Podcast : à quelques jours de la Coupe du monde de Roll Ball 2023

A quelques jours de la Coupe du Monde de RollBall 2023, nous nous devions de partir à la rencontre des deux équipes françaises qui vont prendre part à la compétition. Si le sport reste peu connu en France, il connaît un franc succès en Asie et en Afrique...

Par alfathor

Podcast : à quelques jours de la Coupe du monde de Roll Ball 2023
Les deux capitaines des équipes françaises de RollBall : Laurie Laporte et J.E. Chapartegui

Avec nos invités dans ce podcast, nous partons à la découverte d’un sport encore peu connu dans le monde du roller et particulièrement en France : le Roll Ball ou RollBall. En effet, la sixième Coupe du Monde de RollBall va se dérouler du 21 au 26 avril 2023 à Pune, en Inde. Nous recevons donc trois patineurs du club de l’US Ivry, qui engage une équipe homme et une équipe femme sous les couleurs de Roll Ball France : Laurie Laporte, Antoine Fiel et Jean-Emmanuel Chapartegui.

Podcast audio avec Laurie Laporte, Antoine Niel et J.E. Chapartegui quelques jours avant leur départ pour la Coupe du Monde de Roll Ball 2023 – télécharger le mp3

Bonjour à vous, Commençons par notre question traditionnelle, pouvez-vous vous présenter ? Comment avez-vous commencé le roller ?

Laurie Laporte : Bonjour, je suis Laurie Laporte, la représentante et capitaine de l’équipe féminine de RollBall. Je suis arrivée assez récemment dans le monde du Roll Ball, puisque j’ai été appelée l’été dernier par Jean-Emmanuel Chapartegui. Je viens juste d’arriver dans l’association Roll Ball France.

J’ai débuté le roller à 13 ans dans le club R2R d’Argenteuil. J’y ai pratiqué toutes sortes de disciplines dont le freestyle, la danse, le roller derby pour finalement faire du roller de vitesse et donc plus récemment du roller foot et du Roll Ball.

Jean-Emmanuel Chapartegui : Bonjour à tous, j’ai créé l’US Ivry en 2016. J’ai commencé le roller-soccer directement en 2006, en tant qu’entraîneur. Et ce fut plutôt avec succès puisque nous avons remporté la Coupe du Monde à cette époque. Puis, un jour j’ai décidé de m’y mettre en tant que joueur. Je partais de très très loin. J’ai progressé. A partir de 2016, avec notre groupe nous avons monté l’association de l’US Ivry-sur-Seine qui marche très bien désormais.

Un jour, la fédération internationale nous a contactés, en 2017. Parce que nous faisions du roller foot. Avec Antoine et le groupe du roller-soccer, nous avons monté une équipe pour aller à la Coupe du Monde 2017.

Entraînement de Roll Ball à l'US Ivry - photo : Julie Hernandez
Entraînement de Roll Ball à l’US Ivry – photo : Julie Hernandez

Laissons également l’opportunité à Antoine de se présenter…

Antoine Fiel : Oui, c’est gentil, sinon il parle beaucoup trop ce garçon ! J’ai créé Roll Ball France avec un ami pour montrer à la fédération internationale que nous voulons développer le RollBall en France. J’ai pris la présidence parce qu’il fallait avoir un rôle. J’ai fait beaucoup de roller quand j’étais petit. Puis, j’ai fait une grosse pause à l’adolescence. Ensuite, j’ai redécouvert le roller avec J.E.

Rentrons dans le vif du sujet : qu’est-ce-que le roll ball ?

Antoine Fiel : C’est un sport qui est né à Pune. Un professeur d’EPS indien s’est dit qu’il pourrait être sympa de créer une activité sportive mêlant le handball et le roller. Par la suite, la fédération indienne s’est créée autour de cet homme : Mr. Raju R. Dabhade, d’après la légende de ce sport. Ils ont voulu en faire le premier sport 100% indien développé partout dans le monde.

Roll Ball, cela peut s’écrire attaché ou détaché. J’ai toujours vu les deux orthographes. C’est du handball à roller avec un ballon de basket, taille 6 (femme). Nous n’avons jamais compris pourquoi utiliser un ballon de basket. Il n’y a pas le droit de rentrer dans la zone de but. Pour tirer, il faut toujours bien freiner avant, et même lors des célébrations.

Laurie Laporte : et on a droit aux reprises.

Mr. Raju R. Dabhade
Mr. Raju R. Dabhade

Vous êtes obligés de dribbler en patinant dans le cadre des règles du roll ball ?

Antoine Fiel : Oui, la règle c’est de continuer à faire des dribbles. Sinon on peut faire trois poussées ou trois pas, garder la balle dans les mains trois secondes ou faire trois mètres. Comme on a le droit aux reprises, on peut bloquer le ballon trois secondes et reprendre.

Vous disiez que c’était une pratique née en Inde. D’après mes lecteurs, le Roll Ball serait né en 2003. Comment expliquer que ce sport se soit particulièrement développé en Inde ?

Jean-Emmanuel Chapartegui : Je ne saurais pas trop l’expliquer non plus. Je sais juste que c’est un sport assez simple à pratique. Il est assez ouvert, il y a encore peu de concurrence. Igor Cheremetieff, de Seba, me disait par exemple que les indiens ont du mal à s’impliquer dans le slalom. Et c’est vrai que le Roll Ball a cette accessibilité. Ils arrivent dans un sport qu’ils ont monté et sont donc en position dominante, ce qui est très différent des autres sports. D’autant plus qu’il est difficile pour les indiens d’obtenir des visas pour se déplacer en Europe. Là, tout est en Inde.

Effectivement, l’Inde est un élément moteur, toutefois, la pratique du Roll Ball s’est largement répandue dans le reste de l’Asie, et en Afrique. Comment l’expliquer ?

Jean-Emmanuel Chapartegui : Il y a vraiment cette problématique de visa. Comme les compétitions se déroulent en Asie ou en Afrique, ils sont plus facile à obtenir que lors d’une compétition en Europe dans une autre discipline. En France, pour avoir un visa pour participer à la PSWC, ce n’est pas évident ! D’autre part, des moyens ont été mis en oeuvre en Inde pour que les joueurs puissent s’y investir.

A-t-on une idée du nombre de pratiquants en Inde ?

Antoine Fiel : Je n’ai pas d’idée précise du nombre de pratiquants. En revanche, ils ont des ligues universitaires et des ligues par état. Ils ont une ligue fédérale où chaque sélection de chaque état va concourir. Les joueurs de la sélection indienne viennent donc d’état différents. Il n’y a pas de communication officielle sur le nombre de pratiquants.

Un but lors de la Roll Ball World Cup 2019
Un but lors de la Roll Ball World Cup 2019

Il y a donc un championnat structuré en Inde. Où y en aurait-il d’autre ?

Antoine Fiel : En Inde donc, mais aussi au Bangladesh, au Sri Lanka, et au Kenya.

Y-a-t-il d’autres pays que l’Inde où la structuration est avancée ? Notamment en Afrique ?

Antoine Fiel : Le vrai moteur est le Kenya. L’Egypte a commencé à monter une fédération après la dernière Coupe du Monde. Ils ont fait de nombreux échanges avec les indiens et à monter des événements.

Laurie Laporte : il y a le Sénégal qui commence aussi à bien monter non ?

Antoine Fiel : le Sénégal n’a pas vraiment de ligue pour l’instant. Sauf erreur de ma part, ou alors ils ne communiquent pas dessus. Sinon, la Guinée Conakry lance aussi un petit championnat.

Laurie Laporte : Comme c’est un nouveau sport, de nombreux pays jouent sans avoir de fédération. On ne peut pas recenser le nombre de pratiquants de ce sport.

Comment en avez-vous entendu parler en France ?

Antoine Fiel : En 2016, nous avons reçu une invitation de la part de Grégoire Pinto de Seba. Et l’Inde demandait si nous voulions créer une équipe pour participer à la Coupe du Monde 2017. Greg n’avait pas le temps de s’en occuper. Il a nous a donc fait suivre l’invitation, à J.E. et à moi. Au départ, nous étions un peu dubitatifs. Ils avaient pour but d’inviter le plus grand nombre de pays possibles. c’est pourquoi ils prenaient en charge le déplacement au niveau de la fédération du Bangladesh.

Nous nous sommes donc penchés sur les règles et nous avons vu que nous pouvions nous entraîner facilement, au premier abord. Nous avons fait toutes les démarches administratives avec la fédération du Bangladesh. Une fois dans l’avion, nous avons réalisé que nous partions.

Un point que je reproche au Roll Ball et à l’organisation internationale, c’est quand même que certaines choses sont un peu faites à l’arrache. Il faut vraiment se libérer de toute pensée et y aller. Nous avons donc joué la quatrième édition de la Coupe du Monde à Dahka. C’était la première fois qu’on jouait. Nous avons gagné deux matchs sur quatre, mais nous n’avons pas passé les poules.

Entraînement de Roll Ball à l'US Ivry - photo : Julie Hernandez
Entraînement de Roll Ball à l’US Ivry – photo : Julie Hernandez

Et de retour en Europe, vous avez donc continué le Roll Ball…

Antoine Fiel : Oui, par la suite, nous avons joué contre l’équipe anglaise. Ils sont venus jouer à Mouchotte. Puis, nous sommes allés à Mouchotte pour jouer contre eux. Ainsi, nous sommes devenus un partenaire majeur en Europe pour la fédération internationale de Roll Ball. Ils nous ont donc invités à une conférence à Mumbaï pour parler du développement du Roll Ball dans le monde, avec Pierre Costa. Pour parler du développement du Roll Ball dans le monde, en Europe, en Amérique et en Océanie.

A partir de là, ils nous ont dit que si nous voulions continuer à jouer avec eux, il fallait monter une association en France et créer des ligues, des entraînements. C’est pourquoi nous avons créé RollBall France. Ainsi, l’année suivante, nous avons pu repartir en Coupe du Monde.

Quelles sont les autres équipes européennes ?

Le Danemark, qui, d’ailleurs, avait gagné la première Coupe du Monde, l’Angleterre, la Pologne qui nous a Antoine Fiel : rejoints récemment, la Biélorussie, la Lettonie, la Slovénie. Et en Europe, je pense que c’est tout !

L'équipe de RollBall du Danemark en 2017
L’équipe de RollBall du Danemark en 2017

C’est assez surprenant que dans ce sport créé par les indiens, ce soit le Danemark qui ait remporté la première édition…

Antoine Fiel : Oui, je pense que les Indiens ont été très vexés. Je pense qu’ils étaient partis dans l’idée de remporter la compétition… mais ils se sont retrouvés face à des hockeyeurs danois. Au niveau physique, c’était plus cardio du côté des danois qui ont joué sur le physique. Aujourd’hui, l’Inde communique sur le fait qu’elle est perpétuellement championne du monde de RollBall, mais je pense que la première défaite a été un véritable coup de massue. Depuis, ils se sont structurés pour tout gagner.

Maintenant parlons de Roll Ball France. Quelle est la vocation de cette structure ?

Antoine Fiel : Au début, c’était surtout de l’administratif. L’impulsion a vraiment été cette conférence à Mumbaï. C’était vraiment confidentiel, afin de nous permettre de repartir en Inde l’année suivante. La structure a vu le jour en janvier 2019, sans réelle vocation à diffuser le sport.

L’arrivée de Laurie a donné une nouvelle impulsion. Elle a fait venir des femmes pour jouer au RollBall. Ainsi, nous nous sommes rendus compte que cela pouvait grandir et intéresser des gens. Nous avons notamment joué comme les Bruxellois, les Shinobis.

Il faut ajouter la Belgique dans les pays Européens ?

Antoine Fiel : Non, parce que ce n’était pas une équipe 100% belge, il y avait de nombreux ressortissants étrangers. La fédération internationale tient à ce que les joueurs soient vraiment du pays pour qu’il bénéficie de l’appellation RollBall « Belgique ».

Laurie Laporte : Ils sont de plus en plus intéressés en Belgique, pour initier le Roll Ball dans leurs clubs.

Est-ce que vous êtes dans une logique mixte ou de créer et participer à des compétitions distinctes pour les hommes et les femmes ?

Laurie Laporte : Ce n’est pas mixte comme peut l’être le roller-soccer. Nous jouons séparément. Toutefois, c’est un gros plus de s’entraîner avec les hommes. Parce que nous apprenons plus vite et que c’est un sport de contact. Cela nous apporte beaucoup.

Comment es-tu arrivée au Roll Ball Laurie Laporte ?

Laurie Laporte : En septembre dernier, J.E. m’a contacté par le biais d’un ami que nous avons en commun dans le roller. On se connaissait de loin par le roller-foot. Il m’a expliqué le projet de partir en Inde avec une équipe féminine. Et il m’a demandé si cela m’intéresserait. Je pense qu’Antoine minimise un peu leur impact. En effet, ils étaient quand même assez professionnels, même avant que les filles arrivent. Je suis arrivé dans un cadre déjà créé. Il m’a proposé de venir m’entraîner deux fois par semaine sur les créneaux de l’US Ivry, avec leurs coaches. Nous avons eu tout de suite un super accueil et une bonne prise en charge. Nous ne sommes pas pris de zéro.

Entrainement de RollBall - photo : Julie Hernandez
Entrainement de RollBall – photo : Julie Hernandez

Effectivement, il s’agit de constituer une équipe… comment l’avez-vous créée ?

Laurie Laporte : En France, le roller reste un petit milieu où nous nous connaissons tous. J’ai donc d’abord contacté des personnes que je connaissais. Puis, j’ai posté sur les réseaux sociaux et cela a bien fonctionné. Ainsi, nous avons eu pas mal de candidatures. Nous avons pu sélectionner des athlètes à la fois bonnes en roller mais aussi avec une connaissance des sports de balle. Il fallait aussi avoir l’envie de créer cette cohésion d’équipe, être intéressée par ce projet de fondation du Roll Ball en France et de pouvoir créer la bonne ambiance que nous avons maintenant.

J’ai vu que vous aviez de bonnes patineuses dans l’effectif. Je pense notamment à Jessica Billard qui vient du street. Quelle est le profil des rideuses ?

Laurie Laporte : A la création de l’équipe, j’ai d’abord pensé à des patineuses comme Jessica Billard ou Salomé Pham Van Hué. Elles avaient déjà fait de la compétition à l’internationale et très habiles sur les rollers.

Les profils : ce sont des personnes agiles sur les rollers, qui ont déjà fait de la compétition. Ensuite, j’ai cherché des patineuses à l’aise avec un ballon comme Maud Brier qui a fait un peu de handball. Elle nous a apportée un regard un peu plus tactique. C’est un vrai complément. Nous avons aussi des profils comme Alice Desindes qui vient du roller hockey et qui donc est un peu plus dans le contact. Je cherchais des profils différents pour constituer une équipe complète.

Quelles équipes femmes s’alignent face à vous ?

Laurie Laporte : Nous n’avons pas la liste exacte.

J.E. Chapartegui : Nous la demandons régulièrement, mais il y a des problématiques de visas qui font qu’ils ne savent pas encore exactement quelles équipes seront présentes.

Antoine Fiel : Oui, il faut vraiment être très précautionneux parce que la dernière fois, des équipes n’avaient pas pu venir à cause des visas. Je sais qu’il y aura les Kenyanes qui ont fini championnes du monde, les Egyptiennes, 3e de la dernière édition, les anglais, les polonaises, le Népal.

C’est vraiment intéressant, parce que ce sont des pays dont on entend jamais parler dans les autres disciplines…

J.E. Chapartegui : La différence se fait vraiment sur l’accessibilité des compétitions. Faire venir des équipes des pays en développement vers la France est très compliqué ! Je l’ai vécu avec le roller-soccer. C’était quasi-impossible de faire venir les pays africains. En revanche, la grosse différence est que les pays européens participent aussi.

Nous avons parlé du Roll Ball à l’international. Quels sont les clubs connus au niveau national ?

J.E. Chapartegui : Nous avons eu de petits contacts à droite et à gauche. Pas encore très significatifs. Le club de Pontault-Combault, ami et voisin avec lequel nous faisons du roller soccer, pratique également le Roll Ball. Mais bizarrement, ce n’est pas avec les mêmes personnes que celles qui composent le groupe de roller soccer. Vers Bordeaux, ça bouge aussi. Mais dans l’ensemble, cela reste en marge des entraînements, plutôt des débutants intermédiaires. La dimension fédérale sera l’étape d’après.

Entrainement de RollBall - photo : Julie Hernandez
Entrainement de RollBall – photo : Julie Hernandez

Tout à l’heure, nous parlions du matériel, Le Roll Ball, c’est plutôt en quad ou en inline ?

Antoine Fiel : Là maintenant, il n’y a plus de parti pris. Tout le monde est en inline. Pour l’anecdote, lors de la dernière Coupe du Monde à Chennai, la seule personne en quad était un gars de chez nous. Lors de la conférence de cette édition, une personne a milité pour que seul le roller en ligne soit autorisé. Mais tous les joueurs n’ont pas les moyens de se payer une seconde paire. C’est pourquoi dans les compétitions nationales, les deux s’utilisent.

D’autant plus que le roller quad a du sens pour ce type de sport…

Antoine Fiel : Les terrains font 40 m de long par 20 m de large, ce sont des terrains de handball. Le probème est qu’ils autorisent le quad, mais sans les freins. Ainsi, le quad perd son avantage de départ rapide grâce au bloqueur avant. Ils essaient d’avoir une uniformité à l’internationale mais pour l’instant, tout le monde joue comme il le désire au niveau national.

Laurie, tu es également passée par le derby, as-tu essayé les deux types de matériel ?

Laurie Laporte : J’avais essayé le RollBall en quad, mais je suis plus favorable au inline que je trouve plus maniable. Cependant, le joueur de chez nous qui évolue en quad est très maniable, il vient du rink hockey. Il se débrouille d’ailleurs aussi très bien en inline. Ce n’est pas forcément si optimal que cela d’être en inline.

J.E. Chapartegui : Il ne faut pas se mettre de barrières pour rien.

Quelles sont les équipes favorites chez les hommes ?

Antoine Fiel : A peu près les mêmes que chez les femmes : Inde, Kenya, Bangladesh. L’Iran n’était pas là la dernière fois mais devrait revenir. Ils sont très forts, mais très violents. Dès qu’un pays est fort dans un genre, en général, il est fort dans l’autre.

Y-a-t-il des styles de pratiques, de technique et de stratégie selon les pays ?

Antoine Fiel : Oui, si je prends le cas de la France par exemple, nous avons une stratégie très différente de ce que l’on peut voir en Inde ou au Bangladesh. Comme nous nous entraînons avec des coaches de handball, nous allons avoir une défense plus en ligne, sans voltigeur devant. La plupart des indiens tirent en retourné, en arrière, sur les flancs ou entre les jambes. Nous sommes plutôt sur des tirs directs. Nous avons des physiques assez grands par rapport aux asiatiques.

J.E. Chapartegui : nous avons un style de jeu assez différent de celui des pays d’Asie. nous avons trouvé un style de jeu qui nous convient. Pour le meilleur et pour le pire… On verra bien !

Antoine Fiel : Il y aura toujours une différence entre des hockeyeurs européens qui vont venir jouer, des biélorusses ou autres. Du côté des indiens ou du Bangladesh, ils jouent plus sur l’esquive et l’agilité. Les Iraniens sont tous d’anciens militaires. Ils ont cette culture du contact, plus bourrine. Les gars sont conscients qu’ils ont un meilleur physique que les autres et que s’ils vont au contact, ils vont gagner.

Justement, en parlant des contacts, quelles sont les règles à ce niveau ?

Antoine Fiel : Je dirais que c’est à la bonne volonté de l’arbitre ! En théorie, il n’y a pas de contact. Un pivot va cependant jouer des épaules. Il n’y aura pas de tacles comme au football ou de body check comme au hockey sur glace. Il n’y aura pas d’actions dangereuses.

Laurie Laporte : Dans les faits, cela reste quand même vraiment un sport de contact. On va jouer le pousser, le contact avec la personne en défense. Même si sur le papier, c’est « pas de contact », il en est tout autrement sur le terrain.

Laurie, est-ce que tu notes des différentes entre les façons de jouer des hommes et de femmes ?

Laurie Laporte : Déjà, nous avons débuté ce sport relativement tard par rapport aux garçons, alors qu’ils jouaient déjà depuis quelques années. Nous étions plus frileuses parce que nous étions dans la découverte. C’est plutôt une histoire de niveau débutant ou confirmé. Aller au contact avec les mecs nous a beaucoup débloqué là-dessus. Nous y allons mais nous avons beaucoup moins peur qu’avant. Il y a forcément moins de contacts parce que certaines sont beaucoup plus dans l’agilité, l’évitement, comme Salomé. Cela dépend aussi du style de chacune…

Comment voyez-vous le développement de ce sport au national et à l’international ?

Antoine Fiel : Il y a quelques années, les indiens se voyaient déjà aux Jeux Olympiques de Paris. Nous n’avons aucun levier sur l’international. Si nous faisons des choses au niveau français et européen, cela va débloquer des choses à l’international. Je les trouve très optimistes. En 2019, nous avons organisé une rencontre européenne où il y avait six nations : la France, l’Angleterre, les Pays-Bas, la Belgique et l’Allemagne.

Dans le courant de l’année prochaine, nous aimerions relancer ces rencontres. Peut-être entre clubs européens à travers un tournoi. Ensuite, organiser un championnat français.

Les patins utilisés en Roll Ball - photo : Julie Hernandez
Les patins utilisés en Roll Ball – photo : Julie Hernandez

A votre avis la fédération international de Roll Ball a-t-elle envie de se rapprocher de la World Skate ?

Antoine Fiel : Je ne pense pas, mais cela reste un avis personnel. C’est compliqué d’avoir un avis officiel de leur part. Quand nous étions à la dernière conférence, les Danois ont expliqué à la fédération internationale que s’ils voulaient être un jour aux Jeux Olympiques, il faudrait qu’ils intègrent dans leur équipe des Européens, des Africains et des Américains. Mais les indiens ont une équipe 100% indienne. Ils essaient de protéger leur sport et montrer que le « Made In India » fonctionne.

Est-ce qu’il y a eu des démarches de votre part en France pour vous rapprocher de la FFRS ?

J.E. Chapartegui : Nous nous sommes vaguement rapprochés de la FSGT. Le contact était intéressant, mais le COVID19 est passé par là. Et sans la Coupe du Monde l’ECG était plat. Nous espérons que la Coupe du Monde de Roll Ball 2023 va relancer le sujet. Je participe activement au développement du roller-soccer avec la FFRS. Nous verrons au retour de la Coupe du Monde, pour ne pas tout mélanger. Il faut monter une ligue et des rencontres.

Quels sont vos objectifs de classement pour cette Coupe du Monde de Roll Ball 2023 ?

J.E. Chapartegui : Est-ce qu’on peut laisser Antoine ne PAS répondre à cette question ? (rires). Je le trouve trop pessimiste. L’objectif à court terme est de passer les phases de poules, ce que nous n’avons pas fait lors des deux dernières éditions. Après, le reste ne sera que du bonus. Ensuite, je laisse J.E. répondre…

J.E. Chapartegui : je ne vais pas à une compétition pour perdre. Mais nous ne savons absolument pas où nous en sommes. Nous n’avons pas joué à l’international depuis quatre ans avec le COVID. Nous jouons depuis huit mois à fond. Nous avons des automatismes et nous nous connaissons parfaitement. Mais nous pouvons aller assez loin. Tout dépendra aussi du tirage au sort. Difficile de définir un objectif précis. J’espère que nous arriverons en quarts de finale.

A quelle fréquence vous entraînez-vous ?

Laurie Laporte : Deux fois par semaine avec nos coaches, mais nous nous entraînons individuellement à côté. Chez les femmes, nous n’avons jamais fait de match officiel de Roll Ball, c’est donc très dur de nous projeter. En revanche, c’est clair que dans notre tête, nous y allons pour gagner. Ce n’est pas parce que c’est notre première édition que nous y allons pour voir ou tester. Ce ne serait pas un bon état d’esprit. Cela dépendra des poules.

J.E. Chapartegui : Mais elles sont fortes, je vous le dis ! Je vois un peu avec le recul des autres compétitions féminines qu’une équipe se construit aussi au cours d’une compétition. Ainsi, en fonction de la façon dont elles vont se construire, elles pourront aller très loin. Il faut cependant rester mesuré par rapport au contexte. On ignore où en sont les équipes.

Entraînement de Roll Ball à l'US Ivry - photo : Julie Hernandez
Entraînement de Roll Ball à l’US Ivry – photo : Julie Hernandez

Vous avez parlé de ligues professionnelles chez les garçons. Il y a donc des équipes pros chez les garçons en Roll Ball ?

J.E. Chapartegui : Je sais qu’au Bangladesh, il y a des équipes pros.

Antoine Fiel : En Inde, il y a eu à un moment un appel pour constituer des équipes professionnelles. C’était assez flou. Il fallait aller là-bas, faire des essais pendant deux mois. Je n’y ai pas donné suite. C’était pour être professionnel dans un club, pas dans une équipe nationale. Cela leur aurait sans doute fait plaisir d’avoir des Européens ou des Africains dans leurs équipes d’états ou de villes.

Cela veut donc dire qu’il y a des sponsors et un modèle économique autour du Roll Ball ?

J.E. Chapartegui : C’est un peu le flou comme tu as pu le comprendre au fil des nos échanges. Les Indiens ont la mainmise. Nous ne savons pas comment l’argent rentre, comment il est dépensé. Oui il y a des partenaires et des médias.

Antoine Fiel : En fait, ils ont un énorme mécène / sponsor qui est présentateur télé d’un JT. et qui possède des Novotel. Il y a aussi des fonds d’investissement. A un moment donné, il y avait énormément d’argent, mais cela a changé depuis le COVID19. Pour l’anecdote, lors d’une pause à la conférence de Mumbaï, un gars me dit : « Tu vois autour de la table, il n’y a que des millionnaires ». Je lui répond : « En roupies ou en dollars ? ». Il répond alors :  » Non en dollars ! « .

Nous arrivons à la fin de cette interview, c’est l’heure de la tribune libre !

Antoine Fiel : Venez essayer ce sport et vous intéresser ! Nous pouvons vous envoyer le livret de règles en anglais. Nous pouvons vous accompagner dans les démarches administatives et vous aider à trouver des personnes qui voudraient pratiquer dans d’autres clubs.

Quand on regarde le RollBall, au départ on se demande ce que font les joueurs à jouer au ballon sur des rollers. Puis quand on chausse les patins et qu’on est sur le terrain on voit vraiment l’intérêt de ce sport et le plaisir qu’on peut avoir à jouer. C’est un sport assez facile d’accès. Plus facile d’accès que le roller-soccer. Ce que j’apprécie aussi dans ce qui se passe : tout a débuté en 2017 au Bangladesh et désormais ça se structure avec une équipe féminine, une équipe masculine. Nous faisons désormais des sélections. Je me souviens que nous sommes partis à sept mecs sans trop d’idées et nous en arrivons là, à motiver des gens. Je trouve que la dynamique est géniale.

J.E. Chapartegui : Dans une thématique un peu différente, je disais tout à l’heure que cela fait huit mois qu’on s’entraine et c’est une aventure incroyable. Je voudrais vraiment remercier mon équipe pour tout ce qui s’est passé. Nous avons créé un groupe extraordinaire pour lequel ça fait plaisir de s’investir.

Laurie, tu veux ajouter quelque chose ?

Laurie Laporte : Nous étions sur le projet quotidiennement, c’est beaucoup d’investissement et c’est très enrichissant du côté humain. J’ai vraiment hâte de vivre cette aventure indienne.

Entraînement de Roll Ball à l'US Ivry - photo : Julie Hernandez
Entraînement de Roll Ball à l’US Ivry – photo : Julie Hernandez

Merci à vous trois pour cet échange en podcast audio ! Nous vous souhaitons une bonne continuation et d’aller le plus loin possible dans cette Coupe du Monde de Roll Ball 2023.

Voir la cagnotte Ulule pour soutenir les équipes RollBall France 2023

Roll Ball World Cup – Wikipedia

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Auteur
Alexandre Chartier 'alfathor'

Bonjour à tous, je suis Alexandre Chartier, fondateur et webmaster de rollerenligne.com. Le site a vu le jour officiellement le 11 décembre 2003 mais l'idée germait déjà depuis 2001 avec infosroller.free.fr. Le modeste projet d'étude est devenu un site associatif qui mobilise une belle équipe de bénévoles. Passionné de roller en général, tant en patin traditionnel qu'en roller en ligne, j'étudie le patinage à roulettes sous toutes ses formes et tous ses aspects : histoire, économie, sociologie, évolution technologique... Aspirine et/ou café recommandés si vous abordez l'un de ces sujets !

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