Mariani – Un nom, une marque
Pour beaucoup de patineurs, le nom de Mariani est avant tout une marque. Des chaussures moulées design, de qualité, mais aussi assez chères. Pour certains, Mariani évoque bien plus : un ancien patineur, une famille, une équipe... C'est un peu tout cela à la fois ! C'est ce que nous allons révéler, en partie, dans cet article...
Par alfathor

Dans les empreintes du fabricant de chaussures italien
Davide Mariani est l’un des plus anciens fabricants de chaussures de roller course sur mesure dans le monde. L’artisan italien s’est notamment fait connaître en équipant les athlètes professionnels de grandes marques comme Salomon à la fin des années 1990 et au début des années 2000.
Davide Mariani débuta le patinage à l’âge de 8 ans, en 1975. Il pratiquait alors au club de patinage de Gipron, non loin de sa ville natale de Cantù (Lombardie, Italie). Après des débuts laborieux en junior, le déclic se produisit quand il accéda à la catégorie senior. Il remporta alors ses victoires les plus importantes lorsqu’il devint un champion d’Italie puis champion d’Europe. Il participa également aux championnats du monde avec l’équipe nationale italienne.
Dans les années 1990, les circuits de marathons se développent à travers le monde. Davide Mariani remporte notamment celui de Rennes sur Roulettes en 1992
Saviez-vous que Yann Guyader a débuté sa carrière de sportif professionnel dans l’équipe Mariani au milieu des années 2000 ? Il en a gardé ses dons de polyglotte, tout comme Davide d’ailleurs ! Comme Yann, quelques patineurs français contribuent ou ont contribué au développement des chaussures moulées Mariani, donnant des conseils, évoquant leur ressenti.

Les début de l’aventure des chaussures sur mesure pour Mariani
Comme plusieurs autres fabricants, Davide Mariani commença par se fabriquer ses propres chaussures sur mesure. Celles avec lesquelles il patinait ne répondait pas à ses besoins. Et comme il ne pouvait pas se permettre de payer un modèle de marque, il décida de faire les siennes. Ainsi, avec son père et son frère, ils firent la première paire de coques personnalisées Mariani, dans leur garage. Décidément, beaucoup d’aventure créatives et industrielles débutent dans les garages !
1997 – la création de l’entreprise
L’entreprise Mariani est née en 1997. A cette époque-là, les seules paires de patins moulés viennent des Pays-Bas (la marque Viking) Néerlandaise ou d’Australie (Bont, toujours présent). La plupart des autres rollers en ligne sont standards et encore rudimentaires. Davide Mariani est alors un patineur célèbre.
Mais sa carrière s’achève et il doit penser à son avenir professionnel : il devient employé dans une entreprise pharmaceutique.
« Ca n’a pas duré longtemps : je m’ennuyais et j’ai préféré bifurquer… Passer à la fabrication de chaussures moulées, c’est venu presque naturellement. C’était aussi un moyen pour moi de revenir dans le monde du roller ! »
Davide Mariani
1997 – 2005 : la collaboration avec Salomon
La collaboration avec Salomon s’initia sous l’impulsion de Christophe Audoire. Dès 1996, Arnaud Gicquel, alors entraîné par Christophe Audoire, avait déjà remporté une médaille d’argent aux championnats du monde avec une paire de moulés Mariani. Salomon prévoyait de constituer une équipe professionnelle et cherchait des athlètes, des entraîneurs et des fournisseurs. Ce fut le début d’une collaboration fructueuse, marquée par d’innombrables victoires et domination du circuit professionnel pendant environ une décennie. Les deux marques bénéficièrent de l’âge d’or du patinage en ligne.

2001 : un système de fermeture à 360°
En 2001, Mariani travaille sur un nouveau système de fermeture à 360 ° nommé « Ringtech ». Il est né du constat que les athlètes demandaient une chaussure qui envelopperait le pied du pied autant que possible. À l’époque, la plupart des chaussures sur le marché comportaient un simple cache-lacet. Les boucles à 45 ° n’existaient pas. Mariani a donc conçu une sangle qui faisait le tour du pied en passant sous la voute plantaire. Les patineurs ont fait des testes et apprécié l’idée qui offrait davantage de contrôle sur le patin. Le gain de précision avec une chaussure parfaitement ajustée au pied améliore considérablement les performances et l’expérience du patineur.
2002 : la première platine Mariani
Mariani distribuait déjà des produits de la firme Maple. Le fabricant italien s’appuya donc sur l’innovant Johan Bennink pour développer une platine adaptée à sa gamme de produits.Mariani a donc conçu avec Maple un châssis usiné CNC. Ainsi, la fime a pu proposer des packages complets à la vente.

2003 : évolution du système de fermeture – M8000
Ce concept était une évolution de Ringtech. L’objectif était d’améliorer davantage le verrouillage des pieds. Ainsi, Mariani conçut une double fermeture (cambrure du pied + cheville), qui offrait un serrage plus enveloppant et plus efficace. Il fut développé en collaboration avec la Team Salomon.
2003 – 2021 : la collaboration avec Rollerblade
Rollerblade signa un partenariat Mariani dans le but de renforcer sa gamme de roller course et ses patins d’endurance, face à Salomon. Cette collaboration dura finalement depuis plus de 20 ans. En effet, les deux marques travaillent toujours ensemble. Mariani s’occupe notamment de l’ingénierie et de la fabrication d’un des modèles phares de Rollerblade, le Powerblade. D’autre part, Mariani a supervisé le processus d’ingénierie révolutionnaire Endurace / E2.

2005 : première victoire internationale Mariani World Team
À l’époque, les membres de l’équipe Mariani étaient des outsiders. La World Inline Cup Bâle (Suisse) eut lieu sur un parcours assez vallonné. Le dernier tronçon était en haut du pont au dessus du Rhin. Stefano Galliazzo l’emporta de façon surprenante. En effet, il était premier au bas de la colline avec peu de chance de gagner. Le peloton était juste derrière lui et tous les sprinteurs étaient emmenés par leurs « train s » à sa poursuite. Pourtant, Stefano parvint au sommet de la colline dans un sprint incroyable et franchit la ligne d’arrivée en premier, épuisé. Ce fut un sentiment incroyable pour toute l’équipe, étant donné que la victoire était inattendue, surtout de cette façon.

2006 : premier sacre mondial pour un patineur de l’équipe Mariani
L’année suivante, à l’occasion des championnats du monde de roller course à Anyang (Corée du Sud), Patrizio Triberio remporte le premier titre mondial pour Mariani sur 500 m. Il avait déjà effectué un début de saison en trombe avec trois titres aux championnats d’Europe en italie à Cassano d’Adda.
2008 : La Dogma
En 2008, Mariani décide d’optimiser ses chaussures de vitesse pour accroître encore leurs performances. La marque allège ses chaussures et revoit ses procéder de fabrication pour faire « mieux avec moins ». Elle épure sa conception et lance la Dogma en visant le minimalisme. Et c’est avec des Dogma Maiden que Yann Guyader remporte un titre mondial aux championnats du monde de roller course 2008 à Gijon (Espagne).
Davide Marianine tarit pas d’éloges envers les patineurs qui le font avancer. Pendant dix ans, entre 1998 et 2008, il a ainsi collaboré avec Yann Guyader, notamment au temps où ce dernier écumait l’Europe avec le team éponyme, au contact des célèbres Stefano Galliazzo et Garikoitz Lerga.
« Grâce à Yann, nous avons pu aboutir à une technique de production sous vide qui permet de mieux épouser encore la forme du pied. Ses diagnostics et ses remarques étaient précis. Et même quand il avait mal aux pieds, il faisait les tests ! »
Davide Mariani

Etat des lieux en 2011
En 2011, et après plusieurs décennies d’activité, l’entreprise s’est rapidement développée :
« Nous sommes cinq à travailler, quatre Italiens et un Ghanéen, chacun à son poste. C’est très difficile de recruter, car les métiers manuels n’attirent plus trop les jeunes. Pourtant, ce n’est pas un travail à la chaîne, loin de là ! »
David mariani
Avis aux amateurs ! Davide s’impose une seule règle cependant, celle de ne jamais recruter de patineurs ou d’ex-patineurs. Et ce pour une raison simple, l’espionnage industriel : « il y a trop de risques qu’on essaie de copier tout le savoir-faire accumulé… » avoue-t-il.
2011-2012 : des locaux de 400 m² et un site Web
Espionnage industriel, savoir-faire : voici des termes qui donnent l’impression d’entrer dans le monde des grandes entreprises ! Évidemment, l’industrie du roller n’est pas (encore) à la hauteur de l’industrie automobile par exemple. Quoique… Concevoir et fabriquer des chaussures moulées de roller de vitesse nous en rapproche d’une certaine façon. Mariani a ainsi dû augmenter sa surface de travail en attendant d’ouvrir un nouveau site web.

« Nous travaillons dans des locaux de 400m² flambants neufs dans la banlieue de Milan. »
Davide Mariani
Les chaussures que vous voyez sur les stands ou que vous portez à vos pieds sont l’aboutissement d’heures de travail considérables et d’années de développement.
« Je veux être au maximum à l’écoute des clients et de leurs besoins. En tant qu’ancien patineur, j’ai aussi mon ressenti, et il compte. Ensuite, en ce qui concerne le design de la chaussure, je me suis beaucoup inspiré de la Formule 1. J’essaie de chasser la fantaisie de mes modèles : pour moi, l’important, c’est que les chaussures soient sobres et élégantes. »
Davide Mariani
2015 : Alex Cujavante rejoint l’équipe
Le patineur colombien Alex Cujavante est l’un des plus talentueux de sa génération. Il roula avec Mariani entre 2015 et 2021.
2018 : la Ego Pro, chaussure de roller course de Mariani avec un système Boa
Les systèmes de serrage des rollers ont considérablement évolué ces dernières années. Mariani a été parmi les premiers à proposer une chaussure basse de roller course. Il suivit ainsi l’évolution du marché de la chaussure en général et de celle du cyclisme en particulier.

Archives de 2011 extraites de l’article initial rédigé par Vincent Esnault
L’impact de la crise de 2008 sur l’économie de la chaussure sur mesure
Les modèles Mariani demeurent parmi les plus onéreux du marché. D’aucuns diront que la qualité est à ce prix. L’explication est plus complexe.
« Je dois faire face à la fluctuation constante du coût de la matière première, une fluctuation plutôt à la hausse ces temps-ci, explique Davide. Or, je ne veux travailler qu’avec des matériaux italiens afin d’en contrôler au maximum la qualité. Il faut donc que je trouve le prix final le plus juste… »
Davide Mariani
C’est effectivement un exercice difficile au moment où les salaires des clients ont tendance à stagner de leur côté. Quand on parle de qualité des produits, ce n’est pourtant pas une parole en l’air.
« Aucun produit ne sort de l’entreprise sans être passé entre mes mains. C’est une question de respect. »
Davide Mariani

On sent Davide encore très proche de la compétition, très impliqué par ce que donneront ses chaussures dans les pieds des patineurs. Ce qui le fait bondir également, c’est la concurrence pas très légale de fabricants de moulées peu scrupuleux des règles fiscales qu’il subit en Italie.
Les patineurs le font avancer (2011)
D’autres Français ont participé à ce renvoi d’ascenseur, comme par exemple Gwendal Le Pivert. En effet, le sprinter a roulé avec un prototype pendant un an. Cet aspect du développement des produits est évidemment tout aussi primordial pour avancer : sans essai, pas d’évolution ! Un fabricant qui stagne est condamné à régresser. Ce n’est certainement pas le cas de Mariani, qui produit 1500 paires par an.
L’avenir du roller course selon Mariani, ce sont les enfants !
Mariani s’est récemment lancé dans des modèles pour enfants, des modèles qui connaissent d’ailleurs un vif succès. Ils sont verts, roses ou bleus. Ces nouveaux modèles sont particulièrement renforcés au niveau des chevilles afin d’assurer un meilleur maintien. L’avenir, ce sont les enfants ! Le futur passe aussi par la diversification.
« Après cinq ans de recherche et de développement, je me sens prêt à passer un cap pour commencer la production de chaussures de short track, explique Davide. Nous avons fait de nombreux essais et les derniers sont concluants ! »
Davide Mariani
Un scoop pour finir : vous pourrez bientôt vous lancer sur la longue piste avec des chaussures Mariani. Voici en effet un an que Davide concocte un produit haute gamme… De nouvelles aventures pour la marque en perspective. Mais croyez-le, Davide sait déjà où il met les pieds !
Pour aller plus loin
Texte : Alexandre Chartier et Vincent Esnault – Photos : Vincent Esnault et droits réservés
Article initial publié le 4 mai 2011 – mis à jour le 12 janvier 2024
JLuc
17 février 2024 at 23 h 13 minalfathor
19 février 2024 at 7 h 21 minYvonnick Garnier
21 août 2012 at 9 h 39 mintonyo
9 mai 2011 at 20 h 45 minOLLY-P
6 mai 2011 at 14 h 16 minOn en redemande... En espérant que vous pourrez faire d'autres articles dans la série (ex: Bont, Luigino...) :D
Lecrabe
4 mai 2011 at 15 h 59 min