Tristan Loy : voyage au pays de la glace
Après plusieurs années au plus haut niveau en patinage en ligne, Tristan Loy a fait le choix, il y a quelques années, de s’exiler en Hollande pour s’entraîner sur glace. Depuis lors, le français a eu de bons résultats, notamment en longue distance sur glace naturelle. Pour nous, il lève le voile sur le monde de la glace. Témoignage...
Par alfathor

Le Locminois Tristan Loy a troqué ses patins à roues alignées pour des lames de glace. Il nous livre un témoignage sur un univers à la fois proche et éloigné de celui du roller en ligne. Voyage au pays de la glace avec le champion.
Le patinage sur glace vu par Tristan Loy : un sport national en Hollande
Ici, en Hollande le marathon est une discipline connue de tout le monde. Elle existe depuis une centaine d’années. Auparavant, elle était pratiquée sur glace naturelle. La course la plus connue est celle des onze villes (Elfstedentocht).
La dernière fois qu’elle a eu lieu, en 1997, elle a attiré des millions de spectateurs au bord des canaux, en plus des téléspectateurs. Elle était retransmise en direct intégral.
Sur piste (Kunstijs) les premiers championnats de Hollande de Marathons ont eu lieu pendant l’hiver 71-72, et le premier championnat (Cup), comme il existe actuellement, s’est déroulé pendant la saison 1990-1991.
Les patineurs de Marathon sont aussi bien connus. Je pense tout les hollandais ont entendu parler de Heideman ou de Michaud (le français N.D.L.R.). Ils restent un peu moins connus que les stars olympiques de la grande piste.
Cette année, tous les Marathons sont retransmis en direct sur SBS 6, une chaîne nationale. Le nombre de téléspectateurs varie autour de 250 000 – 260 000. Sur place, on trouve environ 1000 spectateurs. Les résultats et résumés de courses passent aux infos télévisées ou dans les émissions sportives.

» Quand je m’entraîne en vélo, il m’arrive régulièrement de me faire klaxonner. Mais ici les klaxons sont suivis de gestes amicaux. »
Tristan Loy
Les pratiquants : de l’amateur au pro
On voit tous les profils dans le peloton : des pros, des coureurs qui travaillent à 100 %. La plupart des patineurs travaillent à temps partiel ou sont étudiants. Les courses ne sont jamais à plus de 300 kilomètres quand tu habites en Hollande. Les anneaux pour s’entraîner ne sont jamais à plus de 80 km donc pas besoin de plusieurs jours pour aller aux courses.
Les équipes sont toujours très bien structurées : manager, entraîneur et kinésithérapeutes sont présents dans toutes les formations.
Pour les primes, à chaque manche, le vainqueur gagne 145 euros. Les 15 premiers touchent des primes également : le porteur du maillot orange (leader du général) et le porteur du maillot vert (leader du classement par point) touchent 400 euros par course.
Le fonctionnement du circuit de glace hollandais
Durant la saison, il y a 16 Essent Cup (100 tours), quelques Marathons nationaux, le greenery six (une course de six jours avec un Marathon tous les soirs sur 100 a 150 tours), les championnats de Hollande (150 tours), plus les courses sur glace naturelle en janvier et février en Autriche et en Suède (jusqu’a 200km), soit 35 courses au total.
Il y avait 24 équipes de 4 patineurs au début de la saison. Après chaque épreuve, la dernière équipe du classement général est rétrogradée dans la division inférieure. Les quarante premiers coureurs de chaque course marquent des points.
Le classement pour le maillot orange est le plus important, les huit premiers de chaque course marquent des points. Le maillot vert est le maillot qui récompense le leader du classement des sprints intermédiaires (Alain Gloor est le leader actuellement mais il ne fait pas partie de mon équipe).
Durant chaque épreuve, sont répartis 12 sprints divisés en quatre séries de trois sprints : un tous les deux tours. En outre, la première série commence à 85 tours de l’arrivée, la deuxième à 70, la troisième à 55 et la dernière à 40.
Le maillot blanc est notamment porté par le leader du classement des coureurs de moins de 23 ans. D’autre part, à chaque course (Essent Cup, nationale ou sur glace naturelle) est décerné le trophée Dick Van Gangelen qui récompense le coureur le plus combatif. A la fin de saison le vainqueur de ce classement empoche 1500 euros.
Les patineurs : des spécialistes sur grande piste ou Marathon
Le niveau des patineurs de Marathon est différent de celui des patineurs de la grande piste. C’est un peu comparer le niveau des coureurs cyclistes spécialistes de Contre La Montre aux coureurs spécialistes des Classiques.
Certains sont bons dans les deux, mais cela reste deux spécialités bien distinctes. Ainsi, Kurt Wubben coureur du team TNT, vainqueur de plusieurs épreuves en Marathon, participe à la coupe du monde sur 10.000m. L’année dernière lors de la dernière épreuve de coupe du Monde à Heereveen, un mini Marathon (40tours) clôturait l’événement. Plusieurs spécialistes de grande piste y ont donc participé. Le premier d’entre eux, Eskil Ervik (Norvège), 4e performeur mondial sur 5 000 m, a fait 11e.
Jan Marten Heideman, est la grande star du Marathon. Il a remporté 4 fois la Cup et possède 67 victoires sur piste à son actif, plus quelques unes sur glace naturelle. Il est arrivé cette saison 4 kilos plus léger que d’habitude, et il utilise des lames plus fines que la normale. De plus, il a une super équipe à son service, c’est le meilleur sprinter actuellement.
Dans toutes les équipes, il existe une stratégie qui est mise en place, comme en cyclisme. Pour l’équipe Protec, c’est simple, il faut essayer d’emmener Heideman pour un sprint massif. C’est souvent qu’ils sont en tête du peloton pour essayer de rattraper les échappées. Pour nous, BAM, qui sommes plutôt une équipe d’attaquants, nous devons être présents dans toutes les échappées. Jusqu’a présent très peu sont parties sans nous.

Le matériel de patinage sur glace présenté par Tristan Loy
La plupart des patineurs utilisent des chaussons moulés en glace. En général, ils montent un peu moins et sont un peu moins rigides qu’en roller. le système de fixation est différent aussi. C’est une vis que l’on passe par l’intérieur. On fixe la lame avec un boulon, la visse peut bouger latéralement. Sur la lame, on ne peut faire le réglage que de l’avant vers l’arrière. L’entraxe est de 175 mm. Les marques en glace sont principalement : Rebel (les miennes), Groothuis, Viking, Seves, que des marques hollandaises.
Pour aller plus loin
cpal56.com
Site des directs de patinage sur Glace
Texte : Propos recueillis par Thierry Feutrier – Photos : Manuel Le Coq – Droits réservés
Loy
25 juin 2024 at 14 h 01 min