Le roller-catch : sport ou pas sport ?
Le 9 février 1939, le journal "A la page" et son journaliste R. Hervet, questionnaient le statut de ce sport originaire des Etats-Unis.
Par alfathor

Le « sport » du roller-catch souffre de son image de spectacle
Le 9 février 1939, le journal « A la page » n°464 et son journaliste R. Hervet, questionnaient le statut de sport de cette pratique originaire des Etats-Unis et ancêtre du roller derby. En effet, bien qu’il « mette en scène » des champions réputés tels que les français Mathis et Violette Pourthé, le roller-catch semble bien trop scénarisé aux yeux de la presse pour être considéré comme un sport. Quelques semaines plus tard, la Fédération Internationale de Patinage à Roulettes élimina le roller-catch d’ailleurs de la liste des sports sous sa tutelle.
L’article paru dans le journal « A la page » sur le roller catch dans son intégralité
MADE IN U. S. A. : Roller catch… Sport ou pas sport
» Après le football américain, on importe d’Outre-Atlantique un sport qui va se pratiquer sous la verrière du Palais des Sports nu mois durant, jusqu’à ce qu’une distance de 4000 kilomètres soit couverte par deux
équipes de six patineurs et six patineuses à roulettes — soit en tout 24 concurrents, l’une représentant la bannière étoilée, l’autre, le blason du vieux continent.
Un sport, avons-nous dit ! « Attraction » serait plutôt le mot car, si le spectacle vaut la peine de satisfaire la curiosité, nous n’en ferions pas volontiers notre ordinaire, dans les conditions où il se déroule, au point de vue pratique.
L’atmosphère d’une soirée de roller-catch est assez curieuse, et cette espèce de course poursuite, les équipements multicolores des patineurs, les lits de camp au centre de la piste elliptique de 100 mètres, les primes comme en cyclisme sur piste, la prison comme en hockey sur glace, tout cela constitue, nous le répétons, une attraction. Nous n’en voulons pas tirer d’autre conclusion au point de vue sportif, sans mésestimer, cela va de soi, les qualités sollicitées des patineurs : grande souplesse générale, sens de l’équilibre, sens tactique, vitesse, etc.
Six couples composent une équipe : l’homme patine quinze minutes, sauf le soir où les deux équipiers doivent être en semble en piste. Les patineurs étant groupés et roulant au ralenti, l’action de partir pour essayer de doubler s’appelle sprint ; celui-ci est annulé si, dans un délai de deux minutes, le but : doubler les adversaires en prenant un tour d’avance, n’a pas été atteint. Un tour d’avance et un adversaire doublé donnent un point, trois adversaires doublés comptent deux points, tout le peloton cinq points. Tandis que deux ou trois concurrents s’échappent pour tenter de doubler, le but des autres est de freiner le peloton.
Le roller-catch fut créé il y a trois ans et présenté dans toutes les grandes villes d’Amérique, où il obtint un grand succès. Mais le tempérament yankee et le tempérament français ne s’accommodent pas des mêmes émotions… »
R. Hervet
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