Victoire de l’équipe Skate-Dump France Masters aux 24h du Mans 2024
Goyan Romano nous fait revivre les 24 heures du Mans Rollers 2024 avec l'équipe gagnante Skate-Dump France Masters. Initialement partie avec l'objectif de remporter la catégorie Masters, elle gagne aussi le scratch avec 190 tours et 795 km...
Par Goyan Romano

L’équipe Skate-Dump France Masters survole les 24 heures du Mans Rollers 2024
L’équipe Skate-Dump France Masters présente aux 24 heures du Mans Rollers 2024 se compose de patineurs français tous issus du top 10 V1 et V2. Ils viennent de clubs différents et la plupart sont multi-titrés. Cette formation constituée par Emmanuel Sallé (capitaine et sélectionneur) a pour objectif de remporter la catégorie Masters. L’équipe repose également sur Céline Laporte pour la gestion pendant l’évènement. Finalement, en plus de son objectif, l’équipe remporte le classement général de cette nouvelle édition avec 190 tours soit 795 km de parcourus à 10 patineurs. Vraiment une très belle performance pour des patineurs masters V1/V2.
Les patineurs sont issus de quatre régions différentes :
- Pays de Loire :
- Emmanuel Sallé et Remy Vignat (Coulaines)
- Normandie :
- Samuel Dedeyn (Caen)
- Ile de France :
- Thibaut DeJean (St Germain en Laye)
- Benoit Le Sabazec (USMVilleparisis)
- Kévin Duguet (Breuillet)
- Grand-Est :
- Benoit Dollez
- Louis Bankowsky
- Goyan Romano (Bétheniville)
- Alexandre Garnache (Bischeim)
Le déroulement de la course vu depuis l’intérieur par l’équipe Skate-Dump France Masters
Les qualifications sous la pluie
Deux heures avant le coup d’envoi, un gros orage vint ternir les prévisions de début de course. La séquence des qualifications se fit sur un sol complètement détrempé ainsi que le départ. Cela n’empêcha pas le néophyte de l’équipe Kévin Duguet (Breuillet) de rafler une très belle cinquième position lors des qualifications pour la grille de départ. Le ton était donné !
Le coup de feu fut initié par Chad Hedrick, une légende du patinage de vitesse américain et mondial. Il ne totalise pas moins de 52 titres de champion du monde de roller de vitesse et de champion olympique sur glace). Kévin prit le départ et passa en seconde position l’arche derrière Tony Lefeuvre (solo cette année) pour prendre une avance conséquente.
Fin des deux premières rotations pour l’équipe Skate-Dump France Masters
Deux tours après, il passa son relais et la machine se mit en place. L’organisation et la tactique proposés par Céline portèrent rapidement leurs fruits. Un enchainement de patineurs, frais et disponible pour prendre de l’avance à chaque tour effectué.
Changement d’objectif : place à la première place du général !
Rapidement l’affaire fut entendue et d’un objectif de catégorie, les esprits se tournèrent rapidement vers le scratch. Compétiteurs un jour, compétiteurs toujours ! Il fallait un nouveau challenge à l’équipe. L’animation par Céline à rapidement définie que la priorité numéro 1 était de gagner ces 24H, d’être les meilleurs, toute catégorie confondue.
Le scénario revu à la hausse se confirmera tout au long du weekend et l’équipe prit alors le large dès le samedi. Elle ne jamais rejointe par l’équipe Lituanienne, désormais seconde au général. Malgré le manque de concurrence directe et de patineurs sur le circuit, les patineurs ont su faire preuve d’abnégation pour conserver leurs chronos et régularité.
Une météo favorable
Les conditions météorologiques furent assez bonnes. Malgré les premiers tours sur le mouillé, on vit dès la seconde heure de course les patineurs passer de la couleur noire (pour les roues de pluie mais collante sur sec) à des couleurs plus claires. D’autre part, c’est grâce au vent que la piste sécha rapidement ; vent qui ne quitta pas le Bugatti. Il se permit d’ailleurs de changer de sens au milieu de la course. Défavorable au départ dans la montée, il devint ensuite rugueux le dimanche dans la longue ligne droite opposée. Ce fut donc le principal adversaire de tous les patineurs. Heureusement, la nuit ne fut pas si fraîche et les parties diurnes était abordables avec une vingtaine de degrés.
Le bon esprit de l’équipe Skate-Dump France Masters
A noter la très bonne humeur et l’état d’esprit plus que positif au sein de l’équipe. Adversaires tout au long de la saison, les hommes en bleus ont alors su parfaitement s’allier pour mener leur équipe à la victoire. De quoi clôturer idéalement cette saison de compétitions 2023-2024. Désormais, place au repos et à la trêve estivale avant de reprendre la direction des marathons.

Interview de Manu Sallé, capitaine de l’équipe victorieuse Skate-Dump France Masters
Bonjour Manu, j’imagine que tu dois être satisfait mais surtout heureux de cette victoire ?
En effet, cette victoire au Mans a une valeur bien particulière pour moi. C’est un objectif que j’avais en tête depuis bien longtemps. J’étais déjà monté sur le podium du général à plusieurs reprises, mais sans jamais obtenir le Graal absolu. J’ai participé à la première édition en 2000, qui avait été vraiment difficile, conditions météo de la nuit particulièrement difficiles (vent/pluie) et nous n’avions à l’époque pas les bons réflexes, les bonnes habitudes, les bonnes stratégies. La satisfaction de ce résultat est encore plus magnifiée avec la présence de la roller star Chad Hedrick, en cette année olympique. La remise du podium par cette idole est un plaisir absolu. Gagner le Mans pour un manceau c’est simplement un rêve qui se réalise.
Comment t’es venu l’idée de monter l’équipe Skate-Dump France Masters ?
Sérieusement, l’idée de monter cette belle équipe m’est venu dans l’avion lors de mon déplacement aux championnats du monde Master à Cuba en décembre 2023. Notre sport est généralement un sport individuel, ou seule la performance individuelle compte.
La chaleur et la solidarité de l’équipe de France m’a donné envie de gagner en équipe. La création de cette équipe était basée selon trois axes importants pour moi :
- Le recrutement d’athlètes de l’équipe de France Master qui aurait du cœur de faire fonctionner l’équipe
- Le recrutement de Céline Laporte. Je ne me voyais pas faire les 24H sans elle.
- Le support d’un sponsor qui me tenais à cœur également, avec Skate-Dump (www.skate-dump.nl) et Floris Jan Koole. Il m’a vraiment aidé il y a une quinzaine d’années quand je me suis mis à patiner sur glace. Pour moi c’est un retour logique. Il nous a soutenus financièrement. Et il est responsable des magnifiques combinaisons que nous avons pu arborer spécialement pour cet évènement majeur de l’endurance roller.
Est-ce que tu connaissais tous tes partenaires ? Pourquoi eux ?
Bien sûr que je connaissais tout le monde ! Nous nous rencontrons régulièrement sur la scène nationale pour les coupes de France de marathon et autres compétitions depuis de nombreuses années. Je n’ai pas pris beaucoup de risques en recrutant des personnes de l’équipe de France Masters, ou qui l’ont été il y a quelques temps. Je savais que l’équipe serait naturellement performante. J’avais également à cœur de créer une équipe qui fonctionne d’un point de vue humain. Donc cela à beaucoup compter dans les choix réalisés.
Comment s’est passée la course ?
Nous avons abordé la course avec sérénité. J’avoue que les averses de pluie à 14H du samedi était assez décourageante (annulation notamment d’épreuves pour les jeunes), mais les prévisions météo serait correcte pour la suite. Il fallait savoir patienter. Je dois dire que nous avons offert un beau baptême à notre plus jeune athlète pour sa première ici (rookie au Mans), avec Kevin pour la qualification sous une piste totalement détrempée. Il a également réalisé un super départ, toujours sur piste trempée, à la mode le Mans des années 60 è Rollers d’un côté de la piste, athlètes de l’autre. Au top départ, c’est un sprint pour aller récupérer les rollers, les enfiler le plus vite possible et partir, même sur un pied pour certains. Le ton était donné.
Le planning était bien calé, chaque équipier savait quand il allait rouler, nous n’avons presque jamais bougé du plan. Je savais personnellement que j’avais deux périodes dans la nuit qui seraient dur à encaisser, et qu’une fois passées, les choses deviendraient plus faciles. D’autre part, je pense que l’on a tous eu cette période un peu critique. Je crois que la hantise de tout le monde a été que lorsque on doit passer le relais, l’équipier ne soit pas présent et qu’il faille enchainer un deuxième tour d’affilée.
Les écarts avec la concurrence augmentaient régulièrement. Ce n’est pas parce que nous avions un écart que nous nous sommes relâchés, on a roulé régulier, tout le monde a joué le jeu, tout le monde a fait l’effort qu’il pouvait. Franchement ça roulait, sérieux, focus, pas d’oubli de puce, pas d’oubli des relais, on prend soin des autres concurrents qui vont moins vite sur la piste, on ne prend pas de risques, pas grave si on perd quelques secondes par ci, par-là, on peut se permettre parfois d’aider d’autre équipes, comme prendre à son compte la montée du Dunlop pour permettre à d’autres de monter facilement.

Aviez-vous mis en place des choses particulières ? Objectif ? Staff ? Stratégie ?
Pour la gestion de la course, j’avais demandé à Céline Laporte de gérer notre équipe. Je suis très heureux qu’elle ait accepté ce nouveau challenge. Elle doit collectionner quelques belles victoires au Mans. Je savais que j’avais un atout majeur pour la gestion, le planning était rodé et préparé avec soin, le plan B toujours dans les valises. J’avais déjà roulé pour une équipe gérée par Céline, donc je savais parfaitement à quoi m’attendre. J’espère que mes co-équipiers ont appréciés la qualité de cette gestion, parfaitement menée. J’avais également embarqué ma fille ainée, Léane, dans cette aventure pour nous aider et relater quelques articles sur les réseaux sociaux (https://www.facebook.com/profile.php?id=61560317567364 ). J’avais à cœur de lui faire partager la vie de l’équipe vue de l’intérieur, et de lui montrer ce qu’étais l’organisation, la planification, la gestion d’une équipe d’endurance Roller.
Cela faisait longtemps que tu n’étais pas revenu sur le Bugatti, est ce que les sensations sont toujours les mêmes ?
Il est vrai que je n’avais pas mis les rollers sur le circuit du Bugatti depuis 2018 ( MRS – 2eme au général). Je dois avouer que la côte du Dunlop reste une difficulté à franchir à chaque tour, inévitablement. La difficulté a été renforcée cette année avec un vent défavorable longtemps présent dans cette cote, au moins pendant les 14 premières heures Qu’on oublie sa difficulté après quelques années, mais quand on se lance dans les 24H du Mans, on se lance dans un défi, quel que soit son niveau, quel que soit son objectif, je pense qu’on peut féliciter tous les finishers le Mans car une épreuve aussi longue éprouve forcement les organismes.
Quelle fut ta plus grande satisfaction personnelle et collective pour ce weekend avec l’équipe Skate-Dump France Masters ?
Bien évidemment la victoire absolue à cette épreuve est la plus grande des satisfactions. Ce sentiment particulièrement intense a été renforcé par beaucoup de compléments. En premier lieu, une satisfaction de la cohésion d’équipe et de son ambiance. Une équipe où l’on se sent tous bien, sérieux, carré, détendu, solidaire. Gagner en équipe cela apporte notamment encore plus de joie et de satisfaction. Cette joie se partage. Je suis également fier de la performance sportive obtenue avec ces 190 tours, c’est un résultat très honorable si l’on regarde les statistiques des autres éditions.
La météo n’a pas été complétement favorable (2 heures de pluie et toujours un circuit soumis au vent). D’autre part, nous avons roulé quasiment tout le temps tout seul, ne profitant donc quasiment jamais d’aspiration (drafting) permettant de faire baisser nos chronos. C’est une démonstration que les masters ont de belles qualités de roulage et d’endurance. En effet, nous sommes souvent relégués en arrière-plan, ce week end nous profitons de cette exposition. Et pour finir, je crois que cette édition, avec l’invité d’honneur Chad Hedrick, qui a fait démarré la course, nous avons été particulièrement ravi de lui serrer la main sur le podium, de pouvoir échanger quelques mots et de recevoir de ses mains notre trophée. On ne pouvait franchement pas espérer mieux !
Quelles sont tes prochaines échéances ?
Je crois qu’en premier lieu le repos est de mise, je sens que j’arrive au bout d’un cycle long avec l’année 2023/2024 ou je n’ai quasiment pas arrêté, en raison notamment du mondial à Cuba en décembre, en plein milieu de la trêve hivernale. Je vais reprendre la saison des marathons de Coupe de France à la rentrée de septembre en catégorie V3. Les nouvelles projections seront posées à ce moment-là.
Je pense que mes coéquipiers m’ont offert le plus beau des cadeaux de fin de V2 !
J’ai vraiment la satisfaction d’avoir réalisé avec eux une très belle opération pour notre carrière sportive. Je remercie tous nos soutiens !
Merci et nous te souhaitons le meilleur pour la suite de ta carrière.

Pour aller plus loin
Photos : Frank Depping