Matter wheels 2007
Titres les plus prestigieux jusqu’en 2006
- Champion de sa rue
- 6 fois champion d’Europe senior de roller course
- 2 fois vice-champion du Monde de roller course
- Une fois champion du Monde
- Deux victoires en World Inline Cup
- Deux places de troisième en World Inline Cup
- 6e au classement général de la W.I.C.
Pour aller plus loin
Interview de Yann Guyader par Vincent Esnault
www.powerslide.de
www.matter-racing.com
Photos : Sylvain Rouillard – Aurélie Bouvet – M. Terrien – Alfathor
Valentin
20 janvier 2009 at 3 h 32 minSamuel661
28 décembre 2008 at 11 h 33 min