Le patin à roulettes : considéré comme moyen de transport… en 1917 !
Dès que les innovations technologiques permirent au patin à roulettes de sortir des salles et des intérieurs, il fut envisagé comme mode de transport à part entière pour éviter les bouchons. C'est la leçon que nous enseigne un article d'une revue américaine parue... en 1917 !
Par alfathor

Le patinage à roulette comme moyen de transport dans les bouchons aux Etats-Unis
La revue « Scientific American » n°116 du 17 mars 1917 (p. 285) fait référence à l’invention d’un patin de route équipé de pneumatiques qui « font du patinage plus qu’un sport ». En effet, la revue milite pour faire du patin à roulettes un mode de transport en extérieur, par n’importe quel temps ou presque.
L’histoire : un éternel recommencement

Les générations se suivent et se ressemblent. Ceux qui ne prennent pas le temps de regarder en arrière « inventent » de nouveaux produits ou de nouveaux concepts sans réellement se pencher sur les inventions déposées par leurs prédécesseurs. Le patinage à roulettes en est un excellent exemple : la plupart des innovations qui existent aujourd’hui ont en réalisé plusieurs dizaines d’années, voire plusieurs siècles.
Le roller tout-terrain ou tout-chemin doit tout au patin cycle
Charles H. Black serait originaire de Berkely, Californie, si l’on en croit le journal Grand Forks Herald du 12 août 1921. Il a probablement habité à New-York selon la revue « Scientific American ».
Le modèle de patin cycle de Charles H. Black est le prolongement des patins bicyclettes Européens. Cet ancien champion de la côte Pacifique de 1904, conçut un modèle de patin à roulettes pneumatiques, et pas uniquement dans une logique de transport.
Description du patin cycle de Charles H. Black
Chaque patin possédait deux roues d’un diamètre de 9 pouces (soit environ 22,8 cm). Une roue était positionnée sur la face interne avant du pied et l’autre sur la face externe arrière. Les moyeux abritaient des roulements à billes, chose encore peu courante à l’époque. Rappelons ici que le premier brevet de patins à roulettes équipé de roulements fut déposé en 1884 par Levant Marvin Richardson.
Des éclisses, sortes de barres rigides autour des mollets, venaient accroitre la rigidité du patin et améliorer le maintien. Ces éclisses accueillaient le mécanisme dédié au freinage, en faisant bras de levier sur la roue arrière. Avec le temps, le système fut amélioré et il suffisait de tendre la jambe vers l’avant en gardant le pied à plat pour que le frein s’actionne. Cela ne vous rappelle-t-il pas nos systèmes modernes ? D’autre part, l’inventeur indique que les plus grands modèles ne pesaient que 4 livres par pied, soit 1,8 kg environ.
Charles H. Black s’est sans doute largement inspiré des patins cycles de ses contemporains
Ce modèle dispose de toutes les caractéristiques d’un patin cycle ou patin bicyclette. En cela, ce patin à roulettes convient comme mode de transport. Ne nous y trompons pas, les patins cycles remontent à plus de 40 ans en arrière, l’un des premiers fut développé par Charles Choubersky en France dans les années 1860. Le plus connu, de nos jours reste sans conteste, le Ritter Road Skates de 1898, un modèle Britannique qui suscite la convoitise des collectionneurs contemporains. Ce dernier était d’ailleurs utilisé par les femmes et les hommes de l’époque Victorienne pour se déplacer, notamment durant les grèves (comme en France en 1995 ! ).
« A l’aide de ces patins, il est possible de voyager trois fois plus loin avec la même dépense d’énergie que la marche. »
Scientific American
Le patin à roulettes : déjà considéré comme un mode de transport digne d’intérêt
L’auteur de l’article souligne la praticité du patin à roulettes comme mode de transport. Il indique que du fait de leur faible encombrement, les patins de Charles H. Black se transportent aisément d’un lieu de pratique à un autre. Il suggère donc d’en faire un mode de locomotion pour aller de son travail à chez soi… et pour éviter les embouteillages ! Comme quoi, plus d’un siècle en arrière, les préoccupations et désagrément des villes étaient déjà assez similaires. Nous vous le disions en introduction : tout n’est décidément que cycle et éternel recommencement.

Voir l’article en entier sur jstor.org
L’article du 12 août 1921 du Grand Forks Herald
Merci à Xavier Penou pour son complément d’informations