Entretien avec Wilfried Rossignol, ancien pro-rider 1995-2005
Wilfried est un ancien champion de roller street. Il a évolué parmi les meilleurs riders à la fin des années 1990 et au début des années 2000. Sponsorisé dès l'âge de 16 ans, il a connu la "belle époque" où les marques investissaient encore largement dans le milieu du roller.
Par alfathor

Wilfried Rossignol : de la pratique amateur à la pratique professionnelle
Wilfried Rossignol a débuté en roller quad et a rejoint les riders Trocadéro. A partir de 1995, il rejoint l’équipe Rollerblade. En 1996, il remporte le contest de Bercy en tremplin incurvé en high jump avec des patins en ligne testés la veille. Wilfried Rossignol a toujours aimé le roller street. Le fait de devoir tout reprendre à zéro après avoir fait du patin traditionnel le motivait énormément pour progresser. Il appréciait de redécouvrir de nouvelles sensations après avoir fait du tremplin en roller quad pendant de nombreuses années. Le roller en ligne ouvrait alors des possibles avec de nouvelles figures qui se créaient : des slides, des rotations. Les tricks étaient importées des Etats-Unis où les équipes professionnelles étaient déjà bien installées.
La transition quad / inline s’est faite facilement pour Wilfried.
Wilfried a aussi eu l’opportunité de rouler brièvement pour Fila lorsque la marque a tenté de rentrer dans le milieu du roller street. Fila Inline Skates a revendu ses licences et a quitté le marché du roller agressif.
Le passage chez Salomon
L’industrie se développait à toute allure au milieu des années 1990. Les marques faisaient de gros investissements financiers dans la communication et le marketing. Âgé d’à peine 16 ans, Wilfried Rossignol se retrouve propulsé dans l’univers professionnel avec la seconde génération des riders.
» Salomon était une ancienne marque de ski. Ils sont arrivés sur le tard. Ils se sont appuyés sur l’image jeune du roller pour moderniser leur image. J’étais l’un des patineurs les plus exposés à l’époque dans des magazines comme Crazy Roller, ils sont venus me voir et j’ai signé. Ils ont bien réussi : 10 ans après, pour les gamins, Salomon était une marque de roller. »
Wilfried Rossignol rejoint l’équipe alors qu’Aaron Feinberg est déjà dans l’équipe. Le patin est déjà développé. Salomon finance les salaires et les déplacements sur les compétitions.

La blessure avec le matériel
Wilfried a parfois malgré lui participé à la conception des produits. Quelques jours avant une compétition importante, il s’est blessé à cause d’une faiblesse structurelle du matériel. Il déchire le patin, se casse la cheville et se voit contraint de laisser les compétitions de côté pendant plusieurs mois. Le moule du patin roller street Salomon STI est alors modifié.
Le team Salomon international se compose notamment de Matt Andrew, Vinny Minton, Jake Elliott, Salima Sanga, Aron Feinberg, Shane Coburn et bien d’autres.
A l’âge de 16 ans, Wilfried connaît une nouvelle notoriété suite à ses résultats en roller street à Bercy.
« Quand tu vois des centaines de gamins autour de toi qui veulent des autographes, c’est perturbant ! Je ne me sentais pas star ou quoi que ce soit, c’était même gênant. Je ne recherchais pas la lumière, je voulais juste impressionner lors des compétitions et faire de belles photos. »
Cap sur les Etats-Unis pour l’ASA Tour
Avant même d’avoir rejoint les équipes professionnelles, Wilfried Rossignol était déjà parti avec son club pour se déplacer aux Etats-Unis et prendre part à l’ASA Amateur. Il parvint à faire toutes les étapes du parcours amateur pour monter dans l’ASA Pro.
« Le fait de voyager jeune m’a ouvert l’esprit, de rencontrer et des côtoyer des gens qui ne vivent pas de la même manière que nous, cela m’a enrichi. »
La période « freeskate » de Salomon – Wilfried Rossignol se diversifie
Salomon a observé le phénomène assez parisien du freeskate. Ainsi, la marque Annecéenne crée un patin typé street avec une coque plus légère et des roues plus grandes : le FSK. Les roues sont souvent montées en hilo (grandes roues à l’arrière, petites roues à l’avant). Ces patins s’utilisent en saut et en slalom. Ils permettent de gagner en maniabilité par rapport à des patins de street. Wilfried a adhéré à cette nouvelle pratique.
Aux Etats-Unis, la culture du roller street voit les riders passer de spot en spot en voiture. En France, les patins freeskate offrent de nouvelles perspectives pour se déplacer. Les premières courses d’obstacles de Salomon préfigurent ce que sera ultérieurement le skatecross.

La fin du sponsoring du roller street Salomon
Les riders comme Wilfried ont senti arriver la fin de l’âge d’or. L’effet de mode s’est estompé. Le marché du street était surtout un marché d’image. Le business était plutôt poussé par la randonnée. Quand le fitness s’est essoufflé, les marques ont réduit la voilure.
« Lorsque les retours sur investissement ne sont pas au rendez-vous, les premiers budgets que l’on supprime sont ceux du marketing et de la communication. Quand j’ai été intégré dans le team, nous étions déjà en phase descente. On voyait de moins en moins de riders dans l’équipe internationales et les équipes nationales. On arrivait toujours à négocier les déplacement, mais pour les salaires, c’était de plus en plus difficile. Cela s’est dégradé de plus en plus jusqu’à ce qu’ils décident d’arrêter complètement. »
La reconversion de Wilfried Rossignol
Par la suite, Wilfried est devenu commercial pour Salomon. Puis il a été mis à contribution pour former les commerciaux aux argumentaires techniques sur les rollers de street, les patins de freeskate et sur la nouvelle marque Xsjado de Salomon.

Une fois que Salomon a cessé son activité roller Wilfried est devenu vendeur dans une boutique spécialisée.
» Il faut savoir mettre de côté son amour propre, prendre de la maturité. Quand on est jeune et sponsorisé, on a l’impression que cela va durer toute la vie, parce qu’on est jeune et débile. En haut de l’affiche, il faut déjà penser à sa reconversion. «
Retrouvez l’ensemble du parcours de Wilfried Rossignol dans notre postcast audio !

Ludovic Sonneville
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