Interview : Jérémy Defossez – être éducateur sportif roller en temps de crise sanitaire
La situation sanitaire met l'emploi sportif à rude épreuve. Les professionnels du roller, comme tous les autres, sont obligés de trouver des solutions alternatives, de se diversifier, de se réinventer.Partons à la rencontre de Jérémy Defossez, entraîneur de roller hockey...
Par alfathor

Bonjour peux-tu te présenter ?
Bonjour, je me présente, Jérémy Défossez joueur et entraîneur de Roller et Roller Hockey. Je joue depuis l’âge de 4 ans. J’ai démarré le street hockey chez les Warriors de Camon en 1994. Puis, je me suis installé chez les Ecureuils d’Amiens par la suite pour parfaire mes gammes en jeunesses et accéder à l’équipe élite à l’âge de 16 ans. J’ai également découvert une passion pour l’animation et l’entraînement de notre sport à l’âge de 18 ans. J’ai donc passé tous mes diplôme fédéraux, et le BPJEPS et DEJEPS mention perfectionnement sportif en Roller Hockey. Je suis également préparateur physique et préparateur mental depuis quelques temps maintenant.
Quel est ton passé roller ?
Un parcours plutôt atypique en commençant d’abord dans la rue seul avec une planche de skate puis finalement plus à l’aise avec une crosse à la main et des patins. Un passage très rapide de deux années par le hockey sur glace chez les Gothiques, puis finalement j’ai choisi ma discipline de prédilection par la suite qui est le roller hockey.
Tu as passé des diplômes pour encadrer ?
Oui, comme je l’ai évoqué, j’ai passé le BEF 1, CQP option Roller Hockey et le DEJEPS avec Éric Perraudin et la FFRS. En parallèle, j’ai passé des diplômes dans le monde de l’entraînement : préparateur physique et préparateur mental. En effet, ce sont désormais des éléments indissociables de notre sport. Ils peuvent apporter un plus aux équipes avec qui je travaille. J’ai aussi passé une formation diplômante dans le monde du hockey sur glace au Canada avec SciencePerfo. Un bagage suffisant pour pouvoir avancer dans l’entraînement de haut niveau sans oublier mes convictions où je souhaite développer notre sport.
Parle-nous de ton parcours professionnel puis la création de Roller Hockey Concept ?
Mon parcours professionnel est assez simple. J’ai commencé à entraîner les catégories jeunesses du club de Pont-de-Metz de 2010 à 2013. C’est le premier club qui m’a fait confiance avec un contrat où nous avons été cherchés des médailles avec les jeunes.
J’ai ensuite eu la chance d’être aiguillé par Eric Perraudin lors de la finale de la Coupe de France à Carpentier qui m’a mis en relation avec trois présidents de clubs. J’ai donc retenu le club de Lyon des Road Runners. J’ai eu la chance d’être salarié dans ce club pendant 7 ans.
Je l’ai ensuite quitté suite à des soucis de santé d’un membre de ma famille. Je suis revenu dans la région en décembre 2019 pour aider la région et les différents clubs dans leur développement mais également pour développer Roller Hockey Concept.
À ce jour tout est compliqué puisque le COVID est arrivé quelques semaines après mon retour. Ainsi, j’ai dû m’adapter à la situation pour continuer. La création de Roller Hockey Concept s’est faite en février 2012 suite à un manuel entraîneur que j’ai écrit pour aider les clubs et les entraîneurs dans le développement des jeunes. J’ai donc créé les trois premiers concepts (les stages de roller hockey, le coaching distance et les événements en extérieur). Je me rappelle à l’époque que j’avais eu beaucoup de demandes pour faire des stages, ce qui existait très peu dans les clubs mis à part l’été. Maintenant ce sont des choses que l’on retrouve beaucoup plus dans les clubs.
Pour quelle structure travailles-tu aujourd’hui ?
À ce jour, je développe les équipes jeunesse des clubs de Pont-de-Metz et de Moreuil. Je travailler également pour La Boîte à Patins à Amiens pour le développement des écoles de roller enfants. Et j’ai quelques contrats dans des écoles ou des centres sur Amiens en ce qui concerne le roller. Il m’arrive également de travailler pour d’autres organismes de formation lors de séminaires d’entreprises ou encore des jurys pour des futurs entraîneurs ou initiateurs.
Quelles sont tes missions au sein de chacun d’entre elles ?
Alors il y a des objectifs dans chaque structure et surtout des besoins différents. Pour les clubs de Roller Hockey, nous avons mis deux choses en place : la fidélisation des licenciés et la progression technique et tactique de tous les joueurs. C’est un aspect non négligeable et surtout un gros travail de suivi. Pour tout ce qui concerne le monde du roller, l’idée est assez simple, c’est dans un premier temps de faire connaître aux futurs enfants que le roller est bien un sport et dans un deuxième temps, qu’il existe des clubs prêts à les accueillir. Bien évidemment, je rajoute aussi ma touche de hockeyeur dans les séances pour essayer d’amener les jeunes à pratiquer. Nous avons ici une chance dans notre département c’est que le hockey est une culture commune.
Quelles étaient vos activités habituelles avant la pandémie?
Avant la pandémie, je faisais de grosses semaines de travail ainsi que des weekends. J’avais aussi à charge les équipes des U15 et U17 des Hauts-de-France , la section sportive, les entraînements en clubs, la préparation des séances.
Mais il y a des périodes avec aussi beaucoup de préparation pour les vacances scolaires puisque nous bougeons dans toute la France pour les stages que ce soit roller ou roller hockey. Mais bien évidemment il y a aussi une grosse préparation pour la période de l’été.
Comment vous êtes-vous adaptés à la situation sanitaire actuelle ?
Alors il y a eu plusieurs étapes mais on va dire que jusqu’ici nous avons fonctionné avec des « live » gratuits sur notre page Facebook, ce qui a permis à pas mal de jeunes de continuer à espérer, à rester motivé et surtout à développer des capacités techniques que nous n’avons pas l’habitude de travailler (ou très peu). Quand les activités ont été possibles en extérieur nous avons tout de suite été force de proposition pour des cours, des séances, des matchs. Et on va dire que depuis les vacances de la Toussaint malheureusement, nous sommes repartis sur les live mais nous avons eu la chance de pouvoir faire à un stage durant les vacances de Noël où ça a cartonné avec plus de 45 enfants présents. Depuis, nous fonctionnons avec les cours particuliers en présentiel ou à distance.
Parle-nous de ton sport étude…
C’est un beau projet qui me tient à cœur. Déjà petit, j’ai toujours rêvé de pouvoir rentrer au sport étude de La Roche-sur-Yon. Puisque personne n’a pensé à le faire dans le département, j’avais envie de créer ce projet. Nous travaillons donc en étroite collaboration avec le club de Pont-de-Metz qui joue un rôle majeur dans les dernières années dans les Hauts-de-France en terme de développement jeunesse, souvent sur les plateaux finales dans beaucoup de catégories c’est aussi une suite pour eux. Il y a également le club de Moreuil qui est à 15-20 minutes de route d’Amiens qui fait un gros boulot de développement et qui sortent des jeunes intéressants. Les deux clubs se sont rapprochés depuis mon retour et les enfants s’entendent à merveille. Nous avons ensuite établi une démarche avec un lycée public et privé, ce qui nous permet de valoriser le projet et surtout d’avoir des horaires où les joueurs peuvent quitter plus tôt pour pouvoir accéder tous les jours à l’entraînement. C’est une première pour les Hauts-de-France, et donc c’est un gros projet qui prend du temps (logistique, organisation..) mais le jeu en vaut la chandelle. Je souhaiterais réellement que notre département reste dans le haut niveau.
Que conseillerais-tu à un club ou un moniteur Roller pour passer ce cap difficile ?
Malheureusement la pandémie est encore présente un an après son arrivée. Il y a eu des moments difficiles de mon côté mais surtout à chaque fois une réflexion pour pouvoir penser positif et réussir à mener à bien mes projets.
Quand on veut quelque chose on se doit de se donner les moyens et surtout de ne jamais lâcher. Il est important d’être bien entouré et d’écouter les conseils de tout le monde.
Comment vois-tu l’avenir du roller ?
Pour moi l’avenir du roller n’est pas encore tracé mais il fait son apparition plus régulièrement dans les médias et sur Internet. Nous manquons encore de visibilité, il y a beaucoup de gens qui se donne la peine de développer le roller et de le démocratiser. Il y a de fortes chances que dans quelques années ce soit un moyen de déplacement juste derrière le vélo. Il reste encore beaucoup de chemin à faire mais nous sommes sur la bonne voie.
Tribune libre : si tu souhaites ajouter quelque chose…
Je tenais à remercier REL pour cette interview et ce moment de partage. Je remercie également Alexandre Chartier, qui fait un travail énorme depuis tant d’années pour le roller et ses différentes disciplines à côté ; il m’a toujours laissé le droit à la parole et surtout a toujours été à l’écoute. Je vous recommande d’aller faire un tour sur le nouveau site Internet de Rollerenligne.com et je vous dis à très bientôt sur le site Internet avec de nouvelles capsules vidéo et surtout des nouvelles fiches d’entraînement.
Fredy
28 mai 2021 at 7 h 30 min