Margaux Vigié du roller au Tour de France Femme
Bonjour à tous et soyez les bienvenus pour ce nouvel épisode de Balado roller, le podcast de rollerenligne.com. Aujourd'hui nous recevons une invitée un peu particulière, une patineuse qui a fait son chemin du roller vers le fixie, puis vers cyclisme professionnel, pour finalement participer au Tour de France Femme : Margaux Vigié !
Par alfathor

Margaux Vigié : du roller au cyclisme professionnel en quelques années
Quel parcours que celui de Margaux Vigié ! Certains visent les Jeux Olympiques avec le patinage en longue piste. Margaux fait partie de ceux et celles qui lui préfèrent la petite reine. Retour en podcast sur une magnifique ascension…
Alors Margaux Vigié, tu as terminé le Tour de France Femme hier, au moment où nous enregistrons cet épisode. Aborder le sujet du cyclisme, commençons par tes débuts en patins. Comment as-tu débuté le roller ?
Bonjour, je suis Margaux Vigié. Mes parents voulaient absolument que je pratique un sport. L’école primaire et le collège proposaient des cours de roller, cela remonte à longtemps. J’ai eu envie d’essayer et j’ai pris ma première licence au club de roller Plaisance-du-Touch. D’autre part, il se trouve que ma maison d’enfance se situe à 500 m de la piste de Plaisance-du-Touch (31).
Tu as donc démarré par la vitesse ?
Non, j’ai démarré à l’école de roller avec Jean-Marie Coustès, sur les cours de loisirs avec les groupes. Je me souviens que je mettais le bazar. Nous tournions autour de lui en patins durant les éperviers pour le faire tourner en bourrique. Après, j’ai fait du roller hockey, je demandais à mes parents de rester pour ces sessions.
Un jour, le président du club m’a proposé de faire du roller course. J’ai donc changé de section.

As-tu fait rapidement fait des résultats en roller course ?
Non, je ne crois pas, ou alors au niveau régional dans les petites catégories, mais pas au niveau national, je ne pense pas. Après cela, j’ai décroché un titre de championne de France en cadette sur marathon. Puis, à partir de là, je suis partie au Pôle France de Talence. A partir de là, les bons résultats se sont multipliés.
Donc rapidement, Margaux Vigié, tu t’es spécialisée et affirmée en tant que fondeuse. Qu’est-ce qui t’attirait dans la longue distance ?
C’était plus dans mes fibres, j’avais une petite pointe de vitesse, mais pour rivaliser avec des sprinteuses comme Jessie Fernandez, je n’étais pas à la hauteur. Mais sur le fond, en ayant une pointe de vitesse, je pouvais aller chercher des points ou bien finir un marathon pour joueur le dernier sprint après une heure d’effort.
Nous t’avons vu rapidement porter la combinaison Cadomotus à cette période…
Oui, il a fallu trouver des sponsors pour financer les déplacements et je suis partie avec eux. Cela a été mon principal sponsor pendant la quasi-totalité de ma carrière roller.
Margaux Vigié, peux-tu nous parler de ton passage en équipe de France de roller course ?
Oui, au moment où je fais mon titre de championne de France cadette, je participe ensuite au Championnat d’Europe en Hongrie, à Szeged, avec Pascal Briand. C’était son premier championnat en tant que sélectionneur si je me souviens bien, et moi ma première sélection en équipe de France.
Par la suite, j’ai fait trois ans de Pôle et je suis retourné au Championnat d’Europe en élite, cela devait être à Wörgl, en Autriche.
As-tu fait des médailles à l’international ?
Non, à part en marathon.

Nous t’avons effectivement beaucoup connue sur les marathons. Tu as pu t’affirmer sur le circuit des Coupes du Monde ?
Oui, mais aussi plutôt sur le circuit des Coupes de France.
En effet, nous avons notamment souvenir de t’avoir vu remporter le Roll’Athlon. La distance est un peu particulière avec ses 103 km. En quoi cette course a-t-elle une saveur particulière pour toi ?
C’est une course en une boucle, de ville à ville où l’on court avec les garçons. C’est très long, avec un effort de plus de trois heures. J’appréciais ce format, c’était chouette de ne pas voir deux fois la même chose dans la course.
Là, nous sommes aux environs de 2013 à 2014. A un moment, le fixie arrive dans ta vie. Comment l’as tu découvert ? C’était une passion ?
Non, je ne connaissais pas du tout. C’est au moment où je suis partie du Pôle de Talence que je l’ai découvert. Mes parents m’ont bien fait comprendre que je ne pourrais pas faire du roller une activité professionnelle. Je voulais réussir à être autonome. Je ne pouvais pas rester avec uniquement mon bac.
Et j’ai finalement trouvé une école de kiné à Barcelone, c’était un métier que je voulais faire depuis longtemps. Les cours étaient le matin et je m’entraînais l’après-midi, en roller dans le port de Barcelone. Nous utilisions alors le vélo pour faire du foncier. Je me souviens de m’être retrouvée dans des gros groupes avec des Brésiliens, Portugais, Anglais, Catalans, Espagnols, c’était vraiment chouette.
« Mais j’étais seule en roller ; je ne pouvais plus progresser sur la partie technique qui me manquait. Je me suis mise à faire plus de vélo que de roller. Je faisais de moins en moins de courses, ce n’était pas pratique pour se déplacer. Il fallait prendre des avions pour aller sur les Coupes de France marathon, trouver du monde pour se faire emmener, puis se faire ramener à l’aéroport, c’était le chantier. »
Margaux Vigié
Puis au sein de ce groupe, il y avait un Italien qui montait un groupe de « fixe » [vélo à pignon fixe ou « fixie »]. C’est un vélo de piste sans frein, avec une seule vitesse et un seul plateau. Cela arrive des messagers de New-York, nous allons faire des courses, viens avec nous. Je lui ai dit » ça roule ! « Je suis tombé dedans, c’était trop bien. On pouvait être sérieux ou non. Des copains enchaînaient les bières entre les qualifications et les finales. On s’amusait beaucoup. C’est un monde parallèle par rapport au cyclisme sur route. Et au final, quand tu prends du plaisir, c’est la base !

Quel format ont les courses de fixies ?
C’est un format critérium, en ville, sur des circuits d’environ un kilomètre à un kilomètre et demi. Cela dure environ une heure, soit 30 à 35 km.
En quoi le fait d’avoir un pignon fixe et pas de frein modifie la stratégie ?
Je ne sais pas, j’ai trouvé ça assez naturel. Je me laissais porter par le vélo et si je n’avais pas envie de pousser sur les pédales, je ne poussais pas pour pouvoir passer les virages. Il faut surtout bien choisir son pignon arrière et son ratio. Parce que s’il y a trop de lignes droites et que tu es en cadence, tu as trop de mal à suivre. Il ne faut pas non plus avoir les jambes qui éclatent en trois tours en pédalant trop en force.
Margaux Vigié, qu’est-ce que le roller t’a apporté dans ta carrière en fixie ?
Les gens me demandent tout le temps si je n’avais pas peur en fixie, sans frein. Mais en fait, je leur expliquais qu’en roller, tu n’as vraiment pas de frein ! En fixie, tu peux ralentir ta fréquence de pédalage. Je me souviens du dernier virage du Roll’Athlon qu’il fallait passer comme on peut… alors qu’en final en fixie, c’est plus facile.

Le fixie semble connaître un succès croissant. Est-ce qu’il y a un circuit professionnel au même titre qu’en cyclisme sur route ?
Non, je dirais même que c’est plutôt dans la phase descendante. Je suis arrivée au moment où c’était au pic et où cela commençait à redescendre. A l’époque, il y avait un circuit qui s’appelait le « Red Hook Crit ». C’était vraiment les quatre courses à faire, le circuit mondial immanquable. Tu te préparais aussi pour les « Rad Race » en Allemagne. Ces dernières étaient un peu les championnats du Monde non officiels de la discipline. Tu partais de l’un des anciens aéroports de Berlin, l’Aéroport de Berlin-Tempelhof pour arriver en plein centre-ville.
L’année après COVID, ils ont aussi fait une édition à Hambourg qu’ils voulaient développer. Mais la Red Hook Crit s’est arrêtée, ils ont perdu les sponsors. Il reste surtout le circuit néerlandais et le circuit italien. En effet, l’Italie a monté la partie fixie dans sa fédération de cyclisme. En France, il n’y a pas de licence, ce n’est pas reconnu du tout. Un certificat médical suffit pour participer.
« Depuis la fin du Red Hook Crit, on entend beaucoup moins parler du fixie »
Margaux Vigié

Comment passe-t-on du fixie à une équipe qui prend le départ du tour de France ?
J’ai fait une énorme saison en fixie lors de ma dernière année à Barcelone. J’étais sur quasiment tous les podiums et j’ai fait la plupart des compétitions du circuit. Au pire, j’ai dû finir 4e, sinon j’étais sur tous les podiums ou je gagnais les courses. Cela s’est su, en Italie et en Espagne.
J’ai eu mon diplôme de kinésithérapeute en juin et en novembre, j’ai été appelé par une équipe espagnole qui se montait. Ils m’ont dit :
» On cherche des filles qui frottent, qui savent être en peloton et qui ont une marge de progression. Si cela te motive de commencer la route maintenant, tu es la bienvenue. «
J’ai signé. Cette équipe espagnole a malheureusement eu des problèmes. J’ai donc été contacté par le directeur sportif de Valcar, mon équipe Italienne actuelle. Lui aussi cherchait des filles avec mon profil, avec une pointe de vitesse, qui n’ont pas peur de frotter et de rouler en peloton. J’ai donc signé avec cette seconde équipe après le COVID-19, en août 2020.
Margaux Vigié, où en est le cyclisme femme en termes de maturité de développement par rapport au cyclisme homme selon toi ?
Beaucoup de gens ont des projets d’équipes, mais qui ne débouchent pas, parce que le projet n’est pas assez bien ficelé. Concernant la maturité du cyclisme féminine, il y a de gros écarts entre les équipes. Par exemple sur les 24 équipes du tour, les cinq ou six premières équipes ont un nouveau de professionnalisation comparable à celui des hommes, avec des salaires identiques, autant de staff, autant de moyens. Et plus tu vas vers le bas des 24 équipes, plus les écarts se creusent. Certaines filles ont posé des congés auprès de leur employeur pour participer au tour. D’autres travaillent toute l’année et s’entraînent en même temps. Chez les garçons, parmi les 24 équipes du tour de France, je ne pense pas qu’il y en ait un qui travaillent à côté.
En effet, cela ressortait durant les interviews quand les Françaises étaient interviewées et qui expliquaient la différence entre les participantes, notamment avec les Néerlandaises. Comment vois-tu évoluer la situation ?
Dans le bon sens. Au final, l’UCI commence à mettre en place des règles. Soit les équipes peuvent suivre avec des moyens suffisants, soit elles font autre chose. Cela va faire le tri, mais cela va aussi faire monter le niveau.
Beaucoup d’équipes peuvent-elles prétendre participer au tour de France Femme ?
Les invitations ont fonctionné de la même façon que chez les hommes. Il y avait 14 invitations pour les équipes World Tour et il devrait y en avoir 15 l’année prochaine. Ensuite, ils invitent les premières équipes Françaises non « World Tour » et les premières équipes continentales, dont la nôtre. Le circuit se structure en fait avec le niveau World Tour (la ligue 1 du cyclisme), le niveau continental (la ligue 2 pour les femmes). Chez les hommes, il existe un niveau intermédiaire, le niveau « Pro Continental ».
Le tour femme s’est déroulé sur 8 étapes, avec quelle distance en moyenne ? Le format était-il adapté ?
Au minimum 120 km par jour. Et oui, je trouve le format bien adapté au niveau actuel des femmes. Huit jour, c’était assez pour cette première fois. Les gens rêvent s’ils s’imaginent que les filles peuvent faire trois semaines comme les hommes. Nous n’en sommes pas à ce niveau de professionnalisation. Toutes les filles qui travaillent à côté n’ont pas le même niveau de préparation que des professionnelles. Cela a gardé un format explosif. Cela a été à bloc de la première à la dernière étape. Il y avait des tentatives d’échappées tout le temps et personne ne voulait laisser partir parce que les équipes ne savaient pas si elle pouvait aller au bout ou non.
Cela a donc été des courses très offensives et très rapides. Quelles différences de stratégie entre hommes et femmes selon toi ?
Sans doute le profil des courses. Chez les hommes, c’est un peu formaté et robotisé. Chez les gars, l’échappée part, le peloton lui laisse jusqu’à 10 minutes selon le type d’étape, s’il y a des bosses ou non. Puis ensuite, tous les équipiers se mettent devant à bloc et reviennent pour un sprint ou pour lâcher les grimpeurs dans les derniers cols.
Chez les femmes, nous commençons à réfléchir aux stratégies en réfléchissant à plusieurs scénario, mais c’est plutôt un écrémage au train, par l’arrière du peloton.
Margaux Vigié, votre équipe Valcar fait plutôt un bon résultat, une de tes coéquipières termine 5e…
Oui, nous sommes une micro-équipe comparée aux autres monstres. Nous devons avoir le huitième du budget d’une équipe comme la Française des Jeux. La FDJ est arrivée avec un staff d’une soixantaine de personnes. Nous avons cinq personnes pour nous encadrer ! Deux mécanos, deux soigneurs et le directeur sportif. La FDJ est une World Tour, nous sommes une équipe « conti ». Vous imaginez la différence ? Même Arkea chez les gars qui serait à un nouveau équivalent au nôtre, il n’y a pas autant d’écart avec les plus grosses équipes.
Margaux, combien d’équipières êtes-vous par équipe ?
Nous étions six sur la course, mais notre équipe complète compte 14 filles. En effet, nous avons souvent des doubles weekends, il faut pouvoir diviser l’équipe. La FDV doit compter une vingtaine de filles. Jusqu’à maintenant, nous n’avions pas un calendrier assez dense pour avoir autant de femmes. Dans les équipes hommes, il y a fréquemment une trentaine de coéquipiers pour pouvoir se diviser en trois et participer à plusieurs courses simultanément. Ce plus, certains doivent se reposer entre les courses et en prévision des grandes échéances comme le Giro.
Statistiquement et malgré les polémiques, les femmes ne sont pas plus tombées que les hommes. Tu es notamment tombée deux fois, comment gère-t-on cela ?
D’abord tu cherches ton vélo quand tu te relèves (rires) ! Il faut perdre le moins de temps possible. Cela se gère en regardant dans quel état tu es. Je suis tombé avec une fille qui jouait le classement général. Du coup, tu appelles à la radio pour prévenir le staff qu’il faut un vélo à ta coéquipière. Toi tu passes après et tu te gères comme tu peux.
Margaux Vigié, peux-tu nous résumer ton tour de France ?
Les Champs-Elysées, c’était la méga fête ! Il y avait du monde partout, il faisait super beau. J’étais avec les filles sur le podium de présentation avec la Tour Eiffel dans le dos, c’était de la folie ! Plein d’émotions. Le critérium est parti à bloc et à terminé à bloc. Nous avons un peu raté le sprint. Nous nous sommes un peu perdues. Des filles esseulées sont venues se mettre au milieu de notre train.

Le lendemain vers Provins, il y a eu beaucoup de vents. Les filles essayaient de faire des bordures dans tous les sens. C’était super nerveux. Tu prends des coups d’épaules, tu es trop proche des roues et tu voles dans le champ ! C’est là que j’ai fini dans le champ, la route était surélevée. Nous étions super comptactes. Nous n’arrivions pas trop à manger ou à nous ravitailler. Il fallait rester placées, être à l’avant. Tout le monde roulait à fond et toutes les équipes voulaient être devant.
« Je ne sais pas comment je suis arrivée en bas, cela allait beaucoup trop vite. J’ai pris un coup sur la tête. Je suis tombée dans les ronces. J’étais pleine d’épines ! «
Margaux Vigié
Mais au final, je ne me suis rien cassée. J’avais juste un peu mal à l’épaule. Par contre, quand je suis remontée sur la route, j’ai vu les dégâts, il y avait des filles partout par terre. Je pensais être tombée toute seule. En haut, c’était le carnage ! J’ai vu ma coéquipière par terre.
C’est là que vous avez perdu une coéquipière ?
Non, c’était lors de la cinquième étape, la plus longue, avec plus de 175 km. Au final, avec le transfert pour sortir de la ville, cela fait une journée à plus de 180 km. Nous sommes tombées à 40 km de l’arrivée. je reviens sur la discussion d’avant. Tu ne peux jamais t’entraîner à faire 6 heures de vélo quand tu as un travail à côté. Et là par contre, la moitié du peloton est partie au sol. Une de mes coéquipières s’est fait compresser sous les autres filles.
Margaux Vigié, tu as tout donné jusqu’à l’avant-dernière étape où tu termines hors délai… de 5 secondes !
Oui, purée ! Sur le tour, j’ai été appelée au dernier moment. J’étais encore en phase de charge d’entraînement. Je n’ai pas fait comme les autres filles à roulotter. Moi, jusqu’au jeudi d’avant, j’étais à faire de la montagne dans tous les sens. Je pensais pouvoir récupérer sur les étapes plates, mais au final tu ne récupères pas. Tous les jours c’est à bloc, tous les jours c’est stressant, tu cherches tes coéquipières.
J’étais vraiment vidée sur cette étape, tu essaies d’appuyer sur les pédales, mais je n’avais plus rien. J’étais avec une allemande et nous avons fait l’étape toutes les deux. Des fois des filles nous rejoignaient et nous doublaient, nous ne pouvions pas aller plus vite. Tant pis !
Y-a-t-il d’autres filles comme toi qui viennent du fixie ou du patinage ?
Oui, la Néerlandaise Demi Vollering qui a pris le maillot à pois vient du patinage sur glace. Il y en a d’autres aussi mais je ne me souviens pas de leur nom. Pas d’autres filles du fixie à ma connaissance, ni vraiment de patineuses à roulettes.
A ton avis Margaux Vigié, y a-t-il encore des places à prendre pour des patineuses qui voudraient se lancer dans le cyclisme ?
Oui, carrément ! Si elles ont la motivation, pourquoi pas. Il ne faut pas avoir peur. Même si tu n’as pas la condition physique. Personnellement, je me suis saignée pour que mes coéquipières n’aient pas à rouler en début d’étape.
Te reverra-t-on sur le tour de France l’année prochaine ?
Oui, j’espère ! Et j’aimerais pouvoir le préparer davantage en amont, pas au dernier moment.
Comment te sens-tu physiquement après ces huit jours intenses sur le vélo ?
Vidée ! Je ne me suis jamais sentie aussi fatiguée. Vidée mentalement et physiquement. Finalement, on ne se rend pas compte, notamment de la pression médiatique. Tu es sollicitée tous les jours. Tu as aussi la pression du bon résultat. Cela a une autre dimension que sur les courses habituelles. Nous avons vécu l’expérience que vivent les hommes. Cela a été à bloc tout le temps !
Margaux Vigié, Avant d’être appelée sur le tour de France, depuis combien de temps roulais-tu avec Valcar ?
Cela fait tout juste deux ans !
En tant que cycliste professionnelle, comment se structure votre année ?
J’ai commencé ma préparation de la saison en novembre, seule à la maison.
- En janvier, nous participons à un stage de deux à trois semaines, généralement en Italie. Puis nous rentrons chez nous pour une ou deux semaines avant de repartir.
- Ensuite, nous enchaînons en février par un stage et sur des courses en Espagne, notamment dans la communauté de Valence.
- En mars/avril nous attaquons les classiques avec les grands déplacements aux Pays-Bas, avec des courses le dimanche et le mercredi pendant un mois et demi environ. Nous faisons tourner l’équipe, généralement nous faisons une voire deux courses par semaine.
- En mai, viennent ensuite des classiques espagnoles avec des courses à étape.
- Puis en juin les championnats nationaux avec des courses à étape avant également.
- Le Tour de France Femme cette année fin juillet.
- En août, des courses à étapes et des courses d’un jour qui s’entremêlent. Puis les championnats d’Europe ou des championnats du Monde.
- Septembre : fin des courses à étape avec la Vuelta et le Simac Lady Tour.
Généralement le calendrier se termine en chine.

Margaux Vigié, combien de kilomètres parcours-tu chaque année ?
Cette année, je dois être à 20.000 km. Généralement, je fais 400 km par semaine sur les semaines de récupération, 500 km lors de semaines normales et jusqu’à 600 à 700 km les semaines chargées.
Combien de temps passes-tu par jour sur le vélo ?
Je dirai au minimum 2h30 à 3h par jour. Lors des journées de repos, c’est plus tranquille, environ 1h30. En général, c’est dans ces moments-là que je vais faire un tour à 25 km/h avec les copains. On s’arrête boire un café, manger une glace. Le coffee-ride par excellence !
Le Tour de France Femme a beaucoup plu aux téléspectateurs et à ceux qui le suivaient sur les réseaux sociaux. Y avait-il beaucoup de monde au bord des routes ?
Oui, énormément par rapport à nos autres courses habituelles. Hier, par exemple, je l’ai fait en voiture pour la dernière étape, avec les soigneurs. J’ai pu voir que les gens se positionnaient dans des endroits où pourtant ils ne peuvent voir la course que quelques secondes. Nous passons parfois pendant 5 secondes à 60 km/h et après c’est terminé. En général, ils se positionnent plutôt dans les cols ou à l’arrivée. Là il y avait du monde partout ! Je ne peux pas faire la comparaison par rapport aux hommes.
Est-ce que tu sens l’engouement du public ?
Oui, c’est un autre niveau avec des sollicitations médias très fréquentes. Tu te fais arrêter pour signer des autographes. Même avant d’être hors délai, je n’étais pas dans les mieux placées et tu es quand même sollicitée :
« Vous n’avez pas des casquettes ? Ah non, désolé bonhomme, nous ne sommes pas une grosse équipe… Vous n’avez pas un bidon ? Si, tiens, prends-le. »
C’était vraiment bien que du monde vienne nous voir. En France, tout le monde a entendu parler du Tour.
Combien de temps avant ta prochaine course ?
Sept jours ! Je repars pour le Tour de Norvège, puis des courses en Bretagne et d’autres courses. A la fin du mois d’août, il y a le Simac Lady Tour aux Pays-Bas qui est une autre grosse épreuve. Nous voulons y faire bonne impression.
Est-ce que vous vous projetez déjà dans l’échéance du tour 2023 ?
Non, nous allons déjà aller au bout de l’année et nous verrons.
Est-ce que tu continues à rouler en roller ?
Tu veux la vraie vérité ? (rires). J’ai dû les mettre trois fois en cinq ans. Un jour pour aller le pain, une fois pour aller prendre l’air et une autre fois pour aller voir Nolan Beddiaf entraîner les jeunes à côté de chez moi.
Nous avons une partie tribune libre, s’il y a quelque chose qui te tiens à coeur…
J’ai reçu énormément de messages des gens du monde du roller, sur Facebook, sur Instagram. Au début j’essayais de répondre à tout le monde, mais je n’ai pas réussi. J’étais trop fatiguée ! J’avais juste envie d’aller au lit ! Quand tu arrives de l’étape, tu te fais masser à 19h00, tu manges à 20h00, et le lendemain il faut remonter sur le vélo… Je vais essayer de vous répondre, mais laissez-moi du temps !
Merci à tous les anciens entraîneurs, sélectionneurs, compagnons d’entrainement du roller. Merci à tous les gens avec qui j’ai roulé en peloton. Enfin, merci à tous, vous faites partie du trajet.
Pour aller plus loin
Voir la page Facebook Team Look Crit
Les résultats complets du tour de France Femmes
Photos : Team Look Crit – Margaux Vigié – droits réservés